Le soir même, Jean était déjà couchée, lui tournant le dos comme les deux nuits précédentes. Scott s'appuya sur un coude et lui demanda :
- « Jean, est-ce que tu m'en veux ? je n'aurais peut-être pas dû répondre à ton baiser, et le briser avant toi, je ne sais pas, mais est-ce que tu me détestes ? »
Elle se retourna soudainement :
- « Non, jamais Scott… Ce n'est pas de ta faute, c'est tous ses souvenirs…Ça n'aurait rien changé, je…ce n'était pas prémédité, je ne sais pas ce qui m'a pris…Je suis désolée de t'avoir évité mais… »
- « …mais tu avais besoin d'être seule pour réfléchir » termina-t-il.
- « Oui » répondit-elle.
- « Je le comprends Jean, mais j'aurais aimé que tu me le dises, j'ai vraiment cru que j'avais fait quelque chose de mal et que tu ne me reparlerais plus jamais… »
- « Je suis désolée »
- « Non, tu n'as pas à l'être, j'aurais dû le comprendre tout de suite »
- « Et j'aurais dû penser à toi » fit-elle.
Scott sourit et l'invita à venir se blottir dans ses bras, elle accepta l'offre et il la serra contre lui.
- « Je t'aime tu le sais ? »
- « Moi aussi » fit-elle, exprimant verbalement ses sentiments pour la première fois depuis plus d'un an et demi.
L'adolescent l'embrassa sur le front et ils finirent par s'endormir
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Deux mois s'écoulèrent. Pendant deux soirs d'affilée Scott avait dû partir avec les autres X-Men et elle n'avait pas dormi. Le sachant en sécurité ce jour là, Jean était allée se coucher tôt. Scott prenait une douche, elle entendait l'eau ruisseler dans son subconscient…
…..Des heures passées accrochée à un crochet, trempée par de l'eau rissolant sur elle…des gardes qui riaient et l'un d'eux s'approchant avec un câble électrique….
- « NON ! »
Elle s'était réveillée en sursaut, Scott était couché, elle avait du s'endormir depuis plus d'une heure.
- « Jean ? »
- « Un cauchemar » fit-elle avec lassitude « encore un…. »
Scott la serra contre lui :
- « C'est rien, tout va bien »
- « Je suis désolée »
- « Pourquoi ? »
- « Pour te réveiller toutes les nuits, si je ne dormais pas avec toi… »
- « Ce serait pareil, je viendrais te voir »
- « Alors je suis doublement désolée… »
- « Jean, tu n'es pas responsable, et je suis heureux que tu dormes avec moi, au moins je sais que tu es là et que si tu ne vas pas bien, je serais près de toi »
- « Merci, merci d'être là….mais…mais Scott, tu dois m'oublier, il faut que tu trouves quelqu'un qui… »
Il posa un doigt sur ses lèvres pour la faire taire.
- « Ne dis pas de bêtises, je t'aime toi et personne d'autre »
- « Mais je ne peux rien d'offrir, ça fera bientôt deux ans, et ils me hantent toujours, je ne peux rien t'offrir»
- « Tu te trompes, tu m'offres ta présence, tu es là, en vie et c'est tout ce qui compte.
Ils restèrent silencieux quelques instants, face à face, avant que Scott ne se décide à lui demander:
- « Est-ce que…Jean est-ce que je peux t'embrasser ? »
Jean détourna les yeux :
- « Je ne sais pas…je ne veux pas te faire de mal »
- « Tu ne me feras pas de mal Jean, je vais te parler, ainsi tu ne penseras pas à eux »
Elle releva les yeux, et acquiesça timidement.
- « Tu es sûre ? je ne veux pas te brusquer »
- « Oui je…je suis sûre »
Il attendit un moment pour être sûr qu'elle ne disait pas cela pour lui faire plaisir, et posa doucement ses lèvres sur les siennes dans un tendre baiser.
Tout va bien Jean, tu vois ? qu'est-ce que tu ressens ?
Douceur, amour
Qu'est-ce que tu éprouves?
Je ne sais pas, c'est trouble
Il brisa délicatement leur baiser
- « Ça va ? »
Elle acquiesça avant de dire avec étonnement :
- « On s'est embrassés…»
- « On s'est embrassés »
- « Et je ne t'ai pas repoussé… »
- « Et tu ne m'as pas repoussé » confirma Scott avant de dire « Hey, mais on dirait presque les prémices des prémices d'un sourire »
- « Je ne les ai pas laissé entrer dans ma tête »
- « Tu es plus forte qu'eux Jean, la preuve, ils étaient trop lâches pour t'affronter sans t'anesthésier, sans te bloquer tes pouvoirs »
Elle acquiesça doucement avant de se rapprocher de lui.
- « Encore » fit-elle.
- « Non Jean, pas ce soir, il vaut mieux rester sur une réussite tu comprends ? »
- « Oui, tu as raison » acquiesça-t-elle.
Il l'embrassa au coin des lèvres.
- « Il nous manque plus que le sourire »
- « Je ne sais plus… »
- « Je sais, un jour ça reviendra naturellement »
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Le lendemain, lorsque Scott arriva dans la cuisine où Kurt se goinfrait tandis que quelques professeurs et autre étudiants prenaient leur petit déjeuner, ils ne tardèrent pas à voir que quelque chose avait changé, en effet, Scott rayonnait particulièrement.
- « Il s'est passé quelque chose ou j'ai loupé un épisode ? » demanda l'Elf.
- « J'ai embrassée Jean hier soir » sourit Scott « Et ça s'est bien passé »
- « Comment? » s'étonna Ororo.
- « Je lui ai demandé d'abord, et j'ai eu l'idée d'utiliser notre lien pour envahir son esprit afin d'empêcher ses souvenirs de le faire, et ça a marché »
- « Elle ne t'a pas repoussé ? »
- « Non, elle a vécu l'instant présent »
- « C'est une grande avancée et je comprends que tu n'ais pas trop profité du moment » fit le Professeur.
- « Non, elle a voulu qu'on s'embrasse de nouveau mais je lui ai dis qu'il valait mieux rester sur une réussite »
- « C'est très bien » approuva Moïra.
- « J'ai cru qu'elle allait sourire après, elle était fière d'avoir réussi à les repousser de son esprit »
- « Il est important qu'elle reprenne confiance en elle »
- « Ça se fête en tous cas ! » fit Tabitha « Où elle est ? »
- « Elle dort encore »
- « Quand elle descendra n'abordez pas le sujet il faut qu'elle se fasse seule à cette idée et qu'elle ne se sente pas sous pression» fit Moïra.
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Deux mois s'écoulèrent, Jean était désormais relativement à l'aise lorsqu'elle embrassait Scott, même s'il lui arrivait encore de le repousser. Le jeune homme, Scott ayant désormais 20 ans tout comme Jean, avait dû s'absenter pour trois jours pour des examens avant les vacances de noël.
Ororo jouait au piano et la mélodie emplissait le bâtiment. Jean était dans la salle commune, lisant un livre dans un coin, elle n'avait pas sentit la présence du jeune mutant.
- « Jean » fit-il.
Elle tourna la tête et en le voyant, elle sourit, un beau sourire comme avant sans même sans rendre compte.
- « Scott ! » fit-elle en allant se jeter dans ses bras. « Qu'est-ce que tu m'as manqué »
- « Tu m'as manqué à moi aussi »
Ils s'embrassèrent brièvement. Puis Scott réalisa :
- « Jean, tu as souris !»
- « J'ai souris ? »
- « Un de tes plus beaux sourires qui n'apparaissaient plus que dans mes rêves »
- « Je…je ne m'en suis pas rendu compte »
- « Une nouvelle victoire » fit-il en la serrant contre lui.
Le bruit d'un fauteuil électrique se fit entendre.
- « Tu es revenu plus tôt Scott »
- « Oui, je ne pouvais pas rester plus longtemps loin de Jean, j'ai pris la route dès que les examens étaient terminés »
- « Eh, mais c'est un sourire que je viens de voir » fit le Professeur.
- « J'y ai eu le droit à mon arrivée » fit Scott.
- « Je pensais que je ne saurais plus jamais le faire » fit-elle « Mais Scott avait raison, s'est revenu naturellement…deux ans plus tard »
- « Il faut laisser le temps qu'il faut aux blessures pour cicatriser Jean » fit le Professeur avant de lui sourire « Tu vas à nouveau illuminer l'Institut, je suis heureux pour toi »
- « Si seulement les cauchemars pouvaient eux aussi partir » fit-elle.
- « Ils le feront Jean, ils le feront »
Epilogue
Le travail de Moïra était désormais achevé, Jean avait suivie sa thérapie, s'était remise à parler, s'était confiée, parvenait à se laisser embrasser et à apprécier de nouveau ce contact. Soit elle avait toujours peur de beaucoup de choses, restaient dépendante de Scott et n'acceptait de contact de personne d'autre, mais le temps faisait son ouvrage même s'il n'effaçait pas tout.
Un an plus tard, soit plus de trois ans après son enlèvement, Jean livrait le plus grand combat : celui de franchir le pas avec Scott. Elle qui n'avait connu que violence, douleur, humiliation et sentiment de saleté.
De nombreuses fois ils s'en approchèrent, mais Jean se déroba en le prenant plus ou moins sereinement. Scott ne la poussa jamais. Et un soir, elle et Scott firent l'amour et elle découvrit de nouvelles sensations tellement éloignées de celles qu'elle avait associé à cet acte, là c'était si pur, si doux. Elle n'eut pas mal, ne se sentie pas sale, mais dû tout de même faire face à une crise d'angoisses comme si un barrage en elle avait cédé. Après avoir repris ses esprits, elle fut surprise en réalisant qu'elle y avait prit un peu de plaisir.
Scott et elle parlèrent énormément, il la déculpabilisa des pensées qui l'assaillaient. Ils considérèrent que cette nuit fut leur première fois à tous les deux et ce n'était pas si loin de la vérité, ainsi c'était réellement la première fois pour la jeune femme.
Durant les semaines qui suivirent, Jean changea et s'ouvrit un peu plus aux autres.
Les cicatrices et les cauchemars, resteraient toujours quelque part, les douleurs aussi, mais Ils ne la tenaient plus sous leur emprise. Il lui arrivait encore de craquer, mais cela devenait rare.
La semaine précédente, Scott avait réussi à faire sortir Jean de l'enceinte de l'Institut pour aller faire une ballade dans la neige. Bien que nerveuse, elle s'en était assez bien sortie, c'était un bon début.
Ce serait long, mais elle savait qu'elle ne serait jamais seule et que Scott serait toujours à ses côtés pour la soutenir, elle avait confiance en lui.
End
