Voici finalement l'archive numéro 8.
Elle est nettement moins drôle que les autres : c'est mon premier essai à un ton doux-amer.
Je vous avoue que j'ai souffert d'un intense syndrome de la page blanche dans cette série. On m'a suggéré de faire des intrigues et je crois bien que j'ai fouillé dans cette direction, sans être très contente de ce que j'ai produit. Ma fic principale (Harry Potter et la prophétie perdue) me demande beaucoup en termes d'intrigue.
J'ai décidé de garder ceci un petit laboratoire d'écriture. Certaines archives auront toutefois des liens entre elles. J'espère qu'elles vous plairont toujours autant. L'humour devrait revenir pour les prochaines. Dites-moi ce que vous en pensez. : )
Archive numéro 8
Un parchemin unique, enfoncé dans la gueule de la gargouille qui garde l'entrée de la salle commune de la maison Serdaigle. Nos experts croient qu'il s'agit d'une lettre qui ne s'est jamais rendue à destination.
( écriture ronde, pression légère sur la plume. Beaucoup d'espace entre les mots comme s'ils avaient été soigneusement soupesés.)
--Début du parchemin—
Cher Harry,
Mathilda Lipman m'a dit qu'elle te remettrait cette lettre, lorsque j'aurais fini de l'écrire. Je dois t'avouer que cela m'a beaucoup surpris parce que c'est une des personnes qui cachent mes choses dans la gueule de la gargouille qui garde l'entrée de la salle commune de Serdaigle. Je lui ai dit qu'elle devrait trouver une autre cachette éventuellement parce qu'elle ne peut plus dire qu'elle cache mes choses si je sais où elles sont, n'est-ce pas?
Tu dois te demander pourquoi je prends tout de même la peine de te l'écrire. Ce n'est pas très grave : écrire est la deuxième étape qui suit logiquement la pensée. Parler vient tout de suite après parce qu'on a bien ordonné sa pensée. Je conseillerais à ton ami Ronald d'écrire davantage.
De toute façon, les lettres finissent toujours par trouver les mains de la personne qui pourra en bénéficier. Peut-être que j'écris ceci pour quelqu'un d'autre. Peut-être que j'écris ceci pour moi.
Ginny Weasley m'a dit que cet homme qui a disparu derrière le voile sombre était ton parrain. Je suis désolée d'apprendre que tu as perdu une personne que tu aimais : je sais que cela blesse car nous en avons toujours trop peu autour de nous.
Il y a quelque temps, mon père m'a raconté comment tes parents sont morts quand tu étais un bébé et comment tu as survécu à ce qui s'est passé cette nuit-là. Je n'ai jamais survécu à rien de pareil. La seule chose tragique qui m'est arrivée est la mort de Maman. C'était une sorcière de grand talent, mais je crois qu'elle prenait trop de risques, un peu comme ton parrain, à ce qu'on m'a dit. Il doit te manquer beaucoup. Maman me manque.
Lorsqu'elle est morte, j'ai eu l'impression pendant quelque temps que j'étais la personne qui avait fermé la porte sur elle. Je posais beaucoup de questions sur les activités qu'elle menait dans son laboratoire et elle pouvait disparaître des heures et des heures pour revenir avec une miette de réponse. J'ai eu une impression très étrange ce jour-là lorsqu'elle m'a fait un clin d'œil avant de fermer la porte pour la dernière fois.
Pourquoi pensons-nous qu'il fait sombre et froid, que la solitude attend derrière les portes ou les voiles qui se ferment sur les gens que l'on aime? Je crois que nous sommes ceux qui sont dans l'ombre, qui ont froid et qui se sentent seuls.
J'ai pensé beaucoup à Maman dernièrement et j'ai envoyé un hibou à Papa pour lui demander s'il avait des idées sur ce qui faisait un sens à la vie que nous menons, parce que c'est une question qui me préoccupe beaucoup et je ne suis pas satisfaite des réponses qui me sont venues à l'esprit. Cela ne faisait pas de sens pour moi d'aimer et de perdre autant.
Il m'a répondu qu'il y avait autant de sens qu'il y avait de sorciers et de moldus qui ont marché sur le sol de cette planète. J'ai très bien dormi ce soir-là. J'ai été rassurée de savoir que nous, sorciers et moldus, pouvons avoir complètement raison et complètement tort en même temps.
C'est pourquoi, j'imagine, nous pouvons vivre tout en mourant un peu quand une personne que l'on aime nous quitte. J'ai pensé que cela pourrait te réconforter. Mais tout de même, il se peut que je doive te répéter tout cela un jour.
Avec mes amitiés,
Luna L.
--Fin du parchemin -
