Note pour Idrill : Je pensais que c'était l'arsenic qui sentait l'amende amère, mais heureusement je fais toujours des recherches avant d'écrire. Pour Loki, je n'ai malheureusement pas les DVD de SG1, c'est grâce aux résumés des épisodes sur certains sites que j'ai eu les infos.

Merci à toutes et tous pour les reviews.


Chapitre 6

L'amour est le moyen inventé par la nature pour vaincre la mort.

Jean Guitton – Philosophe Français

- Rodney !

John avait froid, tellement froid, pourtant il était chaudement habillé. Il pensait à Rodney qui était sûrement vêtu d'une simple veste ou pire d'un tee-shirt manches courtes. Il fallait absolument qu'il le retrouve. Mais il ne savait pas par où chercher, la tempête de neige faisait rage, John n'y voyait pas à 50 mètres. De quel côté le chercher ? Il déclencha la balise de secours et ferma les yeux.

- Va où ton coeur te porte, murmura t'il.

Il fit un quart de tour et avança. Du blanc, du blanc et encore du blanc. La tempête s'intensifia, John avançait maintenant en aveugle, il avait peur de passer à côté de Rodney. Soudain, il sentit ses pieds glisser. Il ne s'était pas aperçu qu'il y avait une pente dangereuse, il perdit l'équilibre et glissa. Il descendit toute la pente sur le dos, rencontrant parfois des rochers. Arrivé en bas, il tomba la tête la première dans la neige. Il se tourna sur le côté et se massa les reins. Il vérifia son équipement et malheureusement il put constater que la radio n'avait pas apprécié cette chute, elle ne marchait plus.

- Merde ! Quand je pense que j'ai dit au Général O'neill que j'aimais cet endroit.

Il se mit à genoux pour se relever, et soudain il vit quelque chose de rouge à quelques mètres devant lui. Rouge comme une feuille d'érable, l'emblême du Canada. Et tout autour, un monticule de neige de la taille d'un corps humain. Le coeur de John s'emballa.

- Non non non non non. Rodney !

Il parcourut les quelques mètres en rampant et enleva la neige qui recouvrait le corps. C'était bien Rodney, ses lèvres et le bout de ses doigts étaient bleus, il avait envie de les frictionner mais Carter avait été catégorique sur ce sujet. Si Rodney était inconscient, ne surtout pas le frictionner, appeler les secours (mais il fallait que la radio fonctionne), l'enrouler dans une couverture et se coller contre lui pour le réchauffer. Si possible trouver un abri. Mais est-ce qu'il était mort ou simplement inconscient ? John enleva ses gants et posa deux doigts sur la carotide. Impossible de dire s'il y avait un pouls ou non. Carter l'avait prévenu quand cas d'hypothermie sévère le coeur pouvait battre à une ou deux pulsations par minute juste pour survivre. John prit dans son sac la couverture de survie et enroula Rodney dedans. Il fallait qu'il gagne du temps, du temps pour trouver un abri de fortune. Par chance la tempête s'était arrêtée, John regarda autour de lui. Pas de cavités dans les rochers, juste de la neige à perte de vue. La seule alternative, creuser un trou dans le flanc de la montagne.

- Ne me laisse pas tomber maintenant, bats toi, les secours vont arriver.

Il l'embrassa délicatement sur le front et il remarqua seulement à cet instant que Rodney portait une barbe, il était si craquant avec cette barbe.

- Je reviens mon pote, je vais nous construire un petit nid douillet.

oOo

Depuis combien de temps ils étaient là ? Allongés dans ce cercueil de glace, John grelottait, il avait enlevé son manteau et l'avait passé à Rodney. Il était complètement allongé sur son ami, il était devenu une couverture humaine. Mais à son tour, il était victime d'hypothermie, il luttait pour ne pas s'endormir. Il décida de parler.

- Pourquoi est-ce que tu es parti d'Atlantis ? Si tu étais resté, on ne serait pas dans cette situation. Tu ne peux pas savoir combien j'ai souffert par ta faute. Si tu savais ... je ... tu te souviens de notre arrivée sur Atlantis ? Tu me collais aux basques, j'avais l'impression que tu étais mon ombre. A cette époque je ne t'appréciais pas beaucoup, je te trouvais arrogant mais tellement intelligent. Je n'avais jamais rencontré quelqu'un d'aussi intelligent. Mais tu n'étais pas futé pour trouver un nom au vaisseau ... tu te rappelles comment tu l'as surnommé ? vaisseau des étoiles ... franchement je préfère Jumper. A la fin de la première soirée sur Atlantis, la fête était finie, il n'y avait presque plus personne, tu t'es approché de moi et tu m'as demandé comment j'allais. Et nous ... avons discuté ... pendant plus de ... trois heures. John commençait à perdre conscience, engourdi par le froid. Du moins, j'ai ... parlé. Toi qui étais si bavard ... habituellement, tu n'as ... rien dit, tu ... m'as écouté, conseillé ... épaulé. On s'est ... raconté nos vies ... nos joies et ... nos peines. Ce ... soir là, nous ... sommes devenus ... des amis.

- Joooohn.

- Rodney ? John releva la tête.

Il venait de parler, ce n'était pas une hallucination, Rodney venait de parler. Il le regarda, ses yeux étaient ouverts, Rodney fixait John.

- Salut mon pote, je suis là. Tu va t'en sortir, d'accord ?

- Je suis désolé.

Rodney expira une dernière fois, ses yeux roulèrent et sa tête tomba sur le côté. John n'en croyait pas ses yeux. Il était en train de le perdre. Il avait été bête de croire que Rodney reprenait conscience pour de bon. John avait déjà vécu cette situation avec sa mère. Atteinte d'un cancer, vers la fin elle avait sombré dans le coma. Le dernier jour, elle se réveilla et demanda à l'infirmière de lui apporter à manger, elle avait faim. Pour John elle était redevenue normale, joyeuse. Le soir même elle mourait. Les médecins lui expliquèrent que le corps cesse de se battre contre la maladie et comme dans un dernier sursaut le malade reprend conscience pour décéder quelques heures plus tard (1). Rodney avait fait de même.

- Reste avec moi, je t'en prie, reste avec moi, tout n'est pas perdu. Tu as encore toute la vie devant toi, ta soeur aimerai te revoir, je suis sûr que ton chat aussi. Ne me laisse pas, je ne suis pas venu içi me geler les fesses pour te voir mourir, tu entends ? Reste avec moi. Ouvre les yeux, et tu réaliseras que tu restes mon amour éternel, j'ai besoin de toi près de moi (3).

John s'endormit en pensant qu'un jour on retrouvera leurs corps enlacés pour l'éternité.

oOo

Il se réveilla, il n'avait plus froid. Il ouvrit les yeux et comprit qu'il n'était plus en Antarctique mais à l'infirmerie du SGC. Il regarda autour de lui, les lits étaient vides. Une femme s'arrêta devant son lit.

- Bonjour Colonel. Bon retour parmis nous. Je suis le Docteur Michaela Quinn. Vous êtes au SGC à Colorado Springs.

- Michaela ?

- Oui, je sais, c'est un drôle de prénom, il me vient de mon arrière arrière grand mère. Elle officiait içi à la fin du 19ème siècle (2).

- Où est Rodney ?

- Qui ça ?

- Le Docteur Rodney McKay, il se trouvait avec moi en Antarctique.

- Je ... je ne sais pas, vous êtes le seul patient içi. Je viens de prendre mon service. Je vais me renseigner.

- Laissez tomber. John ferma les yeux. S'il n'est pas là c'est qu'il est mort.

Il entendit la jeune femme s'éloigner.

- Pourquoi ? mumura John. Tu m'as laissé tomber, tu donnais un sens à ma vie, une raison de croire à quelque chose, à quoi pourrais je croire maintenant sans toi. Comment mon monde peut tourner sans toi. Je ne serai jamais plus le même sans toi.

Quelques minutes plus tard, il entendit des bruits de pas, et sentit une main sur son bras.

- Colonel, votre ami est à l'hopital militaire de Leavenworth au Kansas. Il est entre les mains des meilleurs médecins de cette planète. Il doit être très important pour qu'on fasse venir de si grands médecins.

- Oui. Il l'est. Je veux le voir.

John reprenait espoir.

TBC.

(1) Mon frère et ma belle soeur travaillent dans des hôpitaux et ils ont déjà vu ça.

(2) La première fois que j'ai vu Stargate et que j'ai vu Colorado Spring, je me suis dit « mais c'est chez Docteur Quinn femme médecin ».

(3) Traduction de quelques paroles de U2. Je ne me rappelle plus de la chanson.

Je ne vous explique pas le temps que j'ai mis pour faire des recherches sur l'hypothermie et la survie en montagne. Mais le pire était de trouver un hôpital militaire proche du Colorado.