Le chapitre deeeeeeuuuuuuux ! Enfin !
Auteur : myrmeca est de retour ! votre servitrice dévouée vous revient !
Disclaimer : Tout ce petit monde appartient encore et toujours à JK Rowling (quelle femme exceptionnelle ! TT )... Et je ne reçois aucune rémunération pour tout ça...
Spoiler : Tomes 1 2 3 4 5 ET le 6 pass ke finalement je me suis rendue compte que beaucoup de mes idées coïncidaient avec celles du Tome 6 !
Bonne lecture à tous !
Chapitre 2 : Cours de potions et confusions
- Harry ! hurla une voix, beaucoup trop près de son oreille.
- Kekekekoi, keskiya, Ron, keskitariv ? bredouilla le Gryffondor en se tirant avec une extrême difficulté des bras de Morphée.
Ron eut un sourire joyeux, puis répondit, le plus calmement du monde et le visage radieux :
- Je vais devoir t'informer rapidement de la situation... En fait, si tu acceptes l'idée d'être en retard au cours de Potions de Rogue, tu peux tranquillement rester dans ton lit. Mais tu vois... ce n'est pas un conseil que je m'empresserais de suivre, personnellement.
Harry sauta de son lit et commença à s'habiller, l'air paniqué.
Ron éclata de rire.
- Ne te presses pas tant que ça, dit-il en regardant Harry se débattre avec sa robe de sorcier, qu'il s'évertuait à enfiler à l'envers. Je t'ai juste laissé dormir un peu plus que d'ordinaire. Tu semblais tellement fatigué. D'ailleurs, la petite fête improvisée de Dobby hier soir nous a tous exténués. Si tu avais vu la tête de Dean et Seamus quand ils sont descendus tout à l'heure ! ajouta-t-il en riant.
Harry ne se rappelait même pas l'objet de la fête. Il tenta de remuer ses souvenirs. Il avait dans la tête des images de cotillons volants, de fusées Fuseboom miniatures, et d'un grand buffet plein de nourriture. Mais il ne se rappelait pas pour quelle raison tout ceci avait été déballé. De toutes façons, Dobby paraissait ne pas avoir besoin d'une excuse pour amuser les Gryffondor. Il était de plus en plus présent auprès des élèves rouges et or, et de plus en plus libéré dans ses initiatives. Harry se souvint d'une banderole. Mais rien ne lui vint à l'esprit quand il tenta de penser à l'inscription animée qui y était inscrite. La fatigue lui avait tout fait oublier. Qu'avaient-ils donc tous fêté ?
Sûrement encore une idée bizarre de mon petit elfe préféré, pensa-t-il, à moitié ironique.
Ron riait doucement derrière Harry pendant que ce dernier s'efforçait de se tenir debout (en enfilant une chaussette à son pied gauche, tandis que le pied droit sautillait pour équilibrer le tout). Harry finit par s'asseoir tranquillement sur son lit pour réussir à s'habiller convenablement.
Au bout de quelques minutes, il était presque prêt à se rendormir sur place mais une voix aiguë le fit sursauter.
- Harry Potter, monsieur, fit Ron dans une imitation parfaite de Dobby. Harry Potter, monsieur, il faut descendre et aller prendre votre petit déjeuner, monsieur.
Harry éclata de rire en voyant Ron, les yeux exorbités, l'air contrit mais souriant, en train de singer le visage de l'elfe de maison le plus populaire de Poudlard.
- Allez, arrête Ron. On va vraiment être en retard si tu continues... Au fait, où est passée Hermione ?
- Elle attend tranquillement que je redescende avec toi dans la Salle Commune. Elle m'a passé un de ces savons quand elle a su que je t'avais laissé dormir... Du genre : "Enfin, Ron, tu es irresponsable ! Est-ce que tu sais combien de points Rogue risque d'enlever à Gryffondor si Harry arrive en retard ?" Ah, ah, ah, tu trouves pas que je suis doué pour refaire les gens ?
Ron commença à s'esclaffer. Harry le regarda un peu de travers mais ne dit rien. Il le tira par le bras et le força à descendre l'escalier en colimaçon qui menait à la Salle Commune. Ron riait soudain aux éclats.
- Je viens de me découvrir... un talent pour... pour l'imitation, disait le rouquin, la voix entrecoupée de hoquets de rire.
Harry se demandait ce qu'il avait bien pu arriver à son ami pour qu'il se retrouve dans un état pareil. Il avait beau le secouer dans tous les sens, Ron continuait à rire comme un dément. Harry finit par abandonner et força Ron à poursuivre la descente. Les tableaux sur les murs ricanaient en voyant passer l'étrange duo. Le chevalier du Catogan, venu rendre visite à un portrait ami, s'écria en les poursuivant :
- Morbleu ! Diantre ! Ce gamin tacheté de roux me provoque ! Il rit de moi, l'immonde pendard ! Je m'en vais le pourfendre !
Il sortit brutalement son épée du fourreau et la souleva par-dessus sa tête comme si c'eût été une massue. La magnificence de la lame, gravée de runes et de symboles celtiques, faisait ressortir le ridicule du personnage qui la portait. Les tableaux alentour jetaient un oeil intéressé à la scène.
Harry accéléra le pas et remonta ses lunettes rondes sur son nez, tandis que le brave et fier Chevalier s'efforçait de faire sortir l'épée du sol. Elle lui avait glissé des mains pendant qu'il la passait au-dessus de son épaule et s'était profondément fichée dans le tapis persan du salon d'une grande Duchesse française, qui hurlait à présent dans son cadre contre l'importun en prononçant toutes sortes de grossièretés impardonnables.
-- O -- O --
Hermione, assise sur un pouf un livre à la main, regarda ses amis arriver dans la grande pièce rouge et or. Harry, les cheveux aussi ébouriffés que les siens et Ron, à la limite de la spasmophilie, presque traîné au sol par Harry. Un sourire lui monta aux lèvres. Les derniers élèves retardataires regardèrent d'une drôle de façon le rouquin se relever avec peine, semblant penser que ce n'était pas le genre de comportement que l'on devait attendre d'un préfet. Harry crût déceler la même pensée chez Hermione, qui s'approchait de lui et de Ron en refermant son livre.
- Je ne sais pas pourquoi il est comme ça, mais ce sera sans commentaire, s'il te plait ! lui dit Harry nerveusement.
- Je n'avais pas l'intention de dire quoi que ce soit, répondit-elle d'un ton égal. Mais regarde tout de même ça, (elle lui montra le panneau d'affichage des Gryffondor du doigt), et tu comprendras pourquoi celui-là est hystérique. Quoique, ajouta-t-elle en parlant plus bas, les friandises « Feuforie » que Fred et George lui ont envoyé y sont peut-être aussi pour quelque chose. Ils avaient pourtant prévenu dans leur lettre que cela pouvait avoir un effet à retardement...
- J'ai voulu te laisser la surprise de la découverte, dit Ron en se calmant un peu.
Harry remarqua que les bonbons semblaient non seulement s'être déclenchés en retard, mais qu'en plus ils avaient une durée relativement limitée. Il tourna lentement la tête et jeta un oeil au panneau d'affichage. Son coeur fit un bond dans sa poitrine, ce qui acheva de le réveiller. Le dernier match de Quidditch de l'année entre Gryffondor et Serdaigle allait avoir lieu dans quatre jours... le prochain samedi ! Ils l'avaient tant attendu, ce dernier match, chaque fois repoussé, encore et encore, à cause des violentes tempêtes de mars et d'avril ! Cela faisait presque trois mois que Harry n'était pas monté sur un balai, et la sensation lui manquait. Ah... l'ivresse de l'altitude et de la vitesse... Même les entraînements avaient été annulés en raison d'un avis de tempête sur tout le nord de la Grande-Bretagne.
- Géniaaaaalllll ! C'est super, Ron, on va rejouer au Quidditch !
Ron et Hermione échangèrent un regard amusé. Ron se mit à chantonner en tournant en rond, comme l'auraient fait ses frères, sur un air qui ressemblait à un rituel indien :
- On va re-jouer, On va re-jouer, On va re-jouer !
Harry était tellement heureux qu'il se joignit à la folie de Ron et se mit à tourner avec lui en rythme autour d'Hermione, s'attirant les regards plein de pitié des jeunes sorciers qui passaient à proximité.
Mais Harry n'en avait cure. La plupart des élèves de Poudlard avaient pensé qu'il était fou à lier tout au long de l'année précédente, quand il soutenait vainement que Voldemort était de retour, alors quelques pas d'une joyeuse danse à l'indienne n'allaient pas faire pire.
- Allez, calmez-vous, maintenant les garçons. Et fais attention Harry, Rogue va t'en vouloir si tu arrives à son cours avec un grand sourire, le prévint Hermione, elle-même rayonnante.
Elle ouvrit la marche vers le portrait de la Grosse Dame et sortit en direction de la Grande Salle, empruntant le chemin le plus rapide, tandis que ses deux compagnons parlaient Quidditch et balais volants en la suivant dans le dédale des passages secrets de Poudlard.
-- O -- O --
La Grande Salle était toujours pleine lorsqu'ils y arrivèrent quelques instant plus tard. Ron et Harry avaient réussi à se calmer de leur frénésie de Quidditch. Hermione était plongée dans un livre intitulé "Les boucliers défensifs et leurs contre-sorts", par Lucien Bofilet. Harry entra dans la Grande Salle. Quelques première années pas encore lassés de le regarder se tournèrent vers lui et le contemplèrent. La nouvelle de ses "exploits" avec Ron, Hermione, Ginny, Neville et Luna au Ministère s'était répandue comme une traînée de poudre pendant les vacances et certains élèves continuaient depuis huit mois de jeter à Harry des regards pleins d'admiration.
Il n'y fit pas attention et passa devant la table des Serpentard, puis des Poufsouffle et enfin des Serdaigle pour arriver face à celle des Gryffondor. Il jeta un coup d'œil amusé à la ronde tandis que Ron et Hermione prenaient place à ses côtés. Ses camarades rouge et or avaient du mal à paraître réveillés, surtout les plus jeunes. Tous ceux qui avaient participé à la "super party made in Dobby" étaient sur le point de tomber dans leurs assiettes.
Harry était heureux des initiatives de ses amis. En ce moment, fêtes et banquets se succédaient sans raisons apparentes. Voldemort, étrangement, ne s'était pas manifesté de toute l'année et, malgré les entraînements intensifs qu'Harry subissait avec ses professeurs en cours particuliers, (une brillante idée de Dumbledore) il lui arrivait d'oublier tout le stress de sa situation, tout le poids de son destin déjà tracé par la prophétie.
Il ne se sentait pourtant pas encore capable d'en parler à ses amis.
Ils s'évertuent à me détendre, à m'amuser. Je ne veux pas leur imposer un souci supplémentaire...
Une douleur sourde restait pourtant perpétuellement au creux de son estomac. La sensation grandissante que des événements terribles se préparaient, et que malgré le calme apparent, tout allait bientôt basculer.
Ron remarquait avec humour quand Harry lui parlait de ses angoisses qu'il n'aurait pas eu de mal à remplacer Trelawney, dans la catégorie prédictions funestes. Elle continuait d'ailleurs à enseigner en tant que professeur de Divination, partageant ses classes avec Firenze, le centaure engagé l'année dernière à sa place. Dumbledore avait confié à Harry qu'il trouvait bien préférable qu'elle demeure au château, bien plus à l'abri à l'intérieur des murs de l'école qu'à l'extérieur, où elle risquait sa vie à chaque moment.
Elle a fait la prophétie, et même si elle ne s'en souvient pas, un Legilimens comme Voldemort n'aurait aucun mal à l'extraire de ce qui lui sert de cerveau, pensa Harry méchamment. Cette prophétie a gâché ma vie... maintenant elle gâche la sienne...
Il continua, tout en mangeant distraitement, à jeter des coups d'oeil dans la salle. Les élèves discutaient tous allègrement. Soudain, son regard se stoppa net. Malfoy.
Malfoy le fixait à travers toute la largeur de la Grande Salle. Harry sentit sa cicatrice le picoter allègrement tandis qu'il soutenait le regard du Serpentard. Pendant quelques minutes ainsi ils se regardèrent. C'était un véritable bras de fer à distance : regard gris-bleu contre regard vert-vif.
Comme d'habitude, pensa Harry en continuant le combat.
Les deux protagonistes avaient cessé d'engloutir leur petit déjeuner, la fourchette en l'air à dix centimètres de l'assiette, un bout de bacon ou d'oeuf accroché au bout, se concentrant uniquement sur le défi qui leur était imposé. Les étudiants dont les têtes passaient entre leurs regards furieux ne semblaient pas les gêner outre mesure. On aurait même pu penser qu'ils ne les voyaient pas. Alors que les élèves, eux, semblaient sentir comme un rayon les traverser de part en part, et ils s'empressaient de quitter leur inconfortable position. Chacun des deux combattants restait immobile et ferme.
Mais soudain, Malfoy abandonna la lutte, se leva subitement et quitta la Grande Salle. Harry resta la bouche ouverte de stupeur, fixé sur sa chaise comme s'il avait été frappé par un Maléfice du Saucisson.
D'ordinaire, cela aurait duré jusqu'à la distribution du courrier, moment auquel Draco aurait été plus intéressé par le contenu des paquets reçus qu'à un duel avec un regard émeraude.
Même si cette année il ne reçoit pas grand-chose... A cause du contrôle du courrier, je suppose... Mesure de sécurité.
Harry cherchait à comprendre ce qui avait bien pu se produire quand il sentit à nouveau un regard se fixer sur lui. Il tourna vivement la tête vers la table des Professeurs, mais lorsqu'il les regarda, tous paraissaient s'intéresser à leur assiette ou à une conversation avec leur voisin. Dumbledore parlait tranquillement avec le Professeur McGonagall, Rogue conversait à voix basse avec la Professeur de Défense Contre les Forces du Mal, qui se trouvait être nulle autre que Nymphadora Tonks, affublée en ce jour d'un physique plutôt sobre, en accord avec ses nouvelles responsabilités. Les élèves appréciaient d'ailleurs ses cours et son attitude autant qu'ils avaient apprécié Lupin... Sa jeunesse lui donnait un avantage de proximité que la plupart des autres professeurs n'obtiendrait jamais.
Harry réfléchissait. Le fait que sa cicatrice l'ait picoté tandis qu'il regardait Malfoy ne l'avait pas surpris (manifestation de haine cutanée, huhu... ), mais la réaction du Serpentard l'intriguait. Qu'est-ce qui avait bien pu lui prendre ? Ce n'était pas son genre ...
Ron lui donna un petit coup de coude en lui désignant le plafond. Le courrier venait d'arriver. Des centaines de hiboux envahissaient le ciel magique, qui était pour la première fois depuis trois mois d'un blanc-bleuté très sympathique. Harry se décida à chasser les questions de son esprit tandis qu'une chouette effraie amenait à Hermione la Gazette du Sorcier. La jeune fille paya, puis se plongea dedans, comme à son habitude. Elle avait finalement décidé de réitérer son abonnement. "Mieux vaut avoir des nouvelles de chaque camp." disait-elle. Elle semblait d'ailleurs penser qu'il y avait plus de deux camps. Pour elle, c'était plus compliqué que la simple lutte du Bien contre le Mal. Elle comparait souvent le Ministère de la Magie à une sorte d'éponge qui absorberait un peu tout ce qui traîne de chaque côté, un mélange de bénéfique et de maléfique qui avait beaucoup de mal à s'équilibrer.
Harry et Ron, n'ayant rien reçu, s'en retournèrent à leurs assiettes.
Deux minutes plus tard, Hermione poussa un petit cri perçant et étonné. Harry et Ron sursautèrent, stupéfaits. Ron avala son jus de citrouille de travers et se mit à tousser bruyamment. Ils s'attendaient à un "rien" déçu, puis à ce qu'elle pose tranquillement le journal, comme tous les matins.
Sous leurs regards inquiets, et sous ceux curieux de leurs voisins, elle plia la Gazette à la page concernée et la posa devant Ron.
Harry et lui se penchèrent dessus. Par-delà les gros titres, elle leur désigna un petit encadré.
"Mystérieuses explosions sur le Chemin de Traverse."
L'un des commerçants du Chemin de Traverse, domicilié au 90 de la rue, a signalé au Ministère la nuit dernière des bruits étranges, provenant selon lui d'un magasin proche du sien. Il a précisé sa peur que des Mangemorts préparent un mauvais coup.
Les Sorciers compétents, alertés et dépêchés sur les lieux, ont cherché pendant quelques instants la source du vacarme. Elle fut facilement identifiée, au sein d'un négoce du nom de "Farces pour sorciers facétieux", tenu par les jumeaux Fred et George Weasley, au 93, Chemin de Traverse."
Ron, comme tous ceux qui lisaient la même chose dans la Grande Salle, avait la bouche grande ouverte, mais poursuivit la lecture.
"Interrogés, les jeunes Sorciers prétendirent qu'il n'y avait rien de suspect dans leur comportement et qu'ils se devaient, pour satisfaire leur clientèle avide de Farces et Attrapes, de rechercher et d'expérimenter de nouvelles formules et de nouveaux sortilèges. Les Aurors ont fouillé sans tarder tout le magasin à la recherche d'une quelconque forme de Magie Noire. Mais''Il n'y a aucune trace ni aucun objet ici qui puisse avoir un quelconque rapport avec les activités des Mangemorts'' a déclaré Kingsley Shackelbot, présent sur les lieux.
Comme chacun sait, le magasin des frères Weasley est devenu, en quelques mois, la mascotte du Chemin de Traverse, le magasin le plus fréquenté et le plus populaire. Mais une enquête, dès lors ouverte par des membres compétents du Ministère de la Magie, pourrait bien, s'il s'avérait que certains des produits vendus étaient dangereux, faire clore la florissante entreprise.
Pour le moment, il semblerait qu'il n'y ait aucune autre plainte et que les propriétaires des "Farces pour Sorciers Facétieux" n'aient pas autant de choses à se reprocher que ces mystérieuses explosions pourraient le faire croire." Photo et article de H.R. Kippin.
Une petiteimage en mouvement des frères Weasley accompagnait l'article. Une fumée grisâtre suspecte s'échappait du toit du bâtiment situé derrière eux.
Hermione s'évertuait à refermer la bouche de Ron tandis que Harry relisait l'article, de plus en plus étonné..
- Mais... ils n'auraient pas fait... de choses dangereuses, tout de même ? demanda-t-il après une troisième lecture, un peu anxieux.
- Je leur demanderais par mon prochain hibou ce qu'ils ont vraiment fait comme bêtise, dit Ron. Quand on voit les Feuforie on peut se poser des questions. Maman va les tuer...
- Mais non, c'est juste la Gazette qui exagère un peu. Ils ont une façon de présenter les choses qui peut laisse toujours penser à pire que la réalité. Ron et toi, vous savez aussi bien que moi qu'ils ont toujours été... comment dire... expérimentateurs dans l'âme...
Harry et Ron regardèrent Hermione intensément, d'un air incrédule pendant plusieurs dizaines de secondes. Hermione, gênée,gardait la tête baissée sur son assiette pour ne pas rencontrer leur regard. Puis elle la releva tout à coup en rompant le silence :
- Bon ok, ça va ! J'avoue que je n'ai pas été toujours d'accord avec ce qu'ils ont pu entreprendre, mais cela ne mettait jamais véritablement en danger la vie d'autrui... Quelques bonnes frayeurs, tout au plus. Rien de bien méchant.
- Rien de bien méchant ! s'exclama Ron, faisant se retourner tous les voisins de tables à cinq places à la ronde. Tu as failli les assassiner chaque jour de l'année dernière, quand ils utilisaient les première années pour leurs expériences de Boites à Flemme ! Et tu m'as impliqué dedans aussi d'ailleurs, en mettant ma vie de préfet en danger face à ces inventeurs délurés!
Harry se retenait difficilement de ne pas rire. Mais il se rendait bien compte au travers des exagérations que Ron était dans le vrai. Fred et George n'avaient pas toujours été prudents. Et Hermione commençait à s'adoucir. Pour elle, les jumeaux étaient devenus des expérimentateurs, selon ses propres mots.
Mais même en étant expérimentateur, je ne me ferai pas pousser des furoncles à l'endroit peu commode où cela leur est arrivé. Hermione change, ces derniers temps, on a eu trop d'influence sur elle...
Il est vrai qu'Hermione se dévergondait depuis peu. Elle arrivait souvent en retard aux rendez-vous qu'ils se fixaient, ne faisait plus ses devoirs une semaine à l'avance (un comportement qu'ils avaient trouvé, Ron et lui, plutôt inquiétant au départ), ne leur râlait plus dessus à tout bout de champ, prenait son rôle de préfète moins à coeur que l'année précédente.
D'ailleurs, nous avons tous changé. Ron a plus d'humour qu'avant, il est moins timide, Hermione et lui ne se disputent plus sans arrêt, et moi... eh bien... je crois avoir perdu la fâcheuse habitude de m'énerver et de crier sur n'importe qui, n'importe où, n'importe quand. Et ça fait du bien...
Harry regarda, tout sourire, ses amis entamer et poursuivre avec entrain une véhémente conversation dans laquelle il lui semblait qu'il était question d'insignes de préfets, de responsabilités et de Fred et George. Il remarqua que pour une fois les rôles étaient inversés, et cela tournait presque au ridicule : C'était Ron qui reprochait à Hermione son manque de sérieux et de jugement !
Les élèves les plus jeunes, qui ne connaissaient pas encore tous les passages secrets utiles, quittaient peu à peu la Grande Salle, se hâtant pour se rendre à leur premier cours. Les professeurs avaient laissé leurs sièges tranquillement vacants pour se préparer à accueillir les étudiants dans leurs classes.
Dean et Seamus s'approchèrent lentement du groupe animé du trio Gryffondor, la mine sombre et déconfite.
- Qu'est-ce qui vous arrive ? leur demanda Harry ; Hermione et Ron étant trop occupés pour avoir remarqué l'arrivée des deux Gryffondor.
- On vient d'apprendre que Rogue doublait le cours de Potions, qui dure déjà une heure et demie. Ca nous en fait trois heures... expliqua Seamus.
- Quoi ? s'écria Ron, soudain sorti de sa discussion. Il a dit pourquoi ?
Les mots "Rogue", "doubler" et "Potions" avaient sonné à ses oreilles comme autant de menaces.
- Il n'a rien dit de plus, sinon que l'on ferait bien de se dépêcher de se rendre dans les cachots.
- Alors qu'est-ce qu'on attend ? dit Hermione, qui semblait curieuse de savoir ce que Rogue mijotait.
-- O -- O --
En passant devant les Sabliers Géants, Ron remarqua :
- Vous avez vu, on est à égalité avec les Serpentard ? 376 points chacun.
Harry se pencha vers lui et murmura :
- Tu sais, il ne faut pas se faire d'illusions...Avec trois heures de Potions devant nous, ça risque de ne pas durer.
Ron aquiesca, l'air malheureux.
-- O -- O --
Dans le cachot sombre qui servait de salle de classe à Rogue, les chaudrons étaient en place sur les tables, attendant patiemment d'être remplis des ingrédients qui serviraient à la fabrication de la potion du jour, tandis que les élèves, inquiets, murmuraient et chuchotaient les hypothèses les plus invraisemblables quant à la raison pour laquelle Rogue allait leur faire subir son courroux pendant deux fois plus de temps. Neville semblait paniqué par la situation et jetait des regards suppliants à Lavande et Parvati, assises à ses côtés. Malheureusement pour lui, les deux jeunes filles ne pouvaient rien faire pour soulager sa peine.
Beaucoup d'élèves avaient réussi à passer leur BUSE de Potions avec une mention Optimal ou Effort Exceptionnel, et Rogue semblait avoir été convaincu par on ne sait quel miracle qu'il allait accepter autre chose que des Optimal. Harry ne s'en était pas plaint, car cela lui permettait de continuer ses études en vue de commencer sa carrière d'Auror, même si son Effort Exceptionnel lui valait des remarques acides de Rogue à presque chaque cours.
Assis au milieu de ses amis, il restait silencieux, un sourire aux lèvres, essayant tout de même de chasser de son esprit la joie de rejouer bientôt un match de Quidditch. Il savait bien que Rogue le sentirait s'il était heureux, et qu'il le lui ferait payer.
Différents liquides étaient entreposés dans la pièce, dans des chaudrons ou des flacons, sur les étagères environnantes. Certains émettaient un chuintement désagréable, d'autres bouillonnaient tranquillement ou changeaient de couleur en permanence.
La porte du cachot claqua violemment. Les fioles et flacons sur les tables des élèves tremblotèrent. Une silhouette noire frôla les tables.
- Silence ! intima Rogue, comme à son habitude.
Bien entendu, il n'aurait pas eu besoin de leur ordonner de se taire. La célébrissime et légendaire rigueur avec laquelle il faisait ses cours suffisait encore et toujours à lui assurer le silence de toute une classe dès qu'il y pénétrait.
Chacun se taisait, attendant, l'oreille tendue, dans le but de ne rien manquer du subtil et étudié murmure qu'était la voix de Rogue, dans l'optique de tout comprendre de la raison mystérieuse qui avait poussé leur professeur à prolonger son cours. Mais il commença comme si c'en eût été un ordinaire.
- Vous allez aujourd'hui tenter de concocter une potion appelée "Perfectus Protectum" (il agita sa baguette, la recette apparût au tableau), améliorée par mes soins. Comme vous pouvez le constater, cette dernière nécessite pour sa composition de nombreux ingrédients (il agita de nouveau sa baguette et la porte de son armoire s'ouvrit) que vous trouverez dans ce meuble, pour ceux qui vous feraient défaut. Vous avez des questions ? demanda-t-il pour la forme.
Hermione tendit prestement la main en l'air tandis que les autres élèves préparaient leur table. Rogue haussa un sourcil en tournant lentement la tête vers elle.
- Apparemment, vous avez une question, Mlle Granger...
- Oui, professeur.
- Eh bien, je vous en prie...
- La potion "Perfectus Protectum", si elle est bien préparée, avec le bon ajustement au niveau des ingrédients et le bon timing, ne prend qu'une dizaine de minutes à peine à réaliser et...
- Je sais tout cela, Miss Granger ! la coupa froidement Rogue. Abrégez !
- Et je me demandais donc, poursuivit Hermione, imperturbable, pourquoi vous aviez doublé le cours de Potions pour une recette si rapide à exécuter...
Rogue fit régner durant quelques secondes un silence de plomb. Un silence pendant lequel tous les élèves avaient eu le temps de poser leur regard sur lui.
Il se leva de son bureau, s'approcha de la table d'Hermione, Ron et Harry et parla de sa voix doucereuse, empreinte d'une bonne dose de mépris :
- C'est parce que, voyez-vous, Mlle Je-Sais-Tout, je ne pense pas que tous vos camarades ici-présents (son regard méprisant s'attarda sur Neville, puis vira au dégoûté en passant sur Harry) aient assez de sens pratique pour réussir cette potion lors de leur premier essai.
Hermione ne répondit rien et baissa les yeux, visiblement vaincue. Mais une voix traînante s'éleva soudain depuis l'autre moitié de la classe.
- Parce que vous, vous l'avez réussie du premier coup, peut-être ?
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Le temps sembla s'être figé. Rogue était tellement surpris qu'il ne bougeait pas d'un pouce. Aucun élève n'osait émettre un souffle, Neville commença à trembler de terreuralors que le professeur restait toujours aussi insondable. Harry remarqua qu'en cela, Draco et lui n'étaient pas si différents. On ne pouvait jamais vraiment savoir ce qu'ils pensaient, tous les deux.
Les Serpentard restaient collés sur place, la bouche ouverte. La peur se lisait dans leur regard. La scène avait quelque chose de splendide, malgré la terreur qui commençait à régner. Le silence était parfait, mais fut finalement rompu :
- Je vous demande pardon, Mr Malfoy ? émit Rogue dans un murmure, avançant millimètre par millimètre vers la table visée par son regard.
Malfoy le fixa presque sur un air de défi, ses yeux gris mêlés d'un magnifique bleu-océan plongés dans ceux noirs et froids du professeur de Potions.
- Je vous ai clairement demandé si, personnellement, vous aviez eu le privilège de réussir dès la 6ème année cette potion ? Que je sache, nous ne sommes pas censés en entendre parler avant notre année d'ASPIC ou même nos études supérieures ! répliqua Malfoy d'un ton insolent.
Harry se gardait bien d'émettre le moindre son. Il voulait absolument voir comment se déroulerait la fin du combat et tenait à ne rien gâcher par une intervention stupide. Il remarqua cependant avec amertume que si un Gryffondor avait osé parler comme cela à Rogue, même Ste Mangouste et tous ses guérisseurs n'auraient rien pu faire pour sauver le malheureux. Il semblait d'ailleurs que ses camarades de maisonnée aient eu la même pensée. Ils ne tentaient même pas un mouvement.
Dans le silence pesant du cachot, l'aura de malfaisance de Rogue gagnait du terrain à vue d'oeil, comme un sombre drap qui s'abattait sur tous les visages. Même les Gryffondor et les Serpentard du fond de la salle de classe semblaient avoir envie de trembler de tous leurs membres.
Rogue, la rage figeant ses traits, une lueur féroce flamboyant dans ses yeux sombres, souffla dans un chuchotement menaçant :
- Jamais personne... Vous entendez Mr Malfoy, personne... n'a eu l'autorisation de me parler sur ce ton, est-ce bien clair ?
Le blond s'abstint de tout commentaire, mais continua de regarder Rogue droit dans les yeux, ce qui à ce stade, relevait de l'exploit.
Harry sentait que ce jour resterait dans les mémoires. Le premier élève qui ait jamais osé défier Rogue, le pire professeur de Potions que Poudlard ait connu, et ce devant témoins.
Malfoy l'aura enfin, son heure de gloire...
- Tout d'abord, pour votre gouverne, murmura Rogue en fixant Malfoy si intensément que des éclairs semblaient lui sortir des yeux, j'ai réussi cette potion en 4ème année... Ensuite... je suis votre professeur... Je suis donc le seul ici habilité à décider de ce que vous étudiez dans mes cours... et enfin, je crois que cela fera 50 points de moins pour Serpentard...
Des murmures indignés mal placés fusèrent chez les Serpentard. Les Gryffondor se regardaient, l'oeil amusé et pétillant, sans aucun commentaire. Malfoy gardait son masque impénétrable. Personne n'aurait pu dire à part lui-même ce qu'il pouvait bien penser ou éprouver en cet instant. Des chuchotements parcouraient la moitié "Serpentard" de la salle de classe.
- SIIIILLLEEEENCE ! hurla Rogue, perdant son calme pour la première fois de sa carrière.
A présent, même une mouche n'aurait pas osé voler dans la pièce, sous le regard noir, froid et pénétrant du professeur de Potions.
Rogue ressemblait de plus en plus à un hippogriffe enragé, une attitude qu'il n'avait eu que quelques fois en face de Harry, en troisième et en cinquième année particulièrement. Il retourna s'asseoir à son bureau avec une lenteur qui faisait froid dans le dos.
- Puisque personne ne semble arriver à comprendre mes directives et à les appliquer pendant une durée déterminée, je vais me voir dans l'obligation de donner un devoir commun supplémentaire, dit-il dans un murmure qui était aussi audible que s'il eût parlé à haute voix. Vous me ferez, tous sans exception, disons... quinze rouleaux de parchemins... sur la potion "Perfectus Protectum", ses dérivés, sa préparation, son utilisation et ses effets pour la semaine prochaine.
Dans la classe, des bouches indignées ou stupéfaites s'ouvrirent, puis furent rapidement refermées par leur propriétaires, conscients que tout bruit ou geste serait synonyme d'un ajout de rouleaux pour le devoir. Et il y en avait déjà quinze ! Jamais aucun professeur ne leur avait donné plus de sept rouleaux à rédiger jusqu'à ce jour !
- Et à présent, au travail...
Les élèves hésitèrent d'abord à bouger, puis un Gryffondor se leva et partit chercher ses ingrédients dans la grande armoire, bientôt suivi par d'autres. Certains élèves, comme Neville, toujours traumatisés, attendirent quelques minutes avant d'oser remuer un membre.
Harry, Ron et Hermione, après être entrés en possession de ce qu'il leur fallait, commencèrent à préparer leur potion. Enfin... à tenter.
Car chaque ingrédient devait être coupé selon un rituel précis, ajouté aux autres à une seconde déterminée, le breuvage ensuite tourné dans un sens spécial, à une température donnée, avec un nombre de tours spécifié, et le tout à recommencer avec une trentaine d'ingrédients.
Harry n'avait jamais rien vu d'aussi compliqué.
Et pourquoi ne pas nous dire à combien de kilomètres par heure il faut tourner la cuillère, aussi ?
- Comment Rogue a-t-il pu réussir cette potion du premier coup en 3ème année ? demanda-t-il d'une voix audible pour Ron seul.
Son ami tenta un sourire et lui répondit dans un chuchotis, comme pour lui remonter le moral :
- Il a dit qu'il l'avait réussie en 4ème année, pas qu'il l'avait réussie du premier coup... Et puis rappelle-toi, Hermione a réussi un Polynectar en seconde année.
Harry sentit sa poitrine se gonfler de fierté pour son amie, puis se réintéressa aux intructions du Maître des Potions.
Il était noté au bas du tableau que la potion, une fois terminée, aurait dû redevenir aussi transparente que de l'eau. Harry jeta un coup d'oeil autour de lui. Il voyait du vert, du orange, Neville avait même réussi à produire une potion violet fluo (qui semblait prête à exploser, d'ailleurs). Ron avait obtenu un blanc cassé, légèrement nacré, et la potion d'Hermione ressemblait à un thé très très légèrement infusé. Elle n'était pas loin de la perfection, après seulement deux tentatives.
Harry regarda son propre chaudron. Sa potion avait une teinte gris-clair.
C'est pas encore ça...
Soudain, il sentit sa cicatrice le brûler de l'intérieur. Il se tint le front à deux mains, en se cachant derrière son chaudron pour ne pas que Rogue le voie, se mordant la lèvre inférieure pour qu'aucun son ne sorte de sa bouche. Le Gryffondor sentait que Voldemort était agacé de ne pas obtenir ce qu'il voulait. Harry commençait à connaître par coeur les humeurs de celui qui l'envahissait, même s'il n'était en contact avec lui que quelques secondes durant.
La souffrance était mineure par rapport à ce qu'il avait déjà connu, et déjà elle semblait prête à disparaître.
Une simple crise passagère...
La douleur s'amenuisa tout à coup, se réduisant à un simple picotement omniprésent. Harry rassura rapidement Ron et Hermione, dont les yeux préoccupés étaient fixés sur lui, puis il jeta un regard inquiet à Rogue. Le professeur ne l'avait pas vu. Le rouge et or se préparait mentalement à retourner à son chaudron lorqu'il remarqua que le visage de Rogue, penché sur des copies à corriger, était crispé. Non de rage ou de dépit, mais de douleur. Son bras gauche semblait le faire souffrir. Harry comprit instantanément de quoi il retournait, comme si c'eût été lui qui avait infligé cette torture à Rogue. Voldemort appelait ses Mangemorts à lui en activant la Marque des Ténèbres, gravée sur le bras de chacun de ses serviteurs.
Harry sentait des bouffées de chaleur naviguer en lui. Il se força à se calmer, et à laisser ses sensations à la porte. Cela n'avait rien d'extraordinaire pour lui de ressentir les émotions, intentions et actions de Voldemort, et cette fois encore, il s'en inquiétait peu. C'était une petite alerte comme une autre...
Harry essayait de s'en convaincre en observant son professeur à la dérobée. Rogue semblait souffrir encore intensément, même s'il ne le montrait pas.
Il sentit quelqu'un lui donner un coup de coude un peu trop violent dans les côtes à sa droite. Il en eût le souffle coupé. Hermione... Elle pointait discrètement quelqu'un du doigt. Harry tourna la tête pour regarder et resta pétrifié.
Malfoy était penché sur sa table, et son visage, tordu par une grimace de douleur, touchait le plan de travail où son chaudron était déposé. Il avait sa main droite pressée sur la manche gauche de sa robe de sorcier...
Ses voisins ne semblaient se soucier que de leur chaudron, ne prêtant garde qu'au bon déroulement de la préparation de leur potion. Ils ne remarquaient même pas le mal qui torturait Draco.
Hermione mit un doigt sur sa bouche et souffla à l'oreille de Harry :
- On en parlera plus tard. Si Rogue nous voit ne serait-ce qu'ouvrir la bouche, il serait capable de retirer une centaine de points à Gryffondor.
Ron s'était tourné vers eux et semblait comprendre peu à peu en fixant Malfoy, qui semblait revenir à un état normal, avec de gros yeux aussi écarquillés que lorsqu'il avait imité Dobby le matin même. Il ouvrit la bouche, faillit dire quelque chose, mais Harry lui écrasa le pied.
- Tout à l'heure, Ron ! souffla-t-il.
-- O -- O --
Harry commençait à être nerveux. Il se passait des choses étranges... Malfoy qui quittait précipitamment la Grande Salle, Rogue qui retirait une montagne de points aux Serpentard après une crise de nerfs de Draco, qui avait semblé déterminé à ridiculiser son professeur, Voldemort qui appelait ses Mangemorts en pleine journée, et de plus en plus douloureusement, apparemment. Tout était irréel. Et pour finir... la Marque... Malfoy... Les Serpentard paraissaient avoir tous perdu la raison !
Non. Ce n'est pas possible... C'est sûrement une coïncidence, c'est sûrement, c'est forcément ça...
Mais malgré le côté séduisant de l'hypothèse, Harry n'y croyait vraiment pas. Pourtant, il avait toujours considéré Malfoy comme quelqu'un de foncièrement mauvais, mais de là à l'imaginer aux côtés de Voldemort, le suivant fidèlement... Les questions s'entrechoquaient dans sa tête sans trouver de réponse.
Il essaya avec difficulté de se reconcentrer sur son chaudron. Il voulait essayer de réussir cette potion. Elle devait être très puissante pour porter un nom pareil, il fallait qu'il la maîtrise... Il chassa ses hypothèses sur Malfoy de son esprit.
On reparlera de ça avec Ron et Hermione dans un moment... Là je dois me concentrer sur cette fichue recette...
A sa troisième tentative, Hermione obtint une potion transparente comme de l'eau, à peine troublée de quelques minuscules impuretés, venant sans doute des yeux de scarabées mal dissous. Elle sourit et fit disparaître le mélange avec désinvolture, d'un coup de baguette. Apparemment, elle était persuadée de pouvoir faire mieux que ça.
Harry considéra sa nouvelle potion, obtenue après 10 minutes d'effort et avec un esprit torturé. La teinte très légèrement bleutée de son breuvage indiquait clairement qu'il n'avait pas pu se concentrer suffisamment. Il dicta rapidement une formule dans sa tête en pointant sa baguette sur son chaudron : "Evanesco". Le chaudron se vida instantanément.
Harry et Hermione avaient appris aisément au début de l'année à ne plus avoir à réciter oralement les maléfices pour qu'ils s'exécutent. Comme le disait le Professeur McGonagall à Harry pendant ses cours particuliers, cela lui donnait un singulier avantage en situation de combat rapproché ; les ennemis n'ont alors aucune idée de quelle sorte de magie on va utiliser... Pendant les cours officiels, en revanche, Ron avait eu plus de mal à apprendre et continuait encore, à Noël, à murmurer pour appliquer les sortilèges les plus ardus. Mais il s'était entraîné un maximum pendant les vacances et à présent, il y parvenait parfaitement...
Bon, allez, au boulot, et sérieusement. Sinon je vais encore me ramasser un Troll...(1)
-- O -- O --
A la fin du cours, Hermione remit à Rogue un flacon transparent qui avait l'air totalement vide tellement le liquide était dénué de toute couleur, et qu'elle posa avec fierté sur le bureau. Harry lui remit un flacon d'une infiniment pâle couleur chair, que Rogue ne pensa même pas à briser, et Ron semblait de son côté s'être contenté du blanc nacré qu'il avait obtenu en premier.
La plupart des élèves étaient déjà sortis, de crainte de rester une minute de plus avec Rogue, tandis que Harry terminait tranquillement de ranger ses affaires. Il n'avait pas à avoir peur.
Rogue s'avança au milieu de la pièce :
- Mr Potter, Mr Malfoy, je souhaiterais que vous restiez quelques minutes supplémentaires.
- Bien monsieur, répondit Harry. Allez-y, je vous rejoins à la Grande Salle pour le déjeuner, ajouta-t-il à l'attention de Ron et d'Hermione.
Tous les élèves étaient à présent sortis, à part Harry et Draco.
Rogue s'approcha d'abord de Harry, en faisant voler sa cape noire derrière lui, et lui parla très bas, pour ne pas que Malfoy entende :
- Mr Potter... Le directeur me charge de vous transmettre un message. Selon lui, vous devriez prendre garde à tout ce qui pourrait sembler suspect, mais ne pas "devenir un clone de Mr Fol'Oeil pour autant", d'après ses propres mots.
Harry se força à ne pas sourire. Il sentait confusément que le plus mauvais restait à venir.
- Il veut vous faire faire part de sa crainte que le Seigneur des Ténèbresne mette des projets en oeuvre d'une façon plus discrète encore que précédemment, et de sa conviction que, parfois, les élèves en savent bien plus et bien plus rapidement que la plupart des professeurs de Poudlard, ce dont personnellement je doute.
Harry ouvrit la bouche instinctivement, pour répondre qu'il était déjà sur ses gardes, mais Rogue le devança.
- Fermez la bouche, Potter, je n'ai pas terminé. Il souhaiterait également, poursuivit-il, le visage affublé de cette expression de dégoût qu'il réservait spécialement à Harry, que vous continuiez les cours d'Occlumancie en ma compagnie.
- Quoi ! ne pût s'empêcher de s'exclamer Harry.
Malfoy sursauta, surpris et se retourna vers eux.
- Ne croyez pas que cela m'enchante plus que vous, dit Rogue d'une voix plus faible encore qu'auparavant, mais de toute évidence, le directeur y tient, je ne sais pourquoi. Et essayez de contrôler vos humeurs face à moi, Potter !
Harry resta silencieux.
- Je vous attend ici même à quatorze heures demain après-midi. Vous pouvez vous retirer.
Harry s'empressa de plier bagage tandis que Rogue commençait à parler à Malfoy, qui le fixait dans les yeux une fois encore. Le directeur de Serpentard parlait d'une voix bien plus forte que celle qu'il avait utilisé pour Harry. Et avant de quitter la salle, ce dernier avait pu entendre sans le vouloir vraiment une partie du discours de Rogue :
- Mr Malfoy, je vous serais gré, à l'avenir, d'éviter de genre d'effusions en ma présence. Je sais ce que vous ressentez, figurez-vous. J ai été, il y a longtemps, dans la même situation que vous. Je vous prierais donc de cesser de vous considérer comme un incompris et de coopérer avec mes méthodes en y mettant du vôt...
Harry ne voulait rien entendre de plus. Chaque mot prononcé par Rogue lui arrachait intérieurement un cri. Il ne voulait plus entendre cette voix doucereuse qu'il haïssait tant.
Il quitta les cachots d'un pas pressé et se remonta vers le Hall, les questions et leurs possibles réponses se pressant et bouillonnant dans sa tête.
Tout à sa course effrénée pour s'enfuir de l'atmosphère pesante des cachots de Rogue, Harry faillit percuter et renverser deux personnes qui stationnaient dans le couloir.
- Exc... Excusez-moi, prononça-t-il avec difficulté, sans même lever les yeux.
Le simple fait d'ouvrir la bouche lui donnait la nausée. Il aurait voulu être déjà loin. Il allait repartir quand un bras l'agrippa fermement.
- Harry, c'est nous.
Il redressa progressivement la tête et reconnu des insignes de préfets rouges et or, une touffe de cheveux roux et, un peu plus loin, des cheveux châtains en désordre. Ron... Hermione...
- On... on t'a attendu pour aller... pour aller manger, expliqua Ron.
Harry se rendit compte au ton de son ami qu'il devait avoir une tête à faire peur. Il s'était passé trop de choses en une seule matinée. Rien depuis huit mois et là, tant dévénements étranges... Un sentiment de profond malaise l'avait envahi tout d'un coup. L'annonce de Rogue avait été la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase.
Hermione prit doucement la parole et Harry par l'épaule :
- Je n'ai pas vraiment faim. Allons prendre l'air dans le parc Harry, tu es tout pâle. Ron, tu viens ?
- Mais... j'ai faim, moi, je...
Il se tut devant le regard meurtrier d'Hermione.
- J'arrive, j'arrive.
-- O -- O --
Ils traversèrent le hall sans s'arrêter à proximité de la Grande Salle, où des dizaines d'élèves affamés se pressaient, et à laquelle Ron jeta un coup d'œil tristounet, très vite chassé par une vision bien plus agréable.
Amusé, il fit remarquer à Harry, pour le détendre un peu :
- Je ne pense pas que tu le voyais comme ça le «ça risque de ne pas durer», concernant les Sabliers Géants...
Harry eût un vague sourire en regardant le niveau des Sabliers. Les rubis des Gryffondor l'emportait à présent largement sur les émeraudes des Serpentard.
Moi qui pensais que jamais je n'aurais à remercier Malfoy...
Mais cette pensée le ramena à toutes les questions qu'il se posait au sujet du Serpentard. Le trop-plein dans son crâne l'indisposait. Il ne voulait pas se laisser envahir par tout cela. Il s'efforça de faire le vide et de chasser chaque pensée qui lui venait à l'esprit tandis qu'Hermione dénichait un coin d'ombre au bord du lac.
Ils s'assirent tous trois sous un saule pleureur. Harry respira calmement l'air du lac. Un vent doux et frais lui caressait le visage et l'agréable sensation lui fit passer sa nausée. Ron regardait son ami avec inquiétude et, au loin, les fenêtres de la Grande Salle avec envie. Hermione semblait, comme toujours en de pareilles occasions, réfléchir intensément.
- Harry, bois ça...
Elle lui tendit une petite fiole et il la vida d'un trait. Il sentit le liquide tiède s'insinuer doucement en lui, le réchauffer et le guérir de l'intérieur. Il se sentait mieux. Et la compagnie de ses amis avait fait diminuer l'immense malaise qu'il avait éprouvé peu de temps auparavant.
- C'est bon, ça va mieux...
Hermione soupira de soulagement.
- Apparemment j'ai réussi ma potion, tout à l'heure...
- Tu lui as donné ce truc à boire ! s'écria Ron.
- Oui, bon, ça ne lui a pas fait de mal... répondit-elle, agacée. C'est une potion de guérison et de protection, à la base...
Ron la regarda comme si elle était folle à lier. Pour lui, faire confiance à une recette de Rogue relevait de l'inconscience.
- A présent, il faut réfléchir calmement, commença Hermione. Tout d'abord Harry, et ça m'a l'air d'être le plus urgent, qu'est-ce que Rogue t'a dit tout à l'heure ?
Le Gryffondor fit un bref résumé de ce que Rogue lui avait transmis. Les conseils, les ordres de Dumbledore, l'Occlumancie qui reprenait.
- Mais, mais, mais, c'est pas possible ! s'exclama Ron. Tu vas encore devoir supporter qu'il t'ouvre le crâne toutes les semaines ?
- Apparemment oui, dit Hermione tranquillement. Mais Dumbledore doit avoir ses raisons, Ron, tu le sais très bien. Sans compter que tu vas pouvoir mieux contrôler les douleurs de ta cicatrice, ajouta-t-elle à l'attention de Harry.
- Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas fait signal d'alarme, admit Harry. Mais j'aurais dû m'y attendre. Je savais que ce semblant de calme ne durerait pas éternellement. Alors quand tu m'as montré Malfoy...
- Justement, parlons-en de Malfoy ! rugit soudain Ron en se levant. Ce fou furieux a failli se faire empaler par Rogue, alors qu'il semblerait que ces deux crétins soient du même côté ! criait-il en agitant les mains en tous sens.
Hermione tenta une interruption :
- Ron, calme-toi, je...
- Me calmer ? Il y a un espion Mangemort parmi les élèves, Hermione !
- Je le sais, Ron ! Assieds-toi et écoute-moi ! cria-t-elle.
Ron s'arrêta de gesticuler et se rassit lentement. Hermione prit la parole :
- Tout d'abord, je te signale que Rogue est de notre côté, Ron, pas de celui des Mangemorts. Tu sais très bien que...
- Dumbledore lui fait totalement confiance, oui, marmonna Ron entre ses dents. Eh bien moi, toujours pas...
Elle fit semblant de ne pas l'avoir entendu.
- Et ensuite, si Malfoy a vraiment la Marque des Mangemorts... ce dont il est difficile de douter, ajouta-t-elle prestement alors que Ron s'apprêtait à répliquer, il ne l'a pas obtenue hier...
Harry la regarda étrangement.
- Où veux-tu en venir, Hermione ? demanda-t-il.
- Je.. enfin ce que je veux dire c'est que... Il n'y a aucun doute sur le fait que Voldemort (Ron, assez maintenant ! Trembler ne sert à rien quand on prononce son nom !) a dû le marquer juste après l'emprisonnement de Lucius Malfoy, qui n'a pas tardé à s'échapper d'ailleurs, et on ne sait toujours pas comment... En tout cas, rien n'a pu nous faire penser pendant tous ces mois à Poudlard qu'il ait été véritablement du mauvais bord. Et rien ne nous y fait penser plus maintenant...
- Enfin, Hermione ! soupira Ron en la regardant comme si elle avait perdu l'esprit. C'est Malfoy !
Harry se serait mis à rire si la discussion n'avait été aussi sérieuse. Les « enfin ! » avaient jusqu'ici été la propriété d'Hermione seule.
Il pensa sérieusement à tout ce qu'elle venait de dire. Le raisonnement se tenait. Malfoy n'avait en effet depuis ces huit derniers mois laissé planer aucun soupçon sur le fait qu'il possédait la Marque. Et comme l'avait souligné Hermione, il était impossible que Voldemort la lui ait gravée récemment, pour la bonne et simple raison que Poudlard est inaccessible au Lord Sombre et à ses sbires, et que Malfoy était resté à Poudlard pendant toutes les vacances de l'année...
- Ron, Hermione est dans le vrai. Malgré tout ce que Malfoy a pu nous faire de mal, on ne sait pas s'il a lui-même choisi son camp ou s'il y a été forcé. Et vu sa réaction face à Rogue, qui est selon lui du côté de Voldemort, on peut se poser la question.
Ron regardait ses deux amis d'un air perdu.
- Mais, mais... bégaya-t-il.
- Ron, c'est la guerre ! hurla Harry, soudain furieux. Les petites querelles n'ont plus d'importance ! Si Malfoy est un Mangemort, il est du mauvais côté, espérons qu'il mourra ! Et s'il n'a pas encore véritablement choisi son camp ou y a été forcé, espérons qu'il reviendra dans le nôtre et nous aidera !
Ron baissa la tête. Harry ne s'était pas énervé depuis longtemps, et ça, plus que le contenu des paroles prononcées, l'avait touché. Hermione intervint :
- De toutes manières, on ne peut juger avant d'en savoir plus.
- J'ai entendu une partie de ce que Rogue a dit à Malfoy avant de partir, s'empressa de dire Harry, de crainte que la conversation tourne court.
Ron et Hermione se tournèrent vers lui. Hermione s'étonnait visiblement du fait qu'il ait pu entendre quoi que ce soit de leur conversation. Harry reprit la parole :
- Rogue a dit à Malfoy qu'il avait été dans la même situation d'après ce que j'ai compris... et que Malfoy devrait dorénavant se montrer plus coopératif, quelque chose comme ça.
Le visage d'Hermione s'éclaira soudain comme une ampoule.
- Mais oui ! s'exclama-t-elle.
- Ne nous dis pas que tu dois aller vérifier quelque chose à la bibliothèque ! s'écria Ron.
- Mais non, Ron, tu ne comprends donc pas ?
Vu la tête que Ron faisait, il n'avait pas compris. Et Harry n'en menait pas large non plus.
Par contre, Hermione n'a pas perdu l'habitude de nous faire mijoter...
- Voldemort (Ron se força à ne pas bouger) a commencé à être au sommet de sa puissance alors que Rogue, Sirius, Lupin, Queudver et Cornedrue étaient encore à Poudlard. Il a marqué Rogue comme il vient de marquer Malfoy ! Et cela fait plus de vingt ans !
- On comprend pourquoi Rogue est si gentil... marmonna Ron entre ses dents.
- Attends deux secondes, Hermione... dit Harry. Tu n'es pas en train de dire que la ressemblance entre la situation de Rogue et celle de Malfoy donne un bon point à Malfoy ?
Hermione sembla déçue par l'explication simpliste de son ami mais acquiesça. Harry, sonné par ce simple geste affirmatif,fit une tête d'enterrement. Il croisa le regard de Ron. Il semblait évident à tous deux qu'ils pensaient la même chose.
Hermione est devenue cinglée...
- Rogue est devenu un allié de l'Ordre, Harry, il... il est de notre bord, maintenant, même s'il a la Marque des Ténèbres, tenta Hermione.
Malgré tout ce qu'Hermione pourrait en dire, Harry n'avait jamais vu Rogue comme quelqu'un étant du bon côté, et il n'était pas prêt à accorder un bon point à Malfoy sur une simple ressemblance.
Hermione, voyant l'indifférence et l'incrédulité qu'elle suscitait, termina son explication :
- C'est comme un schéma qui se répète. La situation est presque la même qu'il y a vingt ans : la guerre est imminente, Voldemort gagne en puissance et recrute, il terrorise le Ministère, qui fait mettre en place des programmes de sécurité avancés. Tout le monde est inquiet, préoccupé, mais pas forcément prêt à se battre. Et malgré cela, comme Rogue, Malfoy a de grandes chances de ne pas tomber du mauvais côté...
Un silence suivit sa déclaration. Harry et Ron ne semblaient pas du tout emballés par son point de vue. Ils ouvrirent tous les trois la bouche en même temps :
- De toutes façons, il faut attendre.
Ils se regardèrent et se sourirent. Ils avaient prononcé la même phrase au même moment.
- Allez, Hermione, stop aux théories douteuses, dit Ron, la visage à nouveau illuminé par un grand sourire. Allons vite voir s'il ne reste pas quelques miettes dans la Grande Salle, moi j'ai la dalle !
Ron commença à courir vers les deux portes massives qui marquaient l'entrée du château de Poudlard.
- Dépêchez-vous, on a Chourave dans 15 minutes ! leur cria-t-il de loin.
Hermione et Harry marchèrent doucement en regardant une grande touffe rousse s'agiter au loin en courant. Hermione esquissa un sourire puis demanda à Harry d'une voix anxieuse :
- Tu penses vraiment que Malfoy serait capable de devenir un Mangemort ? De torturer, de tuer sur ordre de quelqu'un ?
Harry réfléchit à la question pendant un instant.
- Je ne sais pas Hermione... répondit-il finalement. Pas plus que je ne sais lequel de Voldemort ou de moi triomphera...
Hermione devait s'attendre à une telle réponse, car elle n'ajouta rien. Elle regarda Harry en silence un instant, puis continua sa route vers Poudlard en sa compagnie. Elle semblait encore réfléchir. Et les rouages complexes qui composaient son cerveau paraissaient une fois encore s'être enclenchés.
- Harry, tu sais ce que je pense ? dit-elle d'un ton frénétique que Harry ne lui connaissait que trop bien.
Harry la sentait bouillonner à côté de lui. Il attendit calmement qu'elle réponde à sa propre question.
- Je crois que Rogue a voulu de faire passer un message... dit-elle en commençant sérieusement à s'agiter.
- Rogue ? s'étonna Harry. Comment ça ?
- Pour dire ce qu'il avait à dire à Malfoy, il aurait pu lui parler doucement, comme il l'a fait pur toi, mais il ne l'a pas fait. Il a parlé à haute et intelligible voix, comme s'il avait voulu que tu entendes.
Harry ne comprenait toujours pas. Elle poursuivit :
- Malfoy n'est pas sensé savoir que Rogue est du côte de l'Ordre et il ne doit surtout pas le savoir d'ailleurs, car cela risquerait de fiche en l'air la couverture de Rogue auprès de Voldemort... C'est pourquoi toi seul, toi qui sais ce que Rogue est devenu, pouvais comprendre le message..
Harry commençait à s'agacer. Il lui demanda d'une voix plus sèche que ce qu'il aurait voulu :
- Si tu me disais clairement quel est le message ?
Hermione se figea sur place. Le ton glacial de Harry l'avait passablement refroidie. Elle hésita quelques secondes avant de lâcher comme une bombe :
- Il veut que tu fasses tout ce que tu peux pour empêcher Malfoy de finir du mauvais côté...
Harry s'arrêta de marcher, les yeux fixés au sol. Il tourna lentement la tête vers Hermione et la fixa droit dans les yeux en s'approchant d'elle.
- Tu veux dire... dit-il en cherchant ses mots. Tu veux dire que Rogue... me demande... d'une façon très énigmatique... de jouer les discrets chaperons avec Mr Draco Malfoy, celui qui me hait depuis six ans, qu'on a cru l'héritier de Serpentard en seconde année, celui qui te traite de Sang-de-Bourbe à longueur de temps et qui a coopéré avec cette sale fouille-m de Rita Skeeter !
Hermione le regarda, apeurée par le ton presque agressif qu'il avait employé, puis hocha lentement la tête de haut en bas, comme si elle craignait de voir exploser Harry, ce qui fut presque le cas.
- Et comment crois-tu que je pourrais accomplir un miracle pareil ? cria-t-il en levant les bras au ciel.
Hermione réfléchit.
- Je ne crois pas que Ron sera emballé, mais moi je peux t'aider. Enfin, si tu veux bien essayer...
Harry eût un immense soupir agacé et recommença à marcher vers Poudlard sans aucun commentaire.
Hermione le suivit en silence.
--O --O --
Au moment d'entrer dans la Grande Salle, Harry arrêta son mouvement, parut hésiter puis vérifia rapidement que personne ne pouvait entendre avant de se lancer.
- Tu sais quoi Hermione ? J'ai décidé de laisser Malfoy choisir de son propre chef... Quand Voldemort m'a proposé de rejoindre ses rangs pour la première fois, j'avais onze ans, j'étais seul et j'ai pris ma décision en quelques secondes. Même si ma situation n'était pas la même que la sienne aujourd'hui, Malfoy a maintenant seize ans, et cela fait huit mois qu'il réfléchit à toutes les opportunités que lui offre sa situation... Sa réaction dans la Grande Salle et contre Rogue ce matin prouve qu'il ne va pas tarder à se prononcer. Tant mieux pour lui. J'étais seul, il sera seul, et je ne ferais pas quoi que ce soit qui puisse influer sur sa décision...
- Tu étais seul, mais maintenant tu nous as, répliqua Hermione. Et nous faisons tout ce que nous pouvons pour t'aider. Rends-toi compte que beaucoup de Serpentard vont suivre Malfoy, quelque soit le camp qu'il choisira. Avery, Crabbe, Goyle, Nott, Zabini... Il a comme toi des destins entre les mains et...
- Alors comme moi il prendra seul sa décision, la coupa Harry, mettant fin à la conversation tandis qu'il rejoignait Ron à sa table pour grignoter un peu avant le cours de Botanique.
Hermione comprenait très bien le point de vue de Harry. A y bien réfléchir, elle était du même avis, mais d'une façon beaucoup moins radicale.
Elle regarda pendant quelques secondes Ron et Harry manger un peu plus loin, seuls dans la Grande Salle, puis les rejoignit.
J'espère seulement que Malfoy prendra la bonne décision... Je l'espère pour lui...
--O --O -- (ah lala, scusez moi pour la longueur, mais j'ai tout à mettre en place lol...)
Le reste de l'après-midi se passa presque sans encombres. Neville fit des merveilles en Botanique -ce qui ne surprit pas Harry -en parvenant à réaliser un beau croisement entre un Mimbulus Mimbletonia et une Mandragore. Il agrandit ainsi l'écart entre Gryffondor et Serpentard en faisant gagner 20 points à sa maison. Sa plante avait l'allure exacte d'une Mandragore sous la terre, mais au-dessus du sol, ses feuilles et tiges étaient recouvertes de piquants et de minuscules pustules qui au moindre contact projetaient un liquide ressemblant fortement à de l'Empestine, du moins à l'odeur.
- Magnifique, Neville ! s'était exclamée le Professeur Chourave. Une plante à la fois dotée de grandes propriétés magiques curatives et d'un système de défense parfaitement au point ! Vraiment magnifique !
Elle avait passé, au grand dam de la plupart des élèves, presque la totalité du cours à le féliciter et à s'extasier, admirant le "fertile" esprit de son meilleur étudiant. Elle faisait le tour des tables, donnant, au travers des cache-oreille, grâce au sortilège Sonorus qui amplifiait sa voix, des conseils et des avertissements : "Attention, Lavande, votre Mandragore a un piquant qui lui pousse près de l'œil, regardez faire Neville !" ou encore : "Vous devriez faire comme ceci ou cela, c'est l'une des brillantes idées de Neville..." Les élèves semblaient plutôt blasés et regardaient leur camarade travailler d'un oeil distrait. Le Professeur Chourave continuait de distribuer conseils sur conseils, mais son ardeur fut quelque peu refroidie lorsque la superbe création de Neville, dont l'une des pustules avait été heurtée par inadvertance, lui envoya une énorme giclée d'Empestine en pleine figure et que ce dernier, en voulant réparer la catastrophe, lui enfonça malencontreusement sa baguette dans le nez.
Ron s'était mis un poing dans la bouche pour se forcer à ne pas rire pendant que sa propre tentative de croisement (parfaitement ratée), s'amusait à percer les pustules qui recouvraient son corps de Mandragore pour envoyer de l'Empestine dans toutes les directions.
Au grand soulagement de toute la classe, le Professeur Chourave n'avait pas tardé ce jour-là à les délester de leurs obligations d'élèves, leur laissant le reste de l'après-midi de libre. C'était l'avantage des classes de sixième année, les cours n'occupaient qu'une matinée ou une après-midi pour chaque matière, (une demi-matinée ou une demi-après-midi pour les options secondaires) et les professeurs décidaient du moment où ils libéraient leurs élèves, en accord avec leurs propres obligations.
Le nez du Professeur Chourave était mal en point et avait sans aucun doute besoin des soins de Mme Pomfresh. Neville s'attardait un peu pour se répandre au sol en vaines et plates excuses (sous le regard noir de son professeur) tandis que le reste de la classe, en sortant des serres, n'avait qu'une seule pensée en tête :celle d'une bonne douche qui servirait à masquer les restes de l'odeur immonde de fumier rance de l'Empestine, imprégnée dans les vêtements et la peau de chacun d'entre eux.
Pendant le trajet jusqu'au château, Hermione s'efforça d'enseigner à Ron et Harry un sortilège compliqué permettant de la faire disparaître totalement. Harry tentait vainement d'agiter sa baguette de la même manière qu'elle mais ne parvenait qu'à produire une minuscule vaguelette d'eau parfumée, alors la baguette d'Hermione était une véritable fontaine. Il fronça les sourcils.
Par moment, c'est très agaçant qu'elle soit bien meilleure que chacun d'entre nous…
Elle précisa :
- Le sort ne fonctionne pas de la bonne manière si nous sommes en plein air. Normalement, il faut être dans une pièce close et humide, où on peut être seul et se laver, donc logiquement, dans une salle de bain.
Ron agitait consciencieusement sa baguette et baragouinait quelque chose ressemblant tellement vaguement à « Aquodora » qu'on se demandait si le sortilège qu'il exécutait avait un quelconque rapport avec celui d'Hermione. Il semblait de plus en plus énervé. Harry et lui se lassèrent et rangèrent leur baguette dans la poche de leur robe de sorcier.
- Est-ce que c'est vraiment nécessaire d'apprendre ça ? demanda Ron à l'attention d'Hermione tandis qu'ils stagnaient dans l'entrée de Poudlard.
Hermione répliqua du tac au tac :
- Etant donné qu'il serait préférable que ton odeur cesse de ressembler à celle d'une benne à ordures et que je n'ai aucune intention d'aller te rendre visite dans ta douche pour l'exécuter à ta place, oui, c'est nécessaire, Ron...
Le rouquinprit soudain une couleur rouge vif depuis les joues jusqu'aux oreilles. Hermione rangea sa baguette pendant que Harry éclatait de rire.
Il était persuadé d'avoir déjà rencontré cette allusion aux ordures quelque part. Il chercha un instant dans sa mémoire puis se remémora avec délice la dernière insulte que la carte du Maraudeur avait lancée à Rogue en troisième année.
Mr Queudver souhaite le bonjour au Professeur Rogue et lui conseille de se laver les cheveux, s'il veut cesser de ressembler à un tas d'ordures...
J'étais vraiment pétrifié devant le regard de Rogue à l'époque... J'ai fermé les yeux d'horreur en voyant l'écriture fine qui inscrivait ces mots sur le parchemin. Et la remarque de Sirius ! Du grand art !
Mr Patmol voudrait faire part de son ébahissement à la pensée qu'un tel imbécile ait pu devenir professeur...
C'est d'ailleurs ce que je me suis dit aprèsmon tout premier coursavec Rogue...
L'estomac de Harry se noua en repensant à son parrain. Il revit la photo de mariage de ses parents et le visage alors rieur et séducteur de Sirius. Il ne pût retenir un soupir de tristesse. Ron et Hermione lui jetèrent un regard anxieux.
Une voix sèche le sortit brutalement de ses pensées :
- Vous pourriez dégager le chemin ?
Tous trois se retournèrent d'un même mouvement. Malfoy se tenait à deux mètres devant eux, dans le Hall, sa baguette déjà dans sa main. Hermione sentit la tension de l'air monter en flèche lorsque Malfoy ajouta :
- A moins que Saint Potter ne veuille une révérence... ? ou que Weasley ne fasse payer un droit de passage pour avoir un peu d'argent de poche ?
Hermione vit les deux garçons amorcer un mouvement vers la poche de leur robe, dans l'intention de ressortir la baguette qu'ils regrettaient déjà tant d'avoir rangé. Elle retint la main de Harry et Ron du regard. Malfoy continuait de les fixer dans une attitude de défi méprisante. Hermione sentait que si elle ne faisait rien, la situation allait mal tourner. Les insultes, puis les maléfices fuseraient de chaque côté. Elle força Harry et Ron à s'en aller.
Harryavait la furieuse envie d'ôter du visage de Draco le sourire victorieux qu'il arborait en cet instant, en les voyant partir sans rien dire. Mais Hermione le poussait vers le grand escalier de marbre d'une main ferme et il n'insista pas. Il détourna la tête pendant que Malfoy se faisait accoster par un Serdaigle. Il ne supportait plus ce faciès provocant et dédaigneux. Il suivit le mouvement, fixant ses pieds avec un froncement de sourcils rageur.
RrrrraaaaAAAhhh ! Ca m'énerve... Hermione ne nous laisse plus réagir comme des gamins irresponsables, d'accord... Mais je lui en veux de ne pas nous laissermettre une raclée à cette saleté de gosse de riche mal élevé...
Il tourna la tête une dernière fois en direction de l'entrée. Malfoy venait de se libérer de la présence du Serdaigle en l'insultant copieusement et s'était retourné vers eux pour leur jeter un dernier coup d'œil. Harry se figea. Pendant un instant, il fut convaincu d'avoir lu dans ce regard un mélange de tristesse et d'envie...qui fut très vite remplacé par l'habituel masque insondable, endossé dès qu'il avait croisé les yeux émeraude du Gryffondor. Malfoy lui envoya son habituel regard acide, froid et pénétrant avant de sortir par la Grande porte de Poudlard.
Harry était totalement attéré...
Je vois vraiment n'importe quoi. Je devrais dormir plus la nuit...
Malfoy partait vers l'extérieur d'un pas rapide.
- Mais où va-t-il ? demanda Harry à ses amis.
- J'ensaisrien...grommela Ron méchamment.
Apparemment, il en voulait encore à Hermione de les avoir retenus.
- Sûrement prendre l'air près du lac, comme tous les élèves à cette heure-ci, répondit-elle. Enfin... à part les élèves qui puent le fumier comme nous.
- Prendre l'air avec une baguette à la main ? répliqua Harry.
Hermione ne parût même pas réfléchir à sa remarque.
- Il avait vu qu'on était là et voulait nous provoquer. Il n'allait pas venir nous insulter les mains vides...
Mais Harry, en son for intérieur, ne voulait pas se contenter de cette explication.
Il avait l'air pressé, plutôt... Il avait une bonne raison pour ça, j'en suis sûr... Et je découvrirais laquelle...
-- O -- O --
Arrivés dans la Salle Commune de Gryffondor, Hermione regarda intensément Harry. Il avait l'impression qu'elle lisait dans ses pensées. Ses yeux encadrés d'un froncement de sourcils lui disaient qu'il valait mieux pour lui qu'il oublie cette histoire. Ron montait déjà l'escalier en direction de son dortoir et de la douche tant attendue.
Hermione se posta devantHarry et rompit le silence en lui parlant à voix basse :
- Tu as dit toi-même ce matin à Ron que "c'était la guerre" et que "les petites querelles n'avaient plus d'importance"...
Harry fut irrité d'entendre qu'une fois encore, elle avait retenu par cœur chacune de ses paroles, mais il la laissa terminer.
- Tu as dit ça parce que tu le pensais, alors j'aimerais que tu l'appliques également à toi-même et que tu arrêtes d'en vouloir un peu trop à tous ceux qui ont pu te nuire... Laisse d'abord Malfoy choisir son camp, d'accord ?
Harry fit un bref mouvement de tête de haut en bas. Hermione lui tourna le dos pour rejoindre sa chambre de préfète.
Elle lui avait été attribuée au début de l'année et Hermione n'avait pas hésité à l'occuper. Elle n'avait pas d'amies si exceptionnelles que ça dans son dortoir et ne s'offusquait pas le moins du monde d'être seule. Elle disait que cela lui permettait de réviser le soir avant de s'endormir. Ron, quant à lui, avait refusé sa chambre de préfet pour rester avec Harry, Dean, Neville et Seamus. Il semblait ne pas vouloir le moins du monde suivre la trace de son frère Percy.
Harry, sans vraiment réfléchir à ce qu'il allait prononcer, interpella Hermione avant qu'elle ne passe le seuil de sa porte :
- Et si Malfoy avait déjà choisi son camp ?
Hermione se retourna vers lui. Elle lui jeta un regard agacé qui le figea sur place, puis elle déclara froidement :
- Il faudrait que tu aies des preuves concrètes de ce que tu avances pour que quelqu'un te croie, Harry... Et ce n'est pas le cas.
(1) la note "Troll", pour ceux qui se posent la question, existe réellement dans le monde de notre Riry et fait partie des notations officielles des BUSEs ! Et c'est la pire note qu'on puisse obtenir bien sûr..
Finiiiiiiiii ! plus de 11400 mots, ça fait un sacré morceau !
Laissez moi une chitite review si vous avez aimééééééé ! Je les adoooooore !
Poutous à tous et rendez-vous au chapitre trois...
réponse auxchtites review précédentes :
nila et angelblade : merci beaucoup pour vos compliments et votre soutien... Et puis vous vouliez savoir à quand la suite, et bien la voilà !
PS : par contre, j'ai entendu dire que l'administration de n'appréciait plus les réponses aux review en fin de chapitre et j'en suis navrée. Donc si vous voulez que je vous remercie, laissez moi votre mail dans le message. Zibous !
