Encore dédicassé à Wilya ;-)
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Durant les deux bonnes semaines qui suivirent, Scott se montra particulièrement patient pour la faire sortir de sa chambre et commencer par l'emmener dans d'autres lieux de l'Institut. Ensuite, tout en étant prévenue, quelques élèves venaient sans faire attention à elle pour ne pas la stresser. Ces expériences, tournèrent souvent court, allant parfois jusqu'à lui faire perdre conscience, mais elle finit par s'y faire, Scott était là et la rassurait. Il l'accompagna ensuite dans des pièces déjà occupées ; et pour finir, il corsa les choses en la convainquant de venir le rejoindre dans différents lieux de l'Institut tout en lui laissant faire le trajet seule. Se fut difficile, pour elle comme pour lui qui sentait sa peur à travers leur lien, mais il le fallait.
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Une semaine plus tard, fin Avril, Jean était capable d'évoluer dans l'Institut seule et cela même en l'absence de Scott. Néanmoins elle restait le plus souvent dans sa chambre où elle avait tendance à passer des heures à se laver de manière compulsive, mais personne ne pouvait le lui reprocher ; cela dit, contrairement à la Jean d'avant, elle ne prenait plus guère d'importance à son apparence. Elle demeurait muette et extrêmement craintive vis à vis des autres, mais acceptait qu'ils se trouvent dans la même pièce qu'elle à partir du moment où ils ne l'approchaient pas et qu'il n'y avait aucune odeur de tabac ou d'alcool. Logan, étant le seul à fumer ou à boire, entamait son quatrième mois d'abstinence sans problèmes, les cigares ou l'alcool n'ayant toujours été pour lui qu'un plaisir, sa mutation le protégeant de toute dépendance ; Jean avait donc réussi sans le savoir là où le Professeur Xavier avait échoué.
Amara et Tabitha se trouvaient dans le salon ; aujourd'hui, elles avaient fini les cours plus tôt et s'étaient installées devant la télé. Le reportage sur un volcan venant d'entrer en éruption que Magma voulait regarder sur LCI ne devant passer que dans 30 minutes, elles avaient laissé le poste en sourdine en attendant. Elles ne prêtaient pas attention à ce qui passait à l'écran, préférant discuter, et firent un bond d'un mètre quand Jean, se trouvant dans la même pièce qu'elles, laissa tomber le cadre photo qu'elle tenait dans ses mains tremblantes.
Lui…non…ce n'était pas possible… c'était l'un d'entre eux …elle ne le supporterait pas…elle ne le supporterait pas…
- « Jean ? » s'enquirent les deux jeunes filles qui s'étaient tournées vers elle et la voyaient comme figée, blanche comme un linge.
- « …non….non…non…non… » articula la jeune mutante, surprenant par là-même Magma et Boom-Boom qui l'entendaient parler pour la première fois depuis son retour ; mais d'une voix brisée et apeurée, tout le contraire de celle qu'elles lui connaissaient.
La télépathe semblait terrifiée ; elle s'était mise à reculer en tremblant, le regard rivé sur l'écran de télé où un homme d'une quarantaine d'années, barbu, le crâne chauve, résistait aux policiers l'embarquant et semblait s'adresser à la journaliste et au caméraman le filmant. Tabitha ne chercha pas plus loin et éteignit le poste, déjà, Ororo et Logan venaient d'apparaître.
- « Jean ? Calme-toi, ça va aller »
Mais elle ne se calmait pas, bien au contraire. Elle sembla soudainement remarquer leur présence et ce ne fut pas pour l'apaiser. Elle arborait un regard terrifié, ils ne savaient pas qu'elle était comme retournée dans cette cellule froide et humide et que chacun d'entre eux avait pris l'apparence d'un de ses bourreaux, qu'elle venait de sombrer dans un véritable cauchemar éveillé. Ses barrages mentaux se brisèrent et ses pensées furent projetées dans leurs esprits.
/…non…non…pas ça…non…laissez-moi… /
Arrivée dos à un mur et ne pouvant plus reculer, elle se laissa glisser sur le sol ; le visage ravagé par les larmes, le corps secoué de tremblements nerveux, elle se recroquevilla sur elle-même. Des objets se mirent à trembler dans la pièce.
Ne pouvant la laisser là sans rien faire, Ororo s'approcha d'elle en lui parlant doucement et tenta de poser une de ses mains sur ses cheveux ; mais Jean se débattit violemment et Ororo fut repoussée par une force invisible, Logan la rattrapa alors que les pensées de Jean continuaient à être projetées :
/ Non… !…non…je vous en prie… …laissez-moi mourir…mais ne me touchez plus…non…/ balbutiait-elle dans son affolement, se mettant à se balancer comme le ferait un enfant tentant de se rassurer. /…pitié … ne m'approchez pas… je n'en peux plus …je vous en prie…/
Devant tant de détresse, les paroles de la mutante en plus, les X-Men présents n'en menaient pas large.
- « Cyke doit-être entrain de rentrer de l'école avec Malicia, Kitty et Kurt, on n'a pas le choix, il faut attendre qu'il soit là. Elle ne nous laissera pas l'approcher et si on essaye malgré tout on ne va faire que l'affoler un peu plus, de plus les barrages mentaux de Charles semblent avoir cédés elle pourrait grièvement blesser quelqu'un »
Quelques objets furent projetés dans la pièce, confirmant les propos de Logan. Tornade acquiesça, une larme s'était frayée un chemin sur une de ses joues ; elle gardait son regard sur Jean, se sentant impuissante.
/…non…ne me touchez plus…je vous en prie…je vous en prie…/
- « Il arrive ! » fit Amara en voyant par une des fenêtres le coupé rouge s'engager dans le parc de l'Institut à vive allure.
- « Vas le chercher, dépêches-toi ! » lui demanda Ororo d'une voix bouleversée.
Amara n'avait pas attendu qu'on le lui demande et courait déjà vers le hall d'entrée, où elle n'eut plus qu'à attendre que la voiture s'arrête :
- « Scott ! »
- « Qu'est-ce qui se passe ? » s'enquit-il, il savait que Jean n'allait pas bien, il le sentait depuis qu'ils étaient entrés dans l'enceinte de l'Institut.
- « C'est Jean, elle est complètement terrorisée ! »
- « Où est-elle ? »
- « Dans le salon ! »
- « Kurt, tu peux me téléporter dans la cuisine ? » demanda Cyclope ne voulant pas apparaître soudainement dans la pièce où se trouvait son amie.
- « Tout de suite ! »
En une fraction de seconde, il était dans l'Institut et se rendait dans la salon, où il vit Jean, tremblante, recroquevillée dans un coin, projetant inconsciemment des images par leur lien, laissant comprendre à Scott l'ampleur de sa terreur.
- « Jean »
Au son de sa voix, la mutante se redressa légèrement et, dès qu'il fut près d'elle, se jeta dans ses bras, en larmes.
/Scott…sors-moi de là…les laisse pas m'approcher…les laisse pas…/
L'adolescent la serra fort contre lui, un bras autour de sa taille, l'autre derrière sa tête, lui caressant les cheveux.
- « Jamais Jean, tu n'as rien à craindre, tu es en sécurité, tu n'es pas de retour là-bas, ils ne sont pas là » lui dit-il doucement, déposant des baisers sur son front et dans ses cheveux. « Je suis là, je suis là, tout va bien maintenant, n'ais pas peur Jean, n'ais pas peur… »
Au bout de quelques instants, il se leva, la prit dans ses bras et la porta jusqu'au canapé où il s'assit, Jean sur ses genoux, le visage toujours enfoui dans son cou, sanglotante. Par leur lien il ressentait toute la détresse qui l'enfermait dans ses filets et cela lui faisait mal, il aimerait tellement pouvoir la libérer, faire en sorte que rien ne se soit passé, mais c'était impossible. Il la berça doucement, lui parlant toujours avec la même tendresse et la même patience dans la voix :
- « Je suis là maintenant Jean, ça va aller, calmes-toi, tu ne risques rien ici, tu n'y as que des gens qui tiennent à toi et qui ne te feraient jamais de mal »
Cinq minutes suffirent à Scott pour aider Jean à se détendre et la faire sortir de son cauchemar éveillé, cinq autres pour qu'elle finisse par s'endormir d'épuisement nerveux dans ses bras, le corps secoué de légers sursauts par moment, vestiges de sa terreur.
- « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? qu'est-ce qui l'a mise dans cet état ? » demanda-t-il à voix basse au petit groupe qui était resté dans la pièce.
- « Je crois que c'est à cause du journal télé » fit Tabitha tandis que, derrière elle, Magma rallumait le poste en coupant le son. « Amara et moi on discutait et tout à coup Jean a fait tomber ce qu'elle tenait dans ses mains, elle avait les yeux rivés sur l'écran et elle…elle a brièvement parlé »
- « Oui, il lui arrive de parler quand elle fait des cauchemars » confirma Scott, expérimentant parfois ça, lorsqu'il devait aller la réveiller.
- « Elle a juste prononcé 'non' à plusieurs reprises, le reste elle nous l'a projeté, inconsciemment je pense. Voilà ce qu'elle a vu, ils rediffusent les nouvelles » fit remarquer Amara.
- « Met les sous-titres » demanda Logan alors que Kitty, Kurt et Malicia les rejoignaient.
Le même type que tout à l'heure passa à la télé, les commentaires de la journaliste apparurent en bas de l'écran :
- 'Cet homme est soupçonné de viol avec violence de plusieurs femmes ; mais comme vous pouvez le voir, celui-ci est loin de nier les faits et les revendique même, c'est plutôt effrayant'
La caméra montra la scène où les policiers tentaient d'embarquer le type :
- 'Ouais, je me les suis faites, je les ais baisées, et alors ? ce ne sont que des chiennes, des mutantes, c'est tout ce qu'elles méritaient ! Croyez-moi, nous, les amis de l'humanité, nous allons vous débarrasser de cette racaille, n'oubliez pas ce nom ! les amis de l'humanité !'
Les policiers semblèrent perdre patience :
- 'La ferme et rentre là-dedans !'
La journaliste reprit la parole :
- 'Sommes-nous à l'aube de la levée d'un nouveau genre de Gestapo ? ces amis de l'humanité existent-ils vraiment ? Et si les mutants sont le fruit d'une dégénérescence du code génétique humain, méritent-ils, malgré tout, de tels traitements ? Cet homme a également violé une humaine, sera-t-il jugé plus sévèrement pour ce crime que pour les autres viols commis sur des mutantes ? C'est ce…'
- « Eteint ça » demanda Ororo, écœurée.
Amara appuya sur la télécommande et fit d'une voix peu assurée :
- « Maintenant, on sait pourquoi elle a eu si peur… »
- « Ouais, » souffla Scott d'une voix amère alors que Jean se lovait un peu plus contre lui dans son sommeil « malheureusement, ce devait être loin d'être le seul… »
Les autres acquiescèrent tristement.
- « Combien de ces monstres sont encore en liberté ? » s'enquit Malicia d'une voix écoeurée.
- « En fouillant sa mémoire comme c'était prévu −ce qui n'a pas été une partie de plaisir−, le Professeur a identifiée pas mal des membres qui n'étaient pas présents le jour où nous avons ramenée Jeannie. Il a fait des recherches et confiés les dossiers à ses contacts, mais c'est tout ce qu'il pouvait faire, il refuse que nous nous salissions plus les mains. » répondit Logan.
- « Alors c'est grâce à ça que ce salaud a été arrêté ? » demanda Tabitha.
- « Boom Boom, essaye de ne pas employer un tel langage s'il te plait » fit Tornade même si elle était d'accord avec elle.
- « Ouais c'est possible, ou alors c'est une grande coïncidence » répondit Logan.
Un silence tomba dans la pièce, tous regardant tristement Jean. .
- « Je ne sais pas pour les autres, mais tout à l'heure je l'ai entendu te dire de la sortir de là et ça n'a pas eu l'air de te surprendre, tu as même semblé trouver les mots justes… » fit Ororo en s'adressant à Scott.
- « En entrant dans la pièce, elle m'a projeté quelques images à travers notre lien, mais elle ne l'a pas utilisé pour communiquer ; j'ai compris qu'elle vivait un véritable cauchemar éveillé » expliqua Scott « La vision de cette ordure l'avait tellement terrorisée qu'elle avait le sentiment d'être retournée dans la cellule où elle a été enfermée durant ces 6 semaines ; c'est pour ça que vous ne risquiez pas de l'approcher, encore moins que d'habitude, elle ne vous voyait plus tels que vous êtes »
- « Et toi elle t'a tout de suite reconnu » fit Logan « C'est bien qu'elle se sente à nouveau en sécurité avec toi, je ne sais pas comment nous ferions sinon »
Scott acquiesça silencieusement, continuant à caresser les cheveux de Jean sans même s'en rendre compte.
- « Elle…elle te parle beaucoup à travers votre lien ? » s'enquit Kitty.
Cyclope hocha la tête.
- « Non, très peu, juste le strict nécessaire, rien de plus »
Personne d'autre ne lui posa de question.
à suivre...
