- « Non ! »

Déterminé à ne pas rester sans rien faire, Scott prit les choses en mains, allant lui-même chercher les palettes.

- « Scott, ça ne sert à rien de s'acharner » fit Ororo, pleurant elle aussi.

Mais il n'écouta pas, et recommença les électrochocs au même rythme que Hank, ses yeux brouillés par les larmes.

- « Scott ! »

Choc

- « Jean je t'en supplie !» fit-il.

- « Laissez-le, il a besoin de le faire » déclara Hank en retenant les adultes, sans que l'adolescent n'y porte attention.

- « Aller Jean, reviens ! »

Choc

- « Reviens je t'en supplie, tu ne peux pas mourir Jean ! Je t'aime, j'ai besoin de toi, reviens Jean ! »

Après plusieurs électrochocs et alors que même Scott commençait à se rendre à l'inacceptable évidence, l'alarme stridente de l'électrocardiogramme se tue, et la ligne plate fit place à une faible fréquence plus ou moins stable.

- « Comment est-ce possible ? » fit Logan en se remettant à la ballonner sans réfléchir plus longtemps.

- « L'eau…le lac était gelé, 1°c tout au plus, ça a ralentit son organisme… » réalisa Hank. « Comment ai-je pu être aussi bête ? on ne peut pas déclarer la mort tant que le corps n'a pas été réchauffé… » se blâma-t-il.

Ororo avait déjà placée une couverture chauffante sur l'adolescente.

- « Non il nous faut le tunnel chauffant (avec un ventilo qui souffle de l'air au bout), il faut la réchauffer doucement, elle souffre d'une très grave hypothermie sa température corporelle frôle les 29°c; pas plus de 2 degrés par heure sinon ça pourrait entraîner de graves séquelles…si elles ne sont pas déjà-là » fit Hank « Scott, va le chercher, dans la réserve, en haut du placard au fond à droite » indiqua-t-il à l'adolescent, mais il ne dû se répéter pour le faire réagir.

Il se pencha alors sur les fonctions vitales de Jean, fronçant les sourcils.

- « Elle a de nouveau une tension, mais son rythme cardiaque est en fibrillation…le sérum est prêt Ororo ? »

- « Oui c'est bon »

- « Met-là sous perfusion avec un débit faible, il nous faut d'abord réchauffer son organisme avant la surface de sa peau. »

Il reprit les palettes.

- « Qu'est-ce que tu fais ? Son cœur bat » fit Logan perplexe.

- « Mais il va s'arrêter de nouveau si on ne fait rien, continue de ballonner entre chaque choc »

Lorsque Scott revint, Hank venait de ranger les palettes et passait sa main sur son front pour balayer la sueur. Scott s'affola de nouveau, mais il s'aperçu qu'il n'entendait pas de ligne plate et vit une fréquence sur l'appareil surveillant le cœur de Jean.

- « C'est ça ? » fit-il en montrant ce qu'il avait ramené au Fauve.

- « Oui. Ororo ? »

- « Je m'en occupe » fit-elle en attrapant le matériel.

- « Met le ventilateur au minimum pour le moment »

La sorcière du temps acquiesça, puis une fois fait, elle alla placer une couverture sur les épaules de Scott qui commençait à claquer des dents. Il sentait désormais ses réflexes diminuer, tremblait de façon incontrôlée et avait mal aux bras et aux jambes. Pendant ce temps, le Fauve attrapa de nouveau une sonde pour s'assurer plus minutieusement que Jean n'avait plus d'eau dans les poumons et injecta de la dopamine dans sa perfusion pour doper sa tension.

- « Arrête de la ballonner » demanda-t-il à Logan avant de donner une explication « il faut voir si elle respire seule. »

Wolverine se recula. Et ils observèrent.

- « Allez Jean, respire… » priaient-ils, mais elle n'en fit rien.

- « On ne peut pas attendre plus longtemps, elle est trop faible» déclara Hank.

Il l'intuba pour la brancher à un respirateur artificiel avant que son rythme respiratoire ne chute trop.

- « Et pour les barbituriques ? » s'enquit Ororo.

- « Je ne suis pas sûr qu'elle les ait pris, elle n'en a pas les symptômes et les deux combinés nous n'aurions pas pu la réanimer, mais je vais m'en assurer » fit Hank « Je vais également lui faire passer un scanner, elle a manqué d'oxygène pendant un long moment, et même si les cellules fonctionnent au ralenti à basse température et en souffrent peu, je préfère lui faire passer des examens » fit-il avec gravité.

- « Je viens avec toi » fit Scott.

- « Non, tu es en choc hypothermique alors tu vas te changer avant d'attraper la mort, tu ne peux rien faire de plus. Dès que j'aurais fini tu pourras la voir de nouveau ».

- « Mais… »

Logan prit la parole :

- « Scott si tu gardes ces vêtements c'est toi qui va avoir besoin de soins, et Hank n'a que deux mains même si Tornade peut l'assister » argumenta-t-il, sachant qu'entre lui et Jean, l'adolescent n'hésiterait pas.

Il eut raison, Scott acquiesça, alla poser un long baiser sur le front encore froid de Jean, lui murmura quelques mots et sortit.

- « Je m'occupe de prévenir Chuck » fit alors Woleverine à Hank et Ororo. « Tenez-nous au courant. »

Il quitta la pièce à son tour alors que les deux autres adultes s'apprêtaient à déplacer le lit de Jean.

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Trois heures plus tard, le Professeur était de retour et tous les élèves furent rassemblés dans la même pièce où Hank avait fait son diagnostique après la libération de Jean des mois auparavant. Les visages étaient graves, tous savaient ce qu'il s'était passé. Seul Scott manquait à l'appel, il n'avait pas voulu quitter le chevet de l'adolescente.

- « Elle n'est pas tirée d'affaire, elle est faible et dans le coma. Elle ne respire pas seule ce qui la laisse entre la vie et la mort. Heureusement elle n'avait pas avalés les barbituriques, pourquoi ? ça je ne le sais pas. Sa température remonte doucement, elle a commencé à frissonner ce qui est un bon signe, mais ce n'est pas suffisant » fit-il « Le scanner n'a rien révélé, mais je ne sais pas comment elle sera à sa sortie du coma, elle peut être normale ou rester léthargique ou autre, et encore, si elle se réveille un jour… … »

- « Quelles sont ses chances…je veux dire, quelles sont ses chances de survie ? » demanda Kitty.

- « Tant qu'elle est sous assistance respiratoire, une sur vingt guère plus »

- « Mon dieu… » fit Jamie.

Le Professeur poussa un profond soupir.

- « La vie de Jean ne tient qu'à un fil, mais elle est vivante pour le moment, alors il ne faut pas que vous perdiez espoir. Lorsqu'elle sera plus stabilisée, je pense que vous pourrez aller la voir un par un, mais pour le moment, seul Scott y est autorisé. » fit-il. « Il est trop tôt pour que je tente quoi que ce soit pas télépathie, mais si elle finit par ne plus avoir besoin d'assistance respiratoire, j'essayerais de la contacter, là ce serait trop dangereux. »

Les élèves furent autorisés à retourner à leurs activités et chacun parti de son côté la mine grave.

Hank et le Professeur étaient les deux dernières personnes dans la pièce.

- « J'ai cru que je ne la sauvais pas Charles » fit Hank « Je l'ai déclarée morte alors qu'elle n'était pas réchauffée, si Scott n'avait pas insisté… »

- « Tu étais sous le choc… »

- « Mais j'ai failli la tuer ! » l'interrompit-il. « En tant que médecin je n'ai pas le droit à l'erreur ! »

- « Hank, tu as à t'occuper de jeunes à qui tu es attaché, ne te blâme pas mon ami, le plus important est que pour le moment elle soit en vie »

- « Oui, pour le moment » répondit Hank avant de sortir à son tour.

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Le lendemain, Jean était toujours dans le même état, allongée et entourée de machines dont les sons ne quittaient plus l'esprit de Scott. Le pire était celui du respirateur qui avait quelque chose de lugubre. Hank ne cherchait plus à renvoyer l'adolescent dans sa chambre, il savait que c'était inutile, alors lui comme les autres professeurs le laissait faire. Ils ne pouvaient pas l'obliger à manger ou à dormir, il finirait par le faire lorsqu'il serait affamé ou ne tiendrait plus debout. Il restait auprès du chevet de Jean nuit et jour et ne lâchait sa main que lorsqu'il était forcé de s'absenter quelques minutes.

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Le Fauve récupérait son sommeil en retard lorsque Scott débarqua dans sa chambre.

- « Qu'est-ce qui se passe ? »

- « Elle a de la fièvre, elle est brûlante !» répondit-il inquiet « Je ne sais pas depuis quand, je me suis endormi et je ne m'en suis rendu compte qu'à mon réveil !»

- « J'arrive immédiatement, en attendant, passe-lui un gant d'eau fraîche sur le visage »

Scott acquiesça et repartit vers l'infirmerie à toutes jambes. Il ne savait pas combien de température elle avait, mais Jean était en sueur et son rythme cardiaque semblait plus désordonné. Il fit ce que lui avait demandé le Fauve en l'attendant anxieusement.

Celui-ci arriva quatre minutes plus tard accompagné de Tornade.

- « Son rythme cardiaque est étrange », fit Scott d'entrée de jeu.

- « C'est biologique, en temps normal, la hausse de température augmenterait sa ventilation pour palier à la chaleur, je vais régler l'assistance respiratoire » répondit Hank.

Ororo prit sa température :

- « 41°c » annonça-t-elle d'une voix inquiète, « Qu'est-ce qui se passe ? »

- « Je ne sais pas encore » fit Hank en passant une lampe devant les yeux de Jean dont il avait soulevés les paupières. « Je vais l'ausculter, ça peut-être une conséquence de sa noyade, un fort coup de froid ou une pneumonie. En attendant, il faut l'entourer de glace et l'hydrater par perfusion, tu t'en charges Ororo ? »

- « Oui, pas de problèmes »

- « Bon, je vais relever ses fonctions vitales et lui faire une prise de sang. Scott tu continues avec l'eau »

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Pendant prés de 2 jours, Jean frôla les 44°c de fièvre, les professeurs et quelques élèves se relayaient auprès d'elle, seul Scott ne quittait jamais son chevet.

Il était 3 heures du matin, Jean avait tenté de se tuer quatre jours auparavant.

- « Il nous faut de l'eau fraîche » fit Scott d'une voix fatiguée, « je vais en chercher »

Ororo acquiesça en continuant d'éponger le front de l'adolescente, Logan n'allait pas tarder à venir la relayer. Hank arrivait lorsque Scott s'écroula sur le sol.

- « Mon dieu ! » sursauta Ororo en accourant vers lui.

Le Fauve était déjà à ses côtés, Logan fit son apparition à son tour.

- « Slim ? »

- « Il s'est évanoui, ce n'est rien » fit Hank « c'est la fatigue, il n'a pas fermé l'œil plus de quelques heures et n'a guère mangé depuis quatre jours, ça devait arriver. Je vais emmener un autre lit et le placer près de celui de Jean. » dit-il en sortant de la pièce.

- « T'inquiète pas Ororo, il va bien » fit Logan, sentant que la sorcière du temps était à bout « Va te reposer, je prends le relais »

- « Tu es sûr ? »

- « Oui, aller file »

Elle se releva, alla reposer le linge près de Jean et lui serra brièvement la main avant de quitter la pièce. Dès que Hank revint, Logan porta Scott sur le lit, et alla remplir la bassine d'eau pour continuer à rafraîchir l'adolescente, tandis que le Fauve mettait Scott sous perfusion.

- « Je lui ai donné un sédatif, il va dormir quelques heures ça lui fera du bien, et la perfusion également »

Logan acquiesça mais ne dit rien.

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Scott commençait à ré-émerger, il était allongé sur un lit et il entendait des machines biper tout autour de lui. Soudainement il prit conscience du lieu où il était.

- « Jean ! » fit-il en tentant de se relever.

Hank vint à ses côtés et le força à se rallonger.

- « Doucement Scott, elle est là, sa fièvre commence à baisser »

L'adolescent tourna la tête vers la droite et vit qu'effectivement elle était à portée de main.

- « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

- « Tu as surévaluées tes capacités et tu t'es évanoui hier soir. Je t'ai donné un sédatif pour que tu récupères un peu et j'aimerais que tu gardes la perfusion quelques heures de plus »

Scott acquiesça, la tête toujours tournée vers Jean. La sueur avait disparue, mais une machine la faisait toujours respirer et elle restait pâle comme un linge. Il attrapa sa main et la garda dans la sienne. La crise du moment était passée, mais deux jours plus tard il fallu prendre une décision…

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Les professeurs et Scott étaient réunis autour de Jean.

- « Que se passera-t-il si elle ne respire pas par elle-même ? » s'enquit Ororo.

- « Je la remettrais sous respirateur pour réessayer à la fin de la semaine, mais nous ne pourrons pas l'y laisser éternellement… » fit comprendre Hank.

Personne ne répondit, comprenant où il voulait en venir.

- « Bon, j'éteins l'appareil… » fit-il avant de le faire et de décrocher le tube qui était relié à l'intubation.

Ses poumons se vidèrent naturellement, mais c'est tout.

- « Aller Jean respire… » supplia Scott, une main dans la sienne.

La fréquence cardiaque ralentissait de plus en plus dangereusement. Chacun l'encourageait, mais ce n'était pas suffisant.

- « C'était trop tôt, on ne peut pas attendre plus longtemps » fit Hank en s'apprêtant à replacer le tube et rallumer l'appareil, mais c'est ce moment que choisie l'adolescente pour prendre une inspiration.

- « Oui ! » s'exclama Logan « Bravo Jeannie !»

- « C'est bien Jean, continue » fit Scott en caressant doucement sa main.

Le fauve attendit 10 minutes pour s'assurer qu'elle restait stable avant de l'ex-tuber et de lui mettre des lunettes à oxygène. Lui-même passa sa main dans les cheveux de l'adolescente pour la féliciter, Charles fit de même.

- « Maintenant il va falloir te réveiller Jean » dit-il.

- « Elle est hors de danger ? » fit Logan.

- « Elle n'est plus sous assistance respiratoire alors, oui, on peut dire qu'elle est hors de danger pour le moment » répondit Hank

- « Pour le moment ? » souleva Scott.

- « Les rechutes sont possibles, je vais la garder sous haute surveillance pour les 12 prochaines heures. ».

Mais elle ne rechuta pas. Scott continua à rester à ses côtés comme il l'avait fait jusqu'à présent, s'endormant la tête sur son lit, ou s'allongeant sur celui d'à côté en gardant sa main dans la sienne. Des élèves se relayèrent pour lui tenir compagnie, mais en général il préférait rester seul avec elle.

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Le lendemain, Scott caressait doucement les cheveux de Jean, passant son pouce sur une fine cicatrice de son front, lorsque le Professeur arriva accompagné de Ororo.

- « Je vais essayer de la ramener comme je l'ai fait avant qu'elle n'arrive ici » fit Charles d'entrée de jeu.

Scott acquiesça et lui laissa la place tandis que Hank les rejoignait. Le Professeur mit les mains sur les tempes de Jean et se concentra avant de les retirer quelques minutes plus tard.

- « Vous l'avez trouvé ? » demanda l'adolescent.

- « Oui, mais elle n'a pas voulu me suivre » répondit-il « Elle s'est crée un univers, où elle n'a pas été enlevée et où nous sommes tous présents, elle y est bien. Elle ne m'a pas rejeté, mais je n'ai pas pu la ramener de force pour autant. Elle sait ce qu'il l'attend si elle rentre : peur, sentiment de saleté, cauchemars… »

- « Alors elle ne se réveillera pas…. » souffla Scott.