- « Le mental n'a pas toutes les cartes, son organisme peut l'y pousser » argumenta Hank en posant une main sur son épaule.

- « Je réessayerais chaque jour Scott, je te le promets ».

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Neuf jours plus tard, Scott fut réveillé par un son, qui se reproduisit quelques instants plus tard.

- « Hank ! » appela-t-il.

Il n'eut pas à s'expliquer car le bip retentit de nouveau.

- « Qu'est-ce qui se passe ? »

- « Sa tension augmente, c'est un bon signe, ça peut vouloir dire qu'elle est en phase de réveil »

- « Ça peut ? »

- « Oui s'est arrivé plusieurs fois dans la semaine, mais tu dormais et j'ai préféré ne pas t'en parler en comprenant que ce ne devait être que du à ce qu'elle vivait dans son coma »

Mais, alors que le Fauve retournait à ses papiers…

- « Jean ? Hank elle se réveille ! »

Le Fauve revint vers le lit, et vit de lui-même que Scott avait raison.

- « Doucement il ne faut pas la brusquer »

- « Jean, c'est ça, ouvre les yeux » fit Scott avec douceur, sa main dans la sienne.

L'adolescente sembla lutter quelques instants, puis elle entrouvrit les yeux. Ils lui laissèrent du temps pour s'acclimater, dans le silence. Scott s'assit au bord du lit et, une fois pleinement réveillée, elle ne le quitta plus des yeux.

- « Jean, est-ce que tu sais qui tu es, qui nous sommes et ce qui t'as amenée ici ? » s'enquit le Fauve.

Elle sembla fouiller dans ses souvenirs puis acquiesça doucement.

- « Bien » fit Hank avant d'attraper sa petite lampe et de s'approcher d'elle.

Mais elle se défila et alla se blottir près de Scott.

- « Jean tu as passé deux semaines dans le coma dont une entre la vie et la mort, il faut que je t'ausculte »

Mais voyant qu'elle ne changeait pas d'avis, il passa la lampe à Scott sachant qu'il savait quoi faire.

- « Jean, je ne vais pas t'approcher ni te toucher, mais il faut que tu fasses ce que Scott te demandera de faire c'est la seule condition. »

L'adolescent passa la lumière devant les yeux de Jean, puis, comme le lui demanda Hank, lui fit suivre un de ses doigts.

- « Ça me semble bon. Est-ce que tu as mal quelque part ? » s'enquit le Fauve.

Jean montra sa tête.

- « C'est normal ça ; si ça ne passe pas je te donnerais un cachet »

Scott lui caressait inconsciemment les cheveux et ça l'apaisait.

J'ai froid… fit-elle à travers leur lien.

- « Tu as froid ? Est-ce que tu veux que je te prenne dans mes bras ? » s'enquit Scott avec douceur, lui-même en mourant d'envie.

Elle acquiesça et il se glissa dans le lit près d'elle.

- « Je vais prévenir les autres » fit Hank en quittant la pièce.

Scott ne l'entendit même pas partir, il serrait Jean contre lui et elle faisait de même les larmes aux yeux.

- « Tu m'as fait tellement peur Jean…Quand je t'ai vu dans le lac j'ai cru que mon cœur s'arrêtait de battre et, quand j'ai vu que le tien ne battait plus et que tu ne respirais plus, j'ai cru mourir… » fit Scott avant de poser un long baiser sur son front. « Je ne te demanderais pas pourquoi tu as fait ça, je le sais, mais je sais aussi que tu ne voulais pas sortir du coma, que tu y avais crée une réalité alternative où rien de tout ça ne t'était arrivée. Alors qu'est-ce qui t'a fait revenir ? »

Toi… répondit-elle …tu venais de te faire enlever comme je l'ai été… je savais ce qui allait t'arriver… je ne pouvais pas le supporter… Je savais que dans la réalité tu allais bien…alors j'ai fais mon choix…

- « Comme je préférerais que tout cela me soit arrivé à moi plutôt qu'à toi » fit-il en l'embrassant de nouveau sur le front « Je t'aime et j'ai peur de te perdre »

Jean secoua doucement la tête et le rassura par leur lien.

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Un peu plus tard, Scott dû s'absenter, et il fut évident que cela paniquait Jean. Elle ne se calma qu'au retour de l'adolescent. C'était à prévoir que son comportement n'aurait pas changé à son réveil, mais cela semblait plus prononcé.

Lorsqu'elle fut endormie par sédatif, le Professeur les réunit dans la pièce de surveillance.

- « Hank ? »

- « Médicalement parlant elle va bien, elle sait qui elle est, elle n'a rien oublié, elle semble n'avoir aucune séquelle, c'est un véritable miracle »

- « Mais moralement ? »

- « Le problème du profond traumatisme demeure, surtout que tout est revenu brutalement réel à son réveil »

- « Scott, elle t'a dis pourquoi elle avait fait ça après tant de temps ? » demanda Logan.

- « Pour les mêmes raisons que les dernières fois, pour fuir la souffrance. Là, elle est sortie du coma car dans sa réalité c'est moi qui me faisait enlever »

- « Un geste d'amour… » murmura Ororo.

- « Il va falloir faire quelque chose pour la protéger d'elle-même »

- « On ne peut pas l'empêcher de faire son choix même s'il nous fait mal » fit Logan.

- « Elle ne recommencera pas » déclara Scott pour couper court au débat.

- « Quoi ? »

- « Elle me l'a dit et je la crois. Elle m'a dit qu'elle avait réalisé que si elle se tuait je ne serais pas là et qu'elle serait seule, qu'elle ne pourrait pas le supporter. Bien sûr je ne lui ais pas dis que moi non plus je ne le supporterais pas, et que je la rejoindrais »

- « Il y a autre chose qu'elle ne semble plus supporter : que tu sortes de son champs de vision. » dit Hank « peut-être par peur que tu ne te fasses enlever…? »

- « Oui je l'ai remarqué aussi » approuva le Professeur « Il va falloir le vérifier : quand elle se réveillera, Scott, tu resteras là »

- « Mais... »

- « Seulement quelques minutes, Hank et Ororo vont se rendre à l'infirmerie et agir comme avant »

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Les sédatifs n'ayant plus grand effet sur elle, Jean se réveilla moins d'une demi-heure après qu'ils lui aient été administrés. Elle ouvrit les yeux et regarda autour d'elle, il n'était pas là. Elle se tendit, entendit du bruit à sa gauche, puis à sa droite et voyant que c'étaient Hank et Tornade, elle les empêcha d'avancer par télékinésie bien avant la distance qu'elle leur autorisait auparavant.

Le Professeur, Logan et Scott y assistèrent par la vidéo surveillance.

Scott

- « Il n'y a pas que la peur que Scott se fasse enlever… » fit Logan.

- « Jean…tu sais que nous ne te ferons pas de mal » dit Ororo dans l'infirmerie.

Les yeux de l'adolescente s'embrumaient de larmes.

Scott…Scott…Scott !...

Dans la salle de surveillance, l'adolescent avait tressaillit :

- « Elle m'appelle »

- « Attends »

Scott ! je t'en prie Scott…! appela-t-elle désespérément.

- « Je ne peux pas ! » fit-il en sortant de la pièce pour rejoindre l'infirmerie au pas de course.

Dès qu'elle le pu Jean se jeta dans ses bras.

- « Je suis désolé, les professeurs voulaient voir à quel point tu avais besoin de moi, je suis désolé »

….Ne me laisse plus…

Tu as toujours notre lien Jean, tu savais que je n'étais pas loin

Ce n'est pas pareil…

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Dans la pièce de surveillance, le Professeur restait pensif.

- « On a notre réponse Chuck » fit Logan. « Elle est dépendante de lui, totalement désormais »

- « Oui, si on devait faire des statistiques, les résultats seraient probants »

- « Ça ne va pas changer grand-chose, il va continuer à être le seul à pouvoir l'approcher à moins de trois mètres, à pouvoir la toucher, communiquer avec elle, la calmer, la mettre en confiance au point qu'elle s'endorme contre lui »

- « Mais elle est devenue nettement plus dépendante…Je pense que je vais faire appel à Moïra Tagart, tu sais, mon amie de l'île de Muir. Je vais voir si elle accepterait de venir s'installer ici pour que Jean s'y acclimate ; et d'ici quelques semaines, commencer une thérapie. Celle que j'avais entamée n'est pas suffisante, Moïra saura mieux s'y prendre »

- « Bonne idée »

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Plus tard, dans la soirée, Charles se rendit dans la chambre de convalescence où Jean avait été transférée, Elle dormait contre Scott.

- « Comment va-t-elle ? »

- « Emotive, angoissée, très fatiguée »

- « Elle revient de loin » acquiesça Charles.

Scott laissa quelques instants de silence avant de déclarer :

- « Professeur, j'ai pris une décision. Je vais quitter le lycée pour rester auprès de Jean » fit-il en ajoutant avant d'être interrompu « bien sûr, je n'arrête pas les études pour autant, je prendrais des cours par correspondance, mais je ne veux plus la laisser »

- « C'est comme tu le sens Scott »

- « C'est tout ? Vous n'êtes pas déçu ? Vous ne tentez pas de me dissuader ?»

- « Pourquoi le ferais-je ? tu as fait ton choix et j'en respecte les raisons, de plus je te sais parfaitement capable de suivre sérieusement des cours par correspondance » répondit le Professeur « Et vu que Jean est toujours avec toi, ça lui permettra de rester en contact avec les études, même si nous ne la pousserons pas. Je vais me charger des formalités, étant donné que tu as été absent ces deux dernières semaines, le principal Kelly ne devrait pas opposer de résistance bien au contraire… » sourit-il.

- « Oui rien ne va plus lui faire plaisir, mais je m'en moque, je ne pars pas à cause de ses pressions contre les mutants mais pour m'occuper de Jean »

Pendant près d'un mois, Jean se remit de sa tentative de suicide et de son coma. Lorsqu'elle avait appris que Scott ne retournerait pas au lycée elle avait était partagée entre un immense sentiment de soulagement et un autre de culpabilité, mais il l'avait rassurée.

La vie reprenait son cours normal à l'Institut, l'adolescente demeurait celle qu'elle était depuis son retour, mais au moins elle était vivante et Scott n'avait plus à s'inquiéter de possibles tentatives de suicide, même si lorsqu'elle craquait, il craignait toujours un peu que ses nerfs ne lâchent et qu'elle ne résiste pas à la tentation d'abréger son mal être. Cependant, cette année, elle passa Noël et le nouvel an avec eux, cela faisant presque une année qu'ils l'avaient ramenée.

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Une épreuve sans précédant arriva un jour de janvier, alors que Moïra McTaggart était arrivée la veille. Une violente tempête de neige s'abattit sur Bayville, Tornade était chez sa sœur ce jour là avec Evan, et l'électricité fut coupée dans toute la ville. Devoir tous se réunir dans une salle commune équipée de plusieurs cheminées n'aurait pas été un problème insurmontable, si une classe de Bayville n'était pas venue demander asile…

Il fallait vraiment qu'ils soient bloqués et gelés pour être venus se réfugier à l'Institut. Logan eu bien envie de les laisser dehors, mais ce n'était pas de l'avis de Charles car en plus le professer Malcom qui les accompagnait ne leur était pas antipathique, il n'avait rien contre les mutants et était apprécié par les élèves de l'Institut. Cela dit, Wolverine les prévint que le premier qui ferait une remarque désagréable, il le foutrait dehors sans aucun problème.

Parmis ces 15 élèves, beaucoup n'étaient pas inconnus aux membres de l'Institut comme par exemple Duncan et son gang, Taryn et autres, mais ils se tinrent tranquilles, ils étaient en terrain « miné ». Et Logan n'était pas sans savoir ce qui avait provoqué une bagarre entre Duncan et Scott quelques semaines auparavant, avant la dernière tentative de suicide de Jean : Sans qu'ils ne sachent comment, la moitié du lycée avait appris pour Jean ; et Matthews avait eu la mauvaise idée de jouer avec ça et de la traiter de 'traînée' devant Scott. Erreur monumentale, Cyclope s'était jeté sur lui et, si Evan, Kurt, Malicia et Kitty n'étaient pas immédiatement intervenus pour les séparer, Duncan ne s'en serait pas tiré avec un simple œil au beurre noir et un nez cassé. Le principal Kelly avait voulu expulser Scott, mais quatre lycéens honnêtes apportèrent leur témoignage sur le fait que Duncan l'avait ouvertement provoqué et Kelly avait dû s'incliner. De toutes manières Scott n'était plus au lycée désormais, le Professeur avait officialisé son départ plusieurs semaines auparavant.

Au début la cohabitation des membres de l'Institut et des élèves de Bayville ne posa pas de problème. Etant chez eux, Amara proposait ses services pour raviver les flammes des cheminées et procurer une atmosphère agréable, des matelas avaient été placés sur le sol, les élèves de Bayville avaient étendus leurs duvets qu'ils avaient avec eux vu qu'ils revenaient d'une sortie scolaire de deux jours.

Jusque là, tout allait bien, Scott et Jean étant restés dans leur chambre dés que l'adolescent avait appris pour l'arrivée des élèves.

Moïra McTaggart était avec les professeurs, non loin des élèves de Bayville pour garder un œil sur eux. Elle continuait à se renseigner sur Jean, celle qu'elle avait été et celle qu'elle était devenue pour bien la cerner, elle n'avait pas bien eu l'occasion de l'observer depuis la veille. Taryn et le groupe de Duncan n'étaient pas loin et ne ratèrent rien de la discussion qui les surprit et les choqua même s'ils ne se l'avouèrent pas.

- « Les élèves m'ont parlé d'elle avant, tout comme Charles et vos amis »

- « Rien à voir avec aujourd'hui n'est-ce pas ? » fit tristement Hank « Elle avait des projets pleins la tête, croyait en l'avenir et en la cohabitation pacifique des humains et des mutants, elle croyait en l'humanité. Elle restait optimiste quoiqu'il arrive, toujours prête à se rendre utile et à aider ceux qu'elle pouvait. C'était un exemple pour les plus jeunes tout comme l'est Scott vu que ce sont les deux premiers élèves. Elle s'était parfaitement intégrée au lycée, enfin, avant que notre existence soit révélée. Maintenant, maintenant elle est méconnaissable, elle a perdu toute innocence»

Moïra resta silencieuse quelques instants avant de demander :

- « Et elle ne parle vraiment plus ? »

- « On sait que ce n'est pas médical car il lui arrive de parler lors de paniques ou de cauchemars, mais sinon elle reste muette et cela depuis maintenant un an » répondit Hank « Scott nous a dis qu'elle avait prononcés quelques mots le premier soir où elle était venue le rejoindre dans sa chambre après un cauchemar. Le lendemain elle a craqué et son mutisme est redevenu total ; il n'y a qu'à travers leur lien qu'elle s'exprime parfois »

- « Oui, Charles m'en a parlé, c'est quelque chose de fascinant, qu'ils puissent ainsi tout partager, mais ça doit aussi parfois être lourd à porter »

- « Ils y sont habitués et ce n'est pas comme s'ils n'étaient pas proches. Ce lien s'est forgé il y a près de 2 ans, après que Jean ait eu une brusque évolution de ses pouvoirs. Je n'étais pas encore là, mais on m'a dit que c'était grâce à lui qu'elle était parvenue à revenir parmi nous et à ne pas sombrer ; il avait réussi là où le Professeur avait échoué. Charles n'a jamais pu expliquer d'où cela provenait, ni la puissance de ce lien. Et ce n'est pas tout : un jour Scott a été enlevé à Mexico, Jean a senti d'ici qu'il était en danger alors que Charles lui-même ne pouvait pas atteindre son esprit, c'est unique »

- « C'est un lien d'amour »

- « Sans aucun doute, et sans lui Jean ne serait plus là. C'est grâce à ce lien que Scott est parvenu à se faire accepter quelques jours après son réveil, mais elle a mis près d'un mois à ne plus paniquer à son arrivée et à être réceptive à sa présence. Je vais vous dire quelque chose que je n'ai même pas dis au Professeur » fit Hank « Quand Jean a été ramenée et que je l'ai prise en charge, que j'ai vu l'étendue de ses blessures ne seraient-ce que physiques et su ce qu'il lui était arrivée, je me suis presque senti égoïste de tenter de la sauver, je savais que vivre avec ça serait terrible »

- « Nous sommes médecins Hank »

- « Je sais »

- « Cela dit, je comprends que vous ayez pu penser une telle chose, j'ai lu votre rapport, vues les photos et les radios, c'est terrible » lui dit-elle. « Ces fanatiques étaient des monstres, de vrais nazis… »

- « Vous savez à quoi vous attendre quand vous commencerez à travailler avec elle »

- « Oui ça ne va pas être facile…. le journal que vous avez tenu chaque jour va beaucoup m'y aider. En tous cas vous avez fait un excellent travail de chirurgie réparatrice à en juger par les photos, du très bon travail »

- « Plusieurs opérations ont été nécessaires, il fallait que je fasse mon possible pour qu'il lui reste le moins de marques physiques possibles, mais je n'ai pas été capable de toutes les effacer, et en plus elle a eu une période d'automutilation…. »

- « Il en restera toujours, mais j'ai été impressionnée par le résultat, vous pouvez en être fier. »

- « Elle souffre toujours physiquement, c'est par période mais les tortures qu'elle a subis sont comme ancrées en elle »

Charles, qui discutait avec Logan, déclara soudainement :

- « Scott vient de me contacter, il va devoir descendre avec Jean, il fait trop froid en haut »

- « C'était à prévoir » fit le Fauve « Je vais chercher un grand matelas. »

- « Elle est au courant de la présence des autres? » s'enquit Logan.

- « Etrangement, elle ne les a pas sentit, Scott va l'informer. »

- « Ça risque de ne pas passer...Comment on va faire ? c'est à peine si elle tolère notre présence, elle va paniquer »

(à suivre...)