salut à tous! aujourd'hui j'ai trop la forme et GSPR que vous aussi! ça vous passionne pas? tant pis ! bonne journée ! bonne lecture!bon week end !
rar:
LunaChoue : Hello ma douce ! tu vas bien ? Je réfléchis à ce que nous allons pouvoir faire ensemble et j'ai bien quelques petites idées, l'une serait un petit flash Back où tu serais chargée d'inventer un persg qui n'apparaître peut être plus, et l'autre, un moment émotion avec Charla… Je t'en reparlerais ! j'ai réussi à faire ce chapitre finalement ! j'ai trop hâte de finir tu ne peux pas imaginer mais en même temps je ne veux pas bâcler et par moment je n'ai aucune inspiration et à d'autres ça bouillonne à l'intérieur ! J'espère que ce chapitre va te plaire donc, il est pas fantastique je dois dire, mais, important pour la …euh.. non je ne vais pas te dire pourquoi…. Tu n'aura plus de surprise autrement. Finalement, je ne ferais pas d'Happy end trop joyeux, donc pas d'happy end, enfin j'en sais rien, je peux faire une fin joyeuse mais mélodramatique en même temps je suppose … gros bisous pitchoune chocolaté, de la part de Valou.
ok GREG ! Je signalais juste au cas ou lol !u veux un happy end sanglant?comment que ça se fait ça? t'inquiètes il y aura une grosse bataille, je te promets, et du sang et des morts ! si si c'est au programme.. bon j'essaierai de faire un autre M avec qqs persg que tu m'as cité! je sais pas encore quand ça sortira, ça risque d'être long mais je vais essayer de trouver un ptit qqch ! grosses bisees !
hello MA FLOOONn! mi aussi je suis ravie de te connaître! je te fasi un tit clin d'oeil ds cette fic ! en tt cas, merci merci ! mais faut pas que je prenne la grosse tête avec tout ces compliments ! sinon elle passera plus les portes ! mdr!tu veux pas d'happy end !arfff..crotte de bic ! poUr être polie !à l'origine ce devait être un truc bouleversant et puis finalement je sais pas.. bon ce sera ptétre un happy end pour certains persos et pas pour d'autres!mdr !ta reveiew est très bien niveau taille ! gros bécots Florine! jtdr !valou qui va pas tarder à envoyer ta lettre !
Chapitre 35: Sentir & Percevoir
00 Pdv Draco 00
Orion me fait un clin d'œil. Pleinement conscient de sa beauté . Moi, je reste là, à le regarder. Seul.
Autour, il y a tous ces faux astres par lesquels Solene a magnifié le plafond gris. Elle était frileuse, Soléne, elle aimait l'astronomie, et elle n'aimait pas avoir froid. C'était incompatible.. De ce fait là, elle refusait de faire la larve en haut de la tour d'astronomie sous le vent sec et elle a eu cette drôle d'idée de décorer le plafond. Là, on passait des heures, blottis, l'un contre l'autre, sa tête dans le creux de mon cou, au chaud, les yeux plantés sur ce plafond étoilé.
On était bien.
On ne le fera plus jamais. Elle refuse tout de moi, maintenant.
Je me déplace légèrement pour me caler plus confortablement sur le matelas et je remarque que la grande Ourse est mal dessinée. C'est Solene, qui l'avait mise. J'attrape ma baguette, sur ma table de chevet, et, d'un sort, je déplace une petite boule gazeuse. Elle se sépare de sa consœur dans un chuintement et disperse une petite flammèche turquoise. Elle est seule cette fois. la petite sphère brillante. Comme moi.
Ma main se crispe à cette pensée. Sur une feuille de papier. La lettre hebdomadaire de Père. L'épître mensuelle d'un fugitif assassin qui ne se soucie de sa descendance que pour son avenir « professionnel. »
Je froisse ce papier vélin, tacheté de servitude, de noirceur, d'ignominie…
Elle crisse et je souffre. Elle crisse et j'ai mal.. Est ce possible que la lettre de celui qui vous adonné la vie, vous troue la poitrine ? Vous tue ?
Elle crisse et j'ai envie de pleurer, de hurler, de frapper, et je reste là, sur mon lit, étendu, comme à demi-mort, inerte mais encore trop lâche pour l'être complètement ou ne plus l'être du tout. Est ce possible de ne plus savoir ce qu'il faut ou non faire ?
Je suis partagé et ce n'est pas à cause de ce que veut Père. C'est à cause d'une ligne de conduite que mon cœur, et ces petites voix pressantes dans mon crâne me supplient d'adopter.
Je porte la feuille à hauteur de mes yeux. Mais je ne lis pas. Je connais tout déjà. Chaque mot, chaque lettre s'est gravé dés la première et dernière lecture.
Le pli commence par « Mon fils ».
Je suis le seul, l'unique, Draco Malefoy. Tellement seul, tellement unique, que mon Père n'use plus de ce prénom. Je ne suis qu'un fils, une graine qui a germé et qui devrait suivre une voie…Particulière, dirons –nous. Une voie que les caractères suivants, en pattes de mouches, trop finement barrées de verticales violines annoncent : « Te voilà à l'âge… »
Oui. Parfaitement. L'âge. Il sait mon âge. Il ne le fête pas. Mais il le connaît.. et cet âge là.. L'âge de plier un genou plus bas que son orgueil, non pire, plus bas que son humanité, l'âge de baiser du bout de lèvres froides comme la honte un ourlet de robe, un ruban de l'enfer.. Cet âge là, je l'ai atteint.
L'âge d'endosser une carrière de Mangemort.. un néant de vie.. je l'ai ! je l'ai ! et je ne veux pas ! je refuse !
La feuille, roulée en une boulette informe est éjectée violemment loin de ma vue alors que je serre les dents en criant :
.- « Jamais ! »
Pourtant, la lettre ne finit pas là…Pensais-je , en me tirant les cheveux.. la lettre finit sur une note qui m'est chère.. Je n'avais pas pensé que Père aurait l'idée d'aller jusque là.. là, c'est cette femme aux yeux mimosa, aux bras chauds, au cœur tendre.. celle qui me nourrie de son amour et de son rire et qui nous envoie, à Nirvelli et moi des lettres qui fleurent bon un optimisme forcé mais rassurant… Je crains bien que si je refuse quoique ce soit à Père.. Il n'y aura plus ces lettres maternelles.
Le matelas grince et je mord une lèvre jusqu'au sang.
Et puis, il y a un bruit sec qui brise le silence de la chambre et les échos perturbés de mon cœur.
C'est un picotement sans appel contre la vitre de la fenêtre Ouest du dortoir. Un picotement insistant.
Je m'assied. Je vois Crabe attraper un oreiller pour se le plaquer sur ses oreilles, Goyle émet un ronflement digne de sa masse corporelle, Nott ne bronche pas tandis que Zabini sursaute, gazouille, et oublie.
Moi, je repousse l'épaisseur de couverture et mets pied à terre.
Le carrelage est froid. J'ai un nœud au ventre.
Je fais de deux pas. Je tangue. Droite gauche. Vie ? mort ? quelle différence ? il y a de toute façon, les remords éternels de chaque coté de ce carrefour..
Je tend le bras. Je tremble. J'écarte les rideaux verts qui masque la Lune des souffles embués des dormeurs de cette pièce et je le vois. Grelottant de froid. Le plumage terne. Melchior. J'ouvre la croisée sèchement. Le froid me revigore. J'ai un mauvais pressentiment.
Le mainate magique s'engouffre dans la pièce chaude, il picore mon lobe d'oreille. Il ne parle pas. Bizarre.
.- « Il c'est passé quelque chose au manoir, Melchior ? » demandais-je en le caressant.
Une larme gelée tombe de son œil . Mon estomac se tord. Il n'ouvre pas le bec.
Des heures durant, je le cajole, je le réchauffe, je lui parle, me disant que la fatigue, peut être, lui fait perdre ses moyens vocaux, ou le froid..Mais ? rien.
Il ne dit rien.
Et mes tripes toujours, de plus en plus.. Se tordent…
Pour Mère… Mère et mon choix . Mère qui lutte pour ma vie. Mère qui a sans doute envoyé Melchior ici pour une raison précise. Mère qui se sent prêt à lutter jusqu'à l'amenuisement total de ses forces pour que mon existence ne soit pas jonchée de regrets .
Je prends plume et papier. J'y inscrit deux mots. Une vie.. Celle que Père serait prêt à prendre en otage si je refuse.
.- «Et mère ? »
c'est l'hibou de Goyle qui se charge de voler jusqu'aux cimes des arbres de la Forêt interdite, et bien plus loin encore, vers Père.
Je ne sais pas s'il me répondra. En fait.. Non.. je sais. Il ne me répondra pas. Du moins, pas par lettre…Il y aura juste un signe. Bon ou mauvais. Un signe et toujours le doute, la honte le remords.. Et ce choix à faire. La vie de ma Mère contre mon suicide moral, ou le désespoir de Mère face à mon acceptation pour qu'elle vive malheureuse et chagrinée..
Alors, Melchior perché sur mon épaule, les griffes plantés dans le tissu de mon peignoir, sa tête lovée dans mon cou, je reste à la fenêtre.. et j'y vois autre chose. Une jeune femme qui marche dans le parc, nimbée de la clarté d'un lumos. Elle a une capuche avec un pompon à son extrémité. C'est un truc qui peut paraître très laid sur toute autre personne que Nirvelli.. Car c'est elle. Nirvelli, seule dans le parc, dans le froid, dans le noir.. Qui marche, décidée, qui part qui me laisse.
Je ne suis pas étonné, je l'avais senti venir.
Par contre, je n'ai pas senti venir la colère de Potter. Je m'apprête à sortir de la Grande Salle, quand je le vois foncer vers moi, les pommettes écarlates. Il me chope par le sol de ma robe pour me plaquer bestialement contre un mur. Les dents serrées, les yeux brillant de vert, il crie à voix basse:.
.- « Où est elle?
.- Partie. » lui dis- je en écartant ses poignets.
Je tire sur ma robe pour ôter le pli disgracieux que ce Balafré y a imprimé, tout en le regardant, calmement. Je ne peux rien pour lui. Moi j'ai accepté que Nirvelli fasse ce que bon lui semble. J'ai confiance en elle. Et si ce crétin ne se rend pas compte qu'elle aussi lutte chaque jour, je ne peux rien pour lui !
.- « Où ?
.- Je n'en sais rien. Là elle apprendra comment t'aider, je suppose.. Et moi aussi, peut être. »
Il desserre les dents, Potter. Il décrispe les poings, soutient mon regard, s'étonne apparemment de la présence de cernes sur mon visage et d'une volatile effarée dans ma poche droite.
.-« M'aider à quoi ? fait il.
.- à vivre.
.- t'aider à quoi , Malfoy ?
.- A vivre sans crainte. »
Un silence s'installe là.
Potter cogite. Je suis étrangement gêné de ma sincéritéEt les hibouxs'engouffrent dans la pièce, apportant les journaux du matin . Je reçois le mien, donne une pièce à la chouette hulotte, et la photo.. La photo de la Une, me tue, là, sur place.
La photographie de la Une.. Elle finit de me tuer.
Une simple photo. D'un manoir. En flamme. En noir et blanc. Mais, je sais que les flammes qui lèchent le lierre de la façade et les pelouses et les arbres est d'un orange carnassier.
Potter y jette un coup d'œil, et s'exclame.
Alors Melchior parle. Haut. Fort. Avec la voix douce de ma Mère. Une voix que la colère rend frémissante. Mais malgré tout, je peux presque sentir la chaleur mimosa de son regard. Melchior parle donc. Il m'apprend la vie, la mort, et comme l'équilibre entre ces deux gouffres est fragile.
.- « JAMAIS ! Lucius !Jamais ! Tu ne feras pas de mon fils un meurtrier ! Je le défends ! mon fils ! Draco ! C'est ton fils aussi, Lucius : Est ce que tu as oublié, comme tu étais fier à sa naissance ! Est ce que tu te souviens que tu riais quand il a marché vers toi pour la première fois ! C'est ton fils ! Draco ! Draco ! c'est toi qui a chois ce prénom ! Ne l'aimes tu donc plus ? Ne l'as tu donc jamais aimé ?Tiens tu tellement à lui survivre ? A survivre à ton enfant ? Je t'en empêcherais ! Et tu n'approcheras pas Plus Nirvelli ! je t'empêcherais de leur nuire, mangemort ! Tu m'entends ? Dussais-je en mourir ! »
Je sens une pression sur mon épaule. C'est Potter .Je me dégage fébrile. J'essuie mon visage. Il est mouillé.
J'inspire pour que cet étrange et douloureux sentiment qui lacère tout en moi se dissipe mais je ne sens que la bile monter, et ravager tout. Je la sens le long de mon œsophage.
Je lis le gros titre :
« Manoir Malfoy ? tout feu, tout flamme ! Et sa propriétaire ? »
.- « Ignoble ! » Crache Potter.
Je quitte la salle. Je sens tout les regards sur ma personne quand je franchis les portes. "orphelin" ? me demandais-je.
Car Père, a cette minute même, je le renie.
Mon choix est fait
oo0 RETOUR à NIRVELLI 0oo
Il pleut. J'ai froid. Mes cheveux gouttent, aplatis par leur lourdeur humide sur mon visage rougi du froid matinal et ma cape me colle au corps comme une seconde peau irritante. Je sens le rhume poindre. La terre battue sous mes pieds s'est transformée en une vase peu ragoûtante qui rend ma marche glissante .
Je croise un homme ivre et lui demande mon chemin . Il ricane grassement et me reluque mais voyant mon air farouche et ma baguette sortie, il rote et me montre d'un doigt une ruelle plus pitoyable que les autres. Je le remercie et avance. Je croise un rat. Il y a des cadavres de corbeaux de part et d'autres des trop étroites chaussées. Me voilà dans le quartier à risque du célèbre village sorcier Anglais.
Je trouve sans grande mal l'habitation qui m'intéresse. Un corps éventré de rat est cloué au linteau de la porte et ça sent le sang, ça sent la mort. Des asticots jaunâtres et blancs s'en repaissent en se tortillant dans une danse funèbre.
Je lève le bras et me prépare à frapper à un coin qui a le mérite, à défaut d'être propre, d'être non encombrée d'indications cabalistiques . Mais pas le temps. Le panneau coulisse et elle m'apparaît. Laide.
.- Je t'attendais, ma jolie. Me dit elle.
Elle pue toujours. Ses chicots délimitent un sourire broyeur.
Et elle m'invite à entrer. A entrer dans le noir : un semblant de cachot à l'odeur nauséabonde. Je rentre. Cligner des yeux ne change rien à mon désarroi, je n'y vois rien dans cette obscurité.
Elle se déplace aisément, par contre, je l'entends descendre une volée de marche apparemment branlantes en vieux bois, sans doute rongé de termites, et je décide de suivre son odeur. C'est ma meilleure garantie.
Aux marches succèdent une pièce réduite, la seule lumière provient d'un feu étouffant. Il y a bien une fenêtre, un simple vasistas donnant sur un pan de mur….
Un plat cuit , le chaudron noir est léché de flammes. Des relents de graisse me montent au nez.
Sur une table crasseuse, je vois un jeu de tarot.
.- Pose toi, ma petite ! Pose ton sac et assias toi ! Me dit elle en prenant elle même place sur un rocking chair.
Je lâche mon sac et il s'écrase au sol. Je me pose sur le bord d'un tabouret en chêne, et passe une manche trempée sur mon front pour dégager mes yeux de mèches gênantes.
Elle me sourit. Elle est satisfaite la vieille. Ses lèvres fripées en semblent encore plus parcheminées que dans mes souvenirs.
Elle range ses cartes et je lui dit enfin :
.- J'ai besoin de vous , Grand-mère.
.- Par la Sangsue de Merlin !
Elle pose sa main aux ongles sales et acérés sur un livre à la couverture de cuir orange.
.- Ton Jules va pas bien , hein, ma mignonne ? Accouche tout, pas d'épingles à chignons entre nous. !
.- Est ce que vous pouvez m'aider, Granny ?
.- Tu veux savoir quoi ? Demande t'elle.
.- Je veux avoir votre connaissance du mal. Répondais-je.
Elle éclate d'un rire qui chuinte. Un rire de vie. D'une vie de ténèbres.
.- Bienvenue dans l'antre de Granny The Ogress, ma belle !
Je lui sourit soulagée.
.- Merci !
Mais Granny The Ogress me lorgne.
.- Les cartes m'ont dit que tu aurais besoin de moi. Mais elles m'ont pas dit pourquoi. Alors Pourquoi ?
Je baisse la tête. Puis la relève. Ses yeux charbonneux ne défaillent pas.
.- Mon petit Ami et Drago. ..Je n'arriverais jamais seule à les soutenir. C'est impossible.
.- Rien n'est impossible quand on le veut très fort. S'exclame t'elle avant de me demander : Qui a dit ça ?
.- Vous ? Supposais-je, en haussant les épaules.
.- Non ! Dit elle, catégorique. Lui.
Elle a saisi ce livre orange et me le passe sous le nez.
.- Peter Pan ! Rit elle. (a)
Et elle le repose sèchement. Je papillonne des yeux.
.- t'as faim, mignonne ? Tu veux d'mon ragout ?
o0o
Un petite fille à la bouche trouée me tend une main crasseuse.
.- Ze vais te montrer ! Z'est facile , tu verras !
Je saisis sa menotte. Elle est chaude. La petite fille de Granny The Ogress me traîne à travers les allées, les ruelles de Prè Au lard, dans des quartiers où nous autres, collégiens de Poudlard ne sommes pas autorisés à nous rendre.
Nous croisons des sorcières avec des verrues sur le nez, marmonnent des sorts archaïques dans des langues anciennes, des sorciers à la mine patibulaire, à l'air revêche, transportant des serpents dans des cagots. Des visages mous, des mentons forts, des nez proéminents et des dos voûtés.
On me suit du regard mais ma petite compagne ne se rend pas compte de ma détresse. Elle avance, elle me tire, elle babille. Elle m'aime bien.
.- .. Grand'Ma m'a dit qu'un mézant te voulait du mal. Dit elle soudain avec gravité.
Elle ne doit pas avoir plus de six ans. Sa mère, une protégée de Granny est morte en couche.
.- Pourquoi ? demande t'elle.
.- Les méchants peuvent prendre du plaisir à ennuyer les gentils, petite Chérie. Répondais-je.
.- Pourquoi ?
Elle cligne des yeux . Elle a les yeux bleu comme une aurore.
Elle vit dans les bas fonds, mais elle y vit bien. Sa Grand'Ma la protège.
.- Pour épater les autres méchants, Petite Chérie. Ils font des grands banquets et mangent et boivent—
.- du vin de Groseille ?
.-Oui.
Elle rit. Elle a un rire cristallin. Moi aussi je l'aime bien.
.- Humm.. Z'est bon. Grand'Ma m'a fait tremper mes lèvres un zour ! Et alors, ils font quoi z'au banquet ?
.- Ils racontent les torts dont ils sont les auteurs. Ils disent , « un homme est mort en essayant de sauver sa famille, ça va ! » , « il y a toujours des feus sur la Terre, ça va, ça va ! », « la vieille est malade, elle perd les yeux, ça va ! », et puis un autre cherche à trouver mieux alors, il dit « La guerre est en route, alors - -
.- alors za va ! Me coupe t'elle, révoltée. Ze ne veut pas que les Mézants disent de toi que za va ! Alors viens ! Ze vais te montrer !
Et elle me montre. Elle me montre tant et si bien. .. Que je ne vois rien. Pourtant elle s'acharne, et les poches des passants s'allègent. Ma petite Chérie les vident. Elle vole. En toute discrétion. Je la vois rapporter les bourses de tout ces hommes et femmes. Mais je ne la vois pas les prendre. Et c'est exactement ce qu'elle veut me montrer. Je passe une journée à la voir me montrer sans ne rien voir.
Je trouve toujours le moyen de m'extasier sur une colombe qui pépie, une flaque où se forment des petites bulles, ou la couleur appétissante d'une miche de pain qu'un gosse des rues a chipé à la boulangère de la rue voisine.
Et le soir en rentrant, quand je dis que je n'ai rien appris, Granny ne pipe mot. Elle me sert à manger. Du ragoût.
Une semaine durant je suis ma Petite Chérie, partout dans chaque recoin. Et je ne vois rien, je ne comprends pas la leçon que Granny cherche à m'offrir. Et chaque soir, en rentrant, tard, épuisée, je lui dis « Non. Rien » et la gosse vide ses poches sur la table, devant l'œil fier de Granny The Ogress.
Et un soir, je m'en plains. Je perds mon temps et je le lui dis. Et elle se moque de moi, Granny. Elle appelle la petite qui est partie prendre son bain de la semaine.
La Petite chérie, c'est ainsi que je l'appelle, accoure, toute rose, comme une crevette avec ses cheveux qui frisent sur ses tempes.
.- oui, Grand'Ma ? Demande t'elle en lui collant un bécot sur la joue.
.- Montre encore à Linnet .
Linnet, c'est moi. Granny et moi avons jugé bon de trouver une autre identité durant mon séjour. On m'a aussi teint les cheveux en roux et parsemé le visage de fausseS taches de rousseur. On m'a également inventé une démarche claudiquante. On m'a transformé en fille des Ghettos sorciers. Granny et la Petite Chérie disent que ça me va bien. Ça ne plairait pas à Harry et Harry me manque.
Je rejoindrais Harry si je n'apprends rien ici. Si je n'apprends rien d'autre que la recette du ragoût, des sorts de protection avec les sacrifices animaux et des potions qui créent des fumées ankylosantes…
.- Ze lui montre encore ? Demande perplexe la gamine.
.- Montre encore, Flo. Ses yeux n'ont pas encore saisi tout.
La petite Chérie s'appelle Florine. Flo… Ce prénom lui va comme un gant.
Elle est comme une marée, toujours débordante d'énergie, toujours exultante, toujours belle à voir malgré qu'elle soit habillée de vielles nippes et que son bout du nez soit maculé de noir régulièrement. Mais, elle n'a jamais vu la mer, la petite Chérie. Elle s'en moque.
Flo, elle, est habituée à ne pas se montrer aux autres. Mais sa Grand'Ma veut qu'elle se dévoile à moi, entièrement.
.- Regarde bien !M'ordonne Granny.
Et je m'installe sèchement sur une chaise et je fixe l'enfant.
Elle me sourit.
Elle discute avec Granny et je me demande ce qu'il y a voir !
Puis soudain, je réalise que sur le mur de briques marrons, derrière elle, il a un prisme de lumière. C'est beau. C'est rare ici. Je regarde ce prisme, un peu émerveillée, je ne regarde plus la petite Chérie. Une ombre passe sur le prisme et je relève les yeux sur une grosse araignée velue qui tisse sa toile.
Je suis soudains arrachée à ma contemplation. On vient de me frapper le dessus du crâne. Gentiment.
C'est ma Petite Chérie.
Elle s'assoit sur mes genoux et elle rit.
Elle rit fort de son joli rire qui dévoile une fossette en forme de virgule . Une virgule comme celle de Harry, Harry qui me manque tant. Harry qui doit tant m'en vouloir.
Mais, je n'ai pas vu bouger la gosse. Je n'ai pas entendu ses pas. Je n'ai pas senti de déplacement d'air !
Elle était devant moi, elle était face au mur, face au prisme, face à cette araignée, et je n'ai rien vu.
.- je n'ai rien vu ! M'écriais-je .
La petite rit et passe deux bras à mon cou.
.- Ah ! Très bien ! Tu réalises enfin que tu ne vois rien ! Grogne Granny. On progresse ! Depuis quand tu ne vois rien, Mignonne ?
.- Depuis le début. Grincais-je.
.- Tant mieux ! Il n'y a rien à voir ! Dit elle sereinement.
.- QUOI ? Vous vous bichez de moi ! Explosais-je.
La petite chérie ne rit plus. Elle est toujours sur mes genoux et je l'étreins fortement. Je dois lui faire mal, je crois. Mais je ne peux décrisper mes doigts. Je suis tendue, je suis furieuse !
Granny me lance un regard déçu.
.- Mignonnette, tu ne vois rien, parce que Flo l'veut !
La petite caresse mes mains pour les détendre. Je regarde Granny et Flo.
Je crois que je saisis.
Je me tourne vers la frimousse de la fillette.
.- Refais voir, Petite Chérie, s'il te plaît.
La petite saute à terre, leste comme un chat. Et je remarque qu'il y a un trou dans l'ourlet de ma manche. Quand j'ai finit de pester sur le fait qu'il faut que je recouse le tissu, la petite est attablée devant une pâtisserie au miel. Elle en a partout sur son visage propre.
.- Je n'ai rien vu ! Jubilais-je. Je n'ai rien perçu.
La gosse bat des mains et Granny me tape le dos. Contente.
J'ai tout compris
La petite a un don. Elle ne se fera jamais prendre. Car quel que geste qu'elle accomplisse, lorsqu'elle le veut, Elle peut le déguiser, elle peut le cacher.
Elle fait en sorte que sa petite personne ne préoccupe personne.
Pas besoin d'être invisible pour qu'on ne nous remarque pas. Et la petite sait faire ça.
.- Tu es Quoi, Petite chérie ? lui demandais-je en m'agenouillant à coté d'elle.
Elle a la bouche poisseuse, et les joues rouges. Ses yeux pétillent. Elle m tend la moitiè de son dessert.
.- Ze zuis imperzeptible. Ze t'apprends, Linnet ? (b)
Passage tiré de Michale Collins, film avec Liam Neelson et … Alan Rickman !
Cet idée d'imperceptibilité me vient des Yeux du Dragon de Stephen King.
La prochaine fois, on retrouve Harry , puis Nirvelli … Et peut être leurs retrouvailles.
