Et Hello !
Second opus de cette fic et bonne rigolade en perspective, lol. Pour ce chapitre, vous allez enfin découvrir le nom et les traits de la fiancée de Shaolan que tout le monde croyait connaître. Franchement, avec Feylie aux commandes, est-ce que la vie de Shaolan peut être simple ? Non. Je pensais que vous me connaissiez, snif, vous me amis-lecteurs du net, lol. Bref, vous verrez bien ce que je trame pour notre chouchou !
Bonne lecture !
OoO
Chapitre 2 : Je suis maudit et vous ?
Yelan regarda désespérément les deux jeunes gens qui, bien qu'ils soient assis côte à côte, se tournaient le dos comme de vulgaires enfants gâtés. Après les regards assassins qui avaient suivi l'arrivée de Sakura, l'ambiance "bouderie" était de rigueur pour cette réunion qui virait pour son plus grand malheur en garderie.
Moi qui pensais que leur bon sens prendrait le dessus sur leur bêtise, songea Yelan d'un air dépité.
Elle se rassit puis considéra à nouveau les deux ennemis.
- Il serait tout de même plus intelligent de revenir à ce qui nous préoccupe et d'oublier ainsi votre désaccord.
- Désaccord ? s'exclama Shaolan, outrée. Il n'y a aucun désaccord entre nous !
- Je suis ravie de...
- C'est de l'inimitié pure et dure ! termina-t-il alors que Yelan pâlissait à vue d'oeil.
- Pour une fois, je suis entièrement d'accord avec lui ! approuva Sakura, ce qui faillit couper le souffle à Yelan. Comment ai-je pu penser un instant que vous vous comporteriez comme un homme galant envers moi ?
- Je le suis mais pas avec les pestes de votre genre !
- Moi, une peste ? s'outragea la jeune femme.
- Non. (Il examina la japonaise des pieds à la tête.) Je voulais dire une femme aussi coincée que vous !
- Shaolan ! s'écria Yelan, choquée par l'attitude son fils.
Sakura se releva calmement.
- Bien, dit-elle d'une voix neutre. Je pense sincèrement qu'un partenariat entre nos deux compagnies serait voué à l'échec. Visiblement, nos opinions et nos points de vue divergent totalement, et il serait stupide de risquer la santé de nos entreprises respectives avec une alliance qui nous mènerait à coup sûr vers la faillite. J'ai été ravie d'avoir pu vous rencontrer en personne, madame Li. (Elle s'inclina devant Yelan.) Au revoir.
- Attendez !
- Ne vous inquiétez pas, je ferai en sorte que les contrats en cours soient respectés et exécutés.
Sans avoir pris la peine de serrer la main du chinois, Sakura se dirigea vers la porte et l'ouvrit. Dès que celle-ci se referma sur la japonaise, Shaolan croisa les jambes et un sourire victorieux étira ses lèvres.
- Je savais qu'elle ne ferait pas le poids face à...
Un horrible et persistant frisson lui parcourut l'échine. Il leva la tête et vit sa mère, debout à quelques centimètres de lui, imposante dans son costume de dragon mécontent. Et même si pour le moment, elle ne crachait pas de feu, ses prunelles, elles, flambaient comme jamais.
Il déglutit.
Il se souvenait de la fois où sa mère n'avait rien trouvé de mieux pour le punir que de le laisser sous la pluie afin de lui apprendre une leçon qui selon elle devait être toujours respecté tant qu'il vivrait sous son toit : "ne jamais contredire maman Li même lorsqu'elle a forcément tort." Ce jour-là, il s'en était passablement tiré avec un simple rhume. Mais lorsque le lendemain, il avait voulu jouer les malins en la menaçant d'appeler l'Aide à l'Enfance Maltraitée...
Il déglutit à nouveau alors que le silence de sa mère devenait plus que pesant.
- Mère, vous...
- J'ignorais que mon fils était aussi insolent envers les femmes.
- Mère, ne croyiez pas...
- Je suis terriblement affligée de voir que je suis la mère d'un tel goujat.
- Mère, je...
- Crois-moi, Shaolan, c'est la dernière fois que tu me feras honte devant un tiers.
Sous l'oeil inquiet de son fils, Yelan prit le combiné de téléphone puis composa un numéro.
- Que faites-vous, mère ?
- Je téléphone.
- Je le vois bien, mais à qui ?
Yelan écarta le combiné de son oreille puis sourit à son fils. L'angoisse de ce dernier augmenta de plusieurs échelons. Ce sourire loin de le rassurer sur son sort, l'inquiétait encore plus. Un dragon ne peut pas sourire. Il hurle, il tape des pieds, crache du feu, torture parfois et surtout il menace mais jamais au grand jamais il ne sourit ainsi... aussi calmement, gentiment, chaleureusement comme un ange qui vient lui annoncer que le paradis lui sera accessible même vivant.
- Aux parents de ta future épouse, répondit-elle. Il est temps pour toi de la rencontrer. Et cet après-midi sera...
- MERE ! s'écria-t-il en bondissant sur ses pieds.
- ASSEZ ! rétorqua-t-elle. Jusqu'à maintenant, j'ai été tolérante avec toi ! Tu m'as imploré de ne pas hâter cette rencontre. J'ai accepté pensant que pour me remercier tu te comporterais en adulte responsable, mais ce que j'ai constaté aujourd'hui m'oblige à revenir sur ma décision. Et oui, ajouta-t-elle en voyant le visage de son fils se décomposer, je ne vois pas pourquoi je devrais tenir ma promesse alors que tu es incapable de tenir la tienne !
- Mère, je vous en prie, dit-il en saisissant le combiné. Je vous promets de...
- Trop tard, coupa-t-elle en prenant son portable dans sa poche. Cet après-midi, tu verras enfin ta chère future moitié.
- Vous ne pouvez tout de même pas me faire cela ? Vous n'allez pas sacrifier votre enfant, votre fils unique et chéri sur l'autel sanglant du mariage ?
- Je le ferai sans hésiter et je serai même prête à danser autour de cet autel.
L'image du dragon dans une tenue de dame d'honneur couleur pêche dansant autour d'un rocher parsemé de fleurs blanches sur lequel il se trouverait enchaîné, effleura l'esprit de Shaolan. Il blêmit davantage.
- Tu n'avais qu'à te tenir convenablement avec Mlle Kinomoto, et ne pas la faire fuir sans qu'elle n'ait signé le contrat que je rêvais de signer depuis des mois !
- Etes-vous certaine que, dans cette pièce, je sois le seul à me comporter comme un...
Le regard noir de sa mère le fit taire.
- Li Shaolan...
- TRES BIEN ! Si ce partenariat est plus important que mon avenir, j'irai présenter mes excuses à cette... à Mlle Kinomoto, se rattrapa-t-il. Cela vous convient-il ?
- A moitié.
- Et je reviendrai avec un contrat dûment conclu, daté et signé.
Yelan rangea son portable.
- Bien. Je vois que tu sais rattraper tes erreurs. Pour la peine, tu ne rencontreras ta fiancée que dans la journée de demain. J'ai préparé cette rencontre, hier...
- Vous aviez déjà tout prévu ! l'accusa-t-il. C'est honteux de me tendre un tel piège, mère ! Vous gagnez sur les deux tableaux !
- Les affaires, mon fils, juste les affaires, expliqua-t-elle en se rasseyant derrière son bureau. Lorsque tu auras atteint mon niveau, personne ne pourra rien te refuser. Donc, va t'excuser, revient avec mon contrat et demain tu auras ta fiancée. Ne suis-je pas une bonne mère ? Ne réponds pas, je sais que tu le penses déjà.
Bouche bée, Shaolan observa sa mère qui commençait à étudier la montagne de paperasse posée sur sa table.
- Aurais-tu une dernière chose à me demander, Shaolan ? demanda-t-elle en levant les yeux vers son fils qui ne bougeait pas.
- Non, mère, réussit-il à articuler.
- Et bien, sors et va t'atteler à tes tâches. Le temps c'est de l'argent, mon garçon.
De mauvaise grâce, Shaolan tourna les talons. Il s'apprêtait à sortir du bureau lorsqu'il revint sur ses pas. Il se dirigea vers la table, prit sa boîte de biscuit et, sous l'oeil amusé de sa mère, sortit enfin.
- Un vrai gamin, conclut-elle en soupirant.
OoO
Dès que je rentre dans le restaurant, une main me fait signe depuis le fond de la salle. D'un pas lent, je me fraye un chemin à travers les tables et je m'arrête devant celle où est assis mon meilleur ami, le très respectable et honorable Eriol Hiragizawa, comme le surnomme mes soeurs. Elles le trouvent mignon, adorable, gentil, intelligent ; bref, il a toutes les qualités et moi... moi j'ai tous les défauts du monde. D'ailleurs, elles se demandent toujours pour quelles raisons un être parfait prend la peine de se traîner un boulet tel que moi. La famille, c'est tellement gentil, vous ne pensez pas ?
Quoiqu'il en soit, je m'installe face à ce garçon à lunette aux yeux d'un bleu profond, impeccablement coiffé - ce que je ne suis jamais avec mes maudits cheveux -, habillé d'un jean, chemise, veste ; qui attire les regards des femmes aux alentours.
- Tu n'as pas l'air dans ton assiette, Shao, dit-il amusé alors que je m'installe face à lui. Encore tes soeurs ou bien cette chère Yelan ?
- Je vais bien ! Oui, tout va bien dans ma vie et...
- Voulez-vous un verre, monsieur ?
Le serveur pose la carte des menus sur la table et sourit.
- Non merci ! Vous voulez m'imposer ma commande alors que vous ignorez mes goûts ?
Le serveur me regarde médusé puis interroge Eriol du regard.
- Ce sera un verre d'eau pour ce loup et une limonade pour moi.
Le serveur s'éloigne.
- Je crois que ta légendaire bonne humeur est de retour.
- Je crois que mon meilleur ami depuis le collège ne va pas faire long feu s'il continue à se moquer de moi.
- Bon, que se passe-t-il ?
- Ma mère veut que j'aille présenter mes excuses à cette Kinomoto et que rencontre cette fiancée demain lors d'un déjeuner officiel.
- Explique plus en détail.
Avec une patience dont je ne me serais pas cru capable, je lui explique cette matinée catastrophique. Comme à l'accoutumée, Eriol m'écoute sans m'interrompre - ce que certain ose faire juste pour un simple verre d'eau. A la fin de mon récit, Eriol appelle le serveur et commande.
Il commande alors que je suis au plus mal ! Cette moitié d'anglais joue avec mes nerfs !
Lorsque la commande est passée, Eriol se préoccupe enfin de mon problème.
- Avoue que tu es tout de même coupable.
- Non !
- Si.
- NON !
- Si.
- NON !
- Non.
- SI !
Il éclate de rire. Et moi j'ai envie que l'autre serveur impoli me serve un fricassé d'anglais servi d'une sauce chinoise. Eriol veut mourir, c'est certain. Il ne comprend pas dans quel état je me trouve en cet instant. Vexée, je me lève pour quitter ce restaurant, mais il me retient.
- Rassis-toi, Shao. (Je m'exécute.) Je suis désolé mais avoue que Kinomoto ne méritait pas autant de méchanceté de ta part.
- C'est vite dit !
- Quand iras-tu lui présenter des excuses ?
- Je devais le faire en sortant du bureau de ma mère mais je n'avais vraiment pas la tête à aller me disputer avec la japonaise alors qu'une autre femme hantait mes pensées.
- Qui ? Tu sors avec...
- Comment pourrais-je sortir avec une femme alors que ma mère prépare déjà mon mariage ? Je pensais à cette fiancée mystère ! Plus j'y réfléchis et plus je suis certain que cette fille ne m'est pas inconnue. Elle est de bonne famille et c'est sûrement la fille d'un de nos clients ou fournisseurs. Donc, je l'ai forcément rencontrée lors d'un dîner ou d'une réception. Je la connais peut-être de vue...
- Et je suppose que tu vas tenter de découvrir qui est la mystérieuse fiancée - alors que tu la verras demain - au lieu d'aller t'excuser auprès de Kinomoto et obtenir ce contrat que ta mère désire plus que tout. A force de haïr cette Kinomoto, je vais finir par croire que tu éprouves des...
- Tu aimes le danger, n'est-ce pas ?
Le couteau que je tends vers son visage, le fait sourire.
- Pas particulièrement. Pose ce couteau, Shao, avant que les autres clients ne crient à l'assassin.
Je pose mon arme, sous les yeux hagards du serveur qui hésite à poser les assiettes sur notre table.
- J'irai sans doute la voir en sortant de ce resto.
- Bonne résolution qui sera sûrement repoussée.
Eriol me connaît trop bien. S'en est presque monstrueux.
« Merci. »
Cette voix.
Je me retourne et j'aperçois mon "tracas". Cette chère Sakura Kinomoto est accompagnée d'un homme. Il est brun, l'air hautain, soigneusement paré dans ses vêtements de golden boy. Il a sur le nez des lunettes qui lui donnent des allures d'homme intelligent et cultivé.
Il a fallu qu'elle vienne asphyxier mon air et gâcher du même coup mon déjeuner. Le seul avantage, c'est que je n'aurai pas à aller la voir dans ses bureaux pour lui présenter des excuses.
- Qui c'est ? murmure Eriol à voix basse.
- Qui ?
- Qui est cette fille que tu manges du regard ?
- Ah, elle ! Je ne la mange pas du regard. C'est Sakura Kinomoto.
- Tu veux dire que c'est elle, la...
Je lui fais signe de baisser encore plus la voix.
- Oui, hélas, c'est elle.
- Hélas ? Je ne dirai pas ça. Elle est plus que ravissante et... comment as-tu pu te mettre à dos une femme aussi douce ? Tu es bien l'homme le plus...
- C'est bon, j'ai compris.
Je me lève puis me dirige vers les toilettes à l'autre bout de la salle. J'ai besoin de m'éloigner de cette fille et de ce serpent d'Eriol, meilleur ami à mi-temps et bientôt viré de ce job.
Je me passe de l'eau sur le visage puis je me regarde dans le miroir. J'ai vraiment l'air fatiguée. Ce n'est pas bon pour mon image. Pas bon du tout.
L'homme que j'avais vu en compagnie de Kinomoto entre. Il se rince également les mains puis se mire narcissiquement dans la glace.
Il m'énerve. Il y a chez lui un "je ne sais quoi" qui m'énerve mais que je ne parviens pas à expliquer.
- Votre soeur ?
- Que dites-vous ? me demande-t-il étonné.
- Cette femme qui vous accompagne, c'est votre sœur ?
- Ah, non ! Ma future épouse.
- Votre future épouse ?
- Oui.
- Félicitation. Elle doit beaucoup vous aimer.
- Pour tout vous dire, nous venons de nous rencontrer. Nos familles ont joué les intermédiaires.
- Je vois... Mais vous ne la trouvez pas un peu...
- Coincée ? Trop sérieuse ?
- Oui.
- Si, mais je suis persuadé qu'elle ne sera pas la même dans une chambre, si vous voyiez ce que je veux dire.
Je sourie crispé. Je déteste réellement et au plus au profond de moi, cet homme. Parler d'une femme en ces termes... Je n'apprécie pas cette Kinomoto mais je ne pense pas qu'elle mérite de finir sa vie avec un tel homme imbu de sa personne et qui ne doit avoir qu'un idée : voir Kinomoto, nue, entre ses draps.
- Et dire que j'ai reporté un déjeuner avec ma maîtresse, murmure-t-il pour lui-même. Je la verrai sans doute ce soir.
- Vous...
- Oui ?
Je le dévisage.
- Rien.
Je ressors des toilettes avant de devoir commettre un meurtre. Soucieux, je retourne à ma table.
- J'ai commencé à manger sans toi.
- Je n'ai pas faim...
- Tu as réfléchi à tes excuses ? continue Eriol. A la manière dont tu procèderas ?
En entendant la voix dans mon dos, je me retourne et voit le futur époux de Kinomoto déposer un baiser sur sa joue, alors qu'elle se crispe. Oui, je la sens se crisper, aussi étrange que cela puisse paraître.
Je tourne le dos à la scène.
- Et puis merde, ce n'est pas mes oignons.
- De quoi parles-tu, Shao ?
- Rien.
OoO
Une serviette enroulée autour de sa tête, habillée d'un pyjama gris et d'un débardeur rose, Sakura sortit de sa salle de bain.
Rude journée qu'elle avait partiellement oubliée en plongeant dans sa baignoire au milieu des bulles de savons parfumée. Désormais, elle se sentait moins fatiguée. Les pieds bien au chaud enfouis dans des têtes de lapins, faisant office de chaussons, elle pénétra dans son séjour et alluma les lumières.
La pièce sortit de l'obscurité. Son attention se riva aussitôt sur la pile de papier posée sur sa table basse disposée devant son canapé. Elle soupira. Elle dormirait encore tard cette nuit.
Son portable sonna à ce moment. Ravie de retarder de quelques minutes son travail, elle prit le téléphone sur la table basse et répondit.
« ... Tu sembles aller bien.
- Tu le penses vraiment ?
- Que se passe-t-il, Sakura ?
- Encore lui. Cette espèce de macho qui ne supporte pas de voir une femme le surpasser.
- Tu vas loin, non ? se moqua la jeune femme.
- Pas du tout, Tomoyo ! (Elle ôta la serviette de ses cheveux et y passa la main.) Il me déteste parce que je suis meilleure que lui. Ça se voit, ça se sent, c'est flagrant !
- Note ça sur un bloc-notes. Ça peut servir pour une prochaine pub. On peut dire que grâce à lui, tu as toujours de bonnes idées pour les slogans.
- Je vois que cette situation plait énormément à ma cruelle supérieure mais néanmoins amie, railla-t-elle.
- Et le contrat ?
- ... Oublie-le. J'ai quitté le bureau de Yelan Li en claquant la porte derrière moi. (Elle fouilla un moment dans la paperasse de papier devant elle.) Mais bon, pour les restes, j'ai obtenu satisfaction.
- Oui, mais ce partenariat avec les Li, je l'attendais comme mon cadeau de noël.
- Je suis désolée.
- Ce n'est pas grave... Tu vas trouver une solution pour qu'il se fasse, pas vrai ma Sakura ?
- Et moi qui allais te remercier pour ta compréhension et ta gentillesse, répliqua-t-elle en soupirant. Entendu. Demain, j'irai voir les Li. Cela vous convient-il, patronne ?
- Tu n'y étais pas obligée, voyons.
- A d'autres, veux-tu. (Elle entendit Tomoyo pouffer de rire.) Bon, je te laisse. J'ai encore quelques papiers à relire avant d'aller me coucher dont celui que je dois te renvoyer demain.
- Ne dors pas trop tard. Bisou.
- Je verrai... Bisou.
Sakura éteignit son portable et le reposa sur la table basse.
Devoir retourner chez les Li et affronter la mine satisfaite de ce Shaolan... Quelle calamité !
Allez, courage, Sakura ! pensa-t-elle en s'asseyant en tailleur. Tout ça, c'est pour le boulot !
Au bout de deux heures de lecture ennuyeuse, elle ôta ses lunettes, étendit ses jambes et s'étira, en baillant. Elle porta un coup d'oeil sur la montre posée sur une table ronde au milieu des cadres de photos.
Vingt trois heures.
Elle avait une envie irrésistible d'aller au lit et de remettre à plus tard l'étude des dossiers restants.
Elle se leva. Ses pas la conduirent vers les fenêtres qui offraient une splendide vue sur Hong Kong, mais les tours de cette ville ne valait pas la Tour de Tokyo. La sonnerie de la porte retentit soudain et l'arracha à sa contemplation.
Qui pouvait bien la déranger à une heure si tardive ? Elle espérait de tout cœur qu'il ne s'agissait pas de l'autre pot de colle de Nakaôji. Et dire qu'elle allait devoir l'épouser. A croire que le ciel, les dieux et tous les anges étaient contre elle.
En traînant des pieds, la jeune femme alla ouvrir.
- Bonsoir.
Effarée, Sakura dévisagea le jeune homme. Adieu tenue impeccable qu'il affichait en temps normal au bureau, bonjour chevelure ébouriffée, cravate négligemment nouée et chemise dépassant de son pantalon !
- Que faites-vous ici, Li ?
Sa question demeura sans réponse. Shaolan l'observait comme s'il la voyait pour la première fois.
- J'ai dû me tromper, dit-il finalement en se grattant la tête. Ce n'est pas la Sakura Kinomoto coincée que...
La porte se referma brusquement sur lui, le laissant pantois. Furieux, il frappa violemment cette dernière.
- Ouvrez, sale peste !
Il obtient satisfaction. La porte s'entrebâilla.
- Vous croyez que c'est une façon de parler à une personne qu'on dérange aussi tard dans la nuit ?
- Vingt-trois heures, ce n'est pas si tard, argumenta-t-il.
- Pour vous qui avez l'habitude de finir dans une de ces boîtes à la mode, je n'en doute pas, mais pour moi, il est tard !
- Vous ne semblez pas si vieille que ça pour...
- Quel démon vous a donné mon adresse ? l'interrompit-t-elle, agacée.
- Je suis passée dans vos bureaux et voilà !
- Et pourquoi êtes-vous ici ? Vous avez décidé de me harceler même en dehors du cadre professionnel ?
- Je peux entrer ?
- Non.
- Si vous voulez que vos voisins sachent que vous recevez des hommes si tard dans la nuit, ils...
Shaolan agrippa Shaolan par le bras, le tira à l'intérieur de son appartement et claqua la porte. Alors qu'il entrait dans son séjour, Sakura s'adossa contre le mur du vestibule et soupira.
Zen, se dit-elle. Zen...
Elle respira un grand coup puis rejoignit le jeune homme. En voyant le chinois, déjà à son aise sur le canapé, elle vit rouge. Elle fendit droit sur Shaolan, lui arracha les feuilles qu'il tenait entre les mains et le poussa vers une chaise.
- Doucement ! Je n'allais pas vous manger vos papiers.
- Dites-moi ce que vous voulez ou bien je vous jette dehors dans la seconde !
- Je suis venu présenter mes excuses mais sincèrement vous ne les méritez pas.
- Et bien je m'en moque ! Gardez vos excuses pour vous et foutez-moi la paix !
- Et bien, voyez-vous ça ? Même sans vos lunettes, vous êtes la même fille insupportable, mais en plus malpolie.
- Et vous, vous êtes le même homme arrogant et macho !
- Macho ? Moi ?
- Oui. Dites-le que vous ne supportez pas que je sois meilleure que vous !
- Je suis navré de vous dire que je suis bel et bien le meilleur de nous deux.
- Vous croyez ?
- J'en suis même persuadé, ma chère. Jusque là, vous avez eu ce qu'on appelle de la veine. Mais je vous assure que dans le domaine des affaires, il faut plus que la chance pour réussir.
J'en suis consciente, eut-elle envie de répliquer mais elle s'y abstient. Donner raison à ce mufle reviendrait à supporter sa suffisance durant le temps qu'elle passerait en Chine.
Si elle dévoilait sa fragilité, elle craignait de subir la domination des hommes et leurs critiques masochistes. Pour éviter toutes mauvaises critiques derrière son dos, elle s'était décidée à adopter un accoutrement plus stricte et sévère lorsqu'elle travaillait. Et depuis son installation à Hong Kong, elle n'avait permis à aucun de ses partenaires commerciaux de fouler le seuil de son appartement. Et voilà que celui qu'elle détestait le plus, celui qu'elle rêvait d'aplatir, était assis dans son séjour comme si de rien n'était. Il était entré dans son antre, sa bulle, son cocon et l'avait en plus découverte hors de son costume de femme d'affaire. Li Shaolan méritait de mourir ce soir.
- Pourriez-vous venir demain matin dans nos bureaux ? s'enquit-il soudainement.
- Non, j'ai des rendez-vous.
- Dans l'après-midi ?
- Vers quelle heure ?
- Disons... quatorze heures ?
- Quinze heures trente, trancha-t-elle en croisant les bras.
- Bien. Je vous vois donc demain. Une dernière chose...
- Oui ?
- ... Non, rien. Bonne soirée.
Shaolan se releva et quitta l'appartement, sans un mot de plus, laissant Sakura perplexe.
OoO
Le réveil est encore plus dur que les jours précédents. J'ai la sensation que plus rien ne sera jamais plus comme avant lorsque j'aurai rencontré cette fiancée mystère. Je suis comme un prisonnier que l'on mène à l'échafaud, un innocent que l'on condamne sans remords, un malheureux que l'on laisse croupir dans sa misère. Je suis un désespéré de la vie et personne ne le voit ! Personne n'est là pour protester contre mon sort, aucune association pour défendre mes droits, aucune manifestation pour s'opposer à la Dame Dragon - mère indigne qu'elle est - aucun télémachin pour me sauver de l'irrémédiable.
Je suis perdu, un homme perdu !
Le visage qui se reflète dans mon miroir, ce matin, semble me narguer, me dire que je n'ai que ce que je mérite, et qu'une belle gueule comme moi n'a pas à se plaindre comme je le fais... Je vais finir par être interné, je le vois, je le sens, c'est flagrant ! Je vais finir dans un hosto de fou ! Ma vie est fichue...
Machinalement, je m'habille. Avec lenteur, je finis de boutonner ma chemise et passe ma cravate autour de mon cou. Je la noue en soupirant, me retenant pour ne pas serrer ce bout de tissu autour de ma gorge. Chaussé et habillé de ma veste, je sors de mon appartement et rejoins ma voiture de fonction, ce carrosse noir qui me mènera vers cette mère qui m'a honteusement sacrifié sur l'autel de ses ambitions.
Je devrais me faire à cette idée. Ces mariages de convenances ne sont pas si rares dans le milieu, bien que l'on ne nomme pas ainsi la chose. Mais pourquoi suis-je le seul à ne pas y échapper alors que Shefa et Futie ont choisi leurs époux ? Sans doute parce que c'est tout de même moi l'héritier de la famille. Je vais finir par m'enfuir... oui m'enfuir très loin de la Chine.
Le trajet me semble, pour la première fois, très court. Je passe les portes de l'entreprise avec une tête d'enterrement. C'est avec un énorme poids sur le coeur et sur le dos, que je salue notre chère réceptionniste qui s'étonne de ne pas me voir accepter ses biscuits.
Toutes les belles choses de la vie ont perdu grâce à mes yeux.
Que l'on m'achève avant que je sache ce qu'est le vrai enfer sur terre !
J'entre dans mon bureau, pose mes affaires sur la table, ôte mon manteau et m'affale sur mon siège de vice-président. Je contemple le plafond, porte mon regard sur le mobilier d'un marron chaud, puis revient contempler le plafond.
Je soupire.
- Shaolan !
Je glisse les yeux vers la porte et aperçois ma mère.
- Cesse de faire cette tête d'enterrement. Tu ne te rends pas à des funérailles mais à des fiançailles. Saisis-tu la nuance ?
- Parce qu'il y en a une ? Bonjour, mère.
- Tu vas devoir te reprendre et montrer un visage plus avenant.
- J'essaierai.
- Et en ce qui concerne tes excuses à Mlle Kinomoto ?
- C'est fait. J'ai rendez-vous avec elle cet après-midi pour discuter du contrat.
- Je vois que tu m'as écoutée, dit-elle satisfaite.
- Avais-je le choix, mère ?
- Non. Tu es un bon garçon.
Et sur cette phrase, elle sort de mon bureau.
- Elle aurait au moins pu me présenter ses condoléances. Mère indigne, va !
La porte s'entrebâille.
- La mère indigne que je suis te signale qu'elle va de ce pas aller commander les alliances.
Je sais, pas la peine de me le redire : je suis maudit. Il n'y a rien à dire de plus.
OoO
- Voyons, Shaolan. Je t'en prie, cesse de soupirer ainsi. Nous sommes bientôt arrivés et je voudrais que tu souries.
- Désolé, mère, mais si vous contrôlez ma vie, vous ne contrôlerez pas mes...
Yelan saisit l'oreille de son fils et tira dessus. A l'avant, le chauffeur étouffa un rire.
- De ton propre aveu, ta vie est déjà un enfer. Ne cherche pas à y ajouter d'autres démons. Vas-tu sourire ?
- Bien sur, mère.
Le sourire crispé que Shaolan dédia à sa mère, calma cette dernière. Elle lâcha son oreille et reprit une posture plus digne d'une présidente de compagnie.
- Vois-tu, Shaolan, ta fiancée est une personne qui a été élevée dans la pure tradition chinoise. Elle n'élève jamais la voix, n'interrompe jamais son interlocuteur comme tu aimes si bien le...
- Moi ? Mais... !
Elle toussa puis reprit.
- Sache qu'elle est d'une timidité presque maladive et tes allures de méchant loup ne feront que la terroriser.
- Si seulement, ça suffisait pour qu'elle par...
Le regard de sa mère le fit taire.
- Je voudrais que tu te montres plus que prévenant envers elle. Agis comme un homme amoureux et montre-lui que tu es un vrai gentleman désireux de perpétuer la tradition chinoise tout en étant moderne.
- Je ferai de mon mieux, soupira-t-il.
La voiture s'arrêta. Shaolan ouvrit la portière et la referma derrière sa mère. Il lui tendit son bras.
- Tu te rattrapes, mon fils.
- Que ne ferais-je pas pour vous plaire, mère, rétorqua-t-il alors qu'ils se dirigeaient vers le restaurant.
L'endroit était parfaitement à l'image des gens qui y déjeunaient : chic, arrogant dans sa décoration dorée et blanc, et ennuyeux. Yelan lâcha le bras de son fils et se dirigea vers une table disposée près des fenêtres aux rideaux crème.
Le coeur battant, Shaolan considéra alors les personnes qui se trouvaient autour de la table. Un homme, les cheveux gris, élégant dans son deux-pièces, serra la main de Yelan. Cette dernière se tourna ensuite vers une femme, dans un tailleur de grande marque à première vue, du Chanel. La troisième personne qui attira le plus l'attention du jeune homme - le contraire aurait été étonnant - fut la jeune femme sagement assise qui n'osait visiblement pas lever les yeux.
Yelan se retourna et fit signe à son fils de les rejoindre. Le ventre noué, ce dernier s'exécuta sans détacher les yeux de celle qu'il devinait être sa fiancée.
Les cheveux noués dans une longue tresse, elle était habillée dans un tailleur entièrement blanc qui donna des sueurs froides à Shaolan. Il priait pour que sa mère évite la formule "nous voici tous réunis, aujourd'hui, pour..."
L'horreur !
- Je vous présente donc mon fils, Li Shaolan.
Yelan poussa son fils devant elle.
- Bonjour. Je suis très honoré de faire votre connaissance...
- Que suis-je bête ! s'exclama Yelan. Je pensais que tu reconnaîtrais l'ancien ami de ton père. Ce sont les Akizuki. Tu étais si jeune à l'époque.
- Oui, si jeune, renchérit l'homme. Vous avez bien grandi, Shaolan.
- Merci, vous aussi... Je veux dire que... Les années semblent vous avoir épargné, vous et votre si ravissante épouse.
- Quel séducteur ! sourit la femme. Ma fille a bien de la chance d'avoir un fiancé tel que vous. D'ailleurs, il serait temps de faire les présentations. Lève-toi donc, Nakuru.
La jeune fille se leva et présenta timidement sa main à Shaolan.
- Bonjour, monsieur Li.
- Bonjour, dit-il pris au dépourvu par la fragilité qu'il ressentait chez sa promise.
- Quelle timidité de la part de ces fiancés, plaisanta le père de Nakuru.
- Puis-je aller me rincer les mains ? coupa Shaolan. Je reviens.
Il tourna les talons et se hâta de rejoindre les toilettes.
- Bon, que faire ? se demanda-t-il en faisant les cent pas. Si je la repousse, elle va forcément subir mon refus comme un échec. Elle est dans la même situation que moi... je ne peux pas me montrer cruel envers elle.
- Shaolan.
Il s'immobilisa.
- Que faites-vous dans les toilettes des hommes ? demanda-t-il à la jeune femme. Vous vous êtes trompez ?
La jeune femme s'approcha lentement vers lui, et curieusement Shaolan se sentit mal. Il recula.
- Vous devriez ressortir avant que quelqu'un ne vous surprenne ici.
- Et alors ? rétorqua-t-elle d'une voix qui ne ressemblait en rien à celle toute fluette qu'il avait entendue cinq minutes plus tôt.
- Vous n'allez pas supportez un scandale. Vous qui êtes si...
Son dos cogna le mur.
- Timide ? proposa-t-elle.
- C'est cela !
Elle saisit sa cravate et tira dessus.
- Désolé, mon cher fiancé, mais sache que je n'ai rien de la femme fragile et timide que tu rêvais d'avoir. Avec moi, tu vas vite apprendre à obéir. Et oui ! C'est moi qui vais diriger notre couple. Et comme je suis très exigeante, tu vas devoir apprendre à être parfait aussi bien au lit qu'en dehors, c'est clair ?
Interloqué, Shaolan ne put qu'acquiescer de la tête.
La jeune femme éclata de rire puis posa ses lèvres sur celles du jeune homme. Lorsqu'elle mit fin au baiser, elle lui fit un clin d'oeil puis marcha en direction de la sortie.
- Et une dernière chose. Pas la peine de médire sur mon compte. Personne ne te croira lorsque tu diras que je t'ai sauté dessus et menacé. Je suis si timide que cette vision de femme fatale est inconcevable. Vivement notre mariage, mon chéri !
Lorsque la porte se referma, Shaolan n'avait toujours pas émergé de sa surprise.
- C'était quoi ça ? lâcha-t-il finalement.
A suivre...
Je ne sais pas pour vous mais je sais pas si je dois plaindre Shaolan ou me moquer mais franchement à bien y réfléchir... je me marre !
Donc, voilà la fin de ce chapitre et je vous dis au prochain si vous en voulez toujours de cette farce !
Merci à :
Laumie, Kelidrel, Darkim the queen of konery (et oui, j'écris aussi du sakura, faut bien que je martyrise un peu tout le monde.), Shiaru, Oluha (futur couple dans un long futur pas pour le moment quoique...), Yukigirl, Kashachan (oui, j'ai changé notre p'tite Sakura, juste pour voir ce que ça donnait et puis pour faire chier Shaolan aussi, lol), Archangel.gaia (et oui sont pas fiancés, ça aurait été trop simple, lol), Ada, Kika et Draco-tu-es-a-moi
Bisous.
