CHAPITRE 2 : UNE NOUVELLE VISION DES CHOSES
La Répartition s'était terminée par Zisham, Ashley (« Serdaigle ! ») et le banquet commença.
- Pas de chance Mione, articula Ron, la bouche pleine de pommes de terre, tu vas devoir cohabiter avec Malefoy.
Elle hocha distraitement la tête. Dumbledore avait en effet annoncé que le deuxième Préfet en Chef n'était autre que le Serpentard.
- Soyons honnêtes, dit-elle, il était évident que ce serait lui. Mais je ne pense pas que ce soit la peine de s'affoler.
- Oui, approuva Harry. Il a changé. Il est moins prétentieux et méprisant qu'avant. Ce ne sera pas une partie de plaisir, ajouta-t-il en regardant Hermione, mais je pense que tu t'en sortiras très bien.
- Tant qu'il ne passe pas son temps à m'insulter, c'est tout ce que je lui demande, répondit-elle en haussant les épaules d'un air indifférent.
Elle n'en dit rien à ses camarades, mais elle était plutôt contente de devoir partager des appartements avec Drago. Elle refusait de l'avouer, mais elle avait un faible pour le Serpentard au visage d'ange. Elle le trouvait magnifiquement beau (opinion par ailleurs largement répandue) et savait, depuis l'année précédente, qu'il n'était pas si méchant que ça. Il leur était même arrivé d'avoir une conversation relativement normale. Son comportement hautain et méprisant envers les « Sang-de-Bourbe » et autres sangs « impurs » était en grande partie dû à l'éducation de son père, qui surveillait son attitude à l'école, notamment grâce à Pansy Parkinson, Crabbe et Goyle. Maintenant que Lucius Malefoy était enfermé à Azkaban dans un état proche de la folie et que Pansy, Crabbe et Goyle avaient disparus de la circulation, il était redevenu lui-même. Pas un enfant de chœur, très loin de là, mais simplement Drago Malefoy. Hermione était persuadée que leur cohabitation apporterait quelque chose de positif.
- Vous avez vu la nouvelle prof de Défense contre les forces du Mal ? demanda Ginny avec enthousiasme, tirant Hermione de ses pensées. Elle a l'air bien !
- Mrs Harker ? dit Harry. Oui, c'est vrai. Encore qu'il y a quelque chose de bizarre chez elle, vous ne trouvez pas ?
- Harker ? s'exclama Hermione. Ce nom me dit vaguement quelque chose, je suis sûre de l'avoir déjà entendu quelque part.
- Oui, à l'instant, répondit Harry en ricanant. Dumbledore vient de nous la présenter.
Hermione lui lança un regard noir.
- Je ne parlais pas de ça ! répliqua-t-elle sèchement, sous le regard amusé de Ron et Ginny.
- Je me doute, merci. Tu n'auras qu'à demander à Malefoy, il a l'air de la connaître. Ils se sont dits bonjour tout à l'heure.
Hermione acquiesça silencieusement.
Le banquet se termina dans une ambiance joyeuse, les élèves étaient heureux de retrouver leur vieux château et c'est dans les rires et les bavardages qu'ils quittèrent la Grande Salle pour rejoindre leurs dortoirs.
- A demain, dirent Harry et Ron à Hermione, qui devait veiller à ce que tout le monde rentre bien dans son dortoir.
- A demain les garçons. Ginny.
- Bonne nuit, répondit la rouquine dans un long bâillement.
Après avoir raccompagné un groupe de première année de Poufsouffle qui s'était perdu et retiré dix points à deux Serpentard qui tentaient de forcer une porte, Hermione rejoignit enfin ses nouveaux appartements.
Le tableau qui dissimulait l'entrée représentait une jolie sorcière blonde à l'air un peu ahurie. Sa robe noire était tachée d'un épais liquide bleu et fumant dont Hermione n'aurait su conjecturer l'origine.
- Mot de passe ? demanda la sorcière d'une voix qui lui rappela bizarrement celle de Luna Lovegood.
- Nicéphore, répondit Hermione.
Le tableau pivota et la jeune femme entra dans un grand salon richement décoré. Sur le mur du fond, en face d'elle, étaient accrochées deux splendides tentures. L'une, rouge et or, portait l'emblème de Gryffondor tandis que l'autre arborait l'écusson de Serpentard sur un fond vert et argent. Entre les deux se trouvait une large cheminée entourée par trois fauteuils. Il y avait aussi une grande bibliothèque et une petite table ronde avec quatre chaises. Au plafond était suspendu un magnifique lustre en cristal qui devait porter au moins une centaine de bougies. Sur le mur de gauche se trouvait une porte sur laquelle était inscrit en lettres d'or « Miss Hermione Granger » et sur le mur de droite se tenait une porte semblable avec inscrit « M. Drago Malefoy » en lettres d'argent.
« Tiens, où est-il a fait ? » pensa Hermione.
Comme pour répondre à sa question, le tableau pivota de nouveau.
- Bonne nuit, Mina, dit Drago à quelqu'un dans le couloir.
La jeune sorcière soupira.
- On vient à peine de rentrer et tu commences déjà à flirter ! s'exclama-t-elle d'un ton exaspéré, tandis que Drago entrait dans le salon, nullement surpris par le luxe de la pièce.
Il la regarda comme si elle était l'ignorance personnifiée mais consentit tout de même à lui répondre.
- Willemina Harker, répondit-il de sa voix traînante, comme s'il s'adressait à un enfant de deux ans. Notre nouveau professeur de Défense contre les forces du Mal.
Hermione ne répondit pas, mais se sentit rougir. Elle baissa légèrement la tête.
- Oh... pardon, bredouilla-t-elle après un moment.
(« Ciel, qu'il est beau ! J'avais oublié ! » pensa-t-elle en rougissant de plus belle.)
Drago eut l'air un peu surpris.
- Ecoute Granger, dit-il calmement. Il va falloir qu'on habite et travaille ensemble toute cette année. Je n'ai pas l'intention de me rendre la tâche plus pénible qu'elle ne l'est déjà. Je ne compte pas passer mon temps à t'insulter ou à te faire des reproches divers, alors j'aimerais que tu en fasses autant de ton côté. Et de toutes manières, les filles à qui je parle, ça ne regarde que moi, ajouta-t-il d'un air arrogant. Compris ?
- Heu...oui.
- Bien. Bonne nuit Granger.
Et il disparut dans sa chambre.
- Pauvre Hermione, dit Ron à Harry tandis qu'ils montaient dans leur dortoir. Obligée de supporter Malefoy dès la rentrée. Tu parles d'une dernière année !
Harry haussa les épaules. Il ne s'en faisait pas pour elle, elle était assez grande pour faire taire Malefoy toute seule. Il avait aussi l'impression que le Serpentard avait changé sa façon de penser et notamment de considérer Hermione. Il lui semblait que depuis l'année dernière il s'était efforcé de rester poli avec elle. Encore un des mystères du comportement indéchiffrable du Serpentard, se dit-il. Dans tous les cas, il était inutile de s'inquiéter pour Hermione.
Il enfila rapidement son pantalon de pyjama et se tourna pour souhaiter bonne nuit à Ron. Il remarqua que celui-ci le fixait avec intensité.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Harry, gêné.
Ron sursauta légèrement et marmonna un vague « bonne nuit » en rougissant fortement et se retourna dans son lit. Harry resta perplexe quelques instants, puis, comme son ami ne semblait pas vouloir donner plus d'explications, il se dépêcha d'enfiler son tee-shirt et se glissa confortablement dans ses couvertures.