- « Je…je sais qu'il faut que je parle de ce qui m'est arrivée….et je ne dois pas le faire par notre lien. De toutes manières, même si c'était le cas je ne le voudrais pas, je ne veux pas que tu vois et que tu ressentes ça… je m'en veux déjà d'avoir à t'en parler, mais je ne me sens pas capable de le faire à quiconque d'autre… »

- « Ne t'inquiète pas pour moi, j'en sais déjà beaucoup, le tout est que tu te libères » lui dit-il pour l'encourager.

Elle poussa un profond soupir et, alors que Scott pensait qu'elle ne le ferait pas, commença :

- « Lorsque je t'ai laissé au lycée ce jour là, j'ai pris le chemin du retour mais il y avait des travaux qui n'étaient pas là le matin même…Je pensais à toi en attendant que le feu passe au vert et, alors que je redémarrais, j'ai senti une forte douleur dans mon cou et j'ai à peine eu le temps de voir qu'il s'agissait d'une seringue hypodermique que je me suis évanouie… »

Elle fit une pause et poursuivit :

- « Je ne sais pas combien de temps je suis restée inconsciente…quand je me suis réveillée, j'étais dans cette cellule crasseuse et humide qui… » sa voix trembla.

- « Jean…. »

- « Non, il faut que le fasse »

Elle ferma les yeux quelques instants et reprit :

- « J'étais dans cette cellule avec pour seule ouverture une fenêtre sans vitre munie de barreaux. Il y avait une salle de bain rudimentaire… » elle se pinça les lèvres, des larmes commençaient à couler, cette salle de bain lui rappelait tant de mauvais souvenirs, souvenirs qu'elle allait devoir raconter. « Je ne pouvais pas utiliser mes pouvoirs à cause de ce collier qu'ils avaient placés autour de mon cou et qui était solidement fixé, j'ai passé la nuit à essayer de m'échapper mais sans succès… »

Scott attendit qu'elle reprenne.

- « Le lendemain, le chef et un garde sont venus, j'ai posé des questions, il y a répondu en me disant que ce seraient les dernières. Ils m'ont dis qui ils étaient et pourquoi j'étais là, j'ai essayé de réagir, il m'a frappé. Puis il a demandé à l'autre de m'emmener dans la salle…la salle…de….de tortures… » dit-elle « Mais il avait laissé la porte ouverte avec seulement ce garde, alors je l'ai attaqué et je me suis échappée. J'ai réussi à sortir de la cellule et à parcourir une dizaine de mètres, mais tout était calculé, le chef m'attendait et il m'a roué de coups….Je….je n'avais jamais eu aussi mal de toute ma vie, je…je ne voulais pas crier mais c'était trop dur……….Le garde que j'avais attaqué m'a traînée jusqu'à la cellule et je crois que je me suis évanouie » continua-t-elle, des larmes s'écoulant de plus belle de ses yeux « Je venais à peine de reprendre conscience que deux hommes sont venus pour m'emmener pour de bon dans cette horrible pièce… »

Scott ne l'interrompit pas, même lorsqu'elle du prendre plusieurs minutes pour exprimer certains points, même lorsque les larmes prenaient le dessus. Elle lui raconta tout, les tortures, la faim, la soif, le froid, les viols, la douleur, l'humiliation, le sentiment de saleté, les passages à tabacs. Elle en arriva à la fin après plus d'une heure et demie :

- « …j'avais les jambes brisées, la douleur était atroce mais j'en venais à ne plus la sentir…….je voulais mourir………et j'ai su que c'est ce qui allait se passer. Mais même pour ça ils n'allaient pas m'épargner de souffrance……Ils me racontèrent comment ils avaient disséqués vivant les précédents 'sujets' jusqu'à ce que mort s'en suive……………Je ne me souviens plus de rien après, je ne me souviens pas de vous quand vous m'avez sortit de là, je ne m'en souviens pas, mais tout le reste…tout le reste est gravé… »

Elle avait tout dit, et toute la pression s'effondra, elle fondit en sanglots, elle qui pensait qu'il ne lui en restait plus après tous ces mois, après toutes les larmes qu'elle avait versées durant son récit. Scott la serra contre lui et la berça doucement. Il laissa ses propres larmes s'écouler.

- « Tu l'as fais Jean, tu l'as dis… »

- « Ça me hante Scott….ça…..ça me hante……. »

- « Je le sais… »

Elle finit par s'endormir d'épuisement.

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Le lendemain matin, elle dormait toujours à son réveil, il faut dire qu'elle avait fait un cauchemar particulièrement violent au cours de la nuit. Il posa un baiser sur son front et alla se doucher avant de descendre.

- « Où est le docteur McTaggart ? » s'enquit Scott en apercevant un groupe d'élèves.

Il savait que cette femme était là pour Jean, mais il ne pouvait s'empêcher de ressentir du ressentiment envers elle.

- « Elle doit… » commença Malicia.

- « Je suis là » fit-elle en arrivant avec Hank.

- « Vous allez être contente, Jean m'a tout raconté sans se servir de notre lien, elle m'a tout dit jusqu'à s'effondrer en sanglots »

- « Scott, ne pense pas que la pensée que ce soit difficile pour elle me fasse plaisir, je ne suis pas là pour la faire souffrir mais pour l'aider, et ce qu'elle a fait est un énorme pas »

- « D'avoir à ressasser tout ça ! »

- « Oui Scott, elle n'est plus la seule à savoir, elle l'a partagé avec toi » appuya le Professeur.

Envers lui, Scott se montra plus respectueux :

- « Elle culpabilisait à ce sujet, mais elle ne voulait pas en parler à qui que ce soit d'autre »

- « Elle est restée en haut ? » s'enquit Hank.

- « Elle dort encore, elle s'est endormie d'épuisement hier soir et elle a fait un violent cauchemar qui a secoué toute la pièce ; ça l'a complètement vidée »

- « Exactement Scott » fit Moïra « C'est comme si elle avait crevé un abcès, une fois cela fait, il peut plus facilement cicatriser, même si la marque restera »

- « Vous ne connaissez que le sommet de l'iceberg docteur McTaggart, que le sommet… » fit Scott.

- « Peut-être bien, mais l'important est que Jean ai tout dis à quelqu'un, que ce ne soit pas à moi ne me gêne pas, et ne me surprend pas Scott, le tout est qu'elle l'ai dis »

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Un mois plus tard Jean se réveilla en sursaut et éclata en sanglots, Scott fit comme il l'avait toujours fait, il la serra contre lui en l'apaisant de mots doux et en déposant des baisers sur sa joue, ses cheveux ou son front. Mais il était loin d'imaginer ce qui allait se passer, Jean posa soudainement ses lèvres au coin de sa bouche puis sur les siennes, d'abord timidement, avant de vraiment l'embrasser pour de bon. Scott lui rendit son baisser, il ne pouvait pas penser à cet instant. Cela dura quelques secondes, moins d'une minute, avant que d'un seul coup le charme ne se rompe et qu'elle ne le repousse brutalement :

- « Non ! »

- « Jean, je suis désolé, je n'aurais pas dû te rendre ton baiser »

- « C'est pas toi c'est… » elle refondit en larmes.

Scott voulu la réconforter et posa sa main sur sa taille, mais elle le repoussa :

- « Ne me touche pas ! laisse-moi !...» fit-elle avant de se retourner dans le lit et de lui tourner le dos.

- « Jean… »

- « Laisse-moi.. »

Elle ne lui parla pas de toute la journée qui suivit, elle l'évita et cela ne passa pas inaperçu, elle qui d'habitude était toujours non loin de l'adolescent. Le surlendemain, alors que Scott entrait dans la cuisine, les professeurs étaient réunis et en parlaient :

- « Non moi aussi j'ai remarqué ce soudain changement, je ne l'ai pas entendu prononcer un seul mot, elle est distante et presque absente » fit Hank.

- « Scott est-ce qu'il s'est passé quelque chose? » demanda Ororo en le voyant arriver.

Il poussa un soupir et déclara :

- « Oui, il deux jours. Elle s'est réveillée en pleine nuit en larmes, je l'ai réconforté et elle, elle m'a embrassé » dit-il, les autres restèrent silencieux « D'abord timidement puis passionnément. Je l'aime et je n'ai pas pu m'empêcher d'y répondre, je n'aurais pas dû, j'aurais peut-être dû la repousser je ne sais pas »

- « Qu'est-ce qu'il s'est passé ensuite ? » s'enquit Logan.

- « Au bout de quelques instants, elle m'a soudainement repoussé, elle a dit que c'était de sa faute, elle pleurait de plus belle mais elle ne m'a pas laissé la prendre dans mes bras. Depuis elle m'évite, elle fait semblant de dormir le matin, elle… »

- « Comment sais-tu ça ? » s'enquit Moïra.

- « Notre lien » répondit Scott en tapotant sa tempe.

- « Ça explique son comportement » fit le Professeur.

- « Oui, tu n'as rien à te reprocher Scott, c'est elle qui a fait le premier pas, si tu l'avais repoussée elle n'aurait pas pu re-expérimenter ce qu'était embrasser quelqu'un qu'elle aime et aurait tout de même eu la même réaction, cela aurait été pire » fit Moïra « Là elle est perdue, elle doit se poser des tas de questions sur les raisons qui l'ont poussé à t'embrasser, sur ce qu'elle a ressentit, pourquoi elle l'a ressenti, pourquoi elle t'a repoussé et plein d'autres choses. Laisse-lui du temps, elle a fait un pas de géant »

- « Mais je pourrais l'y aider, là j'ai le sentiment qu'elle me considère comme eux, c'est… »

- « Elle a besoin de faire ce chemin seule »