Chapitre 13 : BUSES

Le premier jour de la dernière semaine de l'été était chaude et ensoleillées, pas qu'Harry ait vraiment remarqué- il n'avait pas été hors du Square Grimmauld depuis son arrivée un mois avant. Jusqu'à ce jour là, il n'y avait pas vraiment fait attention. Il avait Ron, Hermione et Ginny pour lui tenir compagnie, Moony à qui parler et l'intérêt d'essayer d'écouter plusieurs réunions de l'Ordre. Ca devenait beaucoup plus difficile, car Fred et George étaient maintenant membres de l'Ordre à part entière, et avec leur nouveau sens des responsabilités (qui provenait d'on ne sait où) ils avaient refusé de fournir aux autres une boîte d'Oreilles à Rallonge et ne voulaient pas leur dire ce qui se passait durant les réunions. Etonnamment, les jumeaux avaient même refusé la demande d'Harry d'acheter des boîtes pour lui et les autres.

« Désolé, vieux » avait insisté George. « Ce sont les règles de l'Ordre, tu sais. On ne les vend même pas au magasin… imagine si Drago Malfoy tombait dessus. »

Harry était plutôt de mauvaise humeur ce matin. Ron , Hermione, Ginny et Molly allaient tous sur le Chemin de Traverse durant la journée pour acheter leurs nouvelles affaires d'école. En dépit de son harcèlement et de ses offres désespérées d'emporter sa cape d'Invisibilité, Remus et Dumbledore avaient refusé la demande d'Harry à être autorisé à accompagner les autres. Tous ses mais lui avaient proposé de rester , mais il leur avait dit qu'il n'y avait aucune raison pour qu'ils restent enfermés juste parce qu'il devait l'être. Etrangement, Ginny avait presque semblée déçue.

« Harry, tiens toi droit mon chéri. » lui dit distraitement Molly tandis qu'elle supervisait un mètre mesureur chargé de prendre ses mensurations pour ses nouvelles robes d'école.

« Ce serait beaucoup plus facile si vous me laissiez y aller. » commença t'il. Remus l'interrompit. « Harry, je suis désolé, mais nous en avons déjà parlé, et c'est notre dernier mot. Ce ne serait pas prudent pour toi d'y aller, et les autres seraient moins en sécurité si tu venais. »

Il se sentait mal d'utiliser cette excuse, mais il craignait que son filleul fasse quelque chose d'inconsidéré, et en tant que son tuteur , il était de sa responsabilité de le protéger, et ce encore plus qu'avant.

« De plus, tu ne seras pas tout seul. Je resterai avec toi, et nous poussons passer un moment ensemble, pour changer. J'avais vraiment envie de te montrer les livres de défense qu'il y a dans la bibliothèque ici, et de parler de ce que tu prévois pour l'AD cette année. »

Lupin avait dit les mots magiques en mentionnant ses amis, et bien qu'Harry n'était pas content, il resta immobile pendant que Mme Weasley finissait de le mesurer, murmurant seulement un peu dans sa barbe, des mots qui ressemblaient beaucoup à 'injuste' et 'plus un bébé'.

Molly et Remus échangèrent des regards amusés derrière son dos. Même s'ils se sentaient mal de lui interdire la sortie, ses marmonnements têtus étaient une petite preuve de plus qu'Harry retournait à son état normal, du moins aussi normal qu'il puisse l'être, dans tous les cas. Juste quand Molly enleva son mètre, Hermione se précipita dans la pièce, suivie de près par Ron et Ginny.

« Harry, ils sont là ! » s'exclama t-elle. « Les résultats des BUSES sont enfin là ! »

Elle tendit à Harry une grande enveloppe en parchemin jauni couverte de l'écriture pointue de McGonnagal et signée en vert.

« Ce n'est pas trop tôt ! » commença Molly , souriant aux airs d'anticipation nerveuse sur les visages de Ron, d'Hermione et d'Harry tandis qu'ils tenaient leur lettre, osant à peine l'ouvrir.

« Minerva m'avait promis qu'ils seraient là ce matin , avant que l'on parte au Chemin de Traverse. Ca a pris plus de temps que prévu parce que beaucoup de professeurs travaillent pour l'Ordre, je suppose. »

Ron et Hermione jetèrent un coup d'œil désolé à Harry à la mention de la sortie, mais Ginny ne sembla même pas entendre la remarque. Elle examinait son enveloppe . Bine que la sienne ne contiendrait pas de résultats de BUSES, bien sûr, elle ressentait un drôle de sentiment , comme de l'anticipation ; et elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi sa lettre la rendait si nerveuse.

« Et bien vous trois… qu'est ce que vous attendez ? Ronald, j'espère vraiment que tu as fait mieux que tes frères ! »

Mme Weasley était presque aussi nerveuse que les futurs sixième année. Elle voulait toujours que ses enfants réussissent, et elle espérait aussi que ce serait une autre réussite dont Harry pourrait être fier.

Ron, Harry et Hermione ouvrirent leur lettre à l'unisson, et pendant un court moment, tout était silencieux à part le bruissement du parchemin tandis qu'ils lisaient leurs résultats.

« Alors ? » pressa Molly. Lentement, Harry, Ron et Hermione levèrent les yeux. Elle regarda leur visage. Hermione, bien sûr, avait l'air émerveillée. Ron souriait lui aussi, mais Harry avait l'air… perdu.

Ron donna ses résultats à sa mère, et l'espace d'un instant on aurait dit qu'elle allait sautiller de joie dans toute la pièce.

« Oh, Ronnie, c'est merveilleux ! Huit BUSES ! Oh, je suis si fière de toi ! »

C'était évident que Mme Weasley avait été plutôt inquiète que Ron ne réussisse pas ses examens, et elle était heureuse que , sur neuf BUSES de passées, Ron en ait réussi huit.

Harry regarda son parchemin de nouveau, persuadé que quelque chose aurait changé dans la minute écoulée.

Cher Monsieur Potter,

Nous sommes heureux de vous informer des résultats de vos examens de BUSE déroulés en Juin à l'école Poudlard de Sorcellerie. Veuillez vous souvenir des scores standards tout en lisant vos résultats :

O-Optimal

E-Effort Exceptionnel

A-acceptable

P-Piètre

D-Désolant

Les notes de A à O vous font obtenir une BUSE.

Les résultats d'Harry James Potter,

N°4 , Privet Drive

Little Whinging

Surrey,

sont les suivants :

Métamorphose : Effort Exceptionnel

Défense contre les forces du mal : Optimal

Botanique : Effort Exceptionnel

Soin des créatures Magiques : Optimal

Potions : Optimal

Astronomie : Acceptable

Sortilèges : Optimal

Divination : Piètre

Histoire de la Magie : Désolant

Félicitations pour vos huit BUSES réussies, Mr Potter, avec une moyenne d'Effort Exceptionnel.

Sincèrement vôtre,

Griselda Marchbanks.

Il y avait également la lettre annuelle de rentrée et la liste de livres. Cependant, celle ci était totalement vierge. La raison lui fut donnée lorsqu'il lut la lettre du professeur McGonnagal.

Cher Monsieur Potter,

Veuillez trouver ci-joint vos résultats des examens de BUSE. Veuillez avoir l'obligeance de choisir six matières pour vos ASPICS que vous souhaitez prendre en sixième année, et notez les sur la liste de livre disponible ci-dessous.

Comme toujours, le Poudlard Express quittera la gare de King Cross quai n° 9 ¾ , à précisément 11 h , le premier septembre.

J'espère que vos vacances se sont bien déroulées,

Sincèrement,

Professeur McGonnagal,

Directrice adjointe de l'école de Sorcellerie Poudlard.

« Quelles matières va tu prendre, vieux ? » demanda Ron. « Je peux seulement en enlever une, j'ai eu E en potions, du coup je ne peux pas le prendre. Tu l'as réussi ? »

Harry acquiesça, pas vraiment sûr de la manière dont il avait eu un O à l'examen de potions. Est ce que Dumbledore avait quelque chose à voir avec ses notes ? Il vérifia la liste de nouveau, sûr qu'il s'était trompé. Puis il se souvint combien ça lui avait paru plus facile de réussir son examen sans avoir Rogue derrière le dos, l'insultant, critiquant chacun de ses gestes, et il pensa que ça avait du faire la différence.

« Qu'est ce que tu vas enlever du coup ? » demanda t-il à Ron.

« Ben, j'ai pas eu Divination. »

« Moi non plus » dit Harry, un petit sourire sur le visage . « Donc on peut l'enlever. »

« Du coup je pense que je vais enlever Histoire de La Magie. C'est complètement inutile de toute façon. » finit Ron, et Harry acquiesça, tout à fait d'accord.

« J'enlève Binns aussi » décida t-il. « Seulement je dois en enlever un de plus. Qu'est ce que tu en penses, Hermione ? »

Celle ci fixait sa liste de livres. « Six ! » s'exclama t-elle, incrédule. « Seulement six ! J'ai eu douze BUSES ! Comment vais je faire pour n'en choisir que six ? Je vais devoir parler au professeur McGonnagal, bien sûr, elle ne peut quand même pas s'attendre à ce que … »

« Hermione » protesta Ron, « les classes du niveau ASPIC sont vraiment difficiles.. et sont toutes regroupées en deux heurs. Rappelle toi ce qui s'est passé en troisième année. »

Hermione le fusilla du regard mais ne répondit rien. Elle n'aimait pas qu'on lui rappelle la pression qu'elle s'était imposée à elle même en utilisant un retourneur de temps.

Juste lorsqu' Harry décida qu'il allait supprimer l'Astronomie pour être sûr de prendre toutes les matières requises pour être Auror, et qu'il puisse continuer les cours de Soins aux Créatures Magiques avec Hagrid, il entendit un autre cri de Mme Weasley et leva rapidement les yeux de sa liste de livres qui avait magiquement enregistré les livres de classe correspondant à celles qu'il avait choisi en les indiquant sur la liste. Ginny, en plus de tenir sa lettre d'école, tenait un badge rouge et or dans sa main droite. Elle souriait, mais avait quand même l'air abasourdie. Elle avait oublié que les badges de préfet étaient accordés aux cinquième années face aux difficultés qu'avait traversé Harry durant l'été, mais elle supposa que c'était pour ça qu'elle s'était sentie si nerveuse en ouvrant la lettre. Etant la plus jeune de sept enfants, dont quatre avaient déjà été préfets, elle sentait une quantité de pression considérable pour répondre aux attentes de ses frères. Elle savait que Fred et George allaient la charrier sans merci, mais elle était tout de même heureuse.

Mme Weasley était encore plus joyeuse qu'elle en l'avait été lorsque Ron avait été nommé préfet l'année précédente.

« Regardez vous ! Ron et Harry avec huit BUSES chacun, Hermione douze et Ginny préfète ! Oh, ce sont de tellement merveilleuses nouvelles ! Bine sûr, on fera une fête ce soir, après que nous soyons rentrés ! »

Remus souriait aussi en serrant la main de Ron et en félicitant Hermione et Ginny, puis tapota fièrement Harry sur l'épaule.

« C'est excellant, vous quatre ! » dit-il.

« Oh, nous devons y aller ! » s'exclama soudainement Molly. « Ron, Hermione, Ginny…si nous devons acheter tout ce dont vous aurez besoin et revenir assez tôt pour avoir le temps de préparer une petite fête ce soir, nous devons partir tout de suite ! Et je dois envoyer Errol informer Arthur. »

Ron , Hermione et Ginny regardèrent tous Harry tristement, voyant que le sourire qu'il avait eu en réalisant qu'il avait les BUSES nécessaires pour être Auror était en train de s'effacer.

« Ecoute, vieux… » commença Ron, « Maman peut acheter nos fournitures-elle l'a déjà fait par le passé. Pourquoi est ce que nous ne resterions pas tous ici et faire des parties d'échecs.. »

Harry pouvait voir que Ron essayait de l'aider, mais il savait que rester là au lieu d'aller sortir ne lui plairait pas vraiment.

« Non, c'est bon » murmura t-il, puis leva les yeux, essayant de leur sourire. « Mais je veux vraiment que vous me parliez de Weasley Sorciers Facétieux, et me rameniez de la glace de chez Florian Fortescue, et me disiez s'il y a un nouveau balai au magasin de Quidditch … » il se tut peu après. Il ne voulait pas que ses mais se sentent coupables d'y aller, et avait essayé de garder sa voix habituelle, mais le fait de lister toutes les choses qu'il allait manquer lui faisait souhaiter encore plus d'y aller.

« Harry… » commença Ginny.

« Non, vraiment les gars » dit il, avec un faux sourire. « Allez y. Vous avez été enfermés ici suffisamment de temps avec moi ! Je pense que je peux tenir pour un jour, et ne plus, Moony sera là avec moi. »

'Car bien sûr je ne peux jamais être seul…' pensa t-il avec amertume. Sa mauvaise humeur, qui avait disparu lorsqu'il avait eu ses résultats de BUSE, était revenue en partie.

Avec un dernier regard compatissant à Harry ; Ron, Hermione et Ginny suivirent Mme Weasley qui quittait la pièce pour se rendre au Chemin de Traverse. Une fois que le bruit de leur pas se fut évanoui, il quitta le salon pour retourner dans sa chambre. Soudainement, il n'avait plus rien envie de faire d'autre que de s'allonger sur son lit et de fixer le plafond. Après avoir attendu encore un moment, Remus le suivit lentement dans le couloir mais n'entra pas dans sa chambre. Sentant à juste titre que Harry n'apprécierait pas sa présence pour le moment, mais ne voulant pas laisser le garçon complètement seul , il s'assit en face de sa porte , tira un vieux livre de sa poche, et commença à lire, restant attentif au cas où quelque chose n'irait pas dans la chambre.

oOoOo

Harry ferma la porte de sa chambre, espérant que Remus comprendrait l'allusion et ne le suivrait pas, puis s'allongea sur le dos dans son lit. C'était très étrange d'être seul , comme il avait toujours été accompagné depuis son arrivée au QG. Aussi étrange que ça pouvait être, cependant, Harry n'était pas mécontent d'avoir un peu de temps pour penser. Une partie de lui

souhaitait avoir répondu favorablement à l'offre de ses amis, mais il ne voulait pas leur gâcher le plaisir de sortir faire du shopping, et ne plus, sans lui, c'était plus prudent. Pour la première fois depuis un bon moment, Harry se surprit à repenser à la prophétie.

Car aucun ne peux vivre tant que l'autre survit …

Harry savait que c'était complètement improbable qu'il survive à la bataille finale avec Voldemort, un duel qui devait finir par la mort de l'un d'entre eux. Voldemort était tellement plus puissant que lui, Harry, ne l'était. Il était un sorcier depuis plus de la moitié d'un siècle, et Harry n'avait eu que cinq courtes années d'entraînement. Harry eu un petit rire, mais ça n'était pas joyeux. C'était un rire dur et plein d'amertume, et qui ne lui ressemblait pas. Comment les autres pouvaient ils penser qu'il serait capable de vaincre le Seigneur des Ténèbres ?

'Tout ce pour quoi je suis doué' pensa Harry, 'c'est de mettre les gens que j'aime en danger. C'est tout.'

Des images de Sirius défilèrent dans sa tête tandis qu'il regardait le plafond de la vieille chambre de son parrain. 'C'est là où Sirius a grandi' pensa t-il. Il savait que l'enfance de Sirius avait été, d'un certain point de vue, aussi misérable que la sienne. Et à cause d'Harry, Sirius avait perdu son meilleur ami, la seule famille qu'il avait, et puis sa propre vie. Les yeux d'Harry se remplirent de larmes. Après l'attaque du jour de son seizième anniversaire il n'avait montré que très peu d'émotions. Il était juste trop fatigué pour ressentir quoi que ce soit, quelque fois. Etre distrait de ses pensées avait été facile, mais seul pour la première fois depuis des semaines, le désespoir qu'il avait ressenti à Privet Drive revenait.

C'est toi Harry, ça a toujours été toi. Je suis mort à cause de ça. Je suis mort à cause de toi.

Peu importe ce que disaient Molly et Remus, Harry ressentait toujours une culpabilité brûlante lorsqu'il pensait à son parrain. Et maintenant qu'il connaissait la prophétie, il savait que les gens autour de lui seraient constamment en danger. Ils l'avaient toujours été, mais à présent, sachant qu'il était un homme marqué, Harry comprit finalement la réalité de la situation c'était la guerre, et il était droit au milieu.

Ton parrain ne sera pas le dernier à mourir…

Des visions de Sirius tombant à travers le voile et des flashs de ses amis morts l'envahirent de nouveau. Ce n'était pas Voldemort qui lui faisait ça. C'était l'esprit d'Harry, sa peur, sa culpabilité- toutes le émotions négatives ne venaient pas de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas Prononcer-Le-Nom. Harry et les autres s'étaient concentrés tellement dur pour repousser Voldemort de son esprit qu'ils avaient oublié qu'Harry avait aussi des problèmes à régler.

'Comment est ce que je vais faire ?' de demanda t-il désespérément . 'Je ne pouvais même pas lancer le sort Doloris sur Bellatrix Lestrange juste après que Sirius soit mort. Comment pourrais-je lancer le sort de la mort ?' Le poids du monde était sur ses épaules. Pour la première fois depuis son anniversaire, Harry commença à sangloter doucement. Il souhaitait que tout le monde le laisse tranquille, sortir de sa vie, parce qu'être prêt de lui revenait à être marqué sur la liste pour mourir, ou pire.

oOoOo

Remus s'assit hors de la chambre, sa lecture oubliée, réfléchissant à ce dont Harry pouvait penser, ou s'il s'était tout simplement endormi. Il avait su qu'un jour sans ses amis serait dur pour le garçon. Ils avaient été les seuls à pouvoir le distraire de ses ennuis, à pouvoir le faire sourire. Harry et Remus étaient devenus beaucoup plus proches dans les dernières semaines qu'ils ne l'avaient jamais été, mais Lupin n'était pas un adolescent, et il savait qu'Harry avait besoin de leur jeux, de leur taquineries et de leur bouffonneries pour le faire se sentir normal, même heureux.

Remus resta assis pendant quelque minutes, et avait juste décidé de descendre se faire une tasse de café et prendre un jeu d'échecs pour lui et Harry lorsqu'il entendit les légers sanglots venant de l'intérieur de la chambre . Il savait qu'Harry n'était pas attaqué- ce n'était pas les sons violents qui attaquaient une intrusion d'habitude. Devait-il le rejoindre, ou le laisser seul, ce qui était clairement ce qu'il souhaitait ?

'Non' pensa Remus, décidé . 'Harry pense peut être vouloir être seul, mais il ne devrait pas être seul en ce moment là. Il a besoin d'en parler, ou sinon ça le rongera jusqu'à l'os.'

Il se leva, frotta la poussière de sa robe et toqua doucement à la porte.

« Harry ? » demanda t-il. « C'est moi. C'est Moony. Je peux entrer ? »

« Laisse moi tranquille Moony » répondit Harry durement, sa voix brisée par les sanglots. Bine sûr, demander la permission pour entrer n'avait été qu'une formalité, et Remus ouvrit la porte doucement. « Désolé, Harry, mais je ne le ferai pas. »

Harry se redressa sur son lit et fixa Remus à travers les larmes qui coulaient sur son visage.

« Lupin » dit –il, la voix enrouée mais ferme. « Je ne veux pas de toi ici. Je veux qu'on me laisse seul. Est ce que je peux avoir ne serais-ce que cinq minutes de paix ? »

L'homme remarqua qu'Harry l'avait appelé Lupin et non Moony comme il s'y était habitué, et fut légèrement blessé, mais il comprit immédiatement ce que Harry essayait de faire.

« Est-ce vraiment la paix, Harry ? » demanda t-il gentiment. « Te sens tu vraiment serein , là maintenant ? » Il se dirigea vers le lit et se pencha pour toucher l'épaule d'Harry, mais celui ci se déroba, refusant de regarder son parrain.

« Harry » soupira Remus, s'asseyant dans son fauteuil coutumier, à proximité du lit. « Je pense que tu as besoin de –»

« De parler ? » l'interrompit Harry durement. « Tu penses toujours que je devrais parler. »

« Harry, ça va complètement te saper si tu n'en parles pas. »

« Et qu'est ce que tu penses savoir, au juste ? » La réponse d'Harry était dure et indifférente, et ses larmes s'étaient arrêtées tandis que son désespoir se transformait en colère.

Remus ferma les yeux, incapable de regarder en face la douleur si flagrante sur le visage d'Harry . Il avait espéré que le garçon lui en parlerait , qu'il n'aurait pas à révéler qu'il était déjà au courant pour la prophétie. Il n'avait pas voulu que Harry se sente trahi par Dumbledore , mais à présent, le garçon devait absolument savoir qu'il y avait quelqu'un d'autre au courant, quelqu'un à qui il pouvait en parler.

« Harry, je sais » dit doucement Remus, sa voix pleine de sous entendus.

Les yeux d'Harry s'écarquillèrent derrière ses lunettes , qui s'étaient légèrement embuées à cause de ses larmes.

« Tu…sais ? » Moony ne parlait sûrement pas de la prophétie, il devait probablement dire qu'il savait comment Harry ressentait la perte de Sirius. Comme s'il avait lu dans ses pensées à ce moment là , Lupin plaça sa main sur le bras d'Harry, et cette fois ci il ne le repoussa pas.

« Oui, Harry, je sais pour la prophétie. Dumbledore me l'a dit après avoir été nommé comme ton parrain, peu après que tu sois ramené ici pour rester avec nous. » Sa voix était douce, presque un murmure, tandis qu'il regardait Harry ,en quête de réaction.

Au lieu de la colère à laquelle il s'attendait, les yeux d'Harry devinrent encore plus tristes.

« Alors tu sais pourquoi c'est si dangereux d'être mon ami, Moony. Tu sais ce que j'ai à faire. »

« Oui, Harry, je sais ce que tu as à faire. »

« Alors pourquoi est-tu toujours là ? Tu devrais être aussi loin de moi que tu le peux, Moony. Je ne laisserai pas quelque chose t'arriver, je ne perdrai personne d'autre ! C'est moi, ça a toujours été moi, et il n'y a rien que tu puisse y faire. Alors arrête de rendre des risques en essayant de me protéger ! Voldemort va me tuer, c'est la seule fin possible, tu ne le vois donc pas ? » La voix d'Harry devint un peu plus aiguë tandis qu'il mettait enfin des mots sur ses pensées les plus profondes que son esprit refoulait depuis le début de l'été.

« Harry » dit Remus d'une voix alarmée, bouleversé parce que son filleul pensait depuis tout ce temps. Il avait soupçonné que c'était ce genre de choses qu'Harry pensait, mais l'entendre lui, dire qu'il allait mourir de la main de Voldemort était plus que Remus ne pouvait supporter.

« Tu dis que tu ne peux pas perdre quelqu'un d'autre, Harry ? Et bien moi non plus . Tu es tout ce qui me reste, et tu peux être sur que je ferais tout ce qui est ne mon pouvoir pour te protéger. Tu n'es pas seul. Je serai avec toi tout au long du chemin. »

Les mots de Moony coulaient comme un torrent tandis qu'il songeait désespérément à faire réaliser à Harry qu'il ne serai pas mis de côté.

« Mais Moony » dit Harry, sa voix devenant encore un peu plus douce. « C'est moi. Tu connais la prophétie. Je dois le faire. Ca a toujours été moi. Sirius a dit… » il se tût.

« Qu'a dit Sirius, Harry ? »

« Il a dit qu'il était mort à cause de ça, que mes parents sont morts à cause de ça. Ils sont tous morts à cause de moi. Et je ne te laisserai pas mourir non plus, Moony. Ni Ron, ou Hermione, ou Ginny, ou n'importe qui d'autre ! »

Remus, bien sûr, savait qu'Harry ne pouvait pas avoir parler à Sirius depuis sa mort. Il devait faire référence aux cauchemars qu'il faisait depuis le début de l'été.

« Harry, Sirius n' a pas dit ça. C'est ton esprit qui a mis ces mots dans sa bouche, c'est tout. C'est comme ça que marchent les cauchemars, tu le sais. »

Harry acquiesça. 'Je dois paraître tellement stupide' pensa t-il 'parler d'un rêve comme s'il était vrai.'

« Harry, écoute moi, s'il te plaît, » commença Remus, cherchant désespérément les mots justes. « C'est peut être bien ta destinée d'être celui qui battra Voldemort, mais ça ne signifie pas que nous ne serons pas à tes côtés, que nous ne nous battrons pas avec toi. Tu ne dois pas supporter ça seul. Tu ne le peux pas. Personne ne le peux. »

Harry ne répondit rien. Il voulait croire Remus, il voulait croire qu'il n'était pas seul, mais son besoin de protéger les gens qu'il aimait était trop fort pour qu'il s'autorise à espérer de l'aide de leur part.

« Je sais à quoi tu penses, Harry » dit Remus doucement. « Et, comme je te l'ai déjà dit avant , tu ne pourras pas nous empêcher de nous battre pour toi, de nous battre avec toi. Et nous réussirons, Harry. Tu réussiras. Tu es l'un des sorciers les plus puissants que j'ai jamais vu. »

Harry eu un rire amer. « Moi ? » demanda t-il, incrédule. « Voldemort m'aurait tué au Département des Mystères si Dumbledore n'avais pas été là, je ne suis as un adversaire à sa hauteur. »

« C'est ce que tu ne comprends pas » répondit Remus. « Si tu acceptes la partie de la prophétie qui dit que soit toi, soit Voldemort, devra mourir de la main de l'autre, alors tu dois accepter le reste, la partie qui dit que tu as le pouvoir de le vaincre. »

Harry n'avait jamais réfléchi à ça sous cet angle auparavant. Il devait admettre que c'était sensé, mais il ne pouvait toujours pas penser au pouvoir qu'il avait et qui faisait de lui le seul à pouvoir vaincre Voldemort.

« Mais je ne sais pas » murmura t-il.

« Et c'est pour ça que nous sommes là, Harry. Non seulement on se battra à tes côtés, mais on te préparera aussi pour ton combat. Le pouvoir a l'intérieur de toi, une fois exploité, sera plus que suffisant pour faire ce que tu as à faire. J'ai vu ton pouvoir, Harry, et même avant te connaître la prophétie, je savais combien tu étais fort. Et nous ne te laisserons pas te battre avant que tu ne sois prêt. »

« Je ne veux pas que quelqu'un d'autre meurt. » dit Harry d'une voix hachée, avouant son dernier et plus important souci.

« Harry, je ne peux pas te promettre que personne d'autre ne vas mourir. C'est une guerre, et dans une guerre il y a des victimes. Mais aucun d'entre nous ne va partir tranquillement. On va tous se battre. C'est le mieux que je puisse te dire, et pour nous tous ça devra être suffisant. »

Malgré lui, Harry commençait à se sentir, sinon mieux, un peu plus calme vis à vis de son destin. Il chercha les yeux de son parrain, et n'y vit que de l'amour, du souci et de la fierté. Il n'y avait aucune pitié sur le visage de Lupin, et ce fut ça plutôt qu'autre chose qui convainquit Harry de faire de son mieux pour apprendre ce qu'il devait assimiler. Il commença à sentir un peu de poids dévastateur posé sur ses épaules s'envoler.

Lupin souria en voyant la détermination sur le visage de son filleul. Le garçon se redressa, et fit même un petit sourire.

« Merci, Moony » dit il doucement.

« Ne me remercie pas, Harry. Sache juste que si jamais tu as besoin de moi, pour n'importe quoi, tout ce que tu as à faire est de demander. » lui répondit Remus, espérant que son filleul s'autoriserait finalement à lui faire confiance, à compter sur lui. Harry avait besoin de quelqu'un , un adulte, auquel il pourrait se confier, à qui il pourrait accorder sa confiance. Sirius avait été là, et Remus pensait qu'Harry pouvait finalement être prêt pour laisser venir quelqu'un d'autre, pas pour prendre la place de Sirius, mais pour reprendre ce qu'il avait laissé. Harry surprit alors grandement Remus en faisant quelque chose qu'il n'avait jamais fait auparavant, pas même avec Sirius. Il se tourna, et ouvrit ses bras à son tuteur, enlaçant l'homme de la manière dont il aurait enlacé son père , de la manière dont les Weasleys enlaçaient leur parents.

Les yeux de Remus s'humidifièrent un peu tandis qu'il retournait l'étreinte, mais il se força à les sécher avant de la rompre, puis regarda Harry.

« Et maintenant, qu'est ce que tu dirais d'aller en bas manger quelque chose ? Je ne sais pas très doué en cuisine mais peut être qu'un sandwich et de la bièraubeurre… »

Harry sourit, ayant faim pour la première fois depuis longtemps. Il sortit du lit et suivit Remus hors de la chambre, mais il n'aurait pas pu être préparé pour ce que lui dit son parrain en descendant.

« Donc, Harry » dit Remus avec une trace d'amusement dans la voix. « A propos de Ginny… »

Et voilà !

J'espère que le chapitre vous a plu et n'oubliez pas les reviews s.v.p !

Bisous à tous et merci à Nymphadora Tonks et eliza0 pour les encouragements