Note pour Emmatheancient : Merci beaucoup ! Tu peux pas savoir à quel point ça me rassure ! J'ai toujours peur d'en faire trop ou pas assez… C'est pas évident de ne pas oublier la situation par rapport à tous les personnages. Donc d'oublier l'intervention de certains… Ni de trouver le bon angle de vue à présenter au lecteur. D'ailleurs, il y a dans ce chapitre une scène qui m'a dérangée pour ça. J'avoue que je me suis tâtée pour la publier telle quelle. Mais j'ai fait du suggéré. Donc, à moins qu'on me demande d'expliciter la scène… J'en reste là.
Note de l'auteur : Ceci est un avertissement. Scène pouvant choquer la sensibilité de certaines personnes.
N'ayant pas envie de changer le rating pour un chapitre, je vous avertis. Cependant, je n'ai pas fait dans le "cru", puisque la scène en elle-même n'est pas décrite, juste les conséquences. Mais c'est assez gore pour être dérangeant, je pense… Notre imagination complète aisément les blancs, non ? (Hausse des épaules.) C'est du suggéré donc. A vous d'imaginer la scène si le cœur vous en dit…
Pour ma part, je me dis que je suis plus sadique de présenter les choses comme ça que de décrire vraiment… On a tendance à extrapoler franchement en s'imaginant les scènes suggérées.
Néanmoins… pour alléger… après vous avez droit à une scène qui en ravira certaines, si leurs inclinaisons n'ont pas changées entre-temps ! lol
Ne pas taper sur l'auteur ! Ne pas taper ! J'ai besoin de toute ma tête pour continuer cette fic ! lol
Rating de ce chapitre : M pour scène violente suggérée.
Indications : Les phrases en « italique » indiquent les pensées des personnages. Les phrases en / italique / indiquent une transmission radio reçue. Les phrases en / normal / indiquent une transmission radio envoyée.
- Chapitre 23 -
-ooO-Ooo-
Rayan respirait trop vite. Beaucoup trop vite au goût de Gervis. Ses yeux agates zigzaguaient furieusement dans la salle en évitant de le regarder. Et la voir crisper ses poings comme ça ne le rassurait pas non plus. Elle paniquait car elle était paumée. De ça, il en était quasi sûr. Elle faisait toujours ça lorsqu'elle était tiraillée entre deux choses contraires. Et il avait une idée de ce que c'était là…
« Rayan. » l'appela-t-il. Elle leva enfin la tête. « Excuse-moi. Je n'aurais pas dû dire cela. Mais que s'est-il passé pour que tu sois si méfiante avec les militaires ? » tenta-t-il.
Elle fronça des sourcils en rétrécissant des yeux. Gervis décoda aussitôt qu'elle était agacée qu'il lui pose quand même la question malgré ses propos d'avant.
« Je sais que tu m'as demandé de ne pas te poser de questions dessus. » s'excusa Gervis. « Mais ça me paraît trop grave. Tu peux m'en parler. Je ne le répéterais à personne si tu le veux. Mais fais-le. Je vois bien que cela te ronge. »
« Pfff ! » fit Rayan en détournant le regard sur le côté, la mine amère.
« Rayan… » insista doucement Gervis. Il avait bien remarqué qu'elle ne réagissait pas comme d'habitude. Sinon elle l'aurait envoyer balader sans ménagements ou aurait dévié la conversation sur un autre sujet sans autre forme de procès.
« Tu es bouché des fois. » répliqua enfin la jeune femme. « Je t'ai dit que je ne le peux pas ! » Elle martela les mots, exagérant les espacements.
Gervis grimaça. Cela ne lui plaisait pas du tout de se faire rembarrer comme ça alors qu'il cherchait à l'aider. Subitement il réalisa qu'elle lui donnait des indices.
« Elle a dit qu'elle ne le peut pas. Donc, c'est qu'elle ne doit pouvoir en parler. Hum… Vraiment bizarre… Je me doutais bien qu'elle avait des patrons exigeants… mais pas à ce point-là ! » pensa-t-il.
« Il n'empêche que c'est plus profond que je le croyais. » remarqua Gervis. « Tu aurais évité de me donner des indices sinon. Je te connais, Rayan. » lui fit-il remarquer.
Elle se mordilla la lèvre inférieure en récriminant sans parler, bougeant la tête de droite à gauche, les yeux évitant de se poser sur son coéquipier.
« Je le savais ! » se dit Gervis, son idée appuyée par la réaction de Rayan. « Elle essaye de me le dire. Ou, du moins, de me le faire remarquer. Ils ont dû lui faire promettre de ne pas en parler. Et le seul moyen pour elle de passer outre, c'est d'emprunter un chemin détourné. D'où son explosion de rage de tout à l'heure. C'était le seul moyen pour elle de me le faire remarquer. Ça doit être vraiment gros, cette histoire… »
« Haaa… Ça va être coton pour trouver. » soupira Gervis. « Je comprends qu'ils t'ont interdit d'en parler. Cependant, ça va pas être évident pour moi de deviner si tu ne me donnes pas des indices plus clairs, Rayan. »
Celle-ci lui rendit un regard soulagé qu'il ait compris son dilemme. Et le corps de la jeune scientifique se détendit. Elle recula jusqu'à ce que son dos heurte le mur et se laissa glisser par terre. Ses bras vinrent enserrer ses genoux contre elle. Elle tremblait presque, la tension retombant.
Gervis alla s'asseoir à côté d'elle et lui prit les épaules de son bras, la serrant contre lui.
Rayan laissa sa tête se poser sur l'épaule de son chef d'équipe. Elle appréciait le réconfort qu'il lui procurait. Elle ferma les yeux pour mieux se laisser baigner par la tendresse amicale de son camarade. Elle ressentait le désir de Gervis de la protéger et de la réconforter. Cela valait toute les paroles et les promesses du monde.
« J'ai vraiment de la chance d'avoir pu trouver des amis pareils. » pensa-t-elle. « Gervis, Kruck, Bart… Ils sont toujours là pour moi… malgré mon caractère… malgré moi… Je devrais me sentir heureuse… mais je sais qu'ils vont en payer les conséquences. Si on peut retourner un jour sur Terre, je sais pertinemment qu'ils vont en tirer parti. Ils l'ont déjà fait… ! » finit-elle par rager.
Le souvenir douloureux refit surface malgré sa vigilance. Elle refoula de toutes ses forces les images… les sensations… les émotions qu'elle avait perçu… les cris… le sang… et ce hurlement de bête blessée qu'elle n'avait pu s'interdire de crier… La manifestation du déchirement de son âme et de sa rage rouge de folie furieuse. De ces vies, si précieuses à ses yeux, qu'on lui arrachait avec une intransigeance froide et implacable.
-oo-oo-
Pour son bien, comme on lui avait seriné. Et là, ils avaient mis à exécution leur menace. Finis les avertissements et les injonctions à se tenir à l'écart. Finis les remarques cyniques "préventives". Finis. Ne demeuraient que les conséquences de sa tentative de rébellion.
"Son bien" ! "Son bien" ! Quelle connerie ! Oui ! Cela ne lui avait fait aucun bien. Non. Aucun…
Les larmes douloureuses avaient coulé alors qu'une stupéfaction incrédule la saisissait toute entière à l'instant où ils avaient mis fin à la vie de ses amis. Comme ça. D'une pression d'un bouton. C'était si facile et si rapide. Et ils avaient été bien à l'abri à l'autre bout de ce maudit moniteur ! Mais, de toutes façons, elle ne savait même pas où ils se trouvaient exactement…
Elle n'avait rien pu faire. Rien contre. Cela avait été si soudain. L'impact de ce geste si banal l'avait complètement anéantie. Là où il y avait ces chaleurs pulsantes ne restaient que le néant froid et la blessure suintante des liens arrachés brutalement.
Ce cri inhumain - , son cri, - résonnait encore à ses oreilles. Même maintenant. Elle avait encore les sensations de ce moment de perte de conscience humaine. De ce moment où son esprit rationnel avait été bouté à l'arrière-plan de sa conscience. Impuissante à s'arrêter, elle avait alors vu et ressenti son corps se mouvoir et ses capacités spéciales se mettre en branle avec une folie destructrice implacable dans sa froideur. Un froid de l'âme provoqué par le sectionnement brutal de ses liens avec eux… ses amis… ses camarades. Elle avait perdu la tête. Complètement. Elle avait littéralement disjonctée.
Elle n'avait pu que se débattre dans le vide, enfermée dans son propre esprit, pendant toute la scène de carnage. La terreur et l'agonie des gens glissant sur elle. Sa rage, sa hargne, s'en foutait royalement. Mais pas elle. Cependant elle ne pouvait agir sur rien. C'était comme s'il y avait deux personnes en elle qui se partageaient son corps à cet instant précis. Et ça avait été le côté blessé et instinctif qui avait pris le contrôle.
Lorsque tout avait été fini… lorsque plus une seule vie n'était encore présente dans son esprit que seule la sienne… elle s'était retrouvée couverte de sang des pieds à la tête. Et la vision d'horreur de ses actes de rage vengeresse lui avaient sauté aux yeux.
Elle avait contemplé avec ahurissement ses mains collantes de sangs. Les gouttes en tombaient, s'écrasant sur le sol de béton. Elle sentait ses vêtements lui coller à la peau tant qu'ils étaient humides.
Elle sentait l'odeur métallique si caractéristique du sang frais. L'odeur de la poudre aussi. L'air en était saturé par son âcreté irritante. Les douilles en jonchaient les lieux. Les murs étaient criblés par l'impact des balles. Cependant, certaines gisaient en tas à certains endroits, littéralement écrasées, comme sous l'impact d'un obstacle invisible. Les pistolets au chargeur vide encore dans la main de leurs propriétaires. Les autres sectionnés, à moitiés fondus ou éclatés en morceaux épars. Les couteaux gisant au sol ou plantés dans les murs, les meubles quasi détruits ou les chaires. Des éclats des meubles et de bouts de ferraille étaient plantés dans les murs, les meubles restants et les chaires.
Le pire c'était bien la vision de cauchemar des corps pour la plupart lacérés, ou encore en partie démembrés. Certains cadavres avaient même des postures bizarres : les êtres qui les avaient habités naguère s'étaient tordus en tout sens en agrippant qui sa tête, qui son cœur, qui son ventre…
Du sang jaillissait de la plupart des bouches. Et les murs en étaient aspergés comme par une main d'un artiste empli d'une folie créatrice abstraite. Les yeux voilés figés dans une expression d'incrédulité et de terreur.
Les minutes avaient défilé. Ou peut-être les heures… ? Ou même les jours. Elle ne se rappelait plus.
Tout ce dont elle se souvenait d'après c'était qu'elle s'était encore retrouvée dans un de leurs maudits laboratoires de recherches ! A subir encore une fois leurs tests… entourée par toutes ces blouses blanches de ces soi-disant docteurs.
-oo-oo-
Et, rien que d'y repenser vaguement, comme pour tâter sa réaction à l'effleurement d'une blessure mal cicatrisée, cela lui donnait la nausée…
Des larmes roulèrent sur ses joues. Encore une fois. La tristesse l'envahit telle un raz-de-marée implacable, noyant son esprit comme avant dans une douleur aiguë et sans fin, telle une petite mort qui l'attirait doucement et inexorablement dans ses rets. Elle sentait encore les échos de leurs émotions juste avant ce moment-là. Et la colère de son impuissance d'alors à éviter cette catastrophe sourda à nouveau dans tout son être, lame de fond qui faisait tendre chacun de ses muscles. Ses larmes devinrent amères et rageuses.
Elles roulèrent jusqu'à ses lèvres. Elle goûta le sel de ses propres larmes. Et leur amertume chaude n'en fut que plus vive. Son corps tremblait à présent. Ses mains se crispèrent encore plus sur ses jambes, ses ongles s'enfonçant même dans ses chaires à travers le tissu de son pantalon.
La main de Gervis vint caresser doucement sa joue inondée de pleurs et il lui murmura des mots qu'elle n'entendit pas, perdue dans sa frénésie à repousser le souvenir, si vivant, dans son esprit à l'amertume noire.
C'étaient seules la présence physique de Gervis et sa sollicitude qui lui gardaient encore un ancrage dans la réalité. Elle ne pouvait ignorer la peine et le déchirement du cœur de son coéquipier pour elle qui la submergeait complètement, du fait du contact étroit entre leurs deux corps.
Gervis resserra son étreinte sur elle et elle fut dans ses bras, bercée doucement contre son torse.
Ses mains allèrent prendre le T-shirt du lieutenant et tirèrent dessus pour que sa tête puisse s'y blottir. Son nez s'enfouit sous le cou du jeune homme et elle respira l'odeur caractéristique de Gervis. Cela la détendit.
Elle laissa la quiétude apaisante l'envahir et panser ses blessures de l'âme rouvertes, à vif. Elle avait l'impression d'être dans un cocon de chaleur, de protection et d'amour fraternel inconditionnel.
Ses yeux s'étaient fermés tous seuls et elle reposait, détendue comme jamais, dans l'étreinte rassurante de Gervis. Elle sentait l'envie de son chef d'équipe de l'apaiser, de la consoler… de la protéger.
« Oh mon Dieu ! Il est comme lui. » rendit-elle compte. Elle se raidit. « Pareil. Tant de ressemblances… Pas possible ! Non ! Je ne veux pas qu'il finisse comme lui ! Je ne veux pas les voir, les sentir partir comme eux ! Oh, Seigneur ! Faite qu'ils ne leur arrivent rien ! Je vous en supplie… ! » gémit-elle en se pelotonnant encore plus contre Gervis. Elle voulait ne pas reprendre conscience de ce monde cruel et froid qui l'attendait hors des bras de Gervis. Accepter encore cette froideur de l'âme qu'on lui imposait d'avoir. De regarder encore partir ses amis. « Je ne pourrais le supporter encore ! Non ! Je ne le pourrais pas ! »
Les larmes redoublèrent. Elle ne pouvait s'empêcher de pleurer… La tristesse débordait à en éclater en elle. Il fallait que ça sorte d'une manière ou d'une autre. Pleurs ou colère, peu importait ! Du moment qu'il y avait un exutoire… Elle ne pouvait plus la garder plus longtemps en elle.
Elle était retombée dans ce piège de l'amitié. Malgré ses résolutions. Elle avait renoué des liens profonds avec d'autres personnes. Elle s'était liée par son empathie, intempestive et erratique, avec les membres de son équipe. Elle les avait laissé prendre de plus en plus de place dans sa vie et son existence… Elle les avait laissé s'immiscer de plus en plus dans son être, dans un coin de son âme et de son cœur.
Les sanglots la secouèrent. Et la joue de Gervis vint se poser sur le haut de sa tête. Il lui murmurait encore des mots qu'elle n'entendit pas.
Elle s'était encore perdue dans des liens empathiques.
Et elle et eux allaient en payer le prix. Tôt ou tard. Et le cauchemar recommencerait.
Si ce n'était déjà pas fait maintenant…
-ooO-Ooo-
- A suivre… -
Propos de l'auteur :
On peut y voir ici du ship léger, pour les inconditionnels… lol Cependant, je ne ferai pas de commentaires là-dessus. Vous aurez la réponse plus tard… Niark !
Quand j'avais dit que le passé de Rayan n'était pas rose, je ne blaguais pas.
Ce souvenir est un des moments douloureux de sa vie. Il y en a eu d'autres, sanglants ou simplement - si on peut le dire… ? (Dubitative.) - émotionnels, ou des mots, des phrases, des actes ont laissés des traces en elle. Mais j'ai loin d'avoir tout révélé sur Sara Rayan. Loin de là ! La vérité sur sa vie entière est encore plus sinistre dans ses conséquences sur elle et les autres.
Je n'ai jamais dit que ce serait "guilleret" et rose. Tous les personnages ne doivent pas forcément avoir un passé "lissé". Mes persos n'étant pas "officiels", ou du moins en première ligne scénaristique comme ceux de SGA1 ou même de SG-1, je peux exploiter cet aspect délaissé pour garder la conscience des masses tranquille.
J'espère ne pas avoir trop choqué en présentant la chose comme cela…
