Titre : Prière pour un athée.

Auteur : Leliel

Base : Gundam Wing

Grade : PG

Disclamer : L'univers et les personnages de Gundam Wing appartiennent a Bandai, Sunrise et Setsu agency, je n'ai aucun droit sur eux, si ce n'est de pouvoir baver dessus.

Note : Comme ma mite le dit si justement, bien que cette ficlet aborde un thème et contienne des termes religieux, ma fic en elle-même n'est pas un apologue ou une satire de quelque religion que ce soit. Cqfd.

Remerciements : A Calamithy, pour son perfectionnisme qui me tient tant à cœur. ;)


Prière pour un athée

o0O0o

Pardonnez-moi mon père...

o0O0o

Car j'ai beaucoup de péchés à me faire pardonner.

Enfin, tout dépend de ce que vous entendez par péché, évidement.

Pour commencer, j'ai fait couler le sang.

Mais, c'était pour la bonne cause.

N'est-ce pas ?

Bien sûr, oui… c'était pour la bonne cause.

Si c'est pour la bonne cause, Alors le sang que j'ai versé et que j'ai fait couler n'a pas pu tacher mon âme.

Ni mes mains,

Ni mes yeux,

Ni mes rêves.

Si c'était pour la bonne cause, les journées de sangs doivent m'être pardonnées. Pas vrai ?

S'il vous plait.

o0O0o

Notre Père qui êtes aux cieux,
que votre nom soit sanctifié,

o0O0o

Oui mon père, j'ai encore péché. Mais lorsque l'on rêve, peut-on toujours parler de péché ?

Car se sont mes rêves qui m'ont damnés. Ils ont envahi mon esprit, sans que je leur donne mon aval.

Alors, ce n'est pas une faute, n'est-ce pas ?

Mes songes étaient noyés de sang.

Du sang ennemi autant que du mien.

Et du sang de mon compagnon.

Car je n'était pas le seul à me battre pour la bonne cause, vous savez.

Nous étions cinq.

Et lui, mon compagnon ( pas que les autres n'étaient pas des compagnons aussi, mais… lui, c'était mon compagnon. Le seul.) est entré dans mes rêves.

Il était couvert de sang.

Il était terrifiant.

Oh, je voyais chaque jour couler le sang, mais voir le sang sur lui, la mort près de lui…

Ça, ce n'était pas pareil.

Il était comme écartelé sur un mur d'acier.

Et il ne disait rien, ne bougeait pas.

Il me regardait.

Et moi, je n'arrivait pas à fermer les yeux devant ce spectacle.

Je le regardait aussi, moi qui d'habitude m'attache à ne pas le détailler trop souvent.

C'est dans ce rêve que j'ai commencé à pleurer.

Tout d'abord, je n'ai pas réalisé que je pleurais.

Sur mes joues, pas de tiédeur mouillée.

Sur mes lèvres, aucun goût salé.

Mais j'ai vu le sang sur le corps de mon compagnon se dilué, être lavé.

Moi qui, du plus loin que je me souvienne, n'ai jamais pleuré, je nettoyait le corps ensanglanté de mon compagnon avec mes larmes.

o0O0o

que ton règne vienne,
que ta volonté soit faîte sur la Terre comme au Ciel,

o0O0o

Alors, mes rêves ont cessé.

Et mes autres rêves, eux ont commencé.

Est-ce qu'imaginer le péché est criminel ?

Oh, si ça l'est, je brûlerai en enfer.

Et si ça ne l'est pas, je n'irais pas au paradis quand même.

Fantasmer.

C'est comme cela qu'on appelle mes autres rêves.

Ceux qui montraient le corps de mon compagnon nu, et vierge de toute trace de sang.

Il était beau, ainsi.

Aussi pur et superbe que s'il n'avait jamais tué.

Et c'est comme cela que je voyais mon compagnon. Même s'il participait aux massacres autant que moi, je le croyais imperméable au péché.

Pourtant…

Son corps lui, tait le théâtre des pires péchés.

Le péché de chair.

Je l'ai si souvent espéré que je pouvais presque en sentir le goût.

Et ce n'était pas un goût amer, ou acide comme le vin de messe.

Ce n'était pas un goût doucereux de pomme mûre.

C'était le goût du paradis.

Du moins, tel que je me l'imagine.

Un goût pur de paix et de bonheur, qui s'accrochait à ses lèvres, à ses dents, à son cou, à ses hanches, à son sexe.

Et dans mes rêves qui n'en étaient pas, je le goûtais. Sa peau, son corps, son regard.

Nous nous embrassions de toutes les façons possibles, et…

Je me disais, c'est ça, le paradis.

Etre près de lui.

Etre si proche, que l'on peut écouter son cœur résonner dans la poitrine de son compagnon.

Alors, l'on sent que c'est là tout ce qu'on est. Tout ce qu'on est destinné à être.

Ou non, plutôt… tout ce que l'on veut être.

Je voulais être celui qui ferait jouer son cœur plus fort, et chanter son corps.

Et crier sa bouche, et gémir sa gorge.

o0O0o

Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour
Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés

o0O0o

C'est là que tout à commencé, vraiment.

Est-ce que si mes fantasmes était restés au seuil de la réalité, j'aurais été pardonné ?

Pourtant, le désir et le plaisir que je retirait d'eux était bien réels.

Peut importe.

De toute façon, je ne le saurais jamais.

Parce qu'aujourd'hui, tout cela est loin de rester sagement dans le domaine du rêve.

Nous avons gagné.

J'ai gagné.

Il est mon compagnon.

Celui qui me rend heureux et désespéré.

Celui qui me rend fou et me ramène à la raison.

Celui qui me glace, pour me rendre la chaleur de son corps.

Celui sans qui je ne suis rien, et qui me mène à l'absolu.

Il est, pardonner-moi, celui qui me fait jouir, autant qu'il me fait souffrir.

Car c'est sa présence, ou son absence, qui me définit.

Ensemble, nous avons fait l'amour.

Vraiment, j'ai parfois l'impression que c'est nous qui l'avons inventé.

Nous avons fait notre bonheur à coup de baisers, à coup de caresses et de paroles mêlés.

o0O0o

et ne nous soumet pas à la tentation
mais délivre-nous du mal

o0O0o

Mais on m'a dit que c'était mal.

De porter une croix et de me conduire comme ça.

Mal de l'aimer comme ça.

Mal de le désirer, surtout.

Pourtant… je n'en n'ai pas l'impression.

C'est mal ?

Mais ça nous fait du bien. C'est bon, pour nous.

De s'aimer.

C'est que qui me donne du bonheur, et me donne envie de le faire partager aux autres.

C'est ce qui me semble le plus naturel au monde.

Aimer Heero, et le désirer.

C'est ce qui est dans ma nature, et qui fait mon bonheur.

C'est mal ?

Pire que de faire couler le sang pour la bonne cause…

Alors, tant pis.

Votre pardon ne m'est pas nécessaire.

Seul le sien compte.

Le mien… je ne crois pas être en mesure de me l'accorder.

Mais cela suffira au bonheur.

De toute façon, auriez-vous voulu me pardonner ?

D'aimer parce que c'est mon désir,

de faire ce que je crois bien parce que c'est ce que me rendra heureux,

et non parce que c'est ce que Dieu veut, ou que cela me sauvera de l'enfer.

Je croirais en moi et en les autres, sans être croyant.

Si je le veux.

o0O0o

Amen.

o0O0o

Oui, amen.

Je prie pour qu'un jour vous compreniez.

Je prie avec chaque geste que je fait, chaque parole que je prononce.

Je prie en lui faisant l'amour, en lui souriant, en le taquinant, en le prenant.

Je prie en baisant ses lèvres, et caressant son corps.

N'est-ce pas la plus jolie des prières ?


Merci d'avoir lu.