Titre : Une ombre sur mon autre
Auteur : Judepom
Note : Je tiens à remercier tous les lecteurs qui m'ont laissé des commentaires. Ça me fait vraiment très plaisir. Désolé de ne pas avoir mis la suite avant mais je suis très prise en ce moment avec les résultats de mes examens et ma recherche d'emploi pour cet été. Je vous embrasse tous et continuez à laisser des commentaires. Merci
Entrechocs : première partieLe matin de Noël, Hermione se réveilla tout en douceur, apaisée et joyeuse.
Ses amis connaissaient désormais la vérité sur Malfoy et c'était un soulagement que de ne plus avoir à leur cacher des choses.
Elle détestait plus que tout au monde qu'il y ait des failles dans l'harmonie de sa famille magique.
Ron lui avait fait la tête tout un après midi (ce qui en dit long sur son affection pour la jeune fille), déçu de ne pas avoir été mis au courant ; mais il s'était vite rendu compte du ridicule de son attitude car personne d'autre ne gardait rancune à Hermione.
Et tout était rentré dans l'ordre.
L'état d'esprit de la préfète en chef était donc très positif ce matin là et se renforça quand elle aperçut sa pile de cadeaux au pied de son lit.
Ses parents lui avait offert une belle robe noire évasée en bas avec de petits motifs floraux verts, qu'elle avait vu en vitrine à la fin de l'été. Voilà encore de quoi emplir sa garde robe de jeune femme !
Il y avait aussi les cassettes vidéo de la neuvième saison de "Friends", une série moldue très populaire.
Malheureusement, elle ne pourrait pas les regarder tout de suite car il n'y avait pas de télévision ou d'appareils fonctionnant à l'électricité dans le monde des sorciers. La musique moldue lui manquait beaucoup car les chansons de la radio magique … eh bien … en réalité… elle les trouvait ringardes !
Le cadeau de Harry était un livre sur l'histoire des elfes de maison. Il était entièrement animé et des petites figures d'elfes s'en échappaient pour voleter autour du lecteur, puis rentrer dans le livre.
Elle était ravie : Harry avait eu une idée originale et il n'avait pas oublié qu'elle militait pour libérer les elfes de maison de leurs conditions de travail dégradantes. Cela la toucha beaucoup.
Le cadeau de Ron était une petite malle dans laquelle on pouvait mettre une quantité infinie de choses; En effet, la malle ne semblait pas avoir de fond.
"Pratique" pensa t elle. Malgré ses finances désastreuses Ron mettait un point d'honneur à offrir un cadeau à ses amis à Noël.
Ginny lui avait offert un miroir qui permettait à la personne regardant dedans de voir différentes versions de sa tête avec différents maquillages et coiffures. Après ces aperçu on pouvait réaliser les suggestions sur soi même. Ginny s'était sans doute rendue compte qu'Hermione faisait plus attention à son apparence cette année et avait voulu l'encourager dans cet élan de coquetterie.
En contemplant les cadeaux offerts par tous ses amis, elle espérait que , de leur côté, ils appréciaient les siens.
Elle allait se lever pour s'habiller quand elle remarqua près d'un pied de son lit, un petit paquet rouge entouré finement d'un ruban doré. Elle se pencha, l'attrapa et l'ouvrit.
Il contenait une petite boîte bleue et un mot dans une écriture qu'elle reconnut comme celle de Drago :
"Merci de mettre de la joie dans ma vie et Joyeux Noel."
Elle fut si touchée par cette marque d'affection que ses yeux se mirent à briller.
La petite boîte bleue contenait un mince bracelet en or et composé de petites étoiles assemblées finement les unes aux autres.
Elle le mit délicatement à son poignet, puis, sans réfléchir, elle se leva et débarqua dans la salle commune.
Drago venait de sortir de sa chambre, vêtu de son uniforme noir où l'emblème de Serpentard avait été décousu.
Il vit qu'elle portait son bracelet et lui dit en souriant tendrement :
" Je voulais t'offrir quelque chose de magique mais j'ai vu cela dans un de tes magazines moldus. Ils font de jolies choses en fait. Je ne l'aurais jamais cru."
" Cela me plaît beaucoup" lui dit elle les yeux pétillants "C'est vraiment adorable de ta part."
Puis elle s'approcha et le prit dans ses bras.
D'abord surpris puis enchanté, il la serra à son tour contre lui avec douceur.
Puis ils se séparèrent, un peu euphorisés par cette étreinte soudaine mais naturelle.
Pour ne pas dévoiler son trouble, Hermione enchaîna : "Mais, comment t'es tu débrouillé pour l'acheter ?"
"Oh, j'ai réussi, dans les désastres de cet été, a être reconnu comme seul héritier de mon père, considéré maintenant comme incapable de gérer sa fortune.
Ca a été plutôt facile vu que ma mère est recherchée par les Aurors, elle ne pouvait pas prétendre à l'héritage.
Et puis pour les formalités de commandes et d'envoi, j'ai été un peu aidé par Mc Gonagall…."
Elle rougit, ravie qu'il se soit arrangé pour que cela soit une surprise.
Heureux comme jamais, il ajouta : "Au fait, merci pour la chemise, elle me plaît beaucoup. Tu as choisi la bonne couleur."
Il souleva un peu la cape de son uniforme pour lui montrer qu'il portait la chemise bleu ciel qu'elle lui avait offerte.
Elle sourit, puis se rendit (enfin) compte que dans son empressement à le remercier, elle était sortie de sa chambre encore en pyjama.
Drago était mi-embarrassé mi-ravi de la vision qui s'offrait à ses yeux : Hermione en chemise de nuit sans manches couleur vert pomme. "Décidément, elle était jolie quand elle portait du vert, cela allait bien avec ses yeux noisette" pensa t il.
Sentant le sang lui monter aux joues, elle tenta de rassembler ses cheveux en bataille nerveusement et se faufila dans sa chambre comme une petite souris.
Drago, chamboulé par cette étreinte et la vision du corps de la jeune fille qu'il trouvait de plus en plus attirante chaque jour, se laissa tomber sur un fauteuil.
Quand il l'avait prise dans ses bras, il avait sentit son parfum, cette odeur qui est unique et particulière à chaque individu.
Elle sentait le frais, l'herbe mouillée, comme après l'orage, un parfum qui plongea le jeune homme dans une rêverie champêtre.
De son côté, dans sa chambre, elle n'en revenait toujours pas d'avoir débarqué devant lui en nuisette ! A toute vitesse, elle prit sa douche (assez froide pour se changer les idées) et s'habilla.
Mais elle ne cessait de repenser au contact qu'il avait eu et à la douceur de l'embrassade du jeune homme. Elle ne l'avait jamais cru capable d'exprimer un sentiment aussi positif que la tendresse.
Chacun de leur côté, ils sentaient naître en eux ce sentiment unique de bien être en la présence de l'autre.
Quand elle ressortit de sa chambre, (plus chaudement vêtue que tout à l'heure), elle le trouva en pleine hésitation : pour le jour de Noël, il aurait bien voulu prendre son petit déjeuner avec les autres élèves.
Ces dernières semaines, il commençait vraiment à tourner comme un lion en cage dans la salle commune.
Ce n'est pas qu'il n'aimait plus la compagnie de Pattenrond ,mais le félin semblait être entré dans une sorte de semi-hibernation au contact du froid hivernal.
Drago pensait qu'il était temps de revivre pleinement parmi ses semblables dont la discussion ne se limitait pas à quelques ronronnements affectueux.
"Tu sais, tu devrais venir prendre le petit déjeuner dans la grande Salle avec les autres. De toute façon, mieux vaut affronter leurs regards et leurs critiques avant la confrontation de l'A.D."
Il leva la tête vers elle, étonné, et se demanda si elle n'avait pas utilisé un sort de Légilimencie pour percer ses pensées.
Il sentait ses émotions mises à nu par la jeune femme, mais, d'un autre côté, il aimait qu'elle perçoive ses états d'âme avec tant de rapidité et de justesse.
Il était en pleine contradiction ce qui reflétait bien les changements s'opérant chez lui.
Avant qu'il puisse lui répondre, elle ajouta : " En plus, c'est le moment idéal, tous les Serpentards sont rentrés chez eux pour les vacances."
Pourquoi a t elle toujours raison ? pensa t il.
Drago sentit un spasme d'angoisse au niveau de son estomac, mais, ne voulant surtout pas se dégonfler devant elle, il dit :
"Tu as raison, j'y vais."
Et il ouvrit la porte de la salle commune en bombant le torse et en prenant un air important comme s'il partait pour une grande mission.
Elle rigola devant cette mise en scène dramatique, sortit de la salle et il la suivit;
Durant le trajet dans les couloirs, Drago semblait quand même se ratatiner un peu sous le coup de la pression. Il jetait des regards implorants à Hermione du style : "Ne m'abandonne pas s'il te plaît ! "
Avant d'entrer dans le Hall, elle lui prit la main doucement et l'entraîna un peu à l'écart et lui dit d'une voix calme :
"Ecoute, tout va bien se passer. OK ? Je ne te lâche pas en arrivant dans la Grande salle et tu t'assoiras avec moi à la table des Griffondors ".
Il lui fit oui de la tête et se redressa comme pour se montrer digne de s'asseoir à la table des courageux Sang et Or. Il s'apprêtait à faire un grand pas en avant : affronter le regard des autres. Mais il était décidé.
Elle émit un petit rire nerveux et lui dit : "Allez viens".
Et ils entrèrent dans l'arène.
Tous les regards étaient tournés vers Drago et remarquèrent qu'il ne portait plus l'emblème des Serpentards.
Beaucoup d'élèves chuchotaient avec leur voisin de table, tous étonnés du retour de Drago dans la vie publique de l'école. Il y eut quelques remarques désagréables, mais à voix basse .
Le blond impressionnait toujours quand même les élèves par son nom et sa stature.
Dans le réfectoire, les avis étaient partagés mais pas forcément hostiles.
Malfoy transpirait légèrement et fixait la chevelure brune d'Hermione qui marchait devant lui.
Il se sentait un peu comme un gladiateur au Cirque, dans l 'Antiquité, attendant la sentence de vie ou de mort de son empereur (sauf que là Auguste était remplacé par des dizaines d'adolescents).
Quelques uns furent surpris de le voir en compagnie de Hermione vu leur passé commun tumultueux.
Ils arrivèrent à un bout de la table des Gryffondors où Harry, Ron, Ginny,et Neville discutaient.
Hermione fit signe à Drago de s'asseoir entre elle et Ginny. Il s'exécuta tel un robot.
Contre toute attente de celui ci, la petite rouquine le gratifia d'un large sourire en guise de bienvenue. Hermione était ravie de l'initiative de délicatesse typiquement féminine de son amie.
" Alors Malfoy, tu t'es enfin décidé à sortir de ton bunker. Bonne idée !" lança Harry amusé.
" Oui, je commençais légèrement à manquer d'air depuis quelques semaines. " répondit Drago en essayant de se détendre
Il ne voulait pas montrer son stress mais la sueur coulait lentement dans son dos.
L'humour sarcastique de Drago faisait déjà des adeptes car Neville et Ginny ne purent retenir un petit rire en écoutant la réplique du préfet en chef. L'anxiété du blond redescendit en entendant leurs rires sincères.
Le reste du petit déjeuner se passa bien en particulier grâce au soin que prenaient les participants d'éviter les sujets qui fâchent. Personne ne parla du passé conflictuel qu'ils avaient eu avec Drago.
Certains élèves dans la Grande Salle n'en revenaient toujours pas de voir Potter et Malfoy déjeuner ensemble. D'autres s'en étonnaient moins, Harry ayant pris le soin de faire circuler la nouvelle du revirement de Malfoy.
Par contre, une personne ne semblait pas du tout vouloir accepter l'arrivée du Serpentard dans son groupe d'amis. Ron ne desserra pas les dents de tout le repas et fixait ses céréales les sourcils froncés. Il ne faisait pas du tout confiance à Malfoy qui n'était rien d'autre qu'un manipulateur à ses yeux.
Hermione s'était doutée qu'il y aurait des difficultés à ce que Ron accepte le changement.
Ce qui la rassura, c'est de voir le visage ravi de Dumbledore quand il regardait à leur table.
Le directeur lui fit un clin d'œil signifiant "Bien joué !"
Après le petit déjeuner, la petite bande se rendit dans le hall dans l'intention de se promener dans le parc. Ils croisèrent Rogue, toujours noir comme le corbeau, qui s'adressa à Hermione, son petit sourire satisfait aux lèvres :
"Eh bien vous êtes fine diplomate Mlle Granger pour avoir réussi à faire se parler les deux pires ennemis de cette école." Il semblait content.
Il n'ajouta rien d'autre et tourna les talons d'un geste vif. La groupe resta quelques secondes interloqué par cette remarque positive inhabituelle chez le maître des Potions.
C'était une magnifique journée d'hiver : le parc de Poudlard resplendissait sous me soleil dans son manteau blanc.
A mains endroits, la neige n'avait pas encore été foulée et scintillait de milles paillettes éblouissantes.
Se sentant à l'aise avec le groupe, Drago trouva un moment dans la matinée pour prendre Harry à part :
" Ecoutes Potter, je voulais m'excuser pour ma conduite des années passées et te remercier d'avoir oublié tout ça. Tu n'étais pas obligé mais tu ne m'a pas enfoncé; c'était chic de ta part."
Il avait sorti ça très rapidement, géné, comme s'il avait répété sa tirade de nombreuses fois avant de la réciter à l'intéressé. Il était seul désormais alors autant accepté son changement intérieur et se jeter à l'eau.
Harry se rendit compte alors que Malfoy avait vraiment changé et mûrit suffisamment pour comprendre ses erreurs, faire une croix dessus et regarder vers l'avenir. Il avait vraiment fait preuve de maturité pour mettre ainsi sa fierté de côté.
"Je ne l'aurais pas fait si je n'avais pas senti que tu étais sincère. " lui dit le Survivant en le regardant dans les yeux. Ce regard était pur, perçant mais bienveillant.
Rassuré, Drago enchaîna :
"C'est surtout vis à vis de Granger que je me sens coupable. Je me suis excusé au prés d'elle mais j'ai l'impression que je devrais continuer à la faire toute ma vie pour réparer ma faute, ma méchanceté gratuite."
Drago avait enfin compris qu'il pouvais se confier sans que son interlocuteur se moque de lui. Tout dépend de l'interlocuteur ,et dans le cas présent, celui ci considérait les excuses de Malfoy avec le plus grand intérêt.
En écoutant Drago continuer sa tirade, Harry sentit un de ses doutes confirmé : un lien s'était bel et bien crée entre les deux préfets en chef, et visiblement, pensée rassurante, Drago tenait beaucoup à Hermione. Il parlait d'elle avec enthousiasme de la façon caractéristique du jeune homme sous le charme.
Les deux anciens ennemis discutaient sans sous entendus, d'un ton calme comme s'ils se rencontraient pour la première fois. Cela en disait longue sur la formidable capacité d'adaptation de ces deux adolescents.
Pendant ce temps, un peu plus loin, Hermione avait pris Ron à part :
" Ron, tu aurais pu faire un effort au petit déjeuner. On aurait dit que tu avait avalé ta
langue ! "lui reprocha t elle assez sèchement .
Le rouquin la regarda droit dans les yeux et lui lança acidement :
"Qu'il change de camp, tant mieux pour lui, par contre cela ne veut pas dire qu'on doit l'inclure parmi nos amis ! On dirait que cela ne te fait rien ! Tu oublies peut être tout ce qu'il t'a fait subir ? "
" Ecoutes, il s'est excusé plein de fois et tu as vu comme il est gentil avec moi et nous tous. Tu ne sais pas ce que cela lui a coûté de rester enfermé dans sa chambre de puis septembre, ni la difficulté de venir nous affronter ce matin!" lui répondit elle en commençant à s'énerver.
Il ne semblait pas réaliser les souffrances de Drago et cela la mettait hors d'elle
" Non, je ne sais pas et je ne veux pas le savoir! Je ne m'habituerais jamais à le voir parmi nous !" s'écria Ron au bord de la crise de nerfs.
Puis il se leva et rentra au château en sentant qu'Hermione le suivait des yeux.
Elle était furieuse et en même temps désolée qu'il ne comprenne pas sa position, qu'il reste dans son monde enfantin ou l'on se chamaille sans arrêt.
Mais, elle, était une adulte et comprenait les difficultés de Drago.
Ron était incapable de s'adapter.
Ginny s'approcha d'elle :
"Je m'en doutais un peu qu'il réagirait ainsi."
"Oui, moi aussi " dit tristement Hermione.
Les deux jeunes filles se regardèrent savant parfaitement qu'elles pensait à la même chose.
D'abord, Ron avait toujours ressenti une haine vorace à l'égard de Malfoy car celui ci n'avait cessé de frapper là où ça fait mal, c'est à dire d'insister sur le manque de moyens de la famille Weasley.
Mais, il y avait autre chose : Ron avait toujours été un peu amoureux de Hermione et malgré l'explication de l'an passé où elle lui avait dit le considérer seulement comme un ami, il avait du mal à l'accepter. En voyant la prévenance de Drago envers Hermione, sa possessivité à l'égard de la jeune fille s'était réveillée, avec sans doute aussi un peu de jalousie. Il voulait qu'Hermione ne soit avec personne puisqu'il ne pouvait pas l'avoir.
Vers la fin de la matinée, le groupe se sépara, après que Drago les ait tous remercié, d'une voix serrée, de leur gentillesse envers lui.
Les deux préfets en chef passèrent pas mal de temps à commenter le succès de la mission "Intégration du Serpentard" en faisant leurs devoirs.
Drago était survolté, ne cessait de remercier Hermione, de se remémorer cette matinée et sa conversation avec Harry. Le bonheur de pouvoir de nouveau parler à des gens de son âge envahissait son esprit.
Il ne pouvait se concentrer sur son essai d'Enchantements et virevoltai t gaiement dans la salle commune.
Hermione était ravie de le voir dans cet état . A partir de cette journée bénie de Noel, Drago prit tous ses repas à la table des Gryffondors avec ses nouveaux camarades. Néanmoins, il attendait quand même avec angoisse la réaction des Serpentards à la rentrée devant ce nouvel état des choses.
Le choc serait rude sans aucun doute.
