Titre : Gambare Shikamaru

Auteur : Kou Haruko

Traductrice : Ishime

Sujet : Naruto.

Rating : R

Genre : Romance, sérieux. Pas vraiment de gros délire ici, comme quoi ça se voit que je ne suis que traductrice !

Diclaimer : Les personnages de Naruto sont à Masashi Kishimoto, sauf Mayu, qui est, avec l'histoire de Gambare Shikamaru, la propriété de Kou Haruko.

Résumé : Ino sort avec des copines, et parle un peu trop...

Commentaire : J'aime cette fanfic, j'aime cette fanfic, J'AIME CETTE FANFIC ! Bon, maintenant que tout le monde le sait, je peux peut-être ajouter que j'aime toutes celles de l'auteur ? Ishime-fan-de-Kou-Haruko Je veux la suite de ses fiiiiiiiiiiiiiiics ! Alors pour patienter je les traduis. Comme ça on patientera ensemble ! Pis on pourra même lui envoyer une pétition, qui sait ?

Dédicace : À Kou Haruko, qui a écrit cette merveilleuse fanfiction, et à Tamyl Sikao, fan-de-shikaino-made-in-france-coupiiiiiineuh ! Et pis à ma-bande-de-dingues-à-moi-toute-seule-à-moi-toute-seule : Chim', Dem' et Youyou !

Chapitre 3 :

Le samedi après-midi, Ino avait pour habitude de retrouver ses amies dans leur salon de thé préféré. Que Shikamaru soit à la maison ou non lui importait peu, s'il faisait beau passé l'heure du déjeuner, on pourvait la voir au salon de thé, bavardant avec quelques autres filles au dessus d'une tasse fumante et d'une assiète de gateaux. Ce samedi n'échappait pas à cette règle, malgré un détail insolite. Cette fois-ci, Shikamaru avait décidé d'aller lui aussi en ville pendant qu'Ino passait son 'temps de fille'. Mais il n'était pas assez stupide pour se risquer à rejoindre Ino et ses amies, il ne voulait pas passer pour le mari pot de colle d'une belle femme. Non, il se cachait plutôt, pour faire en toute tranquilité ce que la présence d'Ino lui interdisait en temps normal.

Ino soupira bruyament, vautrée sur sa chaise, en calant son menton contre sa paume, les coudes sur la table. Ses amies savaient ce que signifiait cette attittude, c'était le moment de demander à Ino de raconter ses mahleurs. Tenten se décida la première à saisir la perche que tendait Ino. "Il y a quelque chose dont tu voudrais nous parler ?" demanda-t-elle avec un sourire.

Ino soupira de nouveau et se mit à jouer avec la fraise qui décorait son gâteau, avant de l'élever au bout de sa fourchette et de la mettre dans sa bouche. Elle mâcha lentement le fruit. Vu le regard qu'elle avait, elle ne devait même pas sentir le goût de ce qu'elle mangeait. Ses amies échangèrent des regards entendus avant de remplir leur devoir amical.

"Allez Ino," insista Tenten, "si quelque chose t'ennuie, tu peux nous le dire. C'est à ça que servent les amis, ne ?" ajouta-t-elle joyeusement.

"Ou-oui..." approuva nerveusement Hinata. "Nous sommes là pour toi... Nous ferons de notre mieux pour te réconforter, Ino-chan." Comme toujours, ses yeux blancs évitaient les regards de ses camarades, et elle se triturait les index.

Ino roula des yeux. "Mais il n'y a rien !" protesta-t-elle. "Tout est juste parfait !" Elle coupa un gros morceau de gâteau avec sa fourchette et le fourra dans sa bouche. Yep, cette fois, ses amies en étaient sûres : quelque chose n'allait pas.

Mayu, la commère du voisinage, qui s'était insérée de force dans leur petit groupe uni, intervint. "Oh, je parie que c'est Shikamaru-kun," s'exclama-t-elle. "Il n'y a que lui pour mettre Ino dans cet état !"

Tenten et Ino se demandèrent pour la enième fois pourquoi elles laissaient Mayu s'inviter à leurs réunions du samedi. Elles l'auraient bien chassée, mais Hinata avait insisté pour qu'elles soient gentilles avec elle, car "Mayu-san" devait "se sentir très seule".

Ino lécha la crème fouettée sur sa fourchette et commença à taper de façon agaçante contre sa tasse. Son regard était redevenu lointain.

La patience de Tenten avait des limites. "OK," fit-elle en frappant sur la table du plat de la main , "arrête de tourner autour du pot parce que je commence à en avoir assez !"

Ino, surprise, cligna des paupières, comme pour mettre ses idées au clair. Elle détourna les yeux, embarrassée, et posa rapidement sa fourchette. "Et bien... C'est Shikamaru..."

Tenten eut un sourire satisfait. "Oui oui, raconte-nous tout," approuva-t-elle. "C'est un égoïste au lit, un clochard paresseux, et il nous déteste parce que nous sommes de ton côté." Elle lança sa fourchette en l'air et la tint en équilibre aussi facilement qu'elle l'aurait fait avec un kunaï.

Mayu rit nerveusement, et une lueur affamée de commérage passa dans son regard. Il était visible qu'elle voulait des détails. La seule membre du groupe qui ne se sentait pas prête à discuter des défauts de Shikamaru était la compatissante fille aux yeux blancs. La première réaction d'Hinata aux paroles de Tenten avait été un air choqué. "Shikamaru n'est pas un homme horrible comme ça !" s'écria-t-elle, "t-tu ne d-devrait pas dire des choses pareilles..."

Tenten eut un sourire rassurant. "Hinata-chan, je plaisantais seulement." Elle fit un clin d'oeil à son amie. D'un léger mouvement du poignet, elle envoya la fourchette sur son doigt voler, puis atterrir en se plantant dans son gâteau.

"A-ah... G-gomen nasai..."

Tenten frotta gentiment le dos de la timide Hyûga pour lui montrer qu'elle n'était pas vexée, avant de reporter toute son attention sur Ino. La blonde était à deux doigts de tout leur raconter, elle en aurait mis sa main à couper. Tout ce qu'il leur restait à faire, c'était lui donner un petit coup de pouce. Ino ne savait pas garder les secrêts qui lui pesaient.

La jeune mariée prit sa fourchette et la fit tourner entre ses doigts encore quelques instants avant de relever les yeux pour parler.

"Et bien... Vous savez que Shikamaru est..."

Il éternua bruyamment. Peut-être était-ce à cause du pollen printanier. Shikamaru se frotta le nez et continua à descendre la rue, sans but. Le soleil d'après-midi chauffait confortablement sa peau et il se prit à souhaiter être dans sa clairière préférée, sous son ciel adoré. Par un temps si agréable, les nuages ressemblaient à des balles de coton blanc, insouciement duveteux. Les conditions étaient idéales pour les regarder. Si seulement il avait pu s'allonger et les observer, pendant des heures et des heures... Mais en fait, il avait du temps à tuer. Sauf qu'il n'arriverait pas à apprécier son passe-temps favori. Il se serait déjà installé si son inquiétude et sa nervosité ne l'avaient pas gêné.

Un gamin que ses parents devaient avoir perdu le bouscula en courant. Shikamaru grogna, contrarié. Tout l'ennuyait ces derniers jours. Même le temps ensoleillé lui paraissait sombre et déplacé. Et la source de tous ses problèmes était la femme qu'il aimait - la seule personne qui avait suffisamment d'influence sur lui pour le mettre dans ce genre d'humeur.

Le récent changement dans le comportement d'Ino n'avait pas échappé à sa conscience aigüe. Elle avait l'air déprimée, et il l'avait souvent trouvée en train d'errer dans la maison en rentrant. Pas qu'elle ait manqué d'énergie ! Mais même s'il ignorait la raison du chagrin de sa femme, il n'était pas idiot au point de ne pas se rendre compte que quelque chose n'allait pas. La distance qu'elle laissait entre eux et ses marques d'affection qui se raréfiaient commençaient à l'alarmer. L'attitude d'Ino en était arrivée à un point où elle devenait insupportable pour lui. Mais même si sa vie en avait dépendu, il n'aurait pas pu trouver quel était leur problème. Pour la première fois, c'était coincé sous sa peau, comme une épine juste hors de sa portée. Un soit-disant génie qui ne pouvait pas comprendre sa propre épouse. Quel genre de plaisanterie était-ce ? Comment pouvait-il prétendre prévoir les mouvements de ses ennemis s'il ne parvenait pas à comprendre une femme qui partageait sa vie ? Tout "stratège de génie" qu'il était...

Shikamaru soupira et rentra la tête dans les épaules. Il enfonça ses poings dans ses poches et continua à traîner des pieds jusqu'en bas de la rue. Il était si préoccupé qu'il ne remarquait même pas l'odeur alléchante qui sortait des échoppes, alors qu'il n'avait pas déjeuné.

La froideur d'Ino à son égard ne pouvait être due à son manque d'effort ou quelque chose comme cela. Bien que son instinct le pousse à éviter la confrontation, il s'était forcé à lui demander la cause de sa colère. Tout ce qu'il avait obtenu étaient des bleus, des courbatures et une longue séance d'abus verbaux de sa femme. Elle lui avait crié dessus à propos de tout, sauf du vrai problème. Toute cette situation était franchement pénible. Bon sang, elle avait passé le seuil critique cinq niveaux auparavant. Il était dans un besoin majeur d'aide.

C'était la raison pour laquelle il avait accompagné Ino en ville aujourd'hui. Il avait espéré que passer du temps avec ses amies l'encouragerait à lui parler. Et si ses camarades l'aidaient à voir plus clair dans leur situation infernale, ce serait tant mieux.

Il jeta un coup d'oeil à son ombre sur le sol pour voir quelle heure il était. La direction qu'elle pointait lui apprit qu'il était assez tard dans l'après-midi. Il sourcilla nerveusement. Il était probablement temps d'aller chercher Ino au salon de thé, mais il craignait l'accueil qu'elle lui ferait. Il sortit une main de ses poches pour se gratter la tête. C'était le moment de se comporter en homme du clan Nara.

Les trois filles la fixaient avec un air d'incrédulité totale, bouche ouvertes comme des poissons hors de l'eau. "Tu veux dire..." vérifia Tenten, "qu'il ne t'as jamais dit qu'il t'aime !"

Un éclair de tristesse passa dans les yeux d'Ino, et elle hocha la tête. Aussi incroyable que cela paraisse, c'était la triste vérité. Elle avait eu du mal à l'avouer parce que non seulement elle aurait l'air pitoyable, mais son marriage semblerait faux. La dernière chose qu'elle souhaitait, c'était que les gens pensent que Shikamaru l'avait épousée parce qu'il l'avait mise enceinte ou quelque chose de honteux comme cela. Ce fut à ce moment qu'elle s'aperçut que toutes ses amies regardaient son ventre.

"IL NE M'A PAS ÉPOUSÉE PARCE QU'IL M'AVAIT MISE ENCEINTE, HEIN !" hurla-t-elle, sur la défensive.

"Nous... Nous le savons, Ino-chan," l'apaisa Hinata en rougissant.

Mayu pâlit et une goutte de sueur coula le long de sa temps. "Mais... vous n'avez pas fait l'amour depuis... puisque..." Elle était incapable de finir sa phrase.

Ino baissa un peu plus la tête en acquiesçant

Hinata se débattit intérieurement contre sa timidité pendant un moment avant de rassembler assez de courage pour interroger la blonde. "Et tu peux vraiment... Compter le nombre de fois où Shikamaru-kun t'as embrassée ?"

La tête d'Ino se baissa complètement sous le poids de sa honte. Si seulement une quelquonque catastrophe naturelle pouvait se produire juste à cet instant, et écarter l'attention de ses amies de sa version lamentable du marriage.

Tenten eut un sourire un peu forcé. "Là, là, je suis sûre qu'il y a une raison... Peut-être qu'il est trop paresseux pour... y aller franchement comme ça ?" Elle donna quelques claques amicales dans le dos d'Ino, mais le moral de cette dernière ne remonta pas.

Mayu, qui s'était remise de sa surprise, passa immédiatement en mode commérage. "Peut-être qu'il est gay ! Et il t'as épousée pour le cacher !"

Hinata eut un regard affolé et Tenten plissa les yeux en fixant Mayu.

"Quoi ?" demanda cette dernière en regardant autour d'elle. "Il s'entend un peu trop bien avec ce gros."

Ino avala une gorgée de thé et fit expérimenter à Mayu son regard le plus assassin. "N'appelle pas Chôji gros," siffla-t-elle, "il a une forte ossature."

Mayu grogna et marmonna quelque chose entre ses dents avant de retourner à son gâteau.

"Peut-être que... Shikamaru-kun est très subtil dans sa façon de montrer ses émotions," fit Hinata, plus positive.

Ino releva la tête et eut un sourire grimaçant pour la gentille Hyûga.

"Mais..." Tenten suça pensivement sa fourchette. "Je pensais que les hommes étaient sensés être complètement... Uhh..." Elle chercha le meilleur moyen d'évoquer ce à quoi elle pensait. "Je veux dire... Ils ne sont pas supposés aimer... Le S-E-X-E ?" Elle jeta un coup d'oeil à ses amies, gênée d'avoir épelé le mot. "Les gars ne passent pas leur temps à penser à 'ça' ?" Son visage était écarlate. Toutes se tournèrent vers Ino, la seule du groupe à disposer d'une quelquonque expérience en la matière.

Elle s'agita. "C'est ce que je pensais, moi aussi !" Elle foudroya du regard les bulles dans sa tasse. "Mais Shikamaru se comporte comme si ça n'avait aucune importance pour lui. Je pense qu'il aime. Il fait comme si, en tout cas. Mais il n'essaie jamais de me le demander ou..." Sa voix se fit de plus en plus faible jusqu'à s'éteindre, comme si Ino se parlait toute seule. Tout à coup, elle reprit. "Mon 'Sexy Ino no Jutsu' n'a jamais marché sur lui."

Tenten se mit à rire, nerveusement. "Tu-tu l'as utilisé sur Shikamaru !" réussit-elle à souffler entre deux éclats de rire.

Ino parut vexée. "Bien sûr que non !" Ses joues étaient aussi rouges qu'elles pouvaient l'être. "Pendant mon premier examen juunin je l'ai essayé sur Neji, mais Shikamaru était aussi à côté. Il n'a pas eu l'air de réagir." Elle recommença à manger son gâteau pour éviter les regards de ses amies.

"Ça a marché sur Neji ?" demanda Tenten. Elle était assez curieuse de le savoir.

"Non, évidemment."

Tenten soupira. "Rien ne touche cet idiot fataliste," conclut-elle. Hinata et Ino se désolaient de l'indifférence du prodige Hyûga, qui resta désespéremment froid avec elle.

"Tu ne peux pas l'attendre toute ta vie, tu sais," lui fit remarquer Ino.

"Je sais," répondit Tenten avec mélancolie. "Mais nous ne sommes pas en train de parler de mes problèmes, hein ?" Et ce fut la fin de l'échapatoire.

"Errr... Et toi Hinata ?" demanda la blonde, désireuse de changer de sujet.

Hinata attrapa l'ourlet de sa chemise. "Na-Na-Naruto-k-kun, il..."

Ino soupira. "Hinata, c'est sans espoir de lui courir après. Il est avec Sasuke."

"J-je sais," bégaya-t-elle. "Mais j'admire vraiment beaucoup Naruto-kun. Il a réussi à changer, après tout. Je veux être c-comme Na-Naruto-kun."

"Crois-moi Hinata, un jour tu deviendras le genre de personne que tu veux être. En attendant, pourquoi tu n'essaierais pas de sortir avec Kiba ?" Ino eut un sourire malicieux.

"K-Kiba-kun ?" Hinata parut étonnée.

Ino et Tenten se demandèrent si Hinata l'ignoraient réellement. Personne ne pouvait être aussi naif, n'est-ce pas ?

"Ne me dis pas que tu ne t'es jamais rendue compte que Kiba est fou amoureux de toi ! Il te suis JUSTE partout comme un toutou," s'écria Tenten.

"M-mais nous sommes amis !"

"C'est comme ça que ça commence !" s'exclama Ino. "Shikamaru était mon ami !"

Toutes les deux se turent pendant qu'Hinata se remémorait toutes les années qu'elle avait passées avec Kiba. Il avait toujours été gentil et protecteur avec elle. Mais ce devait être parce qu'elle était sa coéquipière, décida-t-elle. Son silence introspectif fut brisé par Mayu.

Cette dernière se pencha au dessus de la table pour se rapprocher d'Ino avant de demander, comme la commère vicieuse qu'elle était. "Comment est Shikamaru-kun au lit ? Dis-moi ce que tu peux, avec le peu d'expérience que tu as..."

Hinata regarda nerveusement autour d'elle. Elle rougit, la couleur de ses joues contrastant avec la blancheur de sa peau. "Je-je ne pense p-pas que je dois écouter ça..."

Ino rougit violemment. "Il est TRÈS bon au lit, hein ?" rétorqua-t-elle, sur la défensive.

Aucune des filles ne remarqua que Shikamaru se tenait à la porte du sallon de thé. De cette position, il pouvait aisément entendre leur conversation. Il eut besoin de tout son self-control pour se retenir de s'enfuir quand il eut compris de quoi discutaient Ino et ses amies. Comment sa femme pouvait-elle étaler leur vie privée de cette manière ? Alors qu'il lui avait si souvent demandé de ne jamais le faire ? Elle savait qu'il détestait que les gens connaissent ce genre de détails sur lui. Les coins de sa bouche s'abaissèrent en une grimace. Il avait l'air... Légèrement fâché.

Mayu l'interrogeait sans retenue à présent. Son envie maladive de détails croustillants l'empêcha de remarquer l'homme qui prenait une expression de plus en plus maussade au fur et à mesure que grandissaient ses pulsions meurtrières.

"Alors," demanda-t-elle avec un haletement, "est-il grand ?"

Ino laissa tomber sa fourchette à cette question. Elle était sur le point de frapper la répugnante commère pour son impolitesse quand elle sentit quelque chose de chaud sur son épaule. La légère pression était due à une grande main masculine posée près de son cou.

"Ino, il commence à être tard. Je pense qu'on devrait rentrer maintenant."

La blonde se retourna et vit Shikamaru qui se tenait derrière elle, le visage dépourvu d'expression. Il regardait droit devant lui, sans faire mine de reconnaître qui que ce soit à part sa femme. Les trois autres filles ne purent que l'observer en espérant remarquer un détail important. Elles suivaient des yeux le couple, et analysaient chacun de leur gestes. Pour le bien de leur amie, Tenten et Hinata espéraient sincèrement que Shikamaru n'était pas aussi insensible qu'elle le laissait croire.

Ino écarta brusquement la main de son mari de son épaule et prit son sac. Le regard blessé de Shikamaru ne passa pas assez rapidement pour échaper à Hinata et Tenten, qui furent choquées par la froideur de la blonde envers son mari.

Les filles observèrent l'échange entre les deux époux avec leur précision de kunoichis entraînées. Elles mémorisèrent chaque mot, chaque geste. Si elles devaient conclure que Shikamaru n'éprouvait aucun sentiment pour Ino, elle le lui feraient payer, et libèreraient leur amie de ce mariage.

Shikamaru prit la main d'Ino et la forca à l'ouvrir pour prendre son sac. Les iris océaniques étincelèrent et il recula inconsciemment.

"Je peux porter mon sac moi-même," fulmina-t-elle.

Il la dévisagea d'un air absent avant de lui tendre le sac avec docilité. Elle eu une grimace de dégoût quand elle le lui arracha des mains. Sans rien ajouter, elle le bouscula et sortit du salon de thé. Shikamaru sembla rapetisser un peu.

"...'dokusee 'na..." murmura-t-il sans sa conviction habituelle. De la tristesse transparaissait dans sa voix.

Tenten et Hinata échangèrent des regards inquiets.La situation semblait pire encore que ce qu'elles avaient imaginé.

Shikamaru se tourna lentement jusqu'à faire face aux trois filles assises. Son masque tomba. La colère froide devint évidente dans son expression quand il regarda Mayu, qui le fixait d'un air ahuri. 'La sale truie', pensa-t-il. La table trembla et les plats tintèrent lorsqu'il abattit sa main au milieu des soucoupes. Les autres clients se retournèrent vers l'origine du bruit.

"Bien," siffla-t-il, "si tu es si curieuse de la taille de ma bite alors tu n'as qu'à me mâter sous la douche. Mais je te préviens, tu continueras probablement à fantasmer sur moi pour le reste de ta vie." Il eut un ricanement malveillant. "Et tu devras aussi te rappeller que je ne toucherai jamais quelque chose d'aussi dégoûtant que toi."

Il traîna bruyament la chaise où Ino avait été assise sous la table et marcha vers la porte à pas lourds. Il sortit sans voir Mayu cacher son visage cramoisi derrière ses mains. La partie rationnelle et intelligente de son esprit lui répétait qu'il n'aurait pas dû passer ses nerfs sur cette commère, mais bon sang, il en avait trop besoin.

Après qu'il soit parti, Hinata continua à tordre sa serviette avec nervosité. Même si elle savait qu'elle n'était pas la cible de sa colère, la tirade hargneuse de Shikamaru était au delà de son seuil de tolérance.

"Je te raccompagne chez toi, Hinata-chan," proposa Tenten.

Hinata acquiesca en silence, mais les mouvements de ses doigts sur le tissu ralentirent.

"T-ten... Ten ?"

"Qu'y a-t-il ?" demanda la jeune femme.

Hinata baissa les yeux. "Je... n-ne pense pas... que Shikamaru-kun n'aime pas Ino-chan..."

"Hn ?"

"Shikamaru-ku-kun... semble... souffrir... Il est triste... et blessé..."

"Tu crois ?" répondit Tenten. "Et bien moi aussi. Je peux être sûre qu'il l'aime à la façon dont il se comporte en sa présence. Mais tu sais, Ino ne saisis pas vraiment ce genre de subtilités. Dans sa famille on est franc, on dit et on montre ce qu'on ressent. Espérons que Shikamaru en tiendra compte."

Ni l'une ni l'autre ne remarqua que Mayu s'éloignait discrètement.

La sécurité de tous les habitants du village faisait partie des responsabilités du Hokage. Dans ce but, il devait s'assurer que tous ses ninjas étaient alertes et prêts pour toutes les missions, en toutes circonstances. C'était pourquoi l'étrangeté récente du comportement de son stratège préféré ne lui avait pas échappé. Aucun doute possible, quelque chose n'allait pas.

Il continuait à accomplir tous ses devoirs, mais la façon dont il le faisait en disait long. Son seul manque de grognements indiquait que quelque chose de beaucoup plus important le perturbait. Deuxièmement, ses procédés mentaux étaient lents. Pour ses normes, bien sûr. Il lui fallait désormais trois à quatre minutes pour élaborer une stratégie quand il commençait à extraire des réflexions brillantes de son cerveau paresseux. Troisièmement... A vrai dire, il n'y avait pas encore de troisièmement.

"Shikamaru !"

Il fixait d'un air absent le pas-si-fascinant mur de son bureau avec un intérêt insipide. Elle ne pouvait comprendre pourquoi il se comportait de cette façon. Etait-ce vraiment là le cadavre du cerveau brillant du célèbre enfant prodige de Konoha ?

"SHI. KA. MA. RU."

L'homme tourna la tête. "Hm ?" Il paraissait profondément ennuyé. Mais il paraissait toujours ennuyé.

Tsunade écrasa la balle anti-tension qu'elle tenait dans le creux de sa main. C'était la troisième à subir ce sort depuis le début de la journée. Mais elle n'allait pas pleurer leur perte, c'était Shizune qui les avait achetées. De plus, elle avait toujours eu du mal à croire qu'elles soulageaient réellement la tension. Elle finirait certainement par s'en débarrasser un jour ou l'autre. "Qu'est-ce qui ne va pas chez toi en ce moment ?" demanda la Godaime, sur le ton qu'elle employait durant les interrogatoires. "On pourrait te poignarder avec un kunai et tu resterais là à te vider de ton sang parce que tu ne le sentirais même pas."

"Che. Quoique." Il se décala de quelques centimètres et enfonça ses mains dans ses poches. "Des missions pour moi ?" Il releva la tête dans ce qui semblait être un pénible effort et la détailla de son regard inexpressif.

"Tsunade haussa un sourcil svelte. "Toi, demander des missions ?" Sur ses lèvres se dessina un sourire vicieux. "N'essaierais-tu pas d'éviter de rentrer chez toi par hasard ? Un problème de lune de miel ?" demanda-t-elle.

Shikamaru lui lança un regard noir, se laissa lourdement retomber au fond du divan en cuir du bureau de la Godaime et étendit les jambes. "Ugh, je suis si fatigué," se plaignit-il. "Je vais faire un somme." Sur ce, il ferma les yeux et l'oublia complètement. Les paupières closes, il paraissait toujours aussi maussade. Elle décida que Shikamaru faisait partie de ces rares personnes qui ne pouvaient avoir l'air angélique, même dans leur sommeil.

Tsunade fronça les sourcils. "Tu ne peux pas éviter les problèmes en t'endormant," dit-elle. La tête de Shikamaru glissa contre l'accoudoir du divan et un léger ronflement s'échappa de ses mâchoires relâchées. Bien, peut-être que dans ce cas il le pouvait.

Tsunade plissa les yeux, pensive. Telle était la règle. C'était à elle d'arranger les choses entre Shikamaru et Ino, parce que sa vie de couple affectait l'exécution de son travail. Elle n'aimait pas particulièrement se mêler des affaires des autres, surtout parce que les gens venaient la voir d'eux-même un peu trop souvent à son goût. Mais l'influence des juunins discrets et fiables de Konoha était sous-estimée. L'avenir du village dépendait beaucoup de la qualité de la vie de Shikamaru. Si tout allait bien pour lui, il pouvait travailler plus vite et effectuer plus de missions. Si quelque chose clochait... Tsunade s'arrêta de réfléchir pour observer Shikamaru dormir. Il s'était replié sur son estomac. Elle secoua la tête. À moins qu'elle ne réussisse à dénicher un autre shinobi intellectuellement doué comme lui, Shikamaru resterait bien trop important pour qu'on laisse son potentiel être gaspillé.

Quand tout marchait avec Ino, il avancait dans sa vie avec enthousiasme, ou du moins avec autant d'enthousiasme que pouvait en avoir un Nara. Sa femme le motivait à se montrer précis et efficace pendant ses missions, et à faire des efforts pour finir le plus vite possible et la retrouver. Il avait aussi commencé à arriver à l'heure, et la Godaime savait que ce changement était dû à son épouse. Ino s'occupait de le réveiller et de l'envoyer au travail tous les matins, ce qui avait été un changement de rythme agréable pour tout le monde. La plupart des jounins ne supportaient plus de devoir tirer littéralement Shikamaru du lit pour l'emmener travailler. Et l'influence positive que sa femme avait sur lui ne s'arrêtait pas là. Tsunade avait dans l'idée que l'unique raison pour laquelle Shikamaru était devenu jounin était qu'Ino avait voulu qu'il le soit.

La Hokage extirpa une feuille blanche du tas de paperasse qui recouvrait la moitié de son bureau et commença à écrire. Si Shikamaru ne pouvait se sortir de sa situation tout seul, elle l'aiderait. Son projet serait appliqué dès ce soir. Elle n'allait pas s'ennuyer à lui en parler ou à lui expliquer quel rôle il devrait jouer, il le comprendrait très bien de lui-même. Prendre l'initiative ou non serait son choix. Il était le mari d'Ino, après tout. Quand Tsunade eut achevé de rédiger son message, elle le tamponna de son cachet de Hokage pour prouver son identité. "Réveille-toi Shikamaru !" La Godaime lui lanca un morceau de la balle anti-tension cassée. "C'est l'heure de rentrer !"

Le morceau brisé l'écorcha légèrement en rebondissant sur son front. Après un long silence, Shikamaru remua. "... ow."

"Rentre, Shikamaru," répéta-t-elle. "C'est un ordre de ton Hokage."

"Pourquoi je devrais ?" grogna-t-il. Il avoua finalement ce qu'il avait sur le coeur. "Elle ne me veut pas là-bas." Il avait essayé d'étouffer la solitude qui transparaissait dans cet aveu. Il suca son pouce et le frotta contre la coupure sur son front. "Ow... ow... ow..."

"Elle sera encore plus fâchée si tu ne retourne pas chez vous."

"Et les pieds devant de préférence," railla-t-il. "Je vais plutôt sauver ma peau et prolonger ma vie aussi longtemps que je peux."

Tsunade se redressa sur son siège. "Rentre, et je te promets que les choses s'amélioreront tant que tu y mettras du tien."

Shikamaru perçut immédiatement le sous-entendu derrière cette phrase. Il la détailla du coin de l'oeil en employant de nouveau son intelligence cachée. 'Planifie-t-elle quelque chose ?" se demanda-t-il avec méfiance.

La Godaime de Konoha sourit en reconnaissant l'éclat astucieux dans les yeux sombres de son stratège. Son esprit resteit donc toujours aussi vif. "Maintenant file avant que je ne me mête à te pouponner comme le petit-fils que je n'ai pas," menaca-t-elle.

Shikamaru eut un regard horrifié en reculant vers la porte. Il décida que quitter le bureau immédiatement ne suffisait pas et courut au dehors.

Tsunade se renfrogna devant cette réaction. Elle ne se débrouillait pas si mal avec les gamins, si ? Il n'aimaient donc pas boire ? Et elle ne pouvait pas les serrer dans ses bras parce que sa force surhumaine écraserait n'importe quel bambin. De toute façon, ce n'était pas le problème actuel. "Izumo ! Viens ici !" hurla-t-elle.

Une porte claqua, puis des pas lourds d'homme retentirent dans le couloir. "Hai, Hokage-sama ?" répondit Izumo en ouvrant brutalement la porte. Il attrappa par réflexe la feuille pliée en deux que Tsunade lui lançait. "C'est... ?" questionna-t-il.

"À livrer chez Shikamaru."

Izumo ne put se retenir de grimacer. "Uhhh... Shikamaru-san n'était pas ici il y a deux minutes ?"

"Si. Il y a un problème ?"

Izumo sourit nerveusement et s'assura que son ton restait respectueux. "Pourquoi ne pas le lui avoir donné pendant qu'il était là ?"

Le visage de la Godaime était sans expression. "Parce que."

Errr... Bien alors." Il s'inclina et quitta la pièce. Aussitôt après avoir refermé la porte, il commença à grommeler. "Pourquoi elle ne le lui a pas donné avant qu'il parte ? Je parie qu'elle le fait exprès parce qu'elle me déteste," se lamenta-t-il. "Elle me fait toujours porter la paperasserie avec Kotetsu pendant qu'elle fait le sieste. C'est injuste..."

"Tu n'as qu'à être le Hokage, et je livrerai les papiers," l'interompit la voix de la Godaime depuis le bureau.

Izumo s'immobilisa. Il eut un rire nerveux pour masquer sa surprise. "Ne plaisantez pas là-dessus Hokage-sama. Je vais livrer ce papier tout de suite !" annonca-t-il, obséquieux, avant de disparaître en laissant un nuage de fumée. Et cette fois, il ne marmonna rien entre ses dents. Pour plus de sûreté, il garda même son esprit vide. Au cas où elle saurait lire dans les pensées.

TO BE CONTINUED...