Chapitre 6
Il termina son récit et releva la tête, cherchant la compréhension et le soutien dans les yeux émeraude du brun en face de lui. Il le trouva, et celui-ci se permit un sourire.
Le silence s'installa alors que les deux 'ennemis' se cherchaient du regard. Le sort semblait avoir un effet spécial doublement répété, et la magie semblait couler en eux. Ils ne s'étaient pas interrogés sur les éléments de la cérémonie, préférant vider leur esprit. Mais maintenant qu'ils avaient les yeux comme soudés, ils en ressentaient tous les effets.
Après quelques secondes de silence où chacun assimilait ces paroles, Hermione s'exclama :
« Bon, ça c'est fait ! Je ne sais pas ce que vous en pensez les garçons, mais moi, cela me va comme explication.
- Pareil.
- Pour moi aussi. »
Dans sa tête, Draco Malefoy souriait. Tant de confiance accordée en si peu de temps. Les Gryffondors étaient décidemment trop gentils… Où est-ce que cela les mènerait ? Maintenant qu'ils faisaient partis de la même équipe, les choses seraient agréables à changer. Il se concentra sur la brune qui avait repris la parole.
« Je propose une visite du village aujourd'hui. Harry, j'ai fait des recherches sur l'ancienne maison de tes parents, mais apparemment j'ai de petits problèmes : dans les livres on parle de la grande famille Potter, résidant au point culminant de la ville, ce qui serait le manoir. Mais Sirius parlait d'une simple maison qui avait été réduite en cendre. Je ne comprends pas. Et si le manoir était aux Potter, cela ce saurait ! Qu'est-ce qu'on fait ?
- As-tu pensé à demander aux habitants, Granger ?
- Je m'appelle Hermione, Draco !
- Excuse-moi. L'habitude. Je disais donc, les habitants pourront nous donner des renseignements. » Reprit Draco, légèrement mal à l'aise. Il n'avait pas pour habitude d'être « gentil », ni « ouvert » au milieu de Gryffondors, et les habitudes ça ne se changent pas. Hermione soupira et répondit d'un air las.
« Je doute qu'ils nous apportent des renseignements volontairement. J'ai entendu des rumeurs à notre sujet. On est déjà mal vu… »
Le silence se fit un instant puis Harry se manifesta enfin.
« Tant mieux, c'est la première fois de ma vie que je suis mal vu…enfin après Rogue… A part ça, je crois savoir qui pourrait nous aider. Nous ne sommes peut-être pas si inconnus pour tout le monde dans cette ville.
- C'est-à-dire ? Désolé de te le dire, mais tu es légèrement incompréhensible… » Annonça Ron, fronçant les sourcils.
« Il y aurait un voyant dans la ville ? » Se risqua Draco, qui semblait avoir aperçu l'homme de qui parlait Harry.
« Il semblerait bien. Ca vous va d'aller le voir après le déjeuner ? Si Ron consent à arrêter un jour de manger…
- Ton humour est remarquable Harry ! Ca faisait longtemps que je ne t'avais pas connu aussi drôle ! Tiens, j'ai fini, t'es content ? » S'emporta Ron, légèrement vexé…
« On est parti ! Vous avez vos baguettes ? »
Laissant le soin aux elfes de maison de débarrasser leur table, ils quittèrent l'auberge et s'aventurèrent dans Godric's Hollow, certains pour la deuxième fois de la journée, d'autres découvraient le village en pleine journée ainsi que ses villageois, qui eux ne se lassaient de les épier. On pouvait distinguer des silhouettes cachées derrière des rideaux, des passantes s'arrêtant sur les pavés pour se mettre à piailler d'un seul coup. Godric's Hollow était une vraie ville sorcière, et la magie se ressentait, reproduisant l'effervescence de Poudlard. Seulement, la population était bien plus âgée, et les plus jeunes hommes et femmes devaient avoir la trentaine. Pas de bébés riant, pas d'enfants courant partout, pas d'adolescents flânant, pas d'étudiants avec leurs projets d'avenir, parcourant les rues par cette journée plus qu'ensoleillée, qui n'appelait qu'à la paresse et à la tranquillité. La ville semblait bien vieille d'un coup. Plus bizarre, plus mystérieuse, comme si il n'y avait pas eu de nouvelle génération, les villageois s'étaient ancrés dans un secret au point de ne vivre que pour lui. Et quelque chose les guidait toujours vers le manoir. Draco fut tiré de ses réflexions plus qu'intensives par les paroles du brun :
« Encore plus étrange que ce matin n'est-ce pas ?
- Plus je parcours ces rues, plus je me dis que quelque chose cloche. Tu as remarqué qu'il n'y a aucun jeune ? Il n'y a pas de traces du présent dans cette ville ! Dans les magasins, les articles datent déjà de plusieurs années ! Pas d'innovations, pas de nouveautés, les peintures s'écaillent et les façades des maisons se délabrent. Comme si le temps s'était arrêté il y a …
- 16 ans.
- Peut-être, oui. Enfin, tu me comprends ?
- Oui, et je pense savoir quelle en est la cause, sans prétention.
- Pourrais-tu m'éclairer de tes lumières ?
- Ils savent qui je suis. J'ai entendu plusieurs fois mon nom. Mais ils n'ont pas la réaction habituelle.
- Ca te manque peut-être … ?
- Très drôle. Ils ont l'air d'être tristes, effrayés par moi.
- Et en quoi cela explique la bizarrerie de cette ville ?
- Je crois qu'ils ont coupé leur lien avec le monde sorcier depuis la mort de mes parents.
- Je vois. Permet-moi de douter quand même. Je ne veux pas être méchant mais le monde ne tourne pas autour de toi…
- On verra bien. » Répondit Harry, vexé que le Serpentard semble le prendre comme ça. Les habitudes reprenaient. « C'est ici ! » Annonça-t-il à ses amis marchant plus loin.
Le vieillard n'était plus devant la maison. Prenant son courage à deux mains, Harry toqua à la porte de la maison, après avoir laissé ses amis et traversé le petit jardin qui séparait la bâtisse de la rue. Il soupira, se redressa et attendit ce qui allait suivre.
Des pas lourds dans un escalier qui semblait souffrir depuis longtemps, un cœur qui s'accéléra, une porte qui s'entrouvrit dans un grincement, retenue par un loquet : il était évident qu'il n'était pas le bienvenu. Une voix d'homme, forte et menaçante le surprit :
« Que voulez-vous ! »
Une autre inspiration, et Harry répondit :
« Je cherche un vieil homme qui était installé devant cette maison ce matin. Habite-t-il ici ?
- Je ne vois pas de qui vous parlez.
- Il est aveugle, et il était là ce matin, je ne suis pas le seul à l'avoir vu. C'est vraiment important. Vous êtes sûr de ne pas le connaître ?
- Cet homme n'habite pas ici. Mais… entrez, je peux vous aider. »
La porte se referma puis s'ouvrit, cette fois-ci en grand. L'intérieur semblait sombre et modeste. Sans un regard vers ses amis, Harry pénétra à l'intérieur de la maison.
