Chapitre 2
Harry était allongé dans son lit, un livre ouvert devant lui. Soupirant, il tournait les pages avec indifférence les yeux fixés devant lui. Cet après-midi, lorsque Crystale avait rendu le mouchard aux jumeaux, ils avaient d'un commun accord décidé de lui faire confiance et ils avaient passé le reste de la journée à discuter en travaillant, avec et sans magie. La façon de faire de Crystale était passée sous silence, mais Harry mourrait d'envie de savoir comment est-ce qu'elle avait fait pour que Molly Weasley lui donne les baguettes, et surtout, comment se faisait-il que le professeur Mcgonagall la tutoie.
Soudain, il ferma son livre dans un claquement sec, faisant sursauter Ron.
Je sors, déclara t il calmement, ne m'attends pas pour t'endormir.
Le jeune homme lui jeta un coup d'œil étonné puis haussa les épaules et se coucha.
Harry sortit et éteignit la lumière. Silencieusement, il revêtit sa cape, et descendit lentement les escaliers. Alors qu'il était dans le hall, il aperçut plusieurs personnes murmurant près de la porte de la cuisine. Immédiatement, il se cacha derrière un rideau et les examina de loin.
Ils étaient trois, et deux étaient des femmes. Plissant les yeux, il identifia sans problèmes les deux personnes de dos. Il s'agissait du professeur Mcgonagall et du professeur Dumbledore. La dernière personne était de face, et elle discutait avec animation avec les deux professeurs. Soudain, son regard s'accrocha et le fixa.
Calmement, elle s'excusa et assura qu'il était plus que temps d'aller se coucher. Les deux autres approuvèrent d'un signe de tête et firent demi-tour vers les escaliers, passant devant Harry sans même l'apercevoir tellement qu'ils étaient plongés dans leur conversation.
Crystale, car c'était elle, les suivit un instant puis s'arrêta devant le lourd rideau pourpre. Dès que le couple eu disparut, elle se tourna tranquillement vers lui.
Alors ? On fait le mur ?
La voix était malicieuse et Harry eu un sourire pitoyable.
Hum… En fait, j'étais juste venu discuter avec toi à propos de cet après-midi.
Evidemment, je m'en doutais. Viens, allons dans ma chambre, on sera tranquille.
Minerva retenait mal son envie de rire, et Albus également.
Mon Dieu, je crois que je vais éclater, murmura t elle, le visage empourpré.
Albus Dumbledore pouffa.
Tu sais que tu es ravissante quand tu es toute rouge ? Murmura t il, malicieux.
Tais-toi, grogna t elle entre ses dents, tu dis n'importe quoi ! Non mais vraiment, tu as lu les pensées de Crystale ? C'est à mourir de rire.
Elle ricana silencieusement et ajouta :
Elle le trouve mignon, et elle adore ses yeux verts ! Par Merlin, j'ai cru m'entendre comme la première fois où je t'ai vu. J'avais pensé exactement la même chose.
C'est vrai ? Fit le sorcier très intéressé.
Hum… A peu de choses près.
Albus sourit et ouvrit la porte de son bureau. Il la referma à double tour et se tourna vers sa compagne.
On va rendre visite à beau papa ?
Un large sourire lui répondit, et il se dirigea tranquillement vers son phénix.
Fumseck… Nous aurions besoin d'un laisser passer.
L'oiseau releva la tête et laissa échapper un merveilleux chant digne d'une Muse. A sa droite, le miroir se brouilla et devint d'un blanc lumineux. Les deux sorciers se sourirent et passèrent à travers. Ils ne réapparurent pas de l'autre côté du miroir.
Crystale était tranquillement allongée sur le ventre à côté de Harry, sur son propre lit. Il venait juste de s'installer, et la jeune fille avait piqué un paquet de chips au vinaigre dans la cuisine. Piochant dedans à tour de rôle, ils discutaient calmement, ou plutôt Crystale expliquait à son nouvel ami le comment de la chose.
Et donc, tu les avais vus faire ?
Oui, approuva la jeune fille, j'étais dans le couloir juste à côté d'eux, et j'ai… Comment dire… J'ai certaines dispositions pour me déplacer silencieusement et pour me trouver des cachettes ingénieuses. Quand j'étais petite, le manoir où nous habitions mes parents et moi était immense. Il s'appelait le Manoir de la Villette, et avait une dizaine d'étages. Ma chambre était au septième, c'était une chambre blanche et noire avec d'immenses baies vitrées. J'adore les baies vitrées.
Dis-donc, ils devaient êtres riches tes parents ! Un manoir, rien que ça !
Crystale, ton père et moi passons la porte, si tu as besoin d'aide, tu sais ce que tu dois faire.
Oui Maman.
Crystale ? Tu m'écoute ?
Oui, oui, excuse-moi, j'étais ailleurs.
Je t'ai blessée ? Je suis vraiment désolé, je ne voulais pas te rappeler tes parents.
Non, non, c'est rien, fit précipitamment la jeune fille, je me suis juste souvenue d'un conseil du professeur Mcgonagall que j'avais oublié.
Ah. Tiens, en parlant du professeur Mcgonagall, comment se fait-il qu'elle te tutoie ?
Ah, euh, oui, c'est normal, fit la jeune fille en réfléchissant à toute allure pour trouver une excuse. C'est le professeur Mcgonagall qui m'a récupérée dans les cendres de la maison, et c'est elle aussi qui s'est occupée de moi pendant tout le début des vacances. Elle est devenue un peu comme une tutrice, pour moi. Et puis elle me rappelle ma mère adoptive.
Oh. Je vois. Et qu'est-ce que tu faisais avant, quand tu étais jeune, je veux dire ? Tes parents, ils s'appelaient comment ? Ils étaient riches ?
Mes parents s'appelaient Térence et Marjorie Joigny De Bourgeonnons. D'origine noble, comme tu peux t'en apercevoir. Ils étaient… Assez riches, c'est vrai, mais c'étaient des… Moldus, comme vous dites. Je suis un « accident », une enfant non voulue, alors quand je suis née, ma mère m'a complètement délaissée, passant la majorité de son temps dans le lit de mon père ou de ses amants et à son boulot. C'est tous les domestiques de la famille, en particulier la cuisinière et le maître d'hôtel, un ancien karatéka, qui m'ont élevée.
Et ton père ?
Lui… Il n'a même pas voulu me reconnaître. Pour lui, je n'étais pas sa fille. D'ailleurs, je crois bien qu'il avait raison, si ça se trouve, avec tous les amants que ma mère a eut …
Ben dis donc, chouette famille.
Je n'ai jamais considéré mes parents comme ma famille. Pour moi, les domestiques et moi en formions une grande, très unie, et unique. C'est le Maître d'Hôtel, Enrique Paterson, qui m'a apprit le karaté. J'aidais les femmes de chambre à faire le ménage habituel, et Aline Paterson, la cuisinière, m'a appris à cuisiner. Elle et Enrique étaient mariés depuis trente ans, mais elle était stérile. J'étais l'enfant qu'ils n'avaient jamais pu avoir, en fin de compte.
Je vois. Tu as bien de la chance. Mais tes vrais parents, tu les as déjà vus ?
Evidemment. Quand j'ai eu deux ans, Aline et Enrique sont allés supplier Madame pour qu'elle m'inscrive à l'école maternelle. Après moult protestations et supplications, Madame a fini par accepter. Mais c'était juste.
Harry resta silencieux un long instant. La jeune fille avait eu un passé étonnant et anormalement bizarre. Il soupira et se tourna vers Crystale qui le regardait bizarrement. Dès qu'elle rencontra son regard, elle détourna la tête avec un sourire d'excuse. Attrapant son élastique à cheveux, elle le tira et libéra sa longue chevelure blonde qui tomba en cascade sur ses épaules.
Fasciné, Harry tendit la main et attrapa une mèche. Les cheveux étaient doux au toucher, et il les fit couler entre ses doigts. Détachant son regard de la fabuleuse chevelure, il croisa de nouveau le regard chocolat de la jeune fille qui esquissa un sourire timide.
Tu as des cheveux magnifiques, murmura t il sans détacher son regard d'elle.
Elle lui sourit sans répondre et se redressa sur les genoux.
Tu veux bien rester avec moi cette nuit ? Glissa t elle à son oreille.
Il réprima un sourire et souleva la couette. Se glissant dedans, il attendit patiemment qu'elle eut éteint la lumière et qu'elle soit venue se coucher à côté de lui.
Se blottissant l'un contre l'autre, elle entourée par ses bras protecteurs, lui caressant son bas dos dans un geste circulaire. Ils savourèrent longtemps cet instant, appréciant la chaleur de l'autre et s'endormant enfin, réconforter chacun pour une raison différente.
Harry songea à cette maudite prophétie, et Crystale à ce foutu Mage.
Ailleurs, dans un immense lit à baldaquin, un homme roux aux yeux bleu limpides et une jeune femme aux longs cheveux noir corbeau d'une vingtaine d'année à peu près faisaient l'amour. Plus tard, après qu'ils se fussent endormis, un phénix et un faucon blanc vinrent se poser sur le rebord de la fenêtre entrouverte, les couvant d'un tendre regard.
Le lendemain matin, Fumsek vint se poser devant la porte de chambre de Crystale. Son chant clair vint interrompre le sommeil des deux endormis. Harry ouvrit un œil et aperçut vaguement une masse blonde écroulée sur son torse nu. « Mon Dieu ! Mais qu'est-ce que j'ai fait ? » Fut sa première pensée. Puis, il se rappela la soirée d'hier, et il sourit. Voir Crystale affalée sur lui, lui faisait plus que plaisir, et provoquait une titillation particulière dans son bas ventre. Il faut dire qu'elle n'était pas déplaisante à regarder, loin de là.
Dans un bâillement, la jeune fille ouvrit un œil… et grimpa sur Harry, le traversa et tomba à terre dans un bruit sourd. Un grognement fit sourire le jeune homme et il put la voir se relevant avec difficulté et se dirigeant en traînant les pieds jusqu'à la porte, vêtue d'une simple chemisette de nuit avec des bretelles et s'arrêtant à mi-cuisse. Pas du tout désagréable à regarder. Relevant machinalement sa longue chevelure, elle attrapa un élastique qui traînait sur la commode et se fit un chignon vite fait.
Elle ouvrit la porte dans un bâillement et baissa la tête vers le sol.
Fumsek ! Putain, mais qu'est-ce que tu fiche là ? T'as vu l'heure ?
Le phénix laissa un petit cri indigné lui échapper. La fille soupira et se baissa, lui permettant de se percher sur sa main. Elle referma la porte et décrocha le message accroché à la patte de l'oiseau, laissant celui ci aller se percher sur un perchoir fait pour l'usage. Après avoir lu le message, elle poussa un grognement et le laissa tomber par terre. Comme une somnambule, elle traversa la pièce et se laissa retomber sur le lit et sur Harry. Celui-ci sourit et se dégagea doucement de dessous elle.
Il se leva et attrapa le message.
Crystale
Je viens juste de m'apercevoir que tu n'es pas encore descendu déjeuner, je suis inquiet, envoi- moi de tes nouvelles ou alors je monte te chercher. Et si tu dors, je te promet d'user de méthode radicale !
P.
Un instant troublé, Harry se demanda si c'était bien le professeur Dumbledore qui avait écrit ça, et ce que voulait dire l'initiale P.
Un souffle derrière lui le fit sursauter, et il se retourna. Crystale le regardait fixement, le regard durcit par la colère et la main tendue en avant.
Rends-moi ça immédiatement.
Harry haussa les épaules et lui tendit le papier. Lui arrachant des mains, elle se dirigea vers son bureau et attrapa une plume. Elle griffonna quelque chose à l'arrière, puis appela l'oiseau. Fumsek repartit quelques secondes plus tard dans le couloir, laissant derrière lui une Crystale fulminante et un Harry Potter qui n'en menait pas large.
Albus discutait tranquillement avec Arthur Weasley.
Non, merci Molly, mais je n'ai plus faim.
Albus, vous avez beau mettre des robes larges, je sais parfaitement bien que vous êtes maigre comme un clou, alors vous allez me faire plaisir et manger ce que je vous donne.
Et Molly lui déversa trois saucisses, deux tranches de bacon et trois œufs dans l'assiette, sous le regard moqueur et satisfait de Minerva Mcgonagall.
Min, tu vas m'enlever cette tête immédiatement.
Oui, mon amour.
Laeticia !
Oh, ça va, hein !
Minerva, donner moi votre assiette, vous aussi vous devriez manger un peu plus.
Non, merci, c'est gentil Molly, fit calmement la femme en reculant prudemment son assiette. Molly enchanta impatiemment ses œufs et les fit voler jusqu'à l'assiette du professeur. Malheureusement pour elle, Minerva retourna son assiette et planta son regard dans celui de la mère de famille. Immédiatement, toutes les conversations cessèrent d'un seul coup, chacun regardant les deux femmes d'un air intéressé.
Minerva, vous allez me retourner cette assiette immédiatement.
Non. Molly… J'ai dit que je n'en voulais plus.
Tricheuse.
Oui, mon ange, je sais.
Arrête. Souviens-toi de ce que t'as dit ton père, pas de magie elfique ici !
Pff… C'est nul.
Molly Weasley haussa les épaules et repartit dans la cuisine. Tout le monde regarda fixement le professeur, bouche bée, et Ron ouvrit la bouche.
Voilà Fumsek.
Le directeur tendit la main, et l'oiseau vint se poser. Minerva attrapa la lettre et agita la main vers les autres. Les conversations reprirent aussitôt.
C'est Crystale.
Coucou les vieux
Evite de signer avec un P., Papa, ça me ferait plaisir, surtout que Harry se pose des questions maintenant. J'ai dormi avec lui cette nuit, mais rassure-toi, c'était purement du réconfort.
Je vais bientôt descendre, laisse-moi juste le temps de parler avec Harry, de m'habiller, de me laver.
Bizous.
Crys.
Hum… Elle n'est pas un peu jeune pour dormir avec un garçon ?
Allons, Minerva, tu connais Harry et Crystale…
Mouais.
Ah ! S'exclama soudain Hermione, voilà nos dormeurs. Où donc étais-tu, Harry ?
Hum… J'ai dormi dans la chambre de Crystale, on a beaucoup discuté.
Le brun s'installa tranquillement à côté de Drago Malfoy, et leva son regard vert vers Crystale qui entrait dans la cuisine.
Bonjour tout le monde, fit-elle en laissant échapper un bâillement.
S'installant avec à côté d'Harry, elle attrapa un pancake, et engloutit un croissant dans le même mouvement.
Judo', por favor.
Les adolescents se mirent à rire, et Drago lui passa le jus de fruit. Soudain, une exclamation retentit au bout de la table, et ils se tournèrent tous vers Luna.
Regardez ! Des hiboux !
Et, en effet, de magnifiques volatiles arrivaient dans leur direction, une dizaine à peu près. Luna s'empressa d'ouvrir la fenêtre, et les oiseaux vinrent atterrirent devant les élèves de Poudlard. Chacun décacheta sa lettre, et un grand silence se fit, pendant lequel les élèves firent une lecture silencieuse.
Qui est le nouveau prof de DCFM, cette année ? Voulut savoir un des jumeaux.
Tous les regards se tournèrent vers le professeur Dumbledore qui leur sourit mystérieusement.
Minerva ? Vous venez ? N'oubliez pas que nous avons des gens à rencontrer.
J'arrive Albus, deux secondes.
La directrice se leva et attrapa une tranche de pain. Le couple sortit et les jeunes se tournèrent vers les adultes qui sourirent à leur tour et se levèrent.
Bien, fit calmement Molly, aujourd'hui, vous allez vous occuper de la chambre d'ami du sixième étage. Elle aurait besoin d'une nouvelle tapisserie.
Les adolescents soupirèrent et se levèrent à leur tour, sans s'apercevoir que Crystale s'était discrètement éclipsée.
Professeurs !
Albus et Minerva se retournèrent et rencontrèrent le regard inquisiteur de Crystale.
Puis-je savoir où vous aller ?
Le couple se regarda et lui fit signe de le suivre discrètement. En quelques secondes, ils furent dans le bureau du directeur, qui s'empressa lui-même de fermer la porte à clé. Minerva se tourna vers la jeune fille.
Crystale, écoute moi bien. Ton père et moi allons passer la porte et nous ne reviendrons pas avant ce soir. Je veux que tu surveille tout le monde, en particulier sur Harry.
Où allez-vous ? Répéta la jeune fille en fronçant les sourcils.
Ne t'inquiète pas, sourit Albus, ce ne sera pas dangereux. Et ce sera une surprise !
Un large sourire illumina la face ravie de Crystale qui leur sauta au cou.
Merci ! Merci beaucoup ! Je vous adore tous les deux.
Ils sourirent, et elle dévala les escaliers dérobés du bureau, connus par elle seule.
A ton avis, de qui sera t elle la gardienne ? Fit pensivement Minerva.
Facile. De Harry.
Et dans un bruissement de cape, ils disparurent dans la flaque blanche.
