Maes et Roy passèrent la nuit chez Maya. Ce fut son frère qui alla la réveiller en allumant la lumière de sa chambre.
" Debout soeurette !" s'exclama-t-il.
" Grgnfff !" fit Maya.
" Allez ! Sinon je te chatouille comme autrefois." avertit Maes.
" Si tu veux te faire massacrer à coup d'oreiller ... vas-y."
Maes pouffa de rire, et la laissa se lever. Maya était encore à moitié endormie quand elle les rejoignit. Roy rougit en la voyant avec une simple chemise. Maes pour sa part lui flanqua un coup de pied.
" Waïeuh ! "fit Roy.
Maes lui lança un regard du style : arrête de mater ma soeur. Roy lui lança un regard colérique en réponse. Maya se servit un une tasse de café, et bâilla en s'asseyant.
" Comment va ton épaule ?" demanda-t-elle à son frère.
" Me fait un mal de chien mais bon ..."
" Ca ... dis-moi, tu vis seul ?"
" Non, j'ai une femme et une fille."
" Oh ? Chuis tata ?" sourit Maya.
" Oui. Tu veux voir ses photos ?" proposa Maes.
" Et allez ! De bon matin c'est exactement ce qu'il nous fallait ! Enfin, je peux pas lui en vouloir." se dit Roy en buvant.
Maes sortit des photos de sa fille et commença sa séance de gagatisme profond. Maya trouva sa nièce adorable.
" Euh ... par contre : t'es toujours obligé de gagatiser comme ça ?" demanda-t-elle.
" Pourquoi ? Elle-t-y pas trognon mon Elysia-chou ? Hein hein ?"
" Maes ... arrête ça, t'as vraiment l'air d'un débile en phase terminale là."
Roy pouffa de rire, et tourna la tête pour cacher son hilarité.
" Rhoooh ! Mais de quoi tu parle ? " fit Maes, en rangeant ses photos.
" Bon, je vais adapter mon langage au tien. Il va-t-y arrêter ça, mon franginou tout chou, passke que là il est plus que ridicule ! Hein qu'y va arrêter, hein hein ? Mon frérounet tout mimi !" reprit Maya en faisant une parfaite imitation de Maes gagatisant.
Roy éclata franchement de rire. Maes se demandait s'il n'allait pas faire bouffer ses photos à sa jumelle.
" Pour la peine je te montrerais plus de photos de ma fille." décréta Maes en rangeant ses clichés.
" Oh ben merde alors ! T'es vraiment trop cruel avec ta pauvre soeur." répliqua Maya en sortant.
" Hmph !"
Quelques minutes plus tard, tout le monde était habillé.
" Tu devrais faire déménager ta petite famille si possible. Les homonculus ne vont pas se priver de ce moyen de t'atteindre." dit Maya.
" Tu as raison. Je vais aller les retrouver, Gracia doit être morte d'inquiétude." répondit Maes.
Une demi-heure plus tard, Gracia sauta au cou de son mari.
" Où étais-tu ? J'étais folle d'inquiétude quand j'ai vu que tu n'étais pas rentré." dit-elle.
" Je suis désolé ma chérie. Mais il s'est passé tellement de choses hier soir." répondit Maes.
" Papa !" fit Elysia en courant vers son père.
" Ah ! Ma princesse !"
Maes prit sa fille dans ses bras. Gracia salua Roy et Maya. Elle ne cacha pas son étonnement à la vue de cette dernière. Elle était le portrait de Maes.
" Chérie, Elysia, je vous présente ma soeur jumelle. Maya." annonça Maes.
" Ta soeur jumelle ? Je ne savais pas que tu avais une jumelle." fit Gracia en les faisant entrer.
" C'est parce que je l'avais perdue avant de te rencontrer."
" Tu es ma tata alors ?" demanda Elsyia.
" Eh oui !" sourit Maya.
Elysia lui rendit son sourire. Elle semblait contente d'avoir une tante. Tout le monde s'asssit au salon. Maes raconta à sa femme toute l'histoire de la veille, pendant qu' Elysia jouait sur le tapis. Gracia fut horrifiée par son récit. Mais elle se montra hésitante quant à l'idée de se séparer de son mari.
" Ce serait plus prudent pour vous madame Hughes. Vous êtes le meilleur moyen de l'atteindre, et ils ne vont pas laisser passer ça." intervint Maya.
" Vous avez probablement raison. Nous irons chez ma mère." se résigna Gracia.
Maes approuva. Puis il se tourna vers sa soeur :
" Et maintenant, si tu nous en disais un peu plus sur toi ?"
" Pourquoi pas. Revenons donc en arrière, le jour de mon accident." commença Maya.
" Ce jour-là, dit-elle, papa et moi étions partir pour Shandar, alors moins dangereux que maintenant. Il devait rencontrer des gens pour y ouvrir un magasin. Nous étions partis en train. Le voyage allait être long, et je m'ennuyais déjà de la maison. Mais papa voulait qu'on lui succède, et puisque tu devais aller chez le médecin avec maman, c'est moi qui l'ai suivi. Tout se passait bien jusqu'à ce qu'on arrive à proximité des montagnes. Je m'en souviens très bien : il faisait nuit mais le train a fait un tel vacarme tout à coup ..."
Maya s'interrompit. Elle entendait encore cet affreux grincement métallique.
" Sur le coup je n'ai pas compris ce qui se passait. Tout était sens dessus dessous, les bagages sortaient de leur filets, moi je tombais par terre ... et puis ce fut la chute. Le train avait déraillé sur un pont. Je rappelle être passée par une fenêtre. Après ma tête a heurté quelque chose et ça été le trou noir. Quand je me suis réveillée, j'étais dans une maison, avec une femme. Je n'avais plus aucun souvenir de ce qui s'était passé. Cette femme, qui s'appelait Neyra, m'a gardée chez elle et m'a appris son alchimie. Elle m'a donné cette bague sur laquelle est gravé un cercle de son invention."
Maya montra alors sa main droite, dont le majeur était orné d'une bague en argent, avec un curieux triangle.
" Tu as donc utilisé de l'alchimie contre l' homonculus hier soir. Pourtant je n'ai vu aucune transmutation." releva Maes.
" C'est parce qu'il n'y en avait pas. Mon alchimie est très particulière, en ce sens que je ne transmute pas de la matière visible." répondit Maya.
" Comment ça ?" intervint Roy.
" Je m'explique. Neyra se servait en fait des émotions, qu'elle pouvait ainsi transmettre à n'importe quel être vivant pouvant se mouvoir et penser par lui-même. Même si c'est de manière infime. Il y a des sensations communes aux humains et aux animaux, comme la peur, la faim, la colère ... bref cette bague me permet d'en faire autant, et de les moduler. Pour débarrasser mon frère de l'homonculus, je lui ai fait ressentir une peur intense qui l'a paralysé juste assez pour qu'on prenne la fuite." raconta Maya.
" Oh je vois. En effet c'est spécial comme alchimie." fit Maes.
" Mais très pratique. Les émotions ont bien plus de puissance qu'on ne l'imagine. A trop forte dose certaines sont mortelles."
" Lesquelles par exemple ?" interrogea Roy.
" La peur. Si j'y vais franco, je peux provoquer une crise cardiaque. Le chagrin aussi, qui peut conduire au suicide. Le rire, qui peut couper la respiration. Et plusieurs combinées et très fortes preuvent littéralement provoquer une overdose."
Maes eut un sifflement impressionné. Jamais il n'aurait imaginé que les émotions pouvaient être utilisée en alchimie.
" Et donc, cette femme t'a enseigné sa science. Mais ensuite ?" reprit-il.
" Ensuite, ma mémoire m'est revenue au bout de trois ans. Je me suis rappelée de tout, mon identité, l'accident, la famille ... mais partir n'a pas été simple. Neyra habitait dans la montagne, qui est remplie de créatures affreuses. Et puis je n'avais pas fini mon apprentissage. Quand ce fut fait, je quittais Neyra et descendit dans le pays. Je voulais d'abord retrouver papa. Hélas, il était mort. J'ai d'abord trouvé un petit job pour augmenter les économies que m'avait remis Neyra, et je suis partie. Je suis arrivée à Central il y a une semaine. La nuit où je t'ai trouvé, je revenais d'un bar. Je n'en ait pas cru mes yeux de te voir là. Mais ce n'était rien à côté de la chose qui a faillit te tuer. Quand je l'ai vu se relever l'air de rien et en changeant d'apparence ... mon sang a fait trois tours dans le mauvais sens."
" A qui le dis-tu ! Donc tu es devenue alchimiste ?" reprit Maes.
" Oui, l'alchimiste des émotions. Mais attention, je sais quand même faire une transmutation."
" On n'en doute pas."
" Et vous deux ? " questionna Maya.
" Nous sommes militaires. Je travaille aux renseignements. Roy est aussi alchimiste, c'est le Flame Alchemist et il est colonel. J'ai aussi fondé une famille comme tu as pu le voir." répondit Maes.
Maya hocha la tête.
" A présent qu'on en sait plus sur chacun, je propose de revenir à l'affaire qui nous préoccupe." suggéra Roy.
" Les homonculus. D'après ce que Maes a découvert, y'en a une chez vous. Moi j'ai noté autre chose. Leurs noms évoquent un des sept péchés capitaux. On en a déjà vu trois, il doit logiquement en rester quatre." fit Maya.
" Le Full Metal Alchemist m'a parlé d'un certain Envy, une Lust et un Gluttony. Si je me souviens bien, Lust a les ongles très longs, est brune avec une robe vert noir et des gants, Envy a les cheveux verts et peut changer d'apparence, et enfin Gluttony est un petit gros chauve." exposa Maes.
" Tu as eu affaire à Lust et Envy donc." devina Roy.
" Oui. Mais la secrétaire je ne sais fichtrement pas qui elle est ni quel estson pouvoir."
" Il nous reste comme possibilités Sloth, Wrath, Greed et Pride." fit Maya.
" Je me demande si votre Généralissime sait que sa secrétaire est une homonculus." dit Gracia.
" Remarque très intéressante, madame Hughes. Parce que s'il le sait, il se pourrait très bien qu'il en soit un lui-même." releva Maya.
" Ca me semble hautement improbable. C'est notre supérieur à tous, je ne vois pas ce qu'un homonculus ferait à la tête de l'armée." contredit Roy.
" Au contraire, son idée se tient. Comme il est Généralissime il est au-dessus de tout soupçon, et comme c'est l'armée qui dirige le pays il a tous les pouvoirs.Qui sait ce qu'une créature sans âme pourrait faire." objecta Maes.
" Déclencher des guerres." répondit Gracia.
Tous les regards se tournèrent vers elle.
" Mais alors ... Ishbal ... ce serait la faute des homonculus ?" dit Roy.
" Possible. Edward m'a dit que pour fabriquer la pierre philosophale, il fallait des vies humaines. Rien ne nous dit que cette guerre n'a pas été décidée dans ce but. Selon Ed ils veulent aussi la pierre." répondit Roy.
" C'est vraiment affreux." reprit Gracia.
" En effet. Je ne sais pas comment on va pouvoir les arrêter, vu la position de certains et leur capacité à revenir d'entre les morts."
" Moi je suggère déjà qu'on te garde en vie le plus longtemps possible. Quand le moment sera venu, tu pourras témoigner." dit Maya.
" La parole d'un simple soldat contre le Généralissime ... je te trouve bien optimiste." répliqua Maes.
" Tout homonculus qu'il soit, si les gens te croient il aura du mal à s'en sortir."
" Ta soeur a raison. S'ils pensaient que personne ne te croirait ils n'auraient pas essayé de te tuer." approuva Roy.
" Commençons par mettre ta famille à l' abri, on avisera ensuite." reprit Maya.
Maes se rendit à ses arguments. La bataille s'annonçait rude, mais il se sentait prêt à lutter. Il avait vu tant d'horreur à Ishbal ... penser que ce conflit avait été décidé pour un caillou, même la pierre philosophale l'écoeurait. Aucune vie n'en remplaçait une autre.
