Masque sous Masque
Résumé: Une fois dissimulé dans le quartier général de Lord Voldemort, Drago fait rapidement la découverte de quelques désagréables faits. De un, les rêves peuvent crever et se transformer en cauchemars le temps de dire «Mangemort » et, de deux, la vie est franchement vache et ne prend pas toujours la peine d'offrir de sortie de secours en cas de danger.
Pas toujours, mais parfois...
Avertissements : SPOILERS! SPOILERS! SPOILERS! SPOILERS! SPOILERS! SPOILERS! SPOILERS! SPOI—Bon vous avez saisi le message. Cette fic prend place APRÈS HP et le Prince au Sang Mêlé. APRÈS. Pas avant. APRÈS. Bon. Tout est bien clair, jespère... Blâmez-moi pas pour avoir pété votre bulle après!
Disclaimer : Je ne suis qu'une insignifiante personne qui ne fait qu'emprunter les personnages et les idées de JK Rowling pour jouer innocemment avec avant de les remettre gentiment à leur place… MERDE! La tête d'Harry vient de tomber!
N/A: Ben en fait il y en a pas, mais c'est toujours amusant de faire perdre du temps au monde... : D
1. Fosse aux serpents
Le crissement continuel des semelles de ses bottes contre le plancher de pierre froide était le seul bruit à se répercuter contre les parois du long couloir. Plutôt discret comme son, mais définitivement assez bruyant pour lui faire grincer des dents. Il aurait bien chantonné pour percer l'inconfortable silence, mais l'idée n'était même pas proche d'être envisageable étant donné la nature de son emplacement.
Il se déplaça rapidement dans l'étroite allée, voulant en finir avec le macabre silence au plus vite possible. Finalement, il parvint au bout opposé du corridor et, entrouvrant la lourde porte, se faufila dans une sombre pièce.
Là se trouvaient quelques tables, toutes sans exception taillées dans une dure pierre grise, parmi lesquelles il se glissa jusqu'au fond de la salle. Une fois rendu, il se choisit une place où il espérait bien être invisible.
Posant le grimoire qu'il transportait sur la surface froide de la table, il rabattit rapidement son capuchon sur sa tête, dissimulant ainsi le seul élément révélant sa présence dans la noirceur.
Comme à son habitude, il s'était blotti dans le fond de la pièce avec un fol espoir de ne pas être aperçu et interpellé. Une réaction, fut-il obligé de noter, qu'il avait autrefois dans les cours qu'il appréciait le moins, quand il s'installait dans l'arrière de la classe pour avoir moins de chance d'être posé quelconque question.
Bien sûr, se cacher dans l'ombre voulait aussi dire qu'il n'avait pas la moindre chance de lire les pages poussiéreuses et jaunissantes du vieux livre, mais ce n'était pas exactement ce qu'il considérait un désavantage… Il avait depuis longtemps perdu toute envie de déchiffrer les mots gribouillés là, ou dans n'importe quel autre ouvrage qu'il pourrait dénicher dans la bibliothèque d'ici. En fait, il redoutait presque ce qu'il pourrait trouver entre ces deux surfaces de cuir usé.
Néanmoins, il souleva la couverture et feuilleta à travers le large bouquin avec une apparence d'intérêt, juste au cas où une des sombres figures dans la salle s'amuserait à l'épier par en dessous de sa capuche.
Le texte était carrément illisible, éloigné ainsi de toute source de lumière, mais ses yeux arrivèrent tout de même à entrevoir deux ou trois images, les brefs aperçus s'incrustant instantanément dans son cerveau. Il baissa un peu plus la tête et serra fermement les paupières, dans un essai d'effacer les dessins macabres de sa mémoire.
Il n'eut aucun succès, comme les douzaines d'autres fois où il avait tenté le même tour de passe-passe.
Il rouvrit les yeux et continua de tourner les pages, en trouvant finalement deux qui ne détenaient qu'une vaste étendue de minuscule gribouillage. Il fit ensuite semblant de se plonger dans le grimoire, se penchant un peu plus sur le parchemin et s'appuyant le menton dans la paume de la main.
Cela faisait des semaines que ça durait. Des semaines que, chaque matin, il devait se déterrer un ancien bouquin, se dissimuler dans l'ombre et prétendre de le parcourir au cas où ses efforts pour ne pas être aperçu auraient échoué. Presque chaque jour, en fait ; quelques exceptions s'étaient glissées ça et là.
La main qui ne supportait pas le poids de sa tête tâta la bordure de la table, à la recherche des omniprésentes silhouettes serpentines qui ornaient tout meuble ou accessoire de la place.
Il était dans le processus de contourner la petite tête métallique du reptile avec son oculaire, quand un bruit sourd brisa soudain le silence sacré régnant dans la pièce.
Drago releva brusquement la tête, son regard se posant instantanément sur une petite silhouette légèrement voûtée dans le centre de la salle, se penchant rapidement pour ramasser un épais volume noir. Quand la personne se redressa, la lumière provenant de quelques chandelles illumina les traits plutôt ronds d'un homme dans la quarantaine.
Les sourcils froncés, il jeta un coup d'œil au livre, comme pour le réprimander, avant de lancer des regards nerveux autour de lui et de se diriger vers la première place libre dans son champ de vision.
Drago ramena lentement les yeux sur son propre grimoire. S'il se souvenait bien, il s'agissait là de Galfridus Faust, un Mangemort qui travaillait autrefois pour le Ministère de la Magie, dans un département tout aussi insignifiant que celui du père Weasley. Il ignorait presque tout du personnage, sinon qu'il s'était fait virer de son négligeable poste juste avant l'arrivée de Drago dans ce trou. Et il y avait aussi qu'il n'avait pas vu l'homme du tout depuis deux bons mois, chose étrange étant donné que le monde enfermé ici n'avait d'autre choix que de se croiser constamment.
Un soupir s'échappa de sa bouche avant que Drago n'eut le temps de l'arrêter. Aussitôt, il releva la tête et vérifia que personne n'ait entendu le son, n'ait tracé la mélancolique note qui s'y étaittraîtreusement glissée. Personne ne donna signe d'avoir perçu le moindre bruit, mais bien sûr ce n'était qu'apparences... Il savait bien qu'il était très probable qu'il y ait des gens ici écoutant tout autour d'eux sans pour autant rien n'en laisser paraître.
Cette place était parfaitement représentée par sa décoration, songea-t-il en passant de nouveau les doigts sur la bordure froide de la table… C'était ici comme dans une fosse remplie de serpents, qui passaient leur temps à se bouffer l'un l'autre. Pas qu'à Serpentard ils étaient particulièrement chaleureux, mais n'empêche qu'ils se serraient les coudes au besoin. Tandis qu'ici… Ici ils fallaient bien calculer le moindre geste de peur de devenir le prochain casse-croûte. Ou du moins, c'est ainsi que Drago se sentait.
Ironique, étant donné qu'il a toujours cru qu'une fois admis dans Le Cercle Des Gens Importants (ou en termes moins éloquents, les serviteurs officiels du Seigneur des Ténèbres), il se sentirait fier et puissant. Il s'était imaginé se sentant Important avec un grand I à son tour. Et là il était dans le fameux cercle et donnerait n'importe quoi pour s'en échapper.
Il balança discrètement un regard circulaire autour de la salle. Il y avait une demi-douzaine de sorciers attablés, leurs robes noires ne faisant rien pour alléger l'atmosphère lugubre de la pièce. Drago pouvait en reconnaître quelque uns; ceux qui avaient une carrure facilement discernable ou d'autres dont les visages étaient illuminés par les lueurs macabres d'une chandelle. Pour ce qui était du reste, ils se dissimulaient bien dans les ombres ou n'avaient rien qui pouvait physiquement révéler leur identité.
Il y avait d'avantage à l'avant de la pièce, le nez pratiquement enfoui dans un vieil ouvrage, un dénommé Ardmore. Les rumeurs étant rares, mais pas inexistantes, Drago avait eu vent que c'était le rat de bibliothèque non officiel du Seigneur, dénichant n'importe quelle information en deux temps, trois mouvements. Il faisait cela à l'aide de livres, la plupart du temps, mais parcourait aussi avidement les journaux, de la page couverture jusqu'aux petites annonces, ainsi qu'adorait foutre son nez dans toute affaire d'autrui. Quand Drago était d'abord arrivé ici, il lui était impossible de se détacher de l'homme, celui-ci voulant connaître tous les détails juteux sur ce qui était arrivé à Poudlard, mais le jeune Sepentard avait fini par s'en débarrasser en ne répondant qu'à l'aide de monosyllabes à chaque conversation entamée par le Mangemort.
Quelques jours plus tard, il l'entendit en parler allègrement avec un autre Mangemort, malgré le fait que Drago n'ait rien révélé. D'une manière ou d'une autre, il avait réussi à déterrer ce qui l'intéressait et Drago l'étiqueta bien vite comme étant le Pansy Parkinson masculin du manoir – si bien sûr on soustrayait le facteur Lecture Non-Stop. Que Pansy s'approche d'un livre de son plain gré… Drago ravala aussitôt ses souvenirs et se força rapidement à penser à autre chose.
Ce n'était pas comme si Ardmore avait besoin de se cacher et résidait pour cela dans le quartier général et protégé du Seigneur, mais paraissait-il qu'il avait été demandé de trouver quelque chose par le Maître et, vu la grande importance du résultat de ses recherches, décida d'y consacrer tout son temps. Il déménagea ainsi à proximité de la bibliothèque de magie noire du Seigneur et se trouvait la face enfouie entre des pages jaunies les 95 pourcents de son temps.
Aussi, dans l'autre coin de la pièce, était attablée la volumineuse forme de Sylvanus Crispin. C'était avec lui que Drago était obligé de partager une chambre, mais ils ne se voyaient que rarement vu que l'immense Mangemort était toujours absent lorsque Drago se levait et jamais présent lorsqu'il se couchait. En somme, il devait dormir très peu ou avait trouvé un moyen de récupérer son sommeil dans cette pièce, puisqu'il y passait tout son temps.
Si l'histoire était vraie – et Drago croyait qu'elle l'était vu que, même si avide de commérages, Ardmore n'était pas considéré comme lanceur de fausses rumeurs – le Mangemort-aux-effroyables-proportions se trouvait ici parce qu'il avait été assez stupide pour qu'on aperçoive la marque sur son avant-bras. Et ce, quelques jours seulement après se l'avoir fait poser là. Il avait paniqué quand une jeune fille dans un bar avait crié en la voyant et s'était enfui. Le temps qu'il reprit ses esprits et revint pour lui effacer la mémoire, elle avait déjà passé le mot. Le lendemain, son nom était première page dans la Gazette des sorciers, aux côtés d'une plus grande annonce encourageant la capture de l'infâme Severus Rogue.
Lecélèbre assassin d'Albus Dumbledore…
Celui-ci était certainement caché dans le Q.G., mais, étant maintenant en haut de la liste des personnes favorables du Seigneur, il avait énormément plus de liberté que les autres résidants du château, allant et venant à sa guise dans un tourbillon de robes noires. Il était aussi en quelque sorte devenu le porte-parole du Maître, s'attirant encore plus d'admiration et de peur des autres Mangemorts qu'avant son coup à Poudlard.
Autre que ça, comme Êtres Constamment Et Inévitablement Présents, il y avait une autre paire d'individus, avec lesquelles Drago n'avait pas interagi. En fait, si c'était de lui, il n'aurait interagi avec personne, mais il n'avait pas eu grand choix d'avoir rencontré son partenaire de chambre et l'omniprésente indiscrétion du nom de Ardmore.
Sinon, il croisait une fois de temps en temps d'autres Mangemorts ; peu d'entres eux que Drago connaissait personnellement. Le père de Théodore Nott accompagnait Lucius Malefoy dans son expédition derrière les barreaux d'Azkaban. Tout de même pour ceux de Crabbe et Goyle. Autres que les quelques personnes tout récemment initiées, il restait ceux qui avaient participé à l'attaque sur Poudlard, près de deux mois auparavant.
La plupart l'ignoraient, certaines lui lançaient des grimaces méprisantes. Et puis Drago avait encore des frissons des sourires glacés et prédateurs que lui a lancé Greyback(1) à quelques reprises. Le soir suivant cette rencontre, Drago dissimula une dague en argent que son père lui avait offerte pour ses quatorze ans sous son oreiller. Ce n'était pas des balles d'argent, qui auraient été beaucoup plus efficaces pour achever un loup-garou, mais le petit couteau l'aidait tout de même à se sentir plus en sécurité. Et puis, c'était petit et aisément dissimulable : son partenaire de chambre ne saurait rien de son anxiété. Depuis, il dormait mieux la nuit.
Mieux n'étant pas synonyme de bien, bien sûr.
Chaque nuit, Drago s'imaginait qu'on allait l'assassiner dans son lit. Chaque nuit, il ne dormait qu'un œil fermé, certain que le Seigneur avait découvert ses incertitudes, son manque de loyauté… Quand il était assez enfoui dans son sommeil pour pouvoir rêver, il revoyait la scène avec Dumbledore, où il s'était senti en sécurité pendant cinq secondes, cinq maudites secondes seulement, avant que tout soit fini... Il rêvait que son Maître savait tout cela. Qu'Il était au courant que Drago était prêt à changer de camps pendant ces cinq secondes. Et là Il allait abattre sa furie sur lui et Drago finirait sa vie à pourrir dans les donjons… Il savait, Il savait, Il savait…
Il le tuerait...
Donc, oui, Drago avait un peu de mal à relaxer, se sachant en riche compagnie de meurtriers de toutes sortes et du Sorcier-Plus-Puissant-Que-Tout-Autre-Qui-Pourrait-Découvrir-Son-Manque-De-Loyauté-En-Tout-Temps-En-Fouillant-Un-Peu-Dans-Sa-Tête.
Étrange comme il s'était mis à penser à Lui en appliquant des majuscules partout où Il était concerné… Ce n'était pas comme ça avant… Mais avant, c'était avant qu'il L'ait rencontré, qu'il ait senti Son pouvoir…
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Drago n'avait été chez lui que depuis seulement deux semaines.
Le manoir était plus froid et vide que jamais, l'absence de son père laissant un trou béant dans l'activité du bâtiment.
Le jeune Serpentard avait découvert à quel point Narcissa Malefoy pouvait être bourrée de sautes d'humeur, celles-ci dévalant d'elle l'une après l'autre dans un désordre total. Une seconde elle radotait gaiement avec Drago et même parfois, à sa grande surprise, avec des Elfes de Maison, comme elle l'a rarement – sinon jamais -- fait en la présence de son mari. Puis, soudainement, une moue fâchée lui tordait les traits et elle commençait à maudire Dumbledore, le Seigneur des Ténèbres à l'occasion – mais jamais en face de Drago, et très, très discrètement, comme si elle avait peur d'être entendue – et, bien sûr, plus que tout autre, Potter.
Elle partait sur de longs discours le concernant, l'insultant à tort et à travers, de toutes les façons imaginables. Elle allait même parfois jusqu'à lui coller des défauts qui – malgré ce qu'aimerait bien croire Drago – étaient plutôt imaginés ou exagérés.
Ses crises étaient plutôt ironiques, considérant la manière qu'elle riait autrefois de Drago quand il se lançait dans un discours colérique à propos du Survivant, à chaque fois qu'il revenait au Manoir pour les vacances. Elle lui disait qu'elle était sûre qu'il en ajoutait, à tout coup l'air amusée. C'était alors qu'il était heureux de se tourner vers son père qui, même si ne disant rien, hochait de la tête avec une grimace dégoûtée, jugeant les propos sales défigurant Harry Potter que divulguait passionnément son fils tout à fait plausibles.
Drago savait que les deux s'étaient déjà rencontrés à quelques reprises, mais son père n'a jamais senti le besoin d'entrer dans les détails. Surtout qu'après une de ces réunions, il ne voulait nullement entendre parler du Gryffondor, lui aussi entrant dans une colère folle pendant quelques jours et se défoulant en le couvrant d'un nombre infini d'insultes.
Et apparemment ça courait dans la famille et c'était maintenant le tour de sa mère, habituellement polie et distinguée, d'essayer de condamner Le Survivant avec ses propos enflammés.
Et cela ne fit qu'encourager Drago dans sa quête de vengeance contre le garçon, imaginant d'innombrables scénarios où Potter souffrait atrocement pour l'humiliation qu'il a porté sur sa famille. Il était entièrement submergé par ses idées vindicatives.
À tel point en fait, qu'il ne se rendit compte que trop tard d'une autre présence dans le Manoir, un après-midi en début de juillet.
Il entrait dans la maison, son fidèle balai sous le bras après une longue session de vol, son esprit vif s'esclaffant devant toutes les manières dont il se voyait projeter un Harry imaginaire de son Éclair de feu, se le représentant superbement bien perdant prise après un coup bien placé qu'il lui aurait accordé, puis plongeant dans le vide, ses brillants yeux verts agrandis de frayeur. Et puis, une fois par terre, il ne serait aucunement dans l'état de lui offrir de la compétition pour chasser le Vif d'Or. Et à qui la victoire?
Drago avait souri à grandes dents à la délicieuse pensée. Bien sûr, il voulait faire souffrir Potter de façons bien plus douloureuses que celle-là, mais cela ne voulait pas pour autant dire qu'il ne se délectait pas à l'idée de vengeances plus petites de ce genre… Surtout que gagner un match contre Gryffondor pour une fois ne faisait que rajouter du charme à la fantaisie.
Son sourire s'était par contre rapidement estompé une fois qu'il a fait quelques pas dans le manoir.
Il s'arrêta net au milieu du hall d'entrée, un frisson se glissant le long de sa colonne vertébrale. Ses doigts, soudain moites, se crispèrent autour du manche de bois lisse de son balai tandis que son regard alarmé se promenait autour de lui.
Rien de différent. Ou du moins, en apparences… Les mêmes tapisseries, les mêmes meubles raffinés, les mêmes portraits de famille…
…Non. Au second coup d'œil, les portraits étaient tout ce qu'il y avait de plus différent. Les figures habituellement fières et à l'aise, lançant des sourires narquois à gauche et à droite, se tenaient maintenant tout droits dans leurs cadres, une expression inconfortable et quelque peu énervée reposant sur leurs traits aristocratiques.
Bien sûr Drago avait bien vite compris de quoi il était question. Son père lui avait assez souvent décrit le pouvoir du Seigneur des Ténèbres pour qu'il puisse immédiatement reconnaître cette ambiance sombre et épaisse planant dans l'air. La reconnaître ne l'aida malheureusement pas à rassembler tout son courage et mettre fin à sa soudaine paralysie, restant ainsi planté au même endroit pour une bonne dizaine de minutes.
Il entendit finalement des pas, et vit bientôt les délicats pieds de sa mère apparaître en haut de l'escalier de marbre noir. Elle descendait rapidement, son dos et épaules plus droits que jamais, le visage livide. L'apercevant, elle lui fit un brusque signe de la tête pour s'assurer qu'il la suive, tourna les talons et repartit par où elle était venue.
Avalant avec difficulté, Drago s'élança après elle et sentit monter en lui un petit bourdonnement d'excitation, qui était bien minuscule comparé à la peur ayant jalousement saisi ses membres. Mais n'empêche que c'était là ; il allait le rencontrer, il n'y avait pas de doutes.
Il se força à suivre sa mère, qui courait presque dans son agitation, et fut finalement emmené au salon d'honneur ; salle que seul son père avait le droit d'utiliser pour recevoir quelques invités privilégiés. Narcissa Malefoy avait stoppé sa course devant la large porte et lui signala d'entrer d'un mouvement nerveux du bras. Ce qu'il fit après quelques brèves secondes d'hésitation, fermant doucement la porte derrière lui.
La salle était plongée dans une noirceur quasi-totale, la seule lumière se dispersant dans la pièce provenant des fenêtres obscurcies par d'épais pans de rideaux écarlates, teintant ainsi l'atmosphère d'une sinistre couleur cramoisie.
Devant une de ces longues fenêtres, se tenait une sombre figure filiforme.
Drago aurait ri du mélodramatique largement exagéré de la scène. Mais Drago n'était pas exactement en état de s'esclaffer, paralysé comme il était par la peur. Ceci étant peut-être une bonne chose, considérant le fait que si tous ses membres n'étaient pas gelés par la frayeur, ses genoux et ses dents s'amuseraient sûrement à rivaliser l'un contre l'autre dans un concours de castagnettes.
Franchement, il espérait ne pas se pisser dessus.
Des vagues chargées de pouvoir dévalaient du Seigneur des Ténèbres, le niveau de puissance purement sombre et malfaisant terrorisant Drago comme jamais auparavant. La magie l'étouffait presque et il ne fut même pas surpris quand il échappa son balai et décida soudain de s'agenouiller et de baisser la tête dans un signe de submissivité.
Oui, la magie l'étouffait presque et il n'y avait aucun doute qu'elle pouvait aisément l'étouffer réellement, c'est-à-dire dans le sens figuré. Ça ou le casser en deux comme une vulgaire branche. Ou bien le tordre, ou…
Drago stoppa rapidement le cours de ses pensées, ses mains se mettant soudain à trembler à ses côtés. Ah, non! Paralysie, paralysie…
Il se souvenait bien du nombre de fois qu'il avait brièvement douté de son père, celui-ci parlant du Seigneur comme s'il détenait le pouvoir de Dieu lui-même. Il avait du mal à imaginer Lucius Malefoy, non seulement débordant de fierté, mais en inondant tout au passage, livrer sa précieuse vie sur un plateau d'argent à qui que ce soit d'autre. À chaque fois qu'il avait tenté de se le représenter agenouillé devant une autre personne, sa tête inclinée d'une manière obéissante, il ne pouvait contenir une petite grimace, un microscopique bout de mépris remontant à la surface. Mais il chassait immédiatement l'émotion, avant même de l'avoir identifiée. Douter de son père? Jamais.
Et maintenant, se trouvant dans la même position que son aîné a adoptée des vingtaines de fois, il se rendait compte que, comme toujours, son père avait raison.
Le Seigneur se mit soudain à marcher vers lui. Ou plutôt glisser, les pans basaltiques de sa robe ondulant doucement derrière lui alors qu'il avançait dans sa direction. S'arrêtant enfin à quelques pas du garçon, il siffla des mots qui ne pouvaient être rien d'autre qu'un ordre.
« Regarde-moi. »
Les yeux gris de Drago entreprirent aussitôt une ascension du corps mince et sombre du Seigneur, montant avec appréhension le long d'un cou blanc avant de se reposer sur l'affreux visage serpentin que son père lui avait décrit avec tellement d'enthousiasme. Les yeux rouges le fixaient froidement et Drago sentit un violent frisson courir sur son corps alors que les orbes écarlates semblaient percer et fouiller son subconscient de fond en comble. C'est alors que Drago réalisa que c'était probablement exactement ce qu'ils étaient en train de faire.
Puis, lentement, un sourire satisfait étira les coins de la bouche du Seigneur et il fit un pas en arrière.
« Jeune Malefoy… Bien hâtif de faire ses preuves, n'est-ce pas ?» dit-il comme si ce fait était la touche finale à un plan longuement travaillé. Et Drago réalisa que là encore, c'était peut-être le cas…
Il répondit par un petit hochement de tête. Le Seigneur se mit alors à lentement faire le tour de lui, et Drago ne put s'empêcher de penser à un prédateur acculant attentivement sa proie.
« Penserais-tu être suffisamment… » il hésita quelques secondes sur le mot à utiliser, « …mûr pour pouvoir jouer dans la cour des grands ? »
Drago se débattit pour délimiter la bonne réponse à la question, sachant que s'il répliquait affirmativement il risquait de passer pour un gosse trop sûr de lui, mais s'il répondait non, il y avait une forte possibilité que le Seigneur passerait son chemin, et sa, possiblement, unique chance serait perdue… Mais le sorcier ne lui donna même pas le temps de formuler une réponse et Drago se souvint aussitôt qu'il connaissait déjà toutes les réponses dont il avait besoin, ayant fait une petite ballade dans le creux de son crâne quelques secondes auparavant.
« La question est… Seras-tu loyal ? Comme ton père ? Ou bien t'enfuiras-tu à la première occasion, une fois dépassé par les événements ? » Il ramena soudain ses yeux sur lui, un éclat dangereux et amusé brillant à la surface de ceux-ci, lui disant clairement qu'il savait que c'était seulement une incroyable peur de se faire démolir qui l'avait automatiquement propulsé sur ses genoux en entrant dans la pièce.
Drago hocha hâtivement la tête, prenant par contre plus de temps pour formuler une réponse. « Je serai aussi loyal que vous désirerez que je le sois, mon seigneur. Et je ne quitterai votre côté en aucun cas. »
Cette fois, le puissant homme –ou n'était-ce plus un homme? – s'arrêta entièrement de marcher. « En aucun cas…? »
« Non. Ma vie est entre vos mains. » Drago priait furieusement pour que ça fasse l'affaire, utilisant tous ses pouvoirs possibles de lèche-botte pour insérer le maximum de sincérité dans sa voix. En fait, il croyait que ses mots étaient réellement honnêtes étant donné le pouvoir invraisemblable du sorcier.
Celui-ci resta silencieux pendant quelques moments et Drago s'enfonça les ongles dans les paumes de ses mains, la nervosité à l'idée d'avoir dit quelque chose de travers le rongeant de fond en comble. Puis, ramenant son visage squelettique vers lui, le Seigneur eut un petit sourire, encore une fois comme s'il avait prédit tout ce qui allait sortir de la bouche de Drago.
« Très bien. »
Il siffla soudain en Fourchlang, et une longue et mince silhouette se faufila aussitôt devant lui, s'appuyant ensuite sur sa puissante queue pour monter son corps verticalement. Sa gueule ouverte, où il vit scintiller les canines pleines de poison, prête à frapper. Instinctivement, Drago s'empara de sa baguette et la brandit devant lui, un Petrificus Totalus sur le bord de ses lèvres, quand le Seigneur parla.
« N'y pense même pas. » L'ordre était simple et précis, mais… c'était totalement dingue! Déjà le corps angulant s'arquait en arrière, préparant ses muscles pour un vicieux coup de dents. Drago essaya de ramper en arrière du mieux qu'il le pouvait, ses méninges travaillant à cent à l'heure. Le Seigneur refusait qu'il fasse du mal à son serpent, mais… Il n'avait pas compté finir ses jours ici, bon sang!
« Mais –- mais elle est venimeuse! C—c'est mortel! » balbutia-t-il, sa baguette tremblant dans ses doigts.
« Je sais. » répondit le Maître des Ténèbres, un calme glacé enveloppant ses mots. « Mais ta vie est entre mes mains… N'est-elle pas? » Drago entendait à peine ce qu'il disait, toute son attention concentrée sur la langue fourchue dansant entre les deux crocs, ceux-ci brillants déjà de gouttelettes empoisonnées.
Puis, les mots enregistrèrent. Levant son regard paniqué vers le sorcier se tenant impassiblement au-dessus de lui le temps d'une seconde, Drago débattit le sens de cette phrase. Il voulait qu'il—
C'était probablement la décision la plus importante de sa vie, ainsi que celle à laquelle il avait le moins de temps de réfléchir.
En une seconde, il vit le reptile foncer sur lui et, avec une grimace et une rapide prière, lâcha sa baguette. Aussitôt, il sentit une douleur atroce transpercer l'avant-bras encore tendu devant lui, les mâchoires de l'animal se refermant rageusement sur son membre.
Ah, merde…
Tandis que le venin de Nagini se dispersait dans ses veines, une tonne de sentiments le transpercèrent agressivement, ne prenant même pas la peine d'y aller un à la fois : de la colère contre lui-même pour avoir encore une fois fait le mauvais choix, une intense déception aussi pour, apparemment, n'avoir pas convenu aux critères du Seigneur des Ténèbres, et du regret… Tant de regret…
Bordel de merde, il n'avait pas encore 16 ans que la vie lui était arrachée, bien sûr qu'il ressentait du regret!
C'était tellement injuste…
C'est au bout de cinq minutes de jurons silencieux et de lamentations dépressives que Drago se rendit compte que le serpent s'était depuis longtemps détaché de son membre, l'observant maintenant aux côtés de son maître. Et il se rendit du même coup compte… qu'il était parfaitement conscient.
Étant donné le haut niveau de danger que représentait le venin de ce serpent, il aurait déjà dû être à terre, à agoniser et perdre toute sa lucidité. Mais c'était à peine si sa vision était brouillée… Et il croyait bien que cela était dû à des larmes de douleur et non pas au fait qu'il était en train d'avoir son ultime rendez-vous avec La Faucheuse.
Abasourdi, il regarda son avant-bras. Il y avait là deux trous étonnement petits, côte à côté, mais il n'y avait pas la moindre goutte de sang s'échappant des cavités. Louchant un peu, il observa de subtils filets de liquide noirâtre se mouvant sous sa peau, contrastant avec le teint extrêmement pâle de son bras, comme s'il s'y était malencontreusement injecté de l'encre. Une étrange sorte d'encre, mais enfin…
Puis ça le frappa. Le fluide ne dansait pas sous sa peau de façon aléatoire, mais à un endroit bien précis… Dans les environs où son père portait fièrement sa Marque.
Alors le coup de la morsure était bel et bien une épreuve… Et il l'avait passée en plus de ça. Non?
Se soutenant délicatement le bras blessé par celui intact, il releva lentement le regard au visage souriant (un sourire qui n'était pas joyeux, bien sûr, jamais joyeux… Un sourire satisfait et prédateur, qui faisait intensément frissonner, le seul que Drago ait jamais vu sur son visage serpentin) du Seigneur. De son… Maître?
« Pas encore. » Son sourire s'élargit dangereusement, et Drago fut presque surpris de ne pas découvrir deux longs crocs, identiques à ceux de son animal de compagnie, entre ses lèvres quasi-inexistantes. Et il frissonna une fois de plus, déglutissant avec difficulté, à l'idée d'être sous ce regard écarlate aussi vulnérable qu'un insecte sur un passage piéton, sachant que chaque pensée était mise à nu.
Le Seigneur s'approcha de Drago et avança vers lui un bras drapé de tissus noir, les bouts de quelques doigts blancs et froids se glissant hors de la manche pour se poser sur l'avant-bras du garçon. On aurait dit une main de cadavre… Le contact et la proximité ne firent que terrifier et désarçonner Drago d'avantage, celui-ci se forçant pour ne pas dévoiler l'effet que les vagues encore plus puissantes de magie avaient sur lui. Il aurait sincèrement aimé se recroqueviller dans un coin de la pièce, le plus loin possible du ténébreux sorcier ou encore mieux, s'enfuir à toutes jambes à l'autre bout du monde dans l'espoir de ne plus jamais avoir à lui refaire face. Mais en même temps… Tant de pouvoir était dur à renoncer… Il pourrait baigner dedans, surtout une fois que le Seigneur aurait triomphé. Et il n'y avait aucun doute qu'il triompherait ; jamais Drago n'avait senti la présence de la magie de quelqu'un s'affirmer comme cela, tangible et obstinée. Même pas celle de Dumbledore. Personne.
Puis une fulgurante douleur explosa sous les doigts du sorcier et Drago ne put que se concentrer sur la manière dont l'os de son membre antérieur semblait être transpercé par quelques dizaines de minuscules aiguilles à la fois.
« Tu m'as largement satisfait, jeune Malefoy. Plaçant ta vie en dessous de ma volonté, comme tu as affirmé que tu le ferais... » Tout en parlant, il traçait l'abstraite esquisse se dessinant sous la peau de Drago et bientôt celui-ci se rendit compte que les élancements diminuaient, s'estompaient… « Et c'est ce que tu vas dorénavant toujours faire... Ne montre pas de failles dans ta loyauté face à moi et tu iras bien loin. Bien loin, jeune Malefoy. Est-ce bien ton vœu? »
La voilà. La promesse de pouvoir et de grandeur dévalant aisément de la bouche du sorcier. Comme une subite claque, cependant une dont a été soustraite la douleur, lui revinrent tous ses plans de vengeance contre Potter. Toutes les pensées vindicatives, les scénarios créatifs et combien furieux.
Bien sûr, il avait aussi perçu la dangereuse menace subtilement insérée dans les paroles du Seigneur. Ne montre pas de failles dans ta loyauté face à moi et tu iras bien loin.
Dans le cas contraire, dis Adieu.
Mais sa colère engloutit bien rapidement quelconque peur ou méfiance, car seule l'idée de posséder le pouvoir pour vaincre Potter une fois pour toutes lui faisait se lécher les babines.
Il aurait sa revanche ; il aurait bien plus. Le Survivant allait voir combien ça pouvait faire mal de se frotter à un Malefoy.
Les yeux brillants et déterminés, Drago hocha la tête d'un coup sec.
Souriant, le Seigneur plaça sa paume à plat sur son avant-bras, couvrant entièrement les filaments sinueux de la main – une main squelettique et glacée, comme Drago s'y attendait – et puis la prochaine chose qu'il réussit à percevoir à travers l'intense sensation de brûlure était son bras pâle orné du fameux duo crâne-serpent. Il cria.
Il s'évanouit sur un bruit de fond aigu et glacé, qu'il n'oublierait jamais.
Lord Voldemort riait.
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Un Mangemort s'installait à sa table, à trois sièges de lui, le tirant de ses lugubres souvenirs.
Drago l'observa poser un grimoire à la couverture bourgogne sur la table, ainsi qu'un masque blanc bien familier. Drago avait toujours le sien sur lui, évidemment, même s'il n'avait pas eu besoin de s'en servir comme autre chose que ramasse-poussière depuis les deux mois qu'il était enfermé ici. Pas qu'il voulait être mis dans l'obligation de le sortir. Non, la possibilité d'une telle situation le terrifiait.
Mais l'ordre était de le garder sur soi en cas d'urgence et gare à la personne qui désobéirait.
Drago ne serait en aucun cas cette personne… Il avait déjà bien assez de problèmes comme ça.
Prenant une inspiration tremblotante, il feignit de se replonger dans sa lecture.
Après sa redoutable rencontre avec le Seigneur des Ténèbres, Drago s'était réveillé dans son lit, dans sa chambre. La seule différence avec tous les autres jours de sa vie où il avait échappé le sommeil dans cette même pièce était le chic petit tatouage qu'il avait maintenant sur le bras.
Peu après, sa mère lui avait transmise des lettres lui expliquant sa future mission. C'était très bref et tout ce qu'il y avait de plus simple.
Il devait trouver un moyen de se débarrasser de Dumbledore. Peu importait comment. Mais son Maître savait que Drago avait une piste, il savait que Drago avait un début de plan se formant dans sa tête. Peut-être que s'il n'avait pas été au courant, il n'aurait jamais placé cette tâche sur les épaules du jeune Serpentard. Mais c'était le Seigneur des Ténèbres ; il était toujours au courant.
Drago se souvint avoir passé des semaines à réfléchir à la façon de procéder, à retracer les étapes dans sa tête, à parfaire son plan. Il se rappelait du nuage de confiance confortable sur lequel il planait jour et nuit, un sourire ravi constamment collé aux lèvres. Il avait été extrêmement satisfait par la tournure des événements et avait passé les dernières semaines de ses vacances trépidant d'impatience de recommencer l'école et faire ses preuves à la fin. Il s'était fait confier une mission d'une gigantesque importance et était certain de la réussir.
Il s'était senti comme la personne la plus puissante, la plus importante du monde. Il s'était senti invincible. Comme il avait toujours cru qu'il se sentirait une fois la marque appliquée à son avant-bras.
Puis tout s'est écroulé.
Ou enfin, non… C'était faux. S'écrouler voudrait dire que ça l'aurait tombé à l'eau tout d'un coup, sans qu'il ne voie venir l'imprévisible coup de vent faisant s'effondrer son château de cartes. Ça n'a certainement pas été le cas.
C'était d'avantage comme si toute sa confiance était en fait une pierre placé sous une minuscule source d'eau. Drago ne se souciait d'abord de rien, la notion que quelques gouttes d'eau pourraient avoir un quelconque effet néfaste sur un matériau aussi dur et résistant que de la roche ne lui passant même pas à l'esprit. Et puis, la pierre commençait à se faire ronger. Mais Drago n'y faisait pas attention. PLOC! PLOC! PLOC! Drago se disait que quelques failles ça et là n'étaient certainement pas la mer à boire. PLOC! PLOC! PLOC! Dragotentait d'ignorer ces craques qui s'élargissaient rapidement. PLOC! PLOC! Drago se forçait à les ignorer. PLOC!
Là, tout s'écroula.
Oui, cette version des faits était plus proche de la vérité, songea Drago avec une amère satisfaction. Il l'avait vu venir, mais avait refusé d'agir jusqu'à ce qu'il soit trop tard.
Après cette rencontre l'été passé et le pouvoir qu'il avait senti le Seigneur dégager, il était normal que le rêve d'être comme son père ne fit que s'enflammer. Toute son ambition avait doublé, il s'était senti plus sûr avec la Marque sur le bras ; protégé par la magie de son Maître. Normal que quand tout craquelait de partout, il s'entêtait à continuer dans sa tâche.
Bien sûr les lettres de menace qui ont fini par arriver quand il prenait trop de temps avaient aidé à le garder sur la piste de l'obéissance.
Et puis, ce qu'il avait dit à Dumbledore était sincère. Il n'avait pas de choix. Une fois sans autre option que de regarder la vérité en face, Drago s'était bien rendu compte que ce cauchemar était loin d'être les rêves glorieux auxquels il s'était autrefois livré. Il s'était mis avec ferveur à chercher un moyen de s'échapper, de faire marche arrière. Et était finalement venu à la conclusion qu'il n'y en avait pas.
Tout à coup, la lourde porte de pierre s'ouvrit d'un coup sec et affirmé, ce qui, n'étant pas habituel parmi les Mangemorts qui passaient leur temps ici, attira l'attention de tous les occupants de la pièce.
La tête haute, le regard parsemant toujours une température inférieure au point de congélation autour de lui, Rogue entra dans la salle.
Sachant qu'il détenait entièrement l'audience, il s'arrêta et prit soin de lancer un regard circulaire – et méprisant – autour de lui avant d'annoncer d'une voix glaciale :
« Rencontre demain soir. Soyez là. »
C'était inutile de préciser le où et le quand. Les réunions du genre étaient toujours données à la même heure, soit quand la Marque brûlerait. Pour ce qui était de l'emplacement, ils se rejoignaient toujours devant le côté est du grand hall. Et le « soyez là » était franchement de trop. Si quelqu'un décidait de ne pas se présenter, il était clair que la personne était soit suicidaire et carrément désespérée, soit ultimement masochiste.
À part que parfois Drago se demandait s'il ne valait pas mieux en finir avec toutes ces inquiétudes et honnêtement démasquer ses pensées, en omettant de se présenter par exemple. Mais il ne considérait jamais sérieusement, bien sûr. Il était un Serpentard après tout et la seule chose à laquelle il tenait était, avant tout, sa peau. Vive, préférablement.
Comme à chaque fois qu'ils étaient informés d'une rencontre avec le Seigneur, Drago sentait sa gorge se serrer, immédiatement étouffé par la panique. Une fois de plus, il courrait la chance de se faire démasquer et jeter aux oubliettes. Non, ce serait trop beau. Il allait se faire emprisonner et torturer et Dieu qu'il allait payer pour avoir changé d'avis sur les méthodes de son Maître… Et est-ce qu'il était trop tard pour se tourner vers la Foi ? Parce qu'il était prêt à prier jour et nuit si ça l'aiderait d'une manière ou d'une autre. Bon, ça valait toujours le coup… Dieu ? Euh… C'est moi. Salut… Ça va bien ? Euh… Écoute,je suis un peu dans la merde présentement et je me demandais…
« Drago. » Drago sursauta de cinq centimètre quand il entendit Rogue appeler son nom. Tellement concentré il était sur sa panique et le monologue qu'il s'imaginait envoyer à Dieu qu'il n'avait pas pris la peine de se dissimuler le visage et n'avait été averti de la proximité du sorcier que quand celui-ci l'interpella de manière froide et sèche.
Eh bien… Au moins, il y en avait qui était pas prêts de changer.
Rogue se tenait debout droit devant lui, refusant de se pencher pour faciliter la communication. Bien sûr, ainsi, Drago se sentait comme un minable microbe, regardé de très, très haut par un être largement supérieur à lui… Ce qui était naturellement l'effet recherché.
Rogue décida au moins de parler discrètement, bougeant les lèvres au minimum, de sorte que même sil les autres Mangemorts présents s'étiraient des muscles de cou à force d'essayer d'entendre la conversation, il ne leur parviendrait qu'un bas bourdonnement.
« Ça fait assez longtemps que tu traînes ici. Il est venu le temps que tu te rendes utile. Le Seigneur des Ténèbres veut que tu t'occupes de garder les prisonniers à partir de la semaine prochaine. Tu auras Ardmore et Faust comme compagnie. » finit-il avec un signe de la tête à peine perceptible dans la direction des sorciers mentionnés.
C'était incroyable comment de la salive à la consistance normalement liquide pouvait soudainement s'entêter à rester coincée dans une gorge. Drago fit un grand effort pour avaler et, après une intense lutte, sa trachée triompha sur l'insolente boule qui s'est imprévisiblement formée dans son gosier, entraînant dans sa victoire sa pomme d'Adam. Chose que, bien sûr, Rogue remarqua.
« Aurais-tu une objection, peut-être ? » sur ces mots, il finit par se pencher légèrement, mais c'était visiblement d'avantage dans le but de moquer Drago que de l'aider.
Malgré toutes les objections qui se sont soudain mises à se déchaîner dans sa tête, sautant toutes l'une par-dessus l'autre dans leur hâte, Drago se força à fermement hocher une réponse négative.
« Très bien, alors. N'oublie pas la rencontre. »
Comme s'il y avait la moindre chance que celle-là lui échappe à l'esprit ! Drago savait son cas foutu, mais il n'y avait nullement besoin d'accélérer le processus de son achèvement non plus !
Sur ses derniers mots, Rogue se redressa et, dans un dernier tourbillon de robes noires, sortit de la salle. Être un des serviteurs les plus proches et importants du Seigneur lui donna naturellement le droit de claquer la porte de pierre derrière lui.
S'il ne s'attirait pas la furie de son Maître à la réunion, il éviterait – de très proche – une imminente mort. Mais… garder les prisonniers ?
Entendre un cri une fois de temps en temps provenant des cellules lui soutirait à tout coup quelques violents frissons, ainsi qu'une nuit entière de sommeil – ou le peu de repos qui lui servait de sommeil, en tout cas. Et là il devait les… les garder ?
C'est avec le bruit retentissant du départ de son ancien professeur que Drago fit mine de se replonger dans sa lecture, se demandant comment Diable allait-il survivre les deux événements que Rogue venait tout juste de lui annoncer.
Dieu ? Toujours là, dis ?
1-Greyback:
Je le corrige aussitôt que j'ai le nom en français, mais pour l'instant, pour être sûre qu'on se comprenne, je parle là du loup-garou qui a autrefois mordu Lupin et a si gentiment pris la peine de défigurer Bill lors de l'attaque à Poudlard.
Bon. Si vous êtes rendu à lire ça, c'est que vous avez courageusement tenu bon et avez fini le chapitre! Bravo! (Ça ou vous êtes salement bizarre et commencez une histoire par la fin...)
Le plus dur est donc fait! Vous reste juste à être sympathique (ou pas...) en me laissant quelques commentaires sur ce que vous venez de lire!
Allez, vous dites ce que vous voulez, faut juste que je sache si je continue à poster la fic ou ...
Ah et je tiens à préciser que cette fic, même si pour l'instant écrite sous le point de vue de Drago, ne sera pas ainsi tout le long. C'est pas seulement l'histoire de Drago pourrissant dans le QG de Voldemort, vous savez... Ou enfin ça le sera pas si je la continue...
Reviewez!
-Moi
