Chapitre 7

- Cet homme n'habite pas ici. Mais… entrez, je peux vous aider. »

La porte se referma puis s'ouvrit, cette fois-ci en grand. L'intérieur semblait sombre et modeste. Sans un regard vers ses amis, Harry pénétra à l'intérieur de la maison.

La porte se referma dans un claquement derrière lui. Ne pas penser, ne pas penser…non, il ne fallait pas qu'il pense aux films d'horreur moldus, qui se déroulaient pas si différemment. Il serra sa baguette contre sa jambe. Comme il l'avait remarqué au premier abord, le hall était très faiblement éclairé, sans fenêtres ni décorations, d'une taille relativement réduite. L'homme l'avait déjà précédé dans une autre pièce.

Il le suivit, toujours avec cette appréhension maladive : pourquoi se mettait-il toujours dans de telles situations ? Il fut choqué par ce qu'il s'imposa à lui. Les deux pièces qu'il venait de visiter étaient la parfaite antithèse : autant l'autre est sombre et lugubre, autant dans le hall il avait été paniqué, dans la nouvelle, qui ressemblait en tout point à un salon, la lumière régnait, les ornements étaient presque trop présent et le mobilier luxueux. Une vraie révolution entre ces deux pièces. La dernière lui rappelait fortement le manoir du village et indirectement son lien avec Malefoy. Il se décontracta. L'homme s'était assis dans un fauteuil qui paraissait d'un autre âge, blanc, et il put enfin distinguer son visage et sa stature : un homme d'une quarantaine d'années, blond cendré, les yeux bleus, un visage ordinaire, comme l'on voit souvent et qu'on ne retient pas. Cependant, quand on s'y attardait, quand la lumière le permettait, on pouvait discerner la différence entre les deux yeux : l'un bleu, l'autre hésitant entre bleu et vert : ce qui lui donnait un regard plus que déstabilisant. Après s'être dévisagés pendant plusieurs minutes tous les deux, il se prit la parole :

« Bonjour Harry Potter. »

Harry sursauta. Il n'avait aucun moyen de le reconnaître : il n'avait pas ses lunettes (il avait opté pour des lentilles qui seraient plus discrètes depuis la mort de Dumbledore), sa cicatrice n'était pas visible et il avait légèrement changé depuis la dernière photo prise par un magazine. De plus qu'ils n'avaient pas l'air abonnés à Sorcière Hebdo dans le village…

« Vous avez sans doute remarqué mon œil droit, jeune homme. Oui, vous le fixez depuis tout à l'heure. Nous sommes dans un monde magique, et celui-ci me permet de voir des choses 'magiques'. Vous n'avez pas besoin de comprendre. Je m'appelle Lucian Jack, et j'habite Godric's Hollow depuis longtemps, d'ailleurs, je crois que j'y ai toujours vécu. Je suis Mage soignant et devin, sensé être à la retraite. Mais on n'est jamais à la retraite ici. Maintenant, expliquez-moi le pourquoi de votre visite dans ce misérable village et la cause de votre recherche de cet homme. »

Il avait parlé quasiment sans interruption, et Harry commençait à être de plus en plus impressionné par la prestance de l'homme et par son charisme, malgré une certaine crainte persistante. Ce village est trop…spécial, unique… il chercha quelques instants ses mots, ce qu'il pouvait dire ou pas, et se lança.

« Comme vous le savez je suis Harry Potter, fils de James Potter. J'ai la certitude que mes parents ont habité ici. Ce n'est pas un héritage que je poursuis, mais je dirais plutôt mon passé. Je suis sûr que vous comprenez. »

Si le vieil aveugle n'était pas là, il pouvait se permettre de parler de leur problème à une autre personne un minimum sensée. Cet homme ne ressemblait pas à un mangemort, ni à un criminel ou un escroc. Il ne savait s'il était digne de sa confiance, mais au pire ils avaient un expert en magie noire à leurs côtés…L'homme fronça les sourcils.

« Vous recherchez les traces des Potter ici. Et c'est pour ça que vous en avez après Darian ? »

Il semblait septique, d'un coup moins chaleureux.

« Je ne connais pas Darian, je l'ai vu ce matin et il m'a semblé être capable de répondre à mes questions. Je sais qu'il n'est pas le seul à pouvoir me fournir des informations, mais, excusez-moi, votre ville n'est pas très accueillante et ses habitants y sont étranges. Vous avez votre réponse. »

L'homme hocha la tête et repartit dans son silence, dévisageant une nouvelle fois Harry. Celui-ci crut voir son œil devenir plus vert et sombre, mais maintenant qu'il connaissait cette particularité, il se focalisait dessus. Il se sentait très mal à l'aise dans ce silence. C'était insupportable. Comme une salle d'attente d'un tribunal. Cet entretien avec cet homme lunatique était important et il le savait, il ne fallait pas qu'il rate tout. Ils devaient trouver des soutiens à Godric's Hollow.

« Parce que vous vous trouvez normal, Harry Potter ? Notre ville est comme on la veut. Cependant, il est vrai que vous êtes un fils de Godric's Hollow. Si vous souhaitez mes services, j'accepte de vous expliquer ce qui vous rend si curieux à propos de Godric's Hollow. Car il y a d'autres moyens d'en savoir sur votre famille, ne me faites pas croire que c'est ce qui vous amène ici.

- C'est exact. Je vous remercie de votre aide. C'est très généreux de votre part. Je ne vous questionne pas sur vos motivations à m'aider, je ne crois pas au « fils de Godric's Hollow » non plus. Quand pouvons-nous nous revoir ?

- Déjà perspicace à un tel âge… c'est respectable… Etes-vous libre ce soir ? Et amenez vos amis. Je ne laisse jamais quelqu'un devant ma porte.

- Je… C'est d'accord pour ce soir. Nous passerons à la tombée de la nuit, vers 20h. Merci encore pour tout. »

Il ne reçut qu'un signe de tête en réponse, ainsi qu'un léger sourire. L'homme ne prit pas la peine de le reconduire, et il du faire face à la pénombre seul, sans rien pour le guider. Il était bouleversé. Et il y avait de quoi ! Ce type savait tout ! Comme l'aveugle d'ailleurs ! C'est rageant ! Même s'il ne se l'avouerait pas, il avait peur. Peur de l'inconnu, et ici cet inconnu était plus que dérangeant. Même s'il était accompagné, il n'était pas plus puissant que lui et n'ont pas de ressources cachées qui peuvent apparaître à tout moment. Hermione avait son intelligence et Ron avait sa fidélité, son soutien, son amitié. A ce jour, seul Malefoy pouvait changer les choses. Mais que pouvait faire des adolescents de 17 ans contre un mage noir et ses troupes… ils étaient morts…

Quand il sortit de la maison, il fut à nouveau frappé par la lumière du jour, qui contrastait à nouveau avec l'absence totale de lumière du hall. Quelques secondes passèrent, le temps que ses pupilles s'habituent, et il embrassa la rue du regard. Personne. Sympa de m'avoir attendu, les gars…Il ne pouvait pas les attendre devant la maison de leur nouvel 'allié', cela ferait ridicule. Il décida de rentrer à l'hôtel, s'amusant à transplaner. C'est la deuxième qu'il le faisait depuis l'obtention de son diplôme. A vrai dire, cela lui était sorti de la tête. Dans un « pop » reconnaissable, un peu coupable de troubler le silence 'paisible' de la ville, il disparut.

Il avait prévu de se retrouver à l'intérieur même de sa chambre d'hôtel. Quand il ouvrit les yeux, il aperçut qu'il était dans une pièce totalement sombre, et que l'air y était totalement irrespirable tant cela sentait le renfermé et l'humidité. Et merde… Ce n'était évidemment pas sa chambre d'hôtel, à moins que Malefoy l'ait ensorcelé. Qu'est-ce que je fais maintenant…J'aurais du y aller à pied ! Il tâtonna, et finit par tomber sur une sorte de fauteuil, ou un canapé, ou un lit… Il détestait le noir. Un sentiment d'oppression le submergea. Et voilà que je deviens claustrophobe ! Il retenta de transplaner. Avec succès. Ou presque… De nouveau, une odeur de renfermé. Il avait peur d'ouvrir les yeux. Cependant, cette pièce ne semblait pas plongée dans le noir. Après vérification, de grandes fenêtres laissaient passer une faible lumière, il semblait être au rez-de-chaussée. Il soupira. Toujours dans la même maison à l'odeur, plus dans la même pièce à la vue, cela ne changeait rien… il était coincé. L'idée d'être prisonnier de Voldemort ne lui vint même pas à l'esprit. Il n'avait même pas l'impression d'avoir quitté la ville. Il était simplement bloqué. Enfermé, emprisonné, coincé, …Et ses amis le croyait toujours chez l'homme de Godric's Hollow.

A part les longues fenêtres, la pièce avait pour mobilier un grand lit à baldaquin, aux teintures rouges et blanches, légères, une commode de bois style dix-huitième, un bureau et une table de chevet assortis. Une chambre, apparemment. Un grand et épais tapis beige reposait sur du parquet, les murs tout aussi clairs. Une chambre luxueuse, même. Il ne toucha à rien. Il aurait rêvé tout fouiller, mais pas dans cette situation. Il fallait qu'il sorte d'ici.

Soudain, un grand fracas se fit entendre au dessus de lui. Pris de peur, il se rua vers la porte, et ne s'arrêta pas, parcourant toutes les pièces sans même s'attarder sur leur contenu. Une, deux, trois, quatre… Le rez-de-chaussée devait être immense : il ne trouvait même pas de sortie ! La cinquième fut la bonne. Et lui rappela violemment quelque chose. Il était déjà venu ici…