Chapitre 4 : Pas à pas
Draco se réveilla avec un léger mal de tête, qui le parcourait depuis la veille au soir, après sa dispute avec Lui. Ce Gryffondor de malheur arrivait encore à lui donner des maux de tête ! Il se demandait pourquoi il avait été assez fou pour s'embarquer dans cette histoire. Même si c'était le plus sûr pour lui, il risquait de ne pas tenir avec trois stupides lions ! Son extraordinaire patience était déjà à bout. Admirant pendant quelques minutes le paysage de campagne baignée de rayons de soleil, il s'apaisa et finit par se lever. Il était seul dans la chambre, seuls les restes de la nuit du brun sur le canapé lui rappelaient sa présence. Il s'habilla élégamment, mais discrètement, les regards des paysans pendant sa sortie nocturne de la veille le gênant encore.
Il aurait été étonné si ses nouveaux « compagnons » l'avaient emmené dans un magnifique endroit en compagnie de la jet set sorcière… bien sûr, il fallait que les Gryffondors aillent à la campagne… Mais bon, si c'était ainsi…
Alors qu'il vérifiait une dernière fois sa coiffure dans le miroir, Harry entra silencieusement dans la chambre, sans doute pensant qu'il dormait encore. Il était torse nu, les cheveux totalement trempés, une serviette à la main. Il marmonna un « Salut » gêné, et détourna les yeux, se plaçant devant la glace pour essayer de démêler sa coiffure. Il n'avait visiblement pas honte d'être torse nu devant son ennemi. Le miroir poussa un sifflement admiratif, les gouttelettes d'eau parcourant la peau mate du brun. Draco en avait perdu le souffle. Il se détourna de cette vision le plus vite possible, repoussant le fait qu'il était en train d'admirer le torse d'un garçon, Son torse. Mais cette peau qui semblait si douce et ses muscles bien dessinés, cette silhouette svelte… Draco se damna pour ces pensées, mais il laissa échapper son regard une dernière fois sur le brun avant de sortir de la pièce, le souffle irrégulier.
Il descendit prendre son petit déjeuner, omettant le fait qu'il avait oublié sa baguette dans la chambre, celle-ci devenue tabou. Il apprit que la table était montée et le petit déjeuner servi à l'extérieur, où l'une de ses « amis » venait de s'attabler.
En effet, Hermione était tranquillement assise en face de la table, les genoux repliés contre sa poitrine, perdue dans ses pensées. Draco se laissa tomber à côté de la jeune fille, lui adressant un Bonjour poli. Il avait décidé d'être agréable, enfin de faire au moins des efforts avec elle. Après tout, elle était aussi intelligente que lui, ce n'était pas sa faute si elle ne savait pas s'entourer. Elle lui répondit avec un sourire, et engagea la conversation.
« Bien dormi ?
- Raisonnablement. Et toi ?
- Ron ronfle… j'ai du lui lancer un sort d'insonorisation…
- Ca ne m'étonne pas de lui !
- Où étais-tu passé hier soir ? On aurait aimé t'avoir à nos côtés pour dîner.
- Vraiment ? Tu n'es pas obligée de mentir… J'étais sorti prendre l'air, ce village est sympathique, même si les habitants ont l'air bizarre… ils ne doivent pas avoir l'habitude des visiteurs.
- Oui, j'avais remarqué. Il faudra faire attention. Dis, je peux te poser une question ? »
Draco observa un instant la jeune fille avec suspicion mais finit par acquiescer.
« Si tu avais tes valises en poche, c'est que tu te rendais quelque part. Chez Voldemort ? Et aussi, pourquoi as-tu provoquer Harry et Ron alors qu'ils étaient en position de force ?
- Ca fait deux…Je ne crois pas que je vais te répondre… Je…
- Ok, alors laisse juste te dire ce que je pense. Ca marche ?
- Essaye toujours.
- Tu avais tout préparé. Tu ne dois plus être dans les bonnes grâces de Voldemort et as du fuir. Tu savais que Ron devais repasser son examen de transplanage, et que Harry ne l'avait pas encore passé. C'était le meilleur moyen de les rencontrer et la meilleure solution pour toi d'échapper aux griffes de Voldemort. Et tu te doutais de notre réaction. Que l'on voudrait t'avoir avec nous pour les informations que tu possèdes. C'est cela n'est-ce pas ?
- Il y a de l'idée… Je suis plus qu'impressionné j'avoue…Il est vrai que j'ai quitté le Seigneur des Ténèbres. Et aussi que je voulais rester avec vous. Et que tout était prévu. Mais pas pour les motifs que tu crois.
- Alors pourquoi ?
- Je… »
Alors Draco hésita à révéler son secret à la jeune fille. Elle venait de lui montrer qu'elle pourrait comprendre, et qu'elle pouvait être digne de confiance, vu qu'elle ne l'avait même pas révélé à son copain et à son meilleur ami. Les mots commençaient à lui venir, lorsque quelque chose les perturba. Harry venait d'arriver.
Hermione poussa un soupir de frustration quand elle comprit que le blond ne dirait plus rien. Elle accueillit cependant le jeune homme avec bonne humeur. Les paroles qu'elle venait d'entendre résonnant dans sa tête.
« Salut Harry ! Bien dormi ?
- Mouais… J'ai connu mieux, le canapé n'est pas très confortable. Malefoy, je crois qu'on a un problème.
- Crève Potter. J'ai ce lit, je suis votre « invité » et je le garderais !
- Un soir sur deux ?
- Non !
- Un soir sur deux ou je squatte quand même le lit, toi dedans ou pas !
- On verra ça !
- Taisez-vous tous les deux ! »
La jeune fille s'énerva et en profita pour s'éloigner d'eux, les laissant seul.
« J'ai rien fait moi… » Déclara Harry, d'un air vexé…
« Potter, le jour où tu seras intelligent sera à marquer d'une pierre blanche…
- Je te rappelle que tu es la cause de tout cela…
- Je… Je vais dire une chose que je n'aurais jamais pensé faire ! » Draco se tourna vers le brun et ses yeux argent le perça de toutes parts.
« Potter, je souhaite une trêve ! »
Harry hallucina, ses neurones peinant à se connecter…. Malefoy, trêve…. Il y avait trop de nouveautés ces derniers jours…
« Ne me regarde pas avec ces yeux de poisson frit ! Non, je ne me suis pas devenu Gryffondor pour autant ! Je veux seulement ne pas me prendre la tête toute la journée !
- Nous ne savons même pas si tu es vraiment « innocent » dans l'affaire Dumbledore. Nous ne savons rien de toi, cela fait un jour à peine que tu nous as rejoint, tu m'as déjà fait une crise et partit sans prévenir. Une trêve, je veux bien, nous savons toi comme moi que ce n'est pas une trêve mais une réconciliation… une trêve n'est pas possible. Si nous vivons ensemble tranquillement, je doute qu'après la guerre, on recommence à se haïr. Voilà alors maintenant dis-moi vraiment ce que tu veux Malefoy ! »
Le blond était vexé, sentait toutes ses bonnes résolutions, sa sagesse du matin s'envolaient. Il croyait débuter une nouvelle vie, c'était ce qu'il s'était répété toute la soirée de la veille. Seulement, il avait oublié que tout ne s'effaçait pas en un jour, et qu'il ne s'était jamais excusé pour ses horreurs accomplies, pour ses coups bas,… Malefoy devenait gentil, une première ! Non pas exactement, Malefoy rentrait dans le bon camp et faisait les concessions nécessaires. Il sentait le sort l'attacher à Potter, ses sentiments envers lui changeaient. Il percevait une loyauté nouvelle, des principes peut-être. Il connaissait peu les effets du sort, mais le savait puissant, et de magie noire… il n'essayait même pas de lutter, c'était le plus invraisemblable. Il s'était juste sentit blessé et humilié, mais pas en colère, et c'était ça le plus surprenant.
Il fronça les sourcils. Il n'aimait pas ça… Il se reprit, se sentant bizarre depuis une dizaine de minutes.
« Oublie ! Si tu ne veux pas de trêve, de mon « amitié », une fois de plus, alors je n'en mourrais pas. Si tu le prends comme ça, je te demande pourquoi tu m'as fais jurer une fidélité envers toi ! J'ai mes raisons pour Dumbledore, et n'attends plus de moi une collaboration ! Et qui t'as dit qu'une trêve nécessitée de me connaître ! Je n'en peux plus ! Déjà ! Tu me méprises tellement que ça m'étouffe ! Je n'en ai jamais souffert, mais avant de me condamner regarde-toi ! Tu oses me soupçonner alors que tu sais très bien que ton sort m'empêche de te trahir ! Tu m'as ensorcelé et tu me traites de coupable ! Regarde-toi Potter ! Ce n'est pas parce que tu es le Sauveur que tu es un ange ! Je pars ! C'est bon t'es content d'avoir été prévenu ! Je reviens ce midi. »
Le blond partit, désormais furieux…Il ne comprenait plus, il avait des sautes d'humeur, des changements dans sa manière de pensée… Merde il était un Malefoy et il partait en couille !
Les Malefoy ne s'emportent pas, ne parlent pas aux Sang de Bourbes, ne demandent pas des trêves à leurs ennemis, ne se sentent pas déstabilisés et prisonniers. Il sortit de l'hôtel après avoir récupéré sa baguette dans sa chambre, et repartit à la découverte de la ville. Mine de rien, Godric's Hollow était pleine de ressources intéressantes…
Le brun baissa la tête. Il s'était encore énervé. Il lui avait proposé une trêve et il l'avait ignoré. Mais Harry ne valait même pas cette amitié ! Il le méritait même plus Malefoy, ayant dépassé les limites de la magie noire. Celui-ci se montrait plus intelligent et réfléchi, et Harry se permettait encore d'agir comme un con. Il fallait qu'il le rattrape.
Il courut jusque dans la rue principale, sans trace d'un blond furieux. Il demanda à un homme d'un certain âge assit dans un fauteuil à bascule, qui l'observait avec suspicion.
« Excusez-moi, monsieur, n'auriez-vous pas vu un jeune homme blond passer par ici ? C'est un de mes amis et je le cherche partout. »
Ce fut quand il s'approcha qu'il remarqua les yeux bleus très clairs du vieillard. Trop clair. Il venait de demander un renseignement visuel à un aveugle ! Style gaffeur il n'y a pas mieux !
« Non, je n'ai vu personne… Mais je sens que votre sorcier est en colère… Il se dirige vers le manoir… Bonne chance, Harry Potter ! »
Le jeune homme se retourna, totalement stupéfait. Il… il … sans même le voir, il l'avait reconnu. Il s'éloigna rapidement, n'osant plus faire face à ce vieillard. Les gens l'observaient, alors qu'il marchait d'un pas rapide dans la ville. Godric's Hollow en devenait menaçant. Il avait plus que hâte de rejoindre le Serpentard.
Le jeune blond venait d'arriver devant le manoir. Il trônait, surplombait la ville. Il était entouré d'une espèce de muraille, sa seule ouverture était une haute grille de fer noir qui commençait à rouiller. Effectivement, le château commençait à partir en ruine : le lierre tapissait les murs, la peinture était écaillée, les briques endommagées. Il passa sa main sur la grille qui s'ouvrit. La magie rodait dans ces lieux. Il s'aventura dans le parc de la demeure, celui-ci totalement soumis à la force de la nature. Ce lieu était moins menaçant que la veille au soir. Pas plus accueillant, mais les arbres ne semblaient pas vivants, et le lierre rampant. Il se dirigea vers son objectif premier, la grande bâtisse.
Harry parvint à l'entrée peu de temps après Draco. Il eut la même impression de magie sauvage, primitive ?
Il parcourut le jardin du regard, un peu plus méfiant qu'auparavant. Il était vraiment temps qu'il trouve le blond. Après s'être faufilé en direction du manoir, il aperçut enfin l'objet de ses recherches. Soupirant de soulagement, ayant oublié que le jeune homme lui en voulait sûrement, il accéléra pour le rejoindre.
« Malefoy ! »
Le blond sursauta, ne s'attendant pas vraiment à le voir ici. Cependant intérieurement rassuré de ne pas être seul à visiter cet édifice qui paraissait de plus en plus sombre.
« Potter. Tu me suis maintenant ! Je ne connais pas ta définition de liberté. »
Un silence. Finalement interrompu.
« Je viens pour m'excuser. »
Draco daigna enfin se retourner pour planter ses yeux dans ceux de son « compagnon ». Il se rapprocha.
« Je t'ai déjà dit qu'il serait inutile de t'excuser.
- Ce n'est pas pareil aujourd'hui. Je ne veux pas que ce ne soit que des mots. »
Le regard du blond se fit curieux, et toute l'hostilité qui y régnait disparue à ses dépends.
« C'est-à-dire ?
- Le sort. Je n'avais pas le droit. Alors, si tu veux, et seulement si tu veux, je peux le faire pour toi maintenant. Et accepter ton pacte. Même si pour moi ce serait plus qu'un pacte. »
Le jeune homme était surpris. Plus que surpris. Un sourire au coin des lèvres. Un sentiment bizarre. De plénitude ? D'allégresse ?
