CHAPITRE 4 : LES DESIRS DU COEUR

- Elle a toujours pas changé la déco, grommela Ron en passant la tête pas la trappe qui permettait d'accéder à la salle de classe de Sibylle Trelawney, professeur de Divination.

Il alla s'asseoir sur un pouf tout au fond de la salle, bientôt rejoint par Harry et Neville. Dean et Seamus s'installèrent juste à côté.

- Tu crois qu'elle va continuer à te prédire une mort atroce maintenant que tu as vaincu Voldemort ? demanda Neville avec un sourire.

Le jeune sorcier avait été l'un des premiers à s'habituer à prononcer le nom du mage noir depuis sa disparition, mais cela ne manquait pas de surprendre Harry à chaque fois.

- Bof…fit-il en haussant les épaules. Je suppose qu'elle trouvera d'autres catastrophes à me faire subir, dit-il d'un ton léger.

- Elle va peut-être te demander en mariage ! dit Ron avec un sourire moqueur.

- Ca, ce serait assurément une catastrophe ! s'exclama Harry.

- Bonjour, dit une voix douce et éthérée, couvrant le fou rire des cinq garçons. Je suis ravie de vous voir pour cette nouvelle et dernière année à Poudlard. Bien entendu, j'ai suivi votre parcours durant les vacances, et j'ai pu constater que vous aviez tous besoin de vous détendre après ces deux mois difficiles.

Tout le monde se tut, attendant la suite avec appréhension.

- J'ai donc décidé de commencer l'année avec un sujet un peu plus léger.

Le professeur Trelawney sortit de la pénombre en tenant dans ses mains constellées de bagues multicolores une grosse boule de cristal rose.

- Votre prédisposition à l'amour et la recherche de votre âme sœur ! s'écria-t-elle en élevant la grosse boule rose au-dessus de sa tête.

Parvati Patil et Lavande Brown poussèrent une exclamation ravie et se tournèrent vers Dean et Seamus en gloussant. Ces derniers regardaient leur professeur l'air incrédules et accablés. Neville était horrifié et le fou rire de Ron redoubla. Harry quant à lui, poussa un soupir résigné.

- Pour cela, reprit le professeur Trelawney, nous allons utiliser des boules de cristal comme celle que je tiens actuellement dans mes mains. Ces boules de cristal, appelées Nalmahon, ne permettent pas de voir l'avenir. Elles montrent seulement l'envie du cœur de la personne qui regarde. C'est un exercice qui demande beaucoup de concentration, aussi je ne m'attends pas à des résultats extraordinaires au bout de cette première séance. Mais n'ayez crainte, mes chéris ! s'écria-t-elle soudain, une lueur un peu folle dans le regard. L'amour s'offre à tous et vous le verrez en temps voulu ! Ouvrez votre esprit ! Laissez parler votre cœur !

- Elle s'est trouvée un mari pendant les vacances ou quoi ? chuchota Seamus l'air sceptique.

Ron plongea sous la table, secoué de véritables spasmes, tandis que Harry, Dean et Neville tentaient de sécher leurs larmes en restant le plus discrets possibles.

Une fois calmé (relativement), Harry alla chercher une Nalmahon sur l'étagère près du fauteuil de Trelawney et la ramena à sa table sans se presser. Il était sûr qu'elle se précipiterait sur lui pour lui débiter des explications fantaisistes à ce qu'il prétendrait avoir vu alors il préférait se donner le temps de réfléchir à une image quelconque. Et effectivement…

- Mon garçon, voulez-vous que je vous aide à déchiffrer les images de la Sphère ? demanda-t-elle à Harry au bout de dix minutes d'observation silencieuse.

Le sorcier marmonna quelque chose d'indistinct.

- Que voyez-vous, mon chéri ? interrogea-t-elle avec douceur

- Rien, répondit Harry d'un ton buté.

- Allons, allons, s'exclama le professeur en secouant la tête, ses multiples colliers tintinnabulant joyeusement dans un bruit de ferraille. N'ayez pas honte, mes chéris !

- Mais oui, voyons Harry, dit Ron avec le plus grand sérieux. Il ne faut pas avoir honte.

Ses lèvres tremblaient et il était sur le point d'éclater de rire. Harry lui lança un regard noir.

Parvati et Lavande poussèrent alors des petits cris surexcités et le professeur abandonna Harry pour se diriger vers ses deux admiratrices. Ron explosa de rire.

- C'est le pire cours qu'on ait jamais eu, maugréa Harry. Les désirs du cœur, non mais vraiment…Génial pour commencer l'année…

Il regarda la grosse boule rose avec colère. « Stupide cours ! Tu parles d'une boule de cristal magique ! Tout ce que je vois là-dedans c'est le reflet de Ron qui rit comme un bossu depuis dix minutes ! »

Il leva la tête vers son ami, l'air désespéré, quand il remarqua que celui-ci ne riait plus. Son hilarité semblait s'être calmée. Il fronça les sourcils et regarda à nouveau la boule de cristal. Dans le globe, il distinguait nettement le visage de Ron qui riait aux éclats.

- Harry, ça va ? demanda Ron devant la mine perplexe de son ami.

- Oui…bredouilla Harry en rougissant. Oui, oui, ça va. Et toi, qu'est-ce que tu vois ?

- Tu parles ! répondit Ron. Ce n'est même pas la peine que je regarde. Encore que, fit-il à voix basse en se rapprochant d'un air de conspirateur, j'arriverais peut-être à voir Padma Patil sous la douche…

Harry éclata de rire et se tourna vers Neville qui fixait la sphère avec obstination.

- Et toi Neville ? Tu vois quelque chose ?

- Oui, répondit le garçon au visage lunaire d'un air accablé. La nappe…

Les trois garçons se tournèrent paresseusement vers Dean et Seamus qui semblaient absorbés par leur travail.

- Vous voyez quelque chose ? demanda Ron d'un ton surpris, en regardant Dean qui fixait la boule avec concentration.

- Non, répondit Seamus à voix basse, on essaye de voir lequel de nous deux tient le plus longtemps sans cligner des yeux.

- Ah…fit le rouquin rassuré.

Comme le professeur Trelawney semblait d'humeur particulièrement joyeuse, les garçons arrêtèrent vite de faire semblant de travailler et se mirent à parler de choses et d'autres. Le cours passa rapidement et il fut bientôt l'heure de descendre déjeuner.

Sur le chemin de la Grande Salle, Harry repensa à l'image qu'il avait vue dans la boule de cristal. Comment se faisait-il que cette image ait été celle de Ron ? Il ne s'attendait pas à quelqu'un en particulier, mais Ron ? C'était…absurde…ça n'avait aucun sens. Une fois arrivé, il s'assit entre Ginny et Hermione, qui étaient déjà là.

- Alors, ce cours ? demanda joyeusement Hermione.

Ron éclata à nouveau de rire.

- Les désirs du cœur, dit-il avec une grimace. Cette vieille chouette veut nous enseigner…attend, comment elle a dit ? Ah oui ! « Notre prédisposition à l'amour et la recherche de notre âme sœur » !

Ginny pouffa de rire et Hermione leva les yeux au ciel.

- Comment ça se fait qu'elle vous propose un sujet pareil ? s'étonna la rouquine. La divination c'est nul, mais d'habitude les sujets d'étude sont relativement sérieux. La prédisposition à l'amour, comme tu dis, ça fait vraiment plaisanterie.

Ron haussa les épaules. De toute évidence, il avait toujours considéré les cours de Trelawney comme une plaisanterie, alors un de plus…Mais il reconnut que celui-ci était particulièrement stupide.

- Et toi Harry, demanda Ginny. Qu'est-ce que tu en penses ?

Son ton était sérieux mais Harry vit qu'elle souriait. Il se contenta de lui adresser un sourire désabusé, l'air de dire « De toutes façons avec Trelawney … » et se replongea dans son assiette.

- Et toi, Mione ? demanda Ron en se resservant de la viande pour la troisième fois. Ce cours ?

- Comme beaucoup n'ont pas continué l'arithmancie cette année, les élèves des quatre maisons ont été regroupés en une seule classe. Le professeur Vector nous a fait passer une évaluation afin de voir si tout le monde était au même niveau.

- Commencer l'année avec une évaluation, grommela Ron, il est malade ce prof !

- Ce n'était pas très difficile, répondit Hermione d'un ton léger.

- Forcément, pour toi non, dit Harry avec un sourire. Tu as encore eu tout juste je parie.

Hermione hocha distraitement la tête en essayant de ne pas avoir l'air trop satisfaite d'elle-même.

- Oh, mais je n'ai pas été la seule à avoir tout bon. Malefoy aussi.

Ron s'étouffa presque et recracha précipitamment tout ce qu'il avait dans la bouche.

- Malefoy ? s'exclama-t-il. Il fait arithmancie ? Je croyais que c'était réservé aux gens comme toi…et aux Serdaigle.

- Merci du compliment Ron, répondit Hermione d'un ton sec, mais ce n'est pas parce que tu ne l'aimes pas que Drago Malefoy doit obligatoirement être stupide.

- Depuis quand tu prends sa défense ? s'étonna le rouquin en la regardant d'un air soupçonneux.

- Depuis qu'il a arrêté de me traiter comme une moins que rien sous prétexte que mes parents sont des moldus.

- Il a arrêté ? Vraiment ?

- Oui, vraiment, dit-elle d'un ton cassant. Alors à moins que Ron ait encore des reproches à me faire sur la façon dont je considère les gens qui m'entourent, je vais vous laisser. Il faut que j'aille à la bibliothèque !

Sur ce, elle se leva, empoigna rapidement son sac et sortit d'un pas vif. Ron était abasourdi.

- Qu'est-ce qui lui prend ? Je ne lui ai rien dit de méchant...

Ginny haussa les épaules et Harry le regarda avec la même expression de surprise sur le visage.