Une étoile en papier
Merci à tous ceux qui m'ont envoyé des reviews, je n'ai plus le droit d'y répondre dans les fics d'après ce que j'ai compris du nouveau règlement de ffnet, alors j'y ai répondu directement. Pour les anonymes, je serai ravie de leur répondre également s'ils mettaient leur adresse mail dans la review…
Un sourire est une chose des plus étrange. Pour tous les animaux, montrer les dents est un signe d'agressivité. Mais les hommes n'aiment pas faire les choses comme tout le monde, et ils grimacent pour montrer leur plaisir. Draco, lui, n'aimait pas sourire : il se sentait bien plus à l'aise lorsqu'il arborait un air sombre et mystérieux, au mieux impénétrable, sarcastique s'il ne pouvait vraiment pas faire autrement. Ses sourires avaient tout sauf l'air naturel sur son visage. Tout autour de lui et depuis toujours, les enfants l'avaient évité plus ou moins inconsciemment, fuyant comme la peste cette caricature de sourire qui se formait périodiquement sur les lèvres de Draco Malefoy. Ce n'était jamais bon signe.
La fin de la guerre avait signé le début d'une nouvelle époque, séparant les sorciers en deux classes distinctes : il avait ceux qui souriaient et ceux qui ne souriaient pas. Les uns préféraient se cacher la réalité plutôt que de l'affronter, les autres étaient déjà presque morts. Draco n'était ni l'un ni l'autre, pour la simple raison qu'un sourire n'avait jamais été autre chose pour lui qu'un déguisement défectueux. Hermione n'était pas comme lui : elle avait jadis sourit au monde comme elle respirait, avec naturel, sans vraiment y penser. Elle souriait quand elle était heureuse, elle souriait pour rassurer les autres autours d'elle, elle souriait quand on lui souriait. Ses sourires n'étaient pas vraiment fréquents, et ils en étaient d'autant plus précieux. Elle était loin d'être la seule : mais si tous les autres qui avaient perdu le sourire et la joie de vivre indifféraient l'ancien Mangemort au plus haut point, il n'en allait pas de même en ce qui concernait Hermione. Il avait le sentiment que le monde serait bien moins beau si Hermione devait ne plus jamais sourire. Draco était tout sauf un philanthrope. Mais il vivait dans ce monde. Et il avait décidé qu'il verrait de nouveau ce sourire.
Le silence s'était assis à leur table et semblait bien décidé à y rester. Hermione mangeait les yeux perdus dans le vague, sa main allant de sa bouche à son assiette comme celle d'un automate sans qu'elle prête attention à ce qu'elle avalait. Elle semblait tenir plus par habitude que par réelle volonté. Et cela, il ne put le supporter. Il aurait voulu qu'elle réagisse, de n'importe quelle manière que ce soit. Qu'elle pleure, qu'elle crie, qu'elle essaie de lui crever les yeux avec les piques à bigorneaux peut-être, tout plutôt que cet amorphisme total.
« Et bien », demanda t'il d'un air faussement détaché en tartinant son pain de beurre, « que vas-tu faire maintenant ? »
Elle leva la tête et il prit peur. La lueur de ses yeux, cette flamme de douleur qui l'avait mis si mal à l'aise, elle s'était éteinte. Les yeux d'Hermione ressemblaient à un bûcher consumé, où plus rien ne subsistait, que les cendres. Mu par un geste instinctif, il tendit la main pour toucher la sienne qui reposait mollement sur la nappe damassée. Pourtant, quelque chose qu'il aurait été bien en peine de nommer l'arrêta en plein geste. Il baissa sa main qui vint se placer tout à côté de sa cible, sans même l'effleurer. De nouveau il posa la même question : « Que vas-tu faire ? »
« Rien », répondit-elle d'un air absent. Elle ne semblait pas avoir noté le geste avorté de son compagnon, du moins pas un trait de son visage n'avait bougé. Mais qui pouvait savoir clairement ce que voyaient ces yeux morts ?
« Il faut bien que tu fasses quelque chose, pourtant… » Il avait dit qu'il ne regrettait pas son geste, et c'était vrai : jamais Draco ne revenait sur ses pas. Mais pour la première fois depuis vingt ans qu'il était sur cette terre, il regrettait d'être incapable de se remettre en question. Sans pour autant connaître le goût des regrets. Il allait se racheter, et ce serait bien suffisant. Sa voix était ferme et raisonneuse, assez proche du ton qu'aurait employé un adulte pour pousser un enfant malade à prendre un médicament. « Tu devrais revenir de l'autre côté, au moins une fois… Je suis sûr que tu n'as rien vu de notre monde depuis l'enterrement. Tout a beaucoup changé. Beaucoup de choses ont été reconstruites. Et tout est tellement beau durant la période des fêtes… »
Elle secoua la tête d'un air morose. « Ils sont morts. Tu les as tué. Plus rien ne les fera revenir. Pourquoi retournerai-je là-bas ? Pourquoi te ferai-je confiance ? »
Il se mordit les lèvres, ferma les yeux, et inspira largement. « C'est juste, rien ne les fera revenir. Mais toi, tu es là, et tu es vivante… »
Elle l'interrompit avec un regard d'enfant méchant. « Non, je ne suis pas vivante, je ne le veux pas, tu m'as tuée en même temps qu'eux. Et je voudrai que tu sois mort ! »
« Des fois, je le voudrai aussi… », confessa-t-il à voix basse. « Il y a des morts partout dans ma tête, où que je regarde. Mais je refuse d'être l'un d'entre eux, je refuse également que toi, tu sois l'un d'entre eux. Si tu n'as pas mis fin à tes jours, c'est qu'une partie de toi n'est pas encore morte, quoique tu puisses penser ! Je pense qu'il y a eu assez de morts sans ajouter à ce chiffre ceux qui respirent encore. »
Elle haussa les épaules avec indifférence, et il lui vint soudain l'envie de la gifler à toute volée, à la face de tous ces Moldus ridicules bien à l'abri dans leurs petites vies. Il essayait de l'aider, de se racheter, ne le voyait-elle pas ? Elle était bien trop intelligente pour ne pas remarquer à quel point il lui en coûtait de faire ce premier pas, de mettre sa fierté de côté pour s'approcher d'elle ! Il était venu la rejoindre du côté Moldu de Londres, est-ce que cela lui indifférait autant qu'elle le laisser paraître ? Peut-être bien qu'une bonne gifle la remettrait d'aplomb… Il avait entendu dire maintes fois que cela constituait parfois un bon moyen pour rétablir les victimes d'un choc, sans compter que cela lui permettrait de calmer ses nerfs. Mais il doutait fort que le petit pingouin rondouillard qui les avait accueilli à l'entrée et qui continuait à surveiller ses deux étranges hôtes du coin de l'œil prenne son geste à sa réelle valeur. Il prit une grande inspiration et s'efforça de se calmer.
Elle était vraiment trop butée pour discuter. Mais Draco n'était pas de ceux qui acceptent la défaite, et encore moins de ceux qui renoncent facilement. Hermione ne lui échapperait pas, pas maintenant qu'il était face à elle. « C'est toi qui voulait ce monde ! », grinça-t-il entre ses dents, « et c'est moi qui vit dedans… Par décence, tu pourrais au moins aller voir ce qu'il en est ! C'est ce que Potter et Weasley auraient fait, eux ! »
« Ne prononce pas leur nom », siffla la jeune femme en se recroquevillant sur sa chaise. « Tu n'en as pas le droit ! Tu n'en es pas digne ! Ce monde, oui, je le voulais ! Mais avec eux ! Et dans le monde que je voulais, les gens comme toi ne devraient pas exister… »
« C'est ça, c'est ça… », l'interrompit-il violemment, ses bonnes pensées complètement oubliées, « J'en ai rien à foutre, Granger, la vie n'est pas un conte de fée ! Qu'est-ce que tu croyais ? Qu'une fois le Seigneur des Ténèbres abattu, tout ce que tu as toujours connu moche et sale deviendrait tout d'un coup un monde d'amour et de paix où le lait et le miel coulent à flots ? Et bien non, désolé de te décevoir, le monde est toujours injuste, et tu n'as pas pu faire le tri entre ceux qui devaient vivre et ceux qui devaient mourir… Soit tu prends ce qu'il reste comme c'est, soit, et c'est l'option que tu me sembles avoir choisie, tu te morfonds dans ton coin en pleurnichant… »
« Je ne me morfonds pas en pleurnichant ! », s'exclama-t-elle en se levant à demi. Ses yeux brillaient de nouveau de la rage qu'avait éveillé en elle l'insulte voilée et le mépris perceptible dans la voix de son interlocuteur. Sa bouché était réduite à une ligne fine dans son visage pâli. Le jeune homme réprima rapidement un demi-sourire. Enfin, elle réagissait… Il tendit de nouveau la main et l'appuya sur son épaule, de sorte qu'elle soit contrainte de s'asseoir. Elle obtempéra lentement, tremblante de fureur.
« Alors, prouve le moi, je ne demande qu'à voir… », ricana-t-il en savourant son succès. Avait-elle compris qu'il était parvenu à ses fins ? Toujours est-il qu'elle sembla s'apaiser, tout en restant sur le qui-vive. Ses yeux dorés continuaient à surveiller son compagnon derrière le voile de ses longs cils, tandis qu'elle grignotait un bout de pain sans prêter attention au contenu de son assiette à demi pleine. Draco se détendit à son tour, s'appuyant paresseusement contre le dossier de sa chaise capitonnée de velours rouge. « Bienvenue dans le monde, ma chère… Nous sommes ravi de te revoir parmi nous ! », laissa-t-il soudain tomber pour son propre plaisir très personnel. Elle ne réagit pas à la provocation, continuant à triturer son pain. L'ancien vert et argent versa de nouveau du vin dans leurs deux verres avec un geste élégant.
« Je te déteste, Malefoy », déclara-t-elle soudain sur le ton de la conversation.
Il haussa les épaules, et leva son verre dans sa direction, comme s'il portait un toast à sa santé. Il prit tout son temps pour savourer son vin à petites gorgées, les yeux mis clos, avant de répondre. Hermione le regardait faire en silence, sans vraiment savoir ce qu'elle attendait exactement, ni même pourquoi elle avait fait cette sortie. Lorsqu'il eut fini, il lui adressa un de ses sourires bancals dont il avait le secret. « Je sais », dit-il tranquillement. « Et je vais te dire : je n'en ai vraiment rien à foutre… Par contre, il y a quelque chose contre laquelle aucun de nous deux ne peut rien : la vérité, c'est que tu as besoin de moi pour retrouver goût à la vie, parce que aucun de tes anciens amis n'a eut le courage de te tirer de ton trou à rat. Et bien que j'aie horreur de l'admettre, j'ai également besoin de toi, que tu passes à autre chose pour que moi aussi, je puisse avancer. Comme tu peux le voir, nous sommes coincés, jusqu'à ce que tu acceptes ça et que nous en soyons débarrassés. Une fois que ce sera fini, nous n'aurons plus jamais à nous adresser la parole… Tu seras même dispensée de m'envoyer tes vœux pour la nouvelle année. Que demander de plus ? Cela me semble être un marché tout à fait honorable… »
Elle lui lança un regard scrutateur, comme si elle cherchait à établir le vrai sens de ses paroles. Mais, bizarrement, elle ne trouva rien qui puisse l'alarmer. « Très bien », murmura-t-elle lentement, comme si chaque syllabe avait une importance capitale à ses yeux, « on va faire comme ça… » Prudemment, elle serra la main que Draco lui tendait par-dessus la table. C'était assez étrange. Inconsciemment, elle avait toujours cru que le contact du jeune homme était froid, par assimilation avec l'emblème de son ancienne maison probablement, mais tel n'était pas le cas. Les doigts de l'ancien Mangemort enserraient les siens avec fermeté, et sa peau était aussi douce et chaude que celle d'une femme. C'était le genre de main qu'on avait envie de garder dans la sienne pour toute une vie, en qui on pouvait avoir confiance car elle vous empêcherait de glisser et vous retiendrait si par hasard il vous arrivait de trébucher… Heureusement, Hermione savait ce qu'il était en réalité. Plus brusquement qu'elle ne l'aurait voulu, elle se dégagea et but quelques gorgées de vin pour se donner une contenance. S'il ne fut pas dupe, il n'en montra rien et sembla se concentrer uniquement sur une huître réfractaire. Elle le regarda faire en silence, attendant sans le dire qu'il prenne l'initiative.
En y réfléchissant un tant soit peu, elle réalisait que c'était une chose étrange que cette rencontre hors du temps. Depuis deux ans qu'elle avait renoncé à ses capacités de sorcière, elle n'avait jamais revu un de ses anciens compatriotes et n'en avait jamais éprouvé l'envie. Elle avait tenté d'oublier tout ce qui s'était passé lors des six années précédentes, elle avait défendu à ses parents d'y faire la moindre allusion. Quand à sa baguette magique, elle n'avait plus quitté le tiroir où elle l'avait enfouit depuis le moment où elle l'avait posé là. Elle avait ce funeste bout de bois en horreur. Cependant, le détruire lui paraissait tout bonnement inconcevable… Lorsqu'elle avait reçu la lettre de Draco lui donnant rendez-vous dans un restaurant branché de Londres pour le nouvel an, elle n'avait pourtant pas hésité une seule seconde. Elle avait su, dès le moment où elle avait reconnu l'élégante écriture de l'ancien Serpentard sur l'enveloppe, qu'elle regretterait de l'avoir ouverte et lue, mais elle l'avait fait. La meilleure image qui lui venait à l'esprit en repensant à ce moment, c'était celle de Pandore devant sa boîte : elle savait qu'il ne fallait pas, mais une force bien plus puissante que sa propre petite volonté l'avait poussée à désobéir. C'était comme ça, et il ne fallait pas vraiment chercher à réfléchir à la question…
Voir le jeune homme en face d'elle la ramenait à ses années de collège. Cela avait indubitablement quelque chose de surréaliste. Jamais ils ne s'étaient adressés la parole autrement que pour s'attaquer mutuellement. La haine qu'il avait pour elle n'avait d'égale que celle qu'elle avait pour lui. Et là, pour une raison tordue qui ne pouvait sortir que de son cerveau tordu, c'était lui qui venait à sa rescousse. Incroyable et pourtant vrai. Hermione s'était toujours plu à se dire qu'elle n'avait d'idées préconçues ni sur les gens, ni sur les choses. Elle réalisait à présent, petit à petit, que ce n'était pas si vrai que ça… Après la guerre, son monde en noir et blanc s'était fondu en une sorte de masse indistincte allant du gris foncé au gris encore plus foncé : il n'y avait plus de bien, plus de mal car plus rien n'était bien. Elle s'était perdue au milieu de ça, et trop effrayée pour faire face à cette vision, elle s'était réfugiée dans le monde qu'elle n'avait jamais vu le gris envahir. Le monde de son enfance. Le monde des Moldus… Mais elle n'était plus une enfant.
Un mouvement brusque en face d'elle la tira de ses pensées, et elle leva des yeux un peu égarés vers Draco. Le jeune homme avait fini de manger, et venait de jeter sa serviette blanche sur la table d'un geste dénué de toute douceur. Comme si revenir sur ses sentiments lui avait permit d'ouvrir les yeux, elle remarqua à quel point il avait l'air épuisé. Des cernes bleutés marquaient sa peau pâle sous les yeux, faisant paraître ses iris clairs plus clairs encore, lui donnant une sorte de regard exalté un peu effrayant. Pourtant, jusqu'à cet instant, il s'était comporté comme il l'avait toujours fait. Même ses accès de colères paraissaient parfaitement calculés et mesurés. « Sortons ! », dit-il tout d'un coup en appelant le serveur d'un geste de la main, « j'étouffe, ici ! » Il se reprit un peu alors qu'un trottinement discret derrière lui annonçait le petit bonhomme dodu chargé de leur bien-être. « L'adition, s'il vous plaît… Et donnez-nous nos manteaux », exigea t-il d'une voix de maître avant de renvoyer son subordonné. Ce dernier obtempéra avec célérité, et Draco paya sans jeter un regard à la note.
Hermione le regardait faire, bluffée malgré elle. Mis à part son exceptionnelle beauté, le jeune homme n'avait pas grand-chose qui en imposait. Il était assez grand, mais pas plus que beaucoup d'autres hommes. Il était bien bâti, mais plus d'un aurait pu l'envoyer mordre la poussière sans le moindre problème. Pourtant, on pouvait voir au premier coup d'œil qu'il était fait pour mener des hommes et se faire obéir d'eux. Etait-ce cela qu'on appelait le charisme ? Probablement. Toujours est-il que personne ne s'aventurait à le contrarier : on l'évitait, on se montrait tout au plus discrètement désapprobateur, mais on ne l'attaquait pas de front. Seul Harry en avait été capable, et Harry était mort. Harry lui aussi était de ces hommes que l'on suit, mais Harry n'était plus. Hermione se retrouvait toute seule dans un monde dévasté, où plus rien n'avait de sens. Elle se laissait entraîner par le cours de la vie, comme elle se serait laisser entraîner par le flot impétueux d'une rivière en crue, sans lutter car cela aurait été inutile, mais pas vraiment consentante non plus. Elle espérait juste qu'un jour elle trouverait un banc de sable où s'accrocher, se hisser, et mourir en paix.
Sans qu'elle sache trop comment, elle se retrouva dans la rue, Draco la tenant fermement par le bras. Le vent glacial lui gifla le visage, s'infiltrant sous son manteau jusqu'à la peau exposé par sa robe de cocktail. La neige qui tombait plus densément que jamais lui brouillait la vue. En dépit de la main gantée de son compagnon qui semblait le seul point d'ancrage dans ce blizzard, elle se sentait terriblement seule et exposée. « Où allons-nous ? », demanda-t-elle en criant presque pour se faire entendre. Elle s'y reprit à deux fois, mais le vent restait bien plus fort qu'elle. Seules quelques silhouettes pressées, sombres et indistinctes, serrées les unes contre les autres, croisaient leur chemin. Les guirlandes de lumières se balançaient férocement au-dessus des rues quasiment désertes, comme des étoiles supplémentaires, tentant de pallier à la désertion de celles qui illuminaient le ciel. Hermione se haussa sur la pointe des pieds et attira la visage de Draco à elle pour lui poser de nouveau la question. Un instant, son odeur, un mélange intoxiquant de citron et de lui, avec un peu de cigarette froide, vint lui chatouiller les narines…
Il la regarda, son visage levé vers lui. Quand il était sorti du restaurant, il ne savait pas exactement où il allait l'entraîner. Mais à cet instant là, il sut. « Où tout ça a commencé », dit-il d'un ton décidé. Elle bâtit des cils, visiblement égarée, mais mû par une inspiration soudaine, il l'avait prise par la main et marchait déjà à grands pas vers cette rue bien connue qu'elle avait crue ne plus jamais revoir. Elle tenta de s'arrêter, de se débattre mais il la tenait plus fermement qu'elle ne l'aurait cru, et il ne lâcha pas prise.
« Nous allons de l'autre côté, n'est-ce pas ? », articula-t-elle avec lenteur. « Je ne veux pas… Je veux bien parler de tout ce qui s'est passé avec toi, s'il le faut, mais tu ne peux pas m'obliger à faire ça. Je refuse d'y aller. Je refuse de revoir tous ces visages… Tous ces gens que je connaissais avant. J'étais heureuse quand je les ai vu pour la dernière fois. C'est ce souvenir là que je veux garder d'eux… » Elle le regardait avec des yeux grands ouverts, d'un air à la fois suppliant et inébranlable. Il eut une moue attristée.
« Ce n'est pas sur le Chemin de Traverse que nous allons », répondit-il, « Enfin, nous sommes obligés d'y passer parce que je ne peux pas transplaner en pleine rue du côté Moldu, mais je doute que cela te fasse grand mal… Prépare-toi à avoir un choc, Granger, je doute fort que tu reconnaisses quoique ce soit de ce que nous avons changé autrefois. Le… Ceux qui ont attaqué Poudlard ont attaqué ici juste avant. Ils n'ont pas laissés grand-chose après leur passage… Ca a été un vrai carnage. Tout a été reconstruit, depuis, mais ce n'est pas la même chose que ceux que nous avions coutume de voir autrefois », ajouta-t-il d'un ton amer. Vivre avec ce qu'il avait vu ce jour là, le sang écarlate couler en ruisseau entre les pavés, cela n'était pas facile même s'il avait appris à reléguer ces visions dans un coin de son cerveau qu'il évitait soigneusement. Mais la nuit, quand il dormait, elles ressortaient pour danser un sarabande méphistophélique et hanter ses cauchemars… « Allons, viens… »
C'était effrayant à dire, mais c'était vrai. Lorsque Hermione traversa frileusement le mur de briques derrière Draco, elle se rendit compte qu'elle aurait tout aussi bien pu n'être jamais venu ici. Tout semblait… Et bien, très neuf. Elle avait connu cette rue bordée de maisons toutes disparates, les colombages noircis par la fumée et le temps se mêlant allégrement aux murs de guingois qui ne semblaient tenir à la verticale que par la force de la magie. Tel n'était plus le cas aujourd'hui. Face à elle, elle ne voyait plus que deux rangées de coquettes maisons de briques toutes semblables, parfaitement rangées. Les échoppes avaient abandonné les trottoirs pour venir se ranger derrière des vitrines limpides comme de l'eau de roche. La seule chose qui indiquait que quelque chose s'était passée, c'était une plaque de marbre blanc, gravé d'une liste de noms, apposée à côté de l'entrée. Sous la neige, on distinguait vaguement la forme crispée d'un bouquet de fleurs fanées.
« Je sais », soupira Draco d'un ton désabusé, « à vouloir tout effacer, ils en ont un peu trop fait… Pour pouvoir imaginer le Chemin de Traverse tel qu'il était avant, il suffit de visualiser le contraire exact de ce qu'on a sous les yeux. Mais ils voulaient de la lumière, de la lumière à tout prix, quelque chose de lisse et d'aseptisé… Je dois avouer que c'est plutôt réussi. Cet endroit n'a plus la moindre âme. Mais continuons, ce n'est pas là que je voulais t'emmener. »
Elle leva les yeux vers lui, et fut frappé par son air lointain. « Où allons-nous, Malefoy ? », demanda-t-elle une fois de plus avec douceur. Le vent s'était calmé, la neige avait cessée. Il ne subsistait plus sous leurs pieds qu'un épais tapis de neige immaculée, vierge de toute trace.
« Est-ce que tu me fais confiance ? », questionna-t-il en guise de réponse, sans que ses yeux ne quittent le point qu'il était seul à voir.
Elle haussa les épaules d'un air moqueur. « Bien sûr que non, pour qui me prends-tu ? », ricana-t-elle à moitié, sans comprendre tout à fait où il voulait en venir mais pressentant déjà le piège.
« Ce n'est pas grave, ce n'est pas indispensable », répondit-il avec indifférence. Puis tout d'un coup il se tourna vers elle, et, sans qu'elle ait eut le temps d'exécuter le moindre geste ou même de protester, il la saisit à bras le corps et transplana.
Comment avait-elle pu oublier cette sensation bizarre et désagréable, cette impression que son estomac allait se retourner comme un gant ? Elle avait certes passé son permis avec succès quelques années auparavant, mais jamais elle n'avait eu beaucoup l'occasion de pratiquer. C'était à Poudlard qu'elle avait passé la majorité de ses derniers jours dans le monde des sorciers, et, comme chacun le sait, on ne peut pas transplaner dans l'enceinte de Poudlard. Non pas qu'il resta quoique ce soit de l'école pour que quelqu'un puisse avoir l'envie de si rendre… C'est du moins ce qu'elle croyait.
Elle mit un moment avant de reconnaître le paysage qui s'étendait à ses pieds. Tout ce qu'elle ressentit sur l'instant, c'était l'impression d'incommensurable beauté et mélancolie qui s'en dégageait. C'était un paysage en noir et blanc, comme celui d'une vielle photographie. Le ciel nocturne où étincelaient des milliers d'étoiles brillantes comme des diamants taillés semblait n'être là que pour constituer la plus belles des chasses à la lune elle-même, qui montrait bien haut son croissant d'argent, la terre s'était recouverte d'une épaisse couche de neige immaculée. Les ruines désolées étaient noires quand à elle, mais semblaient recouvertes d'une couche de crème chantilly. Les arbres dénudés exhibaient leurs cadavres couleur d'ébène, mais leurs branches s'étaient revêtues d'innombrables cristaux de givre qui n'étaient pas sans rappeler à Hermione les fleurs de cerisier au printemps. Le monde tout entier semblait être une église dans l'attente d'une belle épousée aussi blanche que la neige elle-même. La jeune fille avait presque envie de pleurer tant le spectacle était magnifique. Puis son regard se porta plus loin, s'attachant davantage aux détails. Et elle remarqua que sous les cristaux délicats, les branches des arbres semblaient avoir étaient mâchées par une machine gigantesque et terrible. Et les ruines dissimulaient sous leur blanc manteau une histoire sinistre. Et une colonne de marbre blanc veiné de noir élevait vers le ciel un doigt accusateur…
« Non, tu n'as pas fais ça… », murmura Hermione d'un ton incrédule. Elle le devina du coin de l'œil plus qu'elle ne le vit : Draco hochait lentement la tête. « Non », répéta-t-elle comme si cela pouvait conjurer le sort. Elle avait le cœur au bord des lèvres, et tout le paysage enchanteur se fondait dans sa tête en une ronde indistincte. Mues par une impulsion soudaine, comme animées d'une vie propre, ses jambes se mirent à courir toutes seules comme des grandes vers la colonne de marbre. Elle ne l'avait jamais vue, et elle aurait voulu ne jamais la voir. Elle en avait simplement entendu parler, des bribes de phrases prononcées par des inconnus, mais elle l'avait reconnue au premier coup d'œil. Elle aurait voulu la détruire, car elle portait gravée sur son sein une partie de son passé qu'elle aurait préféré oublier. Elle ne réalisa à quel point la colonne était grande qu'au moment où elle se trouva à ses pieds.
Lorsqu'elle levait la tête, elle distinguait à peine le haut de la colonne où était érigée une statue représentants deux sorciers se serrant la main, et lorsqu'elle le faisait, son cou était douloureux. Elle finit sa course en s'abattant contre elle, son visage serré contre la pierre gelée. Ils étaient là, gravés en lettres gothiques d'un noir brillant, contre ses yeux, son nez, sa bouche, les noms de tous ceux qu'elle avait côtoyé des années ou un seul instant, et qu'elle avait vu tomber ce jour-là. Les noms de ceux dont on avait brûlé les corps sur un seul et même bûché, tous ces corps entremêlés, les amis, les ennemis, tous jetés pêle-mêle dans les flammes destructrices. Les héros et les traîtres unis dans une même étreinte. Tous, sauf un. Celui dont on n'osait prononcer le nom de son vivant n'avait pas eut le droit de le voir inscrit profondément dans la pierre. Comme une ultime punition, le Ministère de la Magie avait simplement écrits trois mots perdus dans la masse anonyme : « Tom Elvis Jedusor ». Malgré elle, ses doigts virent se placer dans les entailles des lettres gravées, comme une aveugle lit le braille. Il y avait des centaines de noms, ceux de victimes des deux guerres quel que soit le côté qu'ils avaient embrassés. Pour bon nombre d'entre eux, ils n'étaient que des ombres anonymes qui s'étaient trouvées là au mauvais endroit au mauvais moment. Pour d'autres, personne n'avait jamais su exactement de quel côté ils s'étaient placés. Il y avait même des Moldus pris dans des attentats qui n'avaient jamais su pourquoi ils étaient morts. La seule chose qui importait au moment où la colonne avait été érigée, c'était de ne blesser personne. La solution qui avait été trouvée ne satisfaisait donc personne non plus…
A mi-voix, Hermione commença à égrainer les noms des disparus comme d'autres égrainent un chapelet, lisant à chaque fois la courte épitaphe qui y avait été ajoutée. Draco s'était arrêté à quelques pas derrière elle et hésitait à s'approcher. Elle avait l'air très petite et très fragile, toute seule en bas de la colonne. Il écoutait sa voix briser le silence par sa litanie: « Rosanna Steward… A notre fille bien-aimée… Evan O'Conell… Tu vivras toujours dans nos cœurs… Sean Packard… Père et époux dévoué… Deirdre Sullivan… Elle a vécu ce que vivent les roses, l'espace d'un matin… Aditya Khan… Salaam Namaste Baiyyah… Laurène Montand… Ta flamme ne s'est éteinte que pour mieux brûler… » Jamais Draco n'avait essayé de lire tous ces messages d'amour lancés à l'eau delà. La stèle, jusqu'à présent, n'avait été pour lui qu'une pierre sans vie. Mais la douce voix d'Hermione lancée dans le paysage mélancolique donnait un tout autre sens à ces simples mots. Ces gens étaient morts, et d'autres les avaient connus et aimés. Il n'était pas sûr d'apprécier ce changement. Les noms continuaient de s'élever, et cette fois, ce n'étaient plus des noms d'inconnus, mais des noms qu'il avait bien connus, trop bien même…. « Lavande Brown… Tu laisses une place vide dans nos cœurs… Seamus Finnigan… Nous ne t'oublierons jamais… Milliscent Bullstrod… Tant de choses que je n'ai pas eu le temps de te dire… Pansy Parkinson… » La voix d'Hermione se brisa, et elle se laissa glisser au pied du mémorial, prostrée sur elle-même.
Hermione courait au travers des restes de la Forêt Interdite. Les branches carbonisées crissaient comme des os brisés sous ses pas, marquant ses jambes de traces de cendre noires. Elle ne voyait encore personne, mais elle pouvait déjà entendre les cris, et dans la semi obscurité, elle voyait les lueurs que produisaient les sorts en s'entrecroisant. De loin, cela ressemblait à un magnifique feu d'artifice, fait d'étincelles vertes, rouges et blanches. Mais la jeune Griffondor savait bien que cela n'amènerait que la mort. Mais elle n'avait pas peur, elle était juste… elle ne savait pas très bien comment elle se sentait. Son cœur battait très fort dans sa poitrine, elle avait du mal à respirer et cela n'était pas dû à la vitesse de sa course. Elle avait le sentiment d'être arrivée à un tournant de sa vie, mais elle n'était pas sure de savoir vers quoi cela la mènerait. Elle s'arrêta quelques secondes pour reprendre son souffle, pliée en deux, les mains sur les genoux.
Un bruit derrière elle la fit se retourner, sa baguette à la main, tous ses sens soudain en alerte. Elle eut du mal à reconnaître la silhouette qui lui faisait face, sans doute car elle ne lui avait jamais prêté grande attention. La jeune fille était de toute façon à peine reconnaissable : ses cheveux noirs collés par la sueur pendaient de chaque côté de son visage lunaire en mèches décoiffées, sa peau pâle était marquée de cendres elle aussi, ses yeux brillaient d'un éclat fiévreux assez effrayants. Hermione se rappela soudain son nom. Elle s'appelait Pansy Parkinson, et elle était en septième année à Serpentard. Elle faisait probablement partie de l'autre camp. Le cerveau de la rouge et or se mit à réfléchir à toute vitesse…
«Tes copains sont morts, Granger ! », commença froidement la Serpentard avec un ricanement malsain, « Draco les a tué ! »
Hermione la regarda sans comprendre. Elle tenait sa baguette levée en direction sans comprendre, les mots semblaient rebondir sur elle sans qu'elle puisse les comprendre. Pansy l'observait, attendant visiblement de sa part une réaction qui ne venait pas… Elle en rajouta une autre couche, négligeant de la tenir en joue, bien trop occupée à tenter de lui faire mal par ses mots : « J'étais cachée derrière un arbre… J'ai vu Draco les tuer tous les deux. Ils n'ont même pas essayés de se défendre, ils sont morts tous les deux comme de lâches. Et maintenant toi aussi tu vas mourir, et c'est moi qui vais te tuer. »
« Tu mens », répondit Hermione d'un ton tranquille. Harry et Ron ne pouvaient tout simplement pas être mort. Ils étaient ensembles, ils avaient vaincus Voldemort. Malefoy n'était pas capable de les tuer. Et de toute façon, Hermione aurait senti si on les avait tué, elle en était persuadée. Après tout ce qu'ils avaient traversé ensemble, un lien devait s'être créé entre eux trois ! Donc Pansy mentait. Elle mentait. Elle mentait.
« Pourquoi mentirais-je ? », demanda la vert et argent avec arrogance. Elle semblait parader, mais cela ne déstabilisa pas Hermione.
« Je n'en sais rien », murmura celle-ci paisiblement. « Tu sais cela mieux que moi… Je ne peux pas comprendre les raisons qui poussent un Serpentard à agir. »
« Je ne mens pas ! », répéta l'autre jeune fille en repoussant une mèche de cheveux que le vent glacé poussait devant ses yeux. « Je te dis que je les ai vu… La belette portait l'autre balafré. Ca a été un jeu d'enfant… Draco n'a eut qu'à lever sa baguette, et puis ils sont morts. Aussi simple que ça. Et moi je vais te tuer ! », ajouta t'elle de nouveau avec force comme pour tenter de s'en convaincre.
Hermione tressaillit. Non pas à cause de ce que Pansy avait dit qu'elle allait la tuer, mais parce qu'elle n'aurait pas du savoir que Harry était blessé. Elle seule le savait. En théorie. Ou alors cela voulait dire que Pansy avait vraiment vu quelque chose se passer… Qu'elle disait la vérité… Que Ron et Harry étaient morts… Impossible. « Nous avons tué Voldemort », déclara soudain Hermione. « Cela ne servirait à rien de me tuer… »
« Parce ce que tu crois vraiment que je vais te tuer au nom de cette guerre ? Et bien tu te trompes, ma pauvre, je vais te tuer parce que j'en ai envie, et parce que je ne t'aime pas ! », l'interrompit Pansy avec méchanceté. Elle leva enfin sa baguette en direction de l'autre jeune fille et l'observa entre ses paupières étrécies.
« Ne fais pas ça, Pansy », dit Hermione avec lenteur, comme pour calmer un animal dangereux. « Tu le regretterais après… »
« Oh non, je ne le regretterais pas, au contraire, je me souviendrais de cet instant toute ma vie avec un plaisir que tu ne peux même pas imaginer… La grande Hermione Granger terrassée de ma main… Que demander de plus ? » Elle émit une sorte de ricanement sans joie, et Hermione commença à avoir vraiment peur. C'était comme une boule au fond de son estomac qui grossissait, qui grossissait…Elle aurait voulu ne s'être jamais arrêtée, et alors elle aurait été auprès de McGonagall. Elle lui aurait dit que Voldemort était mort. Cette guerre aurait cessée. Tous ces massacres se seraient apaisés. Tout serait redevenu comme cela aurait toujours du l'être. C'était ce pour quoi Harry, Ron et elle s'étaient battus depuis des années…
« Avada Kedavra ! », cria soudain Pansy, mais Hermione avait déjà lancé un sort de bouclier. Ou plutôt, son cerveau l'avait lancé tout seul sans qu'elle s'en soit vraiment rendu compte…
« Non, Pansy, arrête ! », hurla t'elle derrière le sortilège. Une lueur de folie meurtrière brûlait dans les yeux de la Serpentard…
« Non ! », répondit son adversaire. « Je vais te tuer… Avada Kedavra ! »
Hermione se baissa au dernier moment pour éviter le sort avec succès. Le rayon vert vint se briser contre une branche d'arbre exactement à l'endroit où elle s'était trouvé quelques secondes auparavant. Cela ne pouvait pas continuer ainsi, ou Pansy finirait par vraiment la tuer. Hermione ne voulait pas mourir, pas maintenant que tout ce qu'elle avait toujours voulu était près de se réaliser… Avec une agilité qu'elle s'ignorait, elle roula jusqu'aux pieds de Pansy et se releva d'un bond. Sans qu'elle sache trop comment, la pointe de sa baguette se trouva enfoncé dans la gorge de la Serpentard. « Arrête toi, je suis plus forte que toi. Ou veux-tu vraiment mourir ? », demanda t'elle froidement.
La jeune fille immobilisée ouvrait de grands yeux terrifiés. Elle secoua la tête négativement sans que sa gorge serrée puisse laisser filtrer un seul mot. Hermione, soulagée au-delà de toute mesure, relâcha légèrement son étreinte sans déplacer pour autant sa baguette. « Vas-tu me laisser tranquille maintenant ? Je ne tiens vraiment pas à te faire du mal, mais s'il le faut vraiment, alors je ne reculerais devant rien… »
« Je vais te laisser tranquille », répéta docilement Pansy, sans la quitter des yeux. Des larmes de terreur coulaient sur son visage sali, et Hermione eut confiance. « Dis moi la vérité. Malefoy n'a pas tué Ron et Harry, n'est-ce pas ? Tu as menti ? », ajouta t'elle pour se rassurer. Pansy hocha la tête dans un mouvement spasmodique. Hermione la lâcha en souriant et la vert et argent tomba à genoux en tremblant. « Ca ne sert à rien de mentir… », dit doucement la Griffondor. « Fais attention à toi, maintenant, cela ne devrait plus être très long. Tout va bientôt être fini… »
Elle s'éloigna à grands pas, pressée de retrouver McGonagall. Derrière elle, elle entendit Pansy qui se relevait, et elle se retourna pour lui adresser un mot d'encouragement. Mais elle n'en eut pas le temps. Pansy était debout, en effet, mais elle avait essuyé les larmes de ses yeux, ajoutant des traces boueuses à son visage déjà marqué de cendres. Cela aurait été comique, si seulement elle n'avait pas tenu sa baguette tendue en direction d'Hermione. Tout se passa très vite alors. Provenant de très loin, la jeune fille entendit deux mots : « Avada Kedavra », avant de réaliser que s'était ses propres lèvres qui les avait prononcé. Pansy s'écroula, et la dernière image que la Griffondor emporta d'elle fut celle de son visage déformé par la terreur lorsque le sort émeraude l'avait frappé… Elle se mit à courir, courir, courir pour échapper à cette vision, mais le sang qui lui battait les tempes lui rappelait le bruit du corps mou de son adversaire frappant la terre… »
Draco mit quelques secondes avant de réaliser qu'Hermione s'était mise à pleurer. Mû par un mouvement qu'il aurait été bien en peine de maîtriser, il s'approcha d'elle s'agenouilla dans la neige à côté d'elle. Son bras se tendit, et vint se poser sur les épaules de la jeune fille avec une douceur insoupçonnée. Cette dernière s'accrocha à lui, comme un désespéré s'accroche à un rocher, et la neige recommença à tomber…
Je pense qu'il y aura un chapitre, tout au plus deux de plus… J'espère que vous avez aimé ! Review please !
