Merci pour les reviews ! Merci tout plein Frozensheep et Téli, avec l'humour, je ne suis jamais très sûre de moi.
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6 – Rodney était assis dans son lit et fixait ses mains. Ses doigts avaient toujours eu un aspect un peu boudiné. Plus maintenant. Ils étaient un peu plus fins, plus … Il soupira et se laissa retomber sur son oreiller.
Il était encore à l'infirmerie. Après la dernière crise de panique, Carson avait décidé de le garder encore quelques jours, histoire qu'il s'habitue tranquillement à son nouvel « état ». Rodney poussa un soupir. Son nouvel état. Son nouveau sexe oui ! Ou plutôt qu'il s'habitue à l'absence de son sexe et … Bon sang ! C'était n'importe quoi ! C'était … c'était horrible, abominable, terrifiant, catastrophique.
Il était une femme.
Et une vraie femme par-dessus le marché. Pas une de ces petites choses faisant du 34 pour un ridicule 45 kilos. Non, lui c'était plutôt un 90-60-90. Rodney jeta un rapide coup d'œil à sa poitrine, Okay, disons plutôt un 95-60-90, et une bonne taille 40. Il porta la main à son front.
Même son visage avait changé. Seul son nez était toujours le même. Ses pommettes étaient moins hautes, son visage moins angulaire, son front moins bombé. Et ses cheveux plus nombreux. Beaucoup plus nombreux. Et fins … et … Oh, mon Dieu … un vrai cauchemar !
« Rodney ? »
Il leva la tête. Carson se trouvait là, souriant.
« Carson, je … je réfléchissais à … » il soupira, « à tout ça. Des nouvelles de Zelenka ? »
Carson commença son examen de contrôle. Il passa le tensiomètre autour du bras gauche de Rodney tout en lui parlant.
« Non, pas encore. Je sais qu'ils ont quelques difficultés à faire repartir le générateur de cette … Chaise. Elle n'est pas reliée au reste des équipements, pour une raison encore inconnue. Huuum, 13,8, une vraie tension de jeune fille ! »
Carson avait dit ça sans arrière-pensée mais il se racla la gorge en voyant le regard noir que lui décocha Rodney. Le médecin puis ensuite son stéthoscope.
« Relevez vous un peu voulez vous ? »
Rodney poussa un soupir mais s'exécuta. Il frissonna lorsque la plaque froide du stéthoscope se posa sur son dos. Il se plia aux traditionnels « toussez ! » et allait se réinstaller confortablement au fond de son lit, lorsque Carson fit mine de soulever sa chemise et de glisser sa main sur sa poitrine.
« Hey, pas touche ! »
Il donna une petite tape à la main baladeuse, élicitant un petit « ouch » de la part de Carson.
« Rodney ! Qu'est-ce qui vous prend ? »
« Vous … Pas question que vous me … touchiez les … les … ce … ces … Oh, bon sang ! Vous voyez très bien ce que je veux dire ! »
Carson fixa un moment son patient, ou plutôt sa patiente.
« Rodney, je suis médecin, je sais ce qu'est une paire de seins. Ceci est un examen clinique, rien d'autre, d'accord, il n'y a pas de quoi vous affoler. Et puis, je vous ai déjà ausculté depuis que vous êtes revenu ... changé ! »
Changé. Quel doux euphémisme.
« Je ne m'affole pas ! C'est juste que … que … je ne veux pas que vous y touchiez ! Et avant … je … je n'étais pas tout à fait réveillé, je veux dire conscient.»
Sa voix avait pris un ton légèrement hystérique et Carson décida qu'il était préférable de ne pas insister.
« Bien, est-ce que vous seriez plus à l'aise si une femme vous auscultait ? »
« Une femme ? Un médecin ? »
Carson leva les yeux au ciel.
« Oui, bien sûr, un médecin. » Carson enleva son stéthoscope de ses oreilles et poussa un ènième soupir. « Je vais appeler Sandra, elle ne doit pas encore avoir terminé son service. Ne bougez pas. »
Bah, voyons, comme s'il allait bouger ! En fait, la première fois qu'il s'était levé, il avait fait deux pas et s'était purement et simplement cassé la figure. Pire que Bambi ! Et bien sûr, Carson avait pris un malin plaisir à jouer les Panpan (7).
Mais le pire ç'avait été sa première douche. Il avait juste été incapable de se laver ! Incapable de se toucher, de constater que ce qui aurait du se trouver là n'y était plus, et avait été remplacé par … autre chose. Résultat, méga crise de panique, numéro trois. Il avait aussi gagné le droit d'être visité quotidiennement par Kate Heightmeyer, dont le sourire toujours figé, le mettait mal à l'aise.
Et qu'avait elle fait, hein ? Elle avait assimilé sa situation à celle des transsexuels ! Ridicule. Il n'y avait rien de commun entre ce qui lui était arrivé et ce que vivait un transsexuel pour la bonne et unique raison que ces derniers ont choisi de changer de sexe, pas lui ! Là, le sourire avait un peu tremblé, mais était vite revenu, et avec lui, d'autres platitudes. Elle ne lui était d'aucune utilité.
Rodney soupira. Personne ne pouvait l'aider. A part lui. Il fallait qu'il retourne sur cette foutue planète et qu'il répare cette Chaise diabolique, après il la démonterait pièce par pièce, les jetterait dans l'océan d'Atlantica et oublierait tout ça ! Seulement pour ça, il fallait qu'il ait l'air de vivre un peu mieux sa nouvelle situation et on ne pouvait pas dire pour le moment que le résultat était très probant.
« Bonjour Docteur McKay. Alors, il paraît que vous donnez du fil à retordre au Docteur Beckett, hein ? »
En guise de réponse, Rodney poussa juste un petit grognement. Le Docteur Téli lui sourit, elle s'arma de son stéthoscope et termina l'examen commencé par Carson, puis, alors que Rodney pensait qu'elle allait le laisser tranquille, elle prit place sur le tabouret.
« Bien, je crois qu'il est temps que nous ayons une petite discussion, disons de femme à femme. »
Rodney réagit aussitôt à cette affirmation.
« Je-ne-suis-pas-une-femme ! »
« Et bien, peut-être pas mentalement en effet, mais physiologiquement, vous êtes une femme, et je crois qu'il serait bon que nous discutions tous les deux de ce que cela signifie, notamment … »
« NON ! Je me fiche éperdument de savoir ce que cela signifie. Est-ce que je suis en bonne santé, oui ou non ? »
« Techniquement oui, mais … »
« Parfait. Dans ce cas … » Rodney écarta les couvertures et s'assit sur le bord du lit. « Je crois que je vais retourner dans mes quartiers et me remettre au travail, Dieu seul sait ce que Zelenka ou Simpson sont actuellement en train de casser, réduisant ainsi à néant mes chances de retrouver un jour mon état normal. »
« Docteur McKay, je ne pense pas que … »
« Non, en effet, vous ne pensez pas, c'est ce qui fait toute la différence entre vous et moi. Donc, si je suis en parfaite santé, puis-je avoir mes vêtements ? »
Sandra le fixa un long moment, soupira et se leva.
« Très bien, je vais dire à Carson que vous nous quittez et Paul va vous apporter vos affaires, mais j'aimerais que vous reconsidériez le fait de … »
« Oui, oui, oui, c'est ça, je vais reconsidérer, maintenant si vous voulez bien … » Il fit un geste pour lui indiquer de ce dépêcher.
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Bien sûr, Carson avait voulu qu'il reste, et bien sûr, ils avaient argumenté, et bien sûr, il avait fini par gagner. Arrivé dans ses quartiers, sans avoir, Dieu merci, rencontré âme qui vive, Rodney se laissa tomber sur son lit. Il posa son émetteur radio sur la table de chevet. Il n'avait pas la moindre envie d'entendre ce qu'Elisabeth avait à lui dire sur sa décision de quitter l'infirmerie et il était certain qu'elle essaierait de le contacter pour lui faire la leçon.
Il se leva, ôta sa veste et entra dans la salle de bain. Il s'appuya au petit lavabo, et fixa son reflet dans la glace : deux grands yeux bleus, un nez en trompette, une petite fossette au menton, le tout encadré de cheveux coupés courts. Il dessina sur le miroir le contour de ce nouveau visage. C'était étonnant, c'était lui et c'était quelqu'un d'autre. Comme une espèce de sœur jumelle. Jenny ne lui ressemblait pas autant que ce visage qui le fixait avec des yeux ronds.
Rodney soupira. Il se déshabilla, en prenant grand soin de fermer les yeux, entra sous la douche et laissa l'eau couler sur son corps. L'eau chaude le calma un peu. Il ouvrit les yeux et tendit la main vers sa bouteille de shampoing. Il se lava les cheveux. Okayyy, jusqu'à là, tout va bien, maintenant, passer à la partie la plus difficile. Il prit son gel douche et se savonna le corps, poitrine comprise, sans tourner de l'œil ou piquer une crise de nerf. Biennnnnn. Il hésita un moment avant de se laver … le bas. Pas question qu'il touche ça ! Il se contorsionna tant bien que mal sous la douche et laissa l'eau laver ce qui devait l'être. Et dire qu'il faudrait qu'il fasse ça deux fois par jour. Cette pensée le fit frissonner.
La douche finie, il s'enveloppa dans une serviette. Evidemment avant, il lui suffisait de la passer autour de sa taille, mais maintenant … Il soupira et noua sa serviette comme un paréo. Il fouilla dans ses tiroirs, en tira un caleçon, un tee-shirt noir et une paire de pantalon propres. Le caleçon était trop grand et le pantalon aussi, du moins à la taille, parce que côté fessier, ça tirait franchement. Bon sang, les femmes sont si … si … mal fichue ! Il lui fallu faire une autre encoche dans sa ceinture pour que le tout tienne, en relevant le caleçon au maximum. Le tee-shirt était trop large pour les épaules, mais là aussi, ça tirait au niveau des … des … Arghhhh, il n'arrivait même pas à le dire ! Des seins, des nichons, des nibards (8). Woa-woa-woa, Stop. Okay, il pouvait le dire en fin de compte. Il retourna dans la salle de bain pour voir ce que donnait le tout.
Ridicule. Tout dépassait et tout était trop grand ! Ses fesses et ses … seins – pas si difficile à dire que ça après tout – pointaient littéralement : on ne voyait que ça ! Les manches de la veste et du tee-shirt étaient trop longues et lui arrivaient au milieu de la main. On avait l'impression qu'il s'était habillé avec les vêtements d'une autre personne. Il soupira. D'une certaine manière, c'était un peu le cas.
Rodney prit une large inspiration. Il était temps d'affronter le monde extérieur !
TBC
(7) Ah, Bambi, et Panpan, le petit lapin rigolo, qui lui apprenait à marcher, vous vous rappelez !
(8) Personnellement, je préfère l'argot anglais où breasts, devient « tits » et « boobs » !
