Okay, ça, c'est pour les amoureuses du Mcbeck, dont la plus illustre représentante est Vive les Unas, suivie de très près par Téli … sauf qu'elle, Nounours, elle le voudrait plutôt pour elle toute seule !

Rating : PG13 (slashounet …)

oOo

Rodney

Mais où est donc ce fichu mangeur de moutons ! Cela fait bientôt plus d'une heure que je le cherche partout.

Et j'ai mal. Super mal.

Franchement, qui aurait pu prédire que ce prototype allait exploser ? Humpf, en fait non, tout le monde aurait pu le prévoir : c'était un des projets de Kavanaugh. Ce type est non seulement un incompétent notoire mais aussi un criminel ! Il faudra que j'en parle à Elisabeth. Il faut le rapatrier sur Terre au plus vite. Qu'il aille donc travailler un peu en Russie ou en Antarctique, ça lui fera les pieds.

Je regarde ma main qui a doublé de volume. Bon évidemment, l'énorme pansement que j'ai posé un peu à l'aveuglette doit y être pour quelque chose, mais hey, je suis docteur en astrophysique pas en médecine.

Oui, oui, bien sûr il y avait un médecin à l'infirmerie. Plusieurs en, fait. Mais c'est Biro qui était de garde. Brrrrr. Cette bonne femme a le don de me refroidir … sans mauvais jeu de mot (1). De toute manière, je ne veux pas que quelqu'un d'autre m'examine … je veux dire, Carson est mon médecin, il connaît mon dossier médical. Avec ma chance, ces abrutis seraient fort capables de me tuer en m'administrant un produit auquel je suis allergique.

Donc, me voilà parcourant des kilomètres, gravement blessé, à la recherche du médecin en chef de l'expédition Atlantis, un médecin en chef qui a disparu, désertant purement et simplement ses responsabilités et …

Et là, je m'arrête en plein couloir, saisit d'une révélation. Responsabilités … Merde !

C'est vrai, ça fait juste deux jours que Carson a injecté au Major son petit cocktail miracle. Celui qui lui a rendu sa forme humaine. Enfin, presque, parce que pour ce qui est des cheveux, c'est un raté total : ce type à l'air d'un croisement entre un bichon à poils longs et un elfe.

Pour les oreilles bien sûr.

Okay, je crois que je sais ce qui ne tourne pas rond dans la tête de notre sorcier vaudou attitré. Responsabilités … ce mot résonne dans me tête depuis Dorandan (2). Et son écho n'a pas encore tout à fait disparu … alors, Carson …

Carson n'est pas tout à fait comme nous, enfin comme moi. Je veux dire qu'il ressent toujours les choses plus fortement, plus intimement. Compassion. Empathie. Sentiments dont, je le sais, je suis incapable. Oh, je sais faire la différence entre le bien et le mal, merci beaucoup ! Mais ce qui s'est passé sur Dorandan … Okay, c'était à ranger dans la catégorie mal, sauf que si ça avait marché, alors là, ç'aurait été le summum du bien, non ?

Je soupire. Yep, évidemment, il faut que je ramène les choses à moi, « comme d'habitude » dirait Sheppard. Egoïste ? Sans doute. Je ne cherche pas d'excuse à ce que je fais, ou à ce que je suis. Je suis … moi, c'est tout. Mais Carson … pour lui, responsabilité est synonyme de culpabilité.

Hum, il faut que je le retrouve … ne serait-ce que parce que ma main a atteint un volume tout à fait inquiétant, mais aussi parce que … parce que …

J'hésite devant le transporteur, comme pris d'un doute. Parce que … je suis son ami. Oui, c'est ça. Je tiens à Car- … je veux dire, je tiens à son amitié. S'il ne va pas bien, je dois l'aider. Je regarde ma main. Je souris. Je sais exactement comment faire : en l'obligeant à penser à autre chose, en l'obligeant à faire ce pour quoi il est venu ici, bref en l'obligeant à exercer sa soit disant science sur moi.

Et juste pour lui prouver que je suis un ami exceptionnel, je ne ferais aucune remarque sur la manière dont il procède. Sauf s'il sort une seringue.

Bien. Plan défini, maintenant, il ne me reste plus qu'à trouver cet Highlander de malheur.

oOo

J'ai fini par le trouver – merci, les senseurs de cette merveilleuse Cité, et merci la technologie ancienne ! – sur un des pontons. Il est agenouillé devant l'océan.

MON DIEU !

Il ne va quand même pas … il n'oserait pas …

« CARSON ! »

Il s'est tourné vers moi à l'appel de son nom et c'est là que je les voies … des larmes.

Oh Mon Dieu ... Il va le faire.

Et là, je ne réfléchis même pas, je courre, je saute et je le plaque au sol.

Et je me mets à hurler …

… de douleur.

Je me roule immédiatement en boule, ramenant ma pauvre main contre ma poitrine.

«Rodney! Bloody Hell! Mais qu'est-ce qui vous arrive encore. Laissez moi voir.»

Il se penche vers moi. Je suis incapable de lui répondre, ce n'est pourtant pas l'envie qui m'en manque, juste histoire de lui dire ce que je pense de cette petite frayeur qu'il vient de me faire, sans parler du fait qu'en le sauvant d'une mort stupide, je me suis très certainement irrémédiablement condamné à l'amputation.

Une main se pose sur mon épaule. Je me recroqueville complètement, réussissant une extraordinaire personnification de tortue, et parvient, les dents serrées, à marmonner un «Carson, si vous me touchez, je ne réponds plus de rien». Evidemment, Carson étant Carson, mon avertissement reste sans effet et je me retrouve «détortuser» avec douceur.

C'est sans doute ce que je trouve de plus carsonien. Cette extraordinaire faculté à être doux, dans les gestes, dans l'intonation de la voix, dans le regard, le sourire. Je n'ai jamais connu un homme comme ça, ni de femme d'ailleurs. Et non, avant que vous ne posiez la question, ma mère n'était pas un modèle de douceur. Ma mère n'était pas un modèle tout court en fait. Je veux dire pas un modèle de mère. Elle était plus occupée au Country Club à défendre la cause des orphelins d'un obscur pays du tiers monde qu'à s'occuper de ses propres enfants.

«Rodney?»

J'ouvre un œil. Qui tombe sur un autre œil. Un peu plus bleu. Un peu plus pur. J'ouvre le second. Carson me sourit. Je lui rendrait bien son sourire mais là je suis un peu beaucoup concentré sur une seule tâche: ne pas hurler de douleur, à moins que cela ne soit tout simplement ne pas tomber dans les pommes à cause de la douleur. Il comprend. Comme toujours. Autre qualité purement carsonienne.

Il tend la main vers ma poitrine et touche mon bras. Je frissonne. Certainement le choc … Carson prend ma main dans la sienne et avec une infinie douceur ôte l'affreux pansement. Il en extirpe une sorte de chose rouge pas très jolie à voir. Ses yeux se voilent. Colère? Déception? Un peu des deux sans doute. J'ouvre la bouche pour me défendre, argumenter: après tout c'est de sa faute si j'en suis là, non? Mais il pose son index sur mes lèvres. Mes frissons redoublent … curieux les effets d'un choc.

Les yeux bleus sont toujours fixés sur moi. Carson ne dit rien. Je tends ma main valide vers sa joue et essuie les dernières traces de larmes. Je voudrais … je voudrais lui dire … lui expliquer … mais je n'y arrive pas. Surprise! Il y a tant de chose que Rodney McKay est incapable d'exprimer. Handicapé affectif. C'est parfois si … frustrant! Pourtant, il faut que j'y arrive parce que cette fois c'est important, vraiment. Carson a essayer de … de se tuer et qu'est-ce que je fais? Je me roule en boule par terre et je pleurniche comme un nouveau né. J'ouvre à nouveau la bouche pour parler mais cette fois Carson use d'une autre méthode pour me faire taire.

TBC … A condition bien sûr que quelqu'un veuille connaître la réaction de Carson ...

(1) Ce médecin – une petite bonne femme d'une quarantaine d'années, avec lunettes et chignon – apparaît dans l'épisode Virus, saison 1. On peut penser que c'est une pathologiste (bref son truc c'est pas de soigner les vivants mais de comprendre pourquoi et comment, ils sont morts …).

(2) Dorandan est le nom de la planète sur laquelle nos amis découvrent une arme à la puissance inouïe, inventée par les anciens. Malheureusement, ces derniers ont été dépassés par leur découverte qui s'est retournée contre eux. Persuadé de pouvoir réussir là où les anciens ont échoué, Rodney cause finalement la mort d'un de ses collègues ainsi que la destruction des 5/6ème du système solaire …