De nouveau, une petite histoire Drago/Hermione. Avec, en fond, une chanson de Didier Barbelivien chantée par Garou.

L'adieu…

- "Tu m'accorderas bien une dernière danse…"

Ce n'est pas vraiment une question et ils le savent tous les deux. Drago est quand même surpris qu'elle n'ait pas sursauté en l'entendant. A croire qu'elle l'attendait. Hermione soupire mais elle ne se retourne pas vers lui pour autant.

- "Je ne suis pas certaine que cela soit une bonne idée", répond-elle en continuant à se servir un verre de Bièraubeurre.

- "Bien sûr que si… Tu ne voudrais tout de même pas laisser nos successeurs sans rien à raconter ? C'est l'occasion idéale. Je les entends d'ici à la rentrée prochaine : il paraît que les préfets en chef ont dansé ensemble au bal de promo ! Vous vous rendez compte : une Gryffondor et un Serpentard ? On va alimenter les potins de toute l'école pendant au moins six mois… Peut-être même qu'on aura le droit à un article dans la Gazette…"

Il est bien conscient que s'il ne s'arrête pas, il va la faire souffrir mais il ne peut s'en empêcher :

- "Je vois bien un titre du genre «Les amours interdits de Poudlard».

- "Et juste en dessous : «Après Victor Krum et Drago Malfoy, Hermione Granger se décide à épouser Harry Potter… »", renchérit la sorcière d'une voix amère. "C'est bien ce que je disais, c'est une mauvaise idée."

Drago s'est rapproché d'elle et sa voix s'est faite plus basse :

- "Pourquoi est-ce que tu résistes Hermione ? Une dernière danse et je disparais de ta vie…"

Il ajoute d'un ton malicieux :

- "Tu sais que tu finiras par dire oui… Tu es incapable de me résister", la taquine-t-il.

Un peu à contre cœur, la Gryffondor se tourne vers lui, un sourire aux lèvres :

- "Ah vraiment… Ne sois pas si sûr de toi…"

C'est le moment que choisit Harry pour apparaître à ses côtés.

- "Un problème Mione ?" demande-t-il en jetant un regard soupçonneux à Malfoy.

- "Aucun", le rassure-t-elle. "Mais je dois danser avec lui. Dumbledore a exigé que l'on fasse au moins l'effort d'une danse."

Elle sent qu'Harry va faire une réflexion mais elle l'en dissuade d'un regard, l'implorant de lui faire confiance. Drago suit cet échange silencieux, un peu étonné jusqu'à ce que Potter s'éloigne enfin.

- "Tu mens de mieux en mieux…", constate-t-il en lui prenant la main et en l'entraînant sur la piste de danse.

- "Pas de quoi en être fière !" grommelle-t-elle. Puis accusatrice : "Tu as volontairement choisi les slows n'est-ce pas ?"

Il se contente de lui offrir un sourire satisfait pour toute réponse.

- "Tu as fini par lui dire ?" demande-t-il à propos d'Harry.

- "Non. Mais il n'est pas idiot. Je crois qu'il a plus ou moins compris."

- "Et il t'épousera quand même ?"

- "Oui."

Il la sent se tendre dans ses bras et la rapproche imperceptiblement de lui :

- "Détends-toi Mione… S'il sait, une danse ne changera plus rien entre vous. Sois encore à moi quelques minutes", murmure-t-il comme une supplique.

Hermione sent les larmes perler à ses paupières :

- "Ne me fais pas ça Drago…"

- "Ca quoi ?"

- "Me faire croire que tu m'aimes et que tu me regretteras…"

- "C'est pourtant la vérité… Mais tu as choisi."

Un sourire triste se pose sur ses lèvres. Ils savent tous les deux quelle est la réalité.

- "Tu as choisi Malfoy, pas moi !" rappelle-t-elle mais il n'y a aucun reproche dans sa voix.

- "De toute façon, je sais bien qu'il n'y a que dans tes histoires de moldus que l'héroïne choisit le mauvais garçon à la fin de l'histoire !"

Il se demande comment il arrive encore à plaisanter.

- "L'héroïne a tort", répond Hermione sur le même ton, "tout le monde sait que les bad boys sont des bêtes de sexe…"

- "Par Merlin, ce que j'aimerai que Potter t'aies entendu dire ça !"

Malgré son amusement, elle note une lueur de fierté dans son regard et elle ne peut s'empêcher de sourire : ce type est un vrai macho !

- "Il faut que tu saches quelque chose Drago…"

Elle a reprit une voix sérieuse et il n'est pas sûr de vouloir savoir.

- "C'est indispensable ?" la coupe-t-il.

- "Oui... Si tu avais changé d'avis, je l'aurai quitté. J'aurai choisi le mauvais garçon…"

- "Je t'aime", souffle-t-il en se rapprochant encore un peu plus d'elle si c'est possible. "Mais je ne peux pas faire cela. Je ne peux pas renier tout ce qui a fait ma vie…"

- "Je sais. Tu n'es pas plus fautif que moi. Je ne suis pas prête non plus à abandonner mes convictions…"

Elle laisse soudainement sa tête reposer sur son torse.

- "Il nous regarde", la prévient Drago malgré son envie de la garder indéfiniment contre lui.

Mais, à sa grande surprise, elle ne bouge pas.

- "Je m'en doute… Mais tu l'as dit toi-même, cela ne changera plus rien. Tout est fini entre nous et il le sait."

Il profite quelques instants de son corps contre le sien et se permet même de laisser glisser ses mains sur elle avant d'aborder le sujet qui lui tient le plus à cœur.

- "Tu lui as dit pour le bébé ?"

- "Oui."

- "Et ?"

- "Il est fou de joie."

- "Tu ne t'es toujours pas décidé à lancer le sort pour savoir ?" demande-t-il et elle entend le reproche dans sa voix.

Elle relève la tête et plonge ses yeux dans les siens :

- "Pourquoi faire ? Est-ce que cela changera quelque chose ? Refuserais-tu ton mariage arrangé si ce bébé était le tien ?"

- "Tu sais bien que…"

- "Oui, je sais bien que non. Alors je ne veux pas savoir. Cet enfant est celui d'Harry, fin de la discussion."

- "Et s'il est blond aux yeux bleus ?"

Un éclair de malice passe dans son regard quand elle répond :

- "J'accuserai la génétique et cela suffira."

- "Tu es sure ?"

- "Certaine. Il m'aime tu sais."

- "Moi aussi."

- "Oui sans aucun doute. Mais pas de la façon dont Harry m'aime. Il aimera cet enfant même s'il sait que c'est le tien."

- "Je n'aurai jamais cru que Potter puisse réellement gagner sur tous les plans", constate Drago amer. "Il t'aura toi et le bébé…"

- "Tu as choisi", lui rappelle Hermione d'une voix douce. "Et je te signale que c'est toi qui m'as volé à lui…"

- "Tu es le truc le plus chouette que j'ai jamais réussi à avoir", reconnaît Drago en souriant devant sa grimace. "Le bal va se terminer…", ajoute-t-il.

- "Je sais…"

Il lui prend délicatement le menton et la force à le regarder :

- "Je vais faire une chose pour laquelle tu vas me détester", la prévient-il.

Elle n'a pas le temps de protester qu'il pose sa main sur son épaule nue et qu'elle sent une vive douleur la transpercer. Retenant un cri, elle le fusille du regard :

- "Mais ça ne va pas la tête ? Qu'est-ce que tu as foutu ? Tu…"

Sa voix se casse quand il retire sa main et qu'elle découvre, tatouée sur sa peau, la marque des Ténèbres en modèle réduit. Abasourdie, elle tourne lentement la tête vers lui plus pâle que jamais.

- "Pas de panique", la rassure-t-il rapidement. "Pense que tu veux voir disparaître cette marque."

Déboussolée, elle fait ce qu'il lui dit et elle a la surprise de voir le tatouage s'effacer.

- "Qu'est-ce que c'est que ça ?" l'interroge-t-elle suspicieuse.

- "Un privilège des Mangemorts", répond-il et il peut voir une lueur de tristesse sur son visage.

Elle n'est pas surprise, elle savait qu'il recevrait la marque mais, d'un seul coup, la rupture lui semble bien plus réelle.

- "Nous avons le droit, chacun d'entre nous, a un joker", explique-t-il. "Une personne et une seule que nous voulons protéger envers et contre tout. Cette marque empêchera que quiconque te fasse du mal. Je sais que tu vas te battre Hermione et je sais aussi que tous les Mangemorts ne sont pas des incapables. Si jamais il devait t'arriver quelque chose, pense à ce tatouage et à moi et il réapparaîtra. Avec cela, n'importe quel Mangemort, Tu-Sais-Qui y compris, devra te laisser partir en bonne santé."

Hermione reste bouche bée le temps d'analyser ce qu'il vient de lui apprendre.

- "Tu es sûr de vouloir me protéger moi ?"

- "Qui d'autre ?" demande-t-il en grimaçant. "Cette femme que je vais épouser et que je n'aime pas ? Des enfants qui ne seront pas de toi ? Tu es la seule qui compte et tu le sais…"

- "Je t'aime", murmure-t-elle comme un souvenir de leur histoire mais elle rougit aussitôt : "Je ne voulais pas…"

- "Chut… Je sais que tu m'aimes vraiment même si tu l'aimes aussi."

Il sait qu'elle a toujours été tiraillée entre eux deux et que s'il n'avait pas mis tout son talent pour la séduire, elle n'aurait jamais trompé Potter. Il a cru à une victoire quand elle a fini par lui dire oui mais ce n'était qu'illusoire : elle n'avait jamais choisi et il avait accepté, incapable de la laisser partir.

- "A la naissance du bébé", reprend-il, "tu pourras garder le tatouage ou le transmettre à l'enfant. Je te laisse choisir, tu feras ce que tu voudras."

- "Même si tu n'es pas le père ?"

- "Cela restera ton fils Hermione…"

- "Merci", se contente-t-elle de répondre.

Que dire à un homme qui vient de vous sauver la vie à l'avance ?

Ils entendent sans trop y porter attention Dumbledore annoncer la dernière chanson et leur souhaiter tout le bonheur possible dans leur vie d'adulte.

- "Je vais t'embrasser", prévient Drago.

Il s'attend à des protestations et s'étonne de son silence.

- "Tu ne dis rien ?" demande-t-il.

- "Est-ce que cela te fera changer d'avis ?"

Comme il secoue la tête en souriant, elle ajoute :

- "Et puis, j'en meurs d'envie…"

- "Dans quelques secondes, les lumières vont s'éteindre et Dumbledore mettra trois minutes chrono à trouver comment les rallumer…"

- "Comment sais-tu ça ?" demande-t-elle en fronçant les sourcils. "Tu n'as tout de même pas osé…"

- "Si ! J'ai osé demander trois minutes d'intimité !"

- "J'y crois pas…", murmure-t-elle alors que les lumières s'éteignent et que la dernière musique retentit dans la grande salle.

Aussitôt qu'ils sont dans le noir, Hermione se hisse sur la pointe des pieds pour trouver les lèvres de Malfoy. Il répond avec avidité à son baiser dans un gémissement de plaisir et plonge ses mains sous son haut pour sentir une dernière fois sa peau…

Adieu…

Aux arbres mouillés de septembre, à leur soleil de souvenir. A ces mots doux, à ces mots tendres que je t'ai entendu me dire. A la faveur d'un chemin creux ou d'une bougie allumée. Adieu à ce qui fut nous deux, à la passion du verbe aimer.

L'adieu est une infinie diligence où les chevaux ont dû souffrir. Où les reflets de ton absence ont marqué l'ombre du plaisir. L'adieu est une lettre de toi que je garderai sur mon cœur. Une illusion de toi et moi, une impression de vivre ailleurs.

L'adieu n'est que vérité devant Dieu, tout le reste est lettre à écrire. A ceux qui se sont dit adieu quand il fallait se retenir. Tu ne peux plus baisser les yeux devant le rouge des cheminées. Nous avons connu d'autres feux qui nous ont si bien consumés.

L'adieu, c'est nos deux corps qui se séparent sur la rivière du temps qui passe. Je ne sais pas pour qui tu pars et tu ne sais pas qui m'embrase. Nous n'aurons plus de jalousies, ni de paroles qui font souffrir. Aussi fort qu'on s'était choisi est fort le moment de partir.

L'adieu, c'est le sanglot des horloges et les trompettes de Waterloo. Dire à tous ceux qui s'interrogent que l'amour est tombé à l'eau. D'un bateau ivre de tristesse qui nous a rongé toi et moi. Les passagers sont en détresse et j'en connais deux qui se noient.

L'adieu, c'est le loup blanc dans sa montagne et les chasseurs dans la vallée. Le soleil qui nous accompagne est une lune bête à pleurer. L'adieu ressemble à ces marées qui viendront tout ensevelir. Les marins avec les mariées, le passé avec l'avenir…

Ils finissent par se séparer à bout de souffle.

- "Ne me dis pas que tu as aussi choisi la chanson ?" demande Hermione. "C'est triste à mourir…"

- "On ne peut pas dire que la situation soit très joyeuse", remarque Malfoy. "Mais je ne suis pour rien dans la musique, un cadeau de notre directeur j'imagine !"

- "Je t'aime Drago, ne l'oublies pas…"

- "Jamais. Je t'aime…", souffle-t-il à son tour.

Et lorsque les lumières se rallument sous les acclamations des élèves, elle est seule et Malfoy a disparu.

-

Hermione grogne toute seule contre le monde présent dans sa librairie préférée ce samedi matin. Cherchant sa fille des yeux, tentent de retenir ses livres d'un bras, elle ne voit pas l'homme derrière elle et ne peut rien faire pour éviter la collision. Se retenant de maudire le monde entier, elle se baisse pour récupérer ses achats et murmure de vagues excuses à l'encontre du malotru qui l'a bousculée.

- "Hermione ?"

Il ne lui faut pas une demie seconde pour mettre un visage sur la voix surprise qui vient de l'appeler. Elle se relève en tentant de garder un visage impassible. Malfoy, lui, ne peut s'empêcher de la dévorer du regard. Pas un jour sans qu'il ne pense à elle et elle est là, devant lui, plus belle qu'elle ne l'a jamais été. Un silence pesant s'abat sur eux jusqu'à ce que la jolie blonde à côté d'eux l'interrompe :

- "Drago ?" interroge-t-elle étonnée.

Celui-ci semble aussitôt retrouver ses esprits :

- "Désolé. Hermione, je te présente Lily ma femme. Lily, Hermione… Une… amie de Poudlard."

La jeune femme lui offre un sourire sincère et Hermione ne peut s'empêcher de la trouver agréable malgré tout ce qu'elle représente.

- "Cela doit faire longtemps que vous ne vous êtes pas vus alors ?" questionne-t-elle

- "Cinq ans."

Elle a répondu de manière automatique et Drago l'a remarqué. Il se demande si, comme lui, elle a compté les jours.

- "Je vais t'attendre au café", déclare Lily. "Prend ton temps."

Quand elle s'en va, Hermione s'aperçoit enfin qu'elle est enceinte.

- "Elle ne sait pas qui je suis ?" demande-t-elle en désignant la jeune femme.

- "Non", répond-il dans un sourire. "Elle n'aurait jamais pris le risque de me laisser seul avec toi sinon…"

- "Il n'y a aucun risque Drago. Je suis mariée et tu l'es aussi."

- "Je sais mais cela n'empêche pas que tu me fais toujours autant d'effet !"

- "Idiot !" répond-elle en souriant. "Rassure-toi, il y a peu de chance que l'on passe de nouveau cinq ans sans se voir."

- "Pourquoi ?" demande-t-il surpris.

- "Parce qu'il faut que…"

Elle ne finit pas sa phrase coupée par une petite main se glissant dans la sienne. Elle regarde Drago dévisager sa fille d'un air avide.

- "Parce qu'il faut que je te présente ma fille Kate", termine-t-elle.

Kate est une jolie brune aux boucles folles comme sa mère. Malgré ces cinq ans sans le voir, Hermione connaît toujours aussi bien Drago et elle sait qu'il ne tendra pas longtemps avant de la questionner.

- "Katy chérie, va aux livres pour enfants. Je te rejoins là-bas."

A peine sa fille a-t-elle disparu qu'elle avoue :

- "Elle sait la vérité. Et Harry aussi, même s'il est un père exemplaire."

Devant son silence, elle demande :

- "Elle est jolie n'est-ce pas ?"

- "Elle a les yeux bleus", constate Drago en acquiesçant.

- "Une erreur de la génétique…"

Et ils échangent un regard complice.

FIN