Funeste futur – Chapitre 1
Le réveil sonna, une fois de plus. Il était dix heure du matin. Klaus Baudelaire, qui avait maintenant 25 ans, s'extirpa lentement de son lit, prit ses lunettes sur sa table de nuit et se dirigea vers le meuble à l'autre bout de la pièce pour éteindre le réveil. C'était le seul moyen qu'il avait trouvé pour se forcer à se lever, mettre son réveil à l'opposé de lui. Et pour être sûr de l'entendre, il l'avait branché sur un haut parleur, qui diffusait l'horrible sonnerie dans toute sa demeure, au cas où il se serait endormi ailleurs que dans son lit. Violette aurait été fière de son invention… si elle était encore en vie.
Il traversa son salon, seulement vêtu d'un T-shirt et d'un caleçon blanc, prit un CD sur son étagère, et le mit dans le lecteur. La musique résonna dans toute la pièce.
Nobody can tell ya
There's only one song worth sing in
They may try and sell ya
'cause it hangs them up
To see someone like you
Klaus alla dans sa salle de bain. Il se regarda dans le miroir, passa sa main sur son visage mal rasé. Il avait des cernes sous les yeux. Il se rafraîchit le visage en le passant sous l'eau froide.
But you've gotta make your own kind of music
Sing your own special song
Make your own kind of music
Even if nobody else sings along
Il se rendit dans la cuisine, et se servit un verre de jus d'orange. Il se dirigea ensuite vers son bureau, ouvrit le tiroir du bas et en sortit une petite boîte métallique. Il y prit une seringue, et un flacon.
You're gonna be nowhere
The loneliest kind of lonely
It may be rough goin
Just to do your things
The hardest thing to do
Il vérifia qu'il n'y avait pas de bulle d'air, chercha une veine, et enfonça l'aiguille dans son bras, avant d'introduire la drogue dans son corps.
But you've gotta…
La musique s'arrêta, lorsque une secousse fit trembler l'étagère où se trouvait le lecteur, qui était maintenant par terre. Klaus se redressa. Il jeta la boîte dans le tiroir, se rendit dans sa chambre, et prit dans une cache derrière une armoire, un fusil à canon scié. Il éteignit toutes les lumières, autant ne pas laisser d'avantage à l'intrus. Ils avaient dû passer par la porte à Verrouillage par Digicode Culturel. L'entrée principale était mieux camouflée, et non piégée. Il avait placé une légère charge d'explosifs, qui exploseraient si quelqu'un tentait de passer par la porte à Verrouillage par Digicode Culturel. Ainsi, il serait prévenu qu'il y avait des intrus, et les intrus seraient prévenus qu'ils allaient être accueillis.
Klaus se cacha derrière un divan. Une silhouette venait de pénétrer dans la pièce. Il n'y avait qu'une seule personne et elle portait un masque. Elle sortit une lampe torche de son sac, et parcourut la salle avec le faisceau de lumière. Elle contourna la table, regarda les débris du lecteur, alla faire le tour de la cuisine, et se dirigea vers la chambre. Klaus profita de ce moment pour se cacher à côté de la porte, et tint son arme comme une matraque. L'individu repassa la porte, Klaus lui donna un coup de crosse sur le crâne. L'intrus s'effondra.
Klaus ne perdit pas de temps et il ligota son 'invité' sur une chaise. Ensuite, il partit chercher une caisse sous son lit, et en sortit une fiole de poison, qui pouvait provoquer une crise cardiaque en moins d'une heure. Il espérait ne pas devoir s'en servir, que la simple menace d'injecter le produit, délierait la langue de son hôte inattendu.
Il entendit du bruit dans la pièce d'à côté. Apparemment son prisonnier venait de se réveiller. Il reprit son arme en main, et le rejoignit, posa la fiole sur une table basse et fixa le masque qui se tenait devant lui. Il tendit la main, et le lui retira.
Toi ? s'exclama Klaus.
Désolé de t'avoir effrayé. Je ne pensais pas que tu étais devenu si parano.
La ferme, Quigley, fit-il en posant son arme sur le sol. Comment tu m'as retrouvé ?
J'ai eu du mal, si ça peut te rassurer. Ça fait quelques années qu'on te cherche.
Quelques ?
Quatre pour être précis. Tu me détaches ?
Klaus partit chercher un couteau dans la cuisine, et trancha les liens qui attachaient Quigley.
J'avais pourtant pris toutes les précautions pour qu'on ne me retrouve pas, et surtout vous, les nouveaux V.D.C.
Pourtant tu utilises nos techniques. Tu es sûr de ne pas vouloir nous rejoindre, ton aide nous serait précieuse dans la situation actuelle.
Non, répondit simplement Klaus. Tu veux boire quelque chose ? Suis moi à la cuisine.
La dernière fois que Quigley était venu dans cet endroit, tout était carbonisé, et la cascade était gelée. Aujourd'hui, tout était propre, et la baie vitrée qui se trouvait derrière la cascade était si propre, qu'on avait presque l'impression de toucher l'eau. Klaus lui tendit un verre de menthe.
Je n'ai plus que ça, désolé. J'ai prévu d'aller faire les courses cet après-midi.
Tu veux dire qu'il t'arrive de sortir ? demanda Quigley, un peu surpris.
Bien sur. Mercredi passé, j'ai même été voir L'Abominable Zombi des neiges 5.
Je ne t'ai pas vu, pourtant j'ai été le voir le même jour.
J'étais déguisé.
Ça explique pourquoi on ne t'a jamais trouvé, marmonna Quigley pour lui même.
Bon, dit-il en soupirant, on va arrêter cette conversation inutile. Qui t'envoie ? Isadora ?
Non, fit-il d'un ton froid. Et d'ailleurs, elle ne veut plus jamais entendre parler de toi.
Alors qui ?
La situation actuelle.
C'est pas très précis, lui fit remarquer Klaus.
C'est Prunille.
Qu'est-ce qu'elle a ? demanda-t-il, une pointe d'inquiétude dans la voix.
Eh bien, il y a deux jours, elle fêtait ses 13 ans et…
Je suis au courant, le coupa Klaus, un peu rassuré. Je lui ai envoyé une carte, comme chaque année.
Elle a disparu, lâcha Quigley.
