Chapitre 6 : explications

Au bout d'une longue minute de silence, Harry décida de montrer un peu de bonne volonté. Il fit disparaître les liens de Rogue ;

-Maintenant, rends-moi ma baguette, dit l'ancien professeur d'un ton autoritaire.

-C'est à vous de faire un geste. Répondez-moi, qui est packman ?

-Moi.

-Quoi ?

-Ma baguette !

-Tenez !

Harry jeta la baguette de Rogue sur le lit. Il se mit sur la défensive, au cas ou Rogue attaquerait. Mais celui-ci rangea précautionneusement sa baguette sous sa cape.

- Vous, sous Polynectar ?

-Bonne déduction, Potter.

-Pourquoi ?

-Continue à réfléchir…

-Ecoutez, cela ne sert à rien de prolonger infiniment ces explications ! Pourquoi… pourquoi vous m'avez soigné ?

-Je t'ai soigné, Potter, parce que tu es la meilleure arme que l'on dispose pour se débarrasser du Seigneur des Ténèbres.

Harry vacilla. Rogue n'aurait pas trahi ; Harry n'aimait pas cette idée . Pas du tout. Cela ne collait pas avec tout ce qu'il avait vu , et surtout, avec tout ce qu'il avait ressenti.

Rogue n'avait pas l'air très heureux non plus de cette situation .

-Alors, et … Dumbledore ?

-Quoi , Dumbledore ?. A cause de tes bêtises, il est mort pour rien. Pour rien, et par ta faute, Potter.

-Vous l'avez tué !

-Je l'ai tué parce qu'il me l'a ordonné. Pour protéger un petit imbécile qui croit pouvoir sauver le monde tout seul.

La colère bouillonnait dans le cœur de Harry, mais il devait la contenir pour arracher à Rogue les explications qu'il détenait. Il fit un effort surhumain

-Monsieur, est ce que vous pouvez m'expliquer quel était le plan de Dumbledore que j'ai lamentablement fait échouer ?

-Lamentablement, c'est le mot. Eh bien… Il était très affaibli par ses affrontements avec le Seigneur Noir, et notamment la destruction d'un des Horcruxes. Il pensait qu'il ne serait plus d'aucune utilité dans cette guerre, que ce qui comptait maintenant, était que tu accomplisses ton travail. Que tu penses le faire seul, alors qu'en fait, .. je serais là, pour t'aider dans l'ombre, jusqu'au dernier moment. Quand tu serais face à lui, pour te permettre de le tuer, il fallait que je sois là. Et je serais là, puisque le Seigneur des Ténèbres me considérerait comme son plus fidèle serviteur, j'aurais tué son plus grand ennemi. Et comment faire pour qu'il ait toute confiance en moi ? Draco Malfoiy était ne difficulté. Si il ne tuait pas Albus Dumbledore, il mourrait ainsi que sa famille. Mais si je le faisais à sa place, j'aurais une chance de convaincre le Seigneur des Ténèbres de l'épargner, profitant de sa bonne humeur face après la fin de son plus grand ennemi. Ainsi, ce geste, tuer Dumbledore, devait aboutir à sauver les Malfoy et a facilité ton travail.

Harry mit un certain temps à assimiler ces informations. Le silence pesait, et plus les secondes s'écoulaient, plus les reproches de Rogue le déchiraient. Et puis la colère, salvatrice : Encore une fois, les « adultes » l'avaient tenu à l'écart de leurs, plan, encore une fois,Albus Dumbledore l'avait manipulé. Il l'avait immobilisé avant de mourrir, pour être sûr qu'il voit Rogue le tuer, pour être sûr qu'il ne sache rien. Il ne lui avait pas fait confiance .

-J'ai encore une question. ….

-Pourquoi …

Harry avala sa salive difficilement, et reprit : pourquoi est-ce que je ne devais pas savoir que vous étiez de notre côté. ? Si vous m'aviez expliqué, si ..

- Est-ce qu'à un seul moment, Dumbledore t'as dit qu'il doutait de moi ?

Harry sentit ses yeux le piquer. Il repensait à toutes les fois ou l'ancien directeur de Poudlard lui répétait, inlassableent « j'ai confiance dans le professeur Rogue » , et à toutes les fois où Harry se répondait « pas moi. »

-Tu est minable en Occlumencie.

Harry tourna la tête brutalement.

-Et alors ?

-Et alors, si tu t'étais montré plus coopératif, nous aurions pu te mettre au courant. Si, lorsque tu te serait trouvé face au Seigneurs des Ténèbres, à la fin, tu avais été capable de fermer ton esprit, alors cela n'aurais pas posé de problème que tu saches que j'étais là pour t'aider. Il n'aurait rien vu, et j'aurais pu agir par surprise. Mais, devant ta nullité, il a fallu te persuader que j'étais définitivement un mange-mort. Donc il a fallu que tu sois témoin de la mort de Dumbledore.

Harry regarda Rogue, incrédule. Des sentiments ambivalents le traversaient ; la colère et le regret. Un immense gâchis.