Quand elle se réveilla, Maya fut un peu déçue de ne pas trouver son compagnon de la veille. Néanmoins, cela ne l'étonna pas. Elle se leva, se toiletta et s'habilla puis alla retrouver les hommes à la cafétéria. Maya prit son petit-déjeuner et vint s'asseoir à côté d'eux. Roy lui jeta un regard brillant, auquel elle répondit par un fin sourire. Un peu plus tard, nos trois compères se trouvaient à nouveau dans le train, pour sortir d'Amestris cette fois. Le voyage s'annonçait plus long que le précédent, mais il en fallait davantage pour entamer la détermination de Maes.
Le trio arriva au pays de Beëlgum en fin de soirée, fit halte dans une auberge à l'aspect peu recommandable.
" Je vais voir si je nous trouve des chambres." annonça Maya.
Elle s'avança vers le comptoir.
" Auriez-vous trois chambres ?" demanda-t-elle.
" Trois ? Vous avez besoin de tant de place que ça ? "fit l'aubergiste.
" Ouais, j'aime pouvoir respirer à l'aise. Sinon, je pense que mes deux amis peuvent en occuper une chacun." répondit Maya en montrant Roy et Maes derrière.
" Ok. Je dois avoir ça. Mais vous, c'est une chambre pour dormir ou pour travailler ? C'est pas le même tarif voyez."
" Dormir ira amplement, je ne compte pas m'éterniser."
Maes observait les alentours : la moitié des hommes présents étaient souls et accaparaient les serveuses.
" Je n'aime pas ce coin." dit-il.
" Moi non plus. J'espère que cette fois ta soeur aura l'intelligence de fermer sa porte." ajouta Roy.
" Comment ça cette fois ?" releva Maes.
Maya revint vers eux, épargant à Roy une situation embarrassante. Ils montèrent s'installer. Comme ils avaient dîné avant d'arriver, ils ne redescendirent pas.
Ville engloutie d' Eloria.
Assis dos au mur, Envy machônne une des pierres rouges qu'il a ramassées parmi les ruines, tout en surveillant les prisonnières dans leur cage. C'est fou ce que cette ville regorge de pierres. Pour ce que lui avait dit Dante, on avait tenté de créer la première pierre philosophale ici. Et que le prix à payer avait été la disparition de la cité toute entière.
" Maman, quand est-ce qu'il va venir papa ?" demande Elysia.
" Bientôt ma chérie. Ne t'en fait pas, il va venir nous délivrer." répond Gracia en lui ébouriffant les cheveux.
" Silence." lance Envy machinalement.
Gluttony essaye de prendre une pierre à Envy et se fait violemment frapper.
" Dégage espèce de goinfre." fait l' homonculus aux cheveux verts.
Gluttony recule, et cherche quelque chose d'autre à se mettre sous la dent. Il voudrait bient manger les prisonnières, mais Envy lui a bien fait comprendre qu'il lui éclaterait la tête s'il s'avisait d'essayer.
" On va attendre encore longtemps ?" demande Envy à Lust.
" Allons, Amestris ne s'est pas faite en un jour. Laisse-lui le temps d'arriver." répond la femme aux ongles acérés.
" En tout cas j'espère que l' humain qui a osé me faire ressentir une émotion ne sera pas avec lui."
" Aurait-tu peur Envy ?" interrogea Lust.
Il ne répondit pas tout de suite. Quand il repensait à cette nuit, il en frissonnait. Toute cette peur ... c'était affreux. Si jamais cet humain recommençait, il le tuerait de la manière la plus sauvage qui soit.
" Réflexion faite, j'espère bien qu'il ne sera pas tout seul." répondit Envy.
Pirouette qui arrive trop tard, et pas assez crédible aux yeux de Lust. Il avait peur, aussi surprenant que cela soit. Elle était curieuse de rencontrer le seul être humain à part Dante qui avait effrayé le plus terrible d'entre eux.
Le lendemain, Roy et Maes furent on ne peut plus contents de quitter l'auberge. A présent, il leur fallait trouver le fleuve qui les conduirait à Eloria.
" Il paraît qu'un parcours touristique conduit auprès de l'unique vestige de cette cité." fit Maes en montrant une brochure.
" Ca c'est une bonne idée..Où peut-on s' y inscrire pour le prochain tour ?" demanda Roy.
" Euh ... dans un kiosque à deux rues d'ici."
" Allons-y, nous quitterons le groupe quand nous y serons." fit Maya.
Ils s'inscrivent pour le tour de dix heures, et se mêlèrent aux autres touristes.
Cela leur parut incroyablement ennuyant, vu qu'ils avaient hâte d'arriver au vestige d' Eloria. Vers le coup de onze heures, le guide fit halte pour emmener son groupe près de cette relique.
" Enfin." firent-ils en même temps.
Ce vestige était un reste de temple dans lequel ils entrèrent. Maes, Maya et Roy cherchèrent discrètement un éventuel passage. Ils tatônnèrent les parois et le sol pendant que le guide racontait la légende de la disparition de la cité.
Maes frappa contre un mur qui sonna creux. Il fit signe à ses compagnons, et ils cherchèrent un mécanisme d'ouverture. Un pan coulissa. Nos trois amis vérifièrent qu'on ne les regardait pas, et s'y engouffrèrent. Le mur se referma.
Roy alluma des lampes.
" Un escalier ?" dit-il en éclairant l'endroit où ils se trouvaient.
Le colonel en tête, ils descendirent. L'escalier se terminait quelques mètres plus bas, pour faire place à une pente lisse. Le petit groupe descendit longtemps, tourna pendant un moment avant de déboucher dans la cité d' Eloria.
" Whoâh ! Je me demande s'ils savent que la cité toute entière est juste sous leurs pieds." fit Maya en découvrant les ruines.
" Sûrement pas, nous aurions eu droit à la visite sinon. Et puis les homonculus ne seraient pas venus s'y cacher." répondit Roy.
Il s'agissait de trouver Elysia et Gracia dans tout ce tas de pierres maintenant.
Du haut d'une maison, Envy les vit progresser.
" Le voilà enfin ! Et accompagné en plus. Parfait, allons lui souhaiter la bienvenue." sourit-il.
" On risque d'en avoir pour un sacré pour de temps avant de les retrouver." dit Maya.
" Non regarde : des empreintes. Elles doivent être au bout." annonça Maes ne montrant le sol.
Lui en tête, ils suivirent les traces de pas. Au détour d'une rue, Maes éclaira une forme familière.
" Papa !" s'exclama Elysia.
" Elysia ! Ma princesse !" répondit Maes.
Il se mit à courir vers sa fille. Soudain, Il sentit un poids sur lui et tomba le nez dans la poussière.
" Mais enfin qu'est-ce qui te prend Maya ?" s'écria Maes.
" Je ne suis pas sûre que ce soit vraiment ta fille, si tu vois ce que je veux dire." chuchota sa soeur.
Maes regarda l'enfant un peu plus loin.
" Papa !" gémit l'enfant.
Maya activa discrètement sa bague, et la pointa ensuite sur Elysia. Un éclair violet la toucha en pleine tête.
" Dis-nous qui tu es vraiment !" lança-t-elle.
Le regard de l'enfant s'agrandit, et son visage se crispa comme si elle allait pleurer.
" Je ... Je suis ... Je suis Envy !"
L'homonculus reprit son apparence habituelle. Maya aida Maes à se relever.
" Où sont les autres ?" continua-t-elle.
" Dans une maison à droite, là-bas." répondit Envy en lui montrant l'endroit.
Il n'en revenait pas de dire ça. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de dire la vérité. Roy claqua des doigts et le fit brûler. Puis ils en profitèrent pour rejoindre la maison en question.
Maya s'approcha doucement de la fenêtre. Elle voyait bien Gracia et sa fille, mais par leurs geôliers. Soudain, quelque chose transperça le mur, la manquant d'un centimètre. Maya s'en écarte vivement, de même que Maes et Roy.
Lust bondit laors par une fenêtre, suivit de Gluttony.
" Alors comme ça c'est toi qui fait si peur à notre cher Envy ? Très impressionnant." dit-elle de sa voix traînante.
" Je peux les manger ceux-là ? Dis Lust je peux ?" fit Gluttony.
" Oui, mais pas tout de suite."
" C'est toi Lust ?" lança Maya.
" Elle-même."
" Voilà donc à quoi ça ressemble un homonculus. Un être artifiel, une coquille vide."
" Coquille vide peut-être, mais nous au moins nous ne sommes pas affaiblis par nos sentiments." fait une voix au-dessus d'eux.
Envy atterit à côté de Gluttony, l'air narquois. Ils étaient dans une situation critique. Si Maya ou Roy tentaient quelque chose, ils se feraient tuer illico. Maya se dit qu'elle devait gagner du temps pour activer son alchimie sans qu'ils s'en rendent compte.
" Et ça nous rends supérieurs à vous autres humains." ajoute-t-il.
" Supérieur ? Comment peut-on être supérieur à qui que ce soit quand on est aussi incomplet que vous ?" demanda Maya.
" Incomplet ?" releva Lust surprise.
" Parfaitement. Vous ne ressentez pas les émotions pénibles, mais pas non plus celles qui nous permettent d'avancer. Et franchement, je vous plains."
" Tu nous plains ? Alors celle-là c'est la meilleure !" s'esclaffa Envy.
" Oh ne ris pas ! Il n'y a vraiment pas de quoi. Si j'étais toi, j'en pleurerais plutôt." répliqua Maya en mettent les mains derrière son dos.
" Ah oui et pourquoi ça ?" demanda Envy.
" C'est tout bête. Regarde toi mon gars ... ou ma fille. Tu es condamné à ne ressentir que ce que ton péché t'inspire, tu n'as aucune chance de t' améliorer, de passer au stade supérieur, d'évoluer. Tu resteras tel que tu es pour toujours, comme les pierres, sans espoir. Certes tu es immortel, mais qu'est-ce que ça change ? Tous les jours se ressemblent, quand on est comme toi on ne connaît que l'ennui au final." expliqua Maya
" Tu crois peut-être que nous avons choisi d'être comme ça ? La faute en revient à ceux qui nous ont transmuté." fit Lust.
" La faute ? As-tu seulement la moindre idée de pourquoi ils ont fait ça ? Ils l'ont fait par amour pour vous. Parce qu'ils ne supportaient pas l'idée de vivre sans vous, ils voulaient vous donner une chance de continuer avec eux. Une chance de partager avec eux, de rire, d'aimer et d'être aimé. Et si vous nous en voulez de vous avoir aimé, alors c'est vous les fautifs."
La bague de Maya brilla.
" Ca suffit ! J'en ait marre de t'entendre raconter des âneries !" cracha Envy.
" Il n'y a que la vérité qui blesse. Il paraît que vous voulez devenir humains, pour ressentir les mêmes émotions que nous. Eh bien réjouissez-vous, ce jour est arrivé." reprit-elle.
Une lueur violette jaillit du sol et encerla les homonculus. Le symbole de l'alchimie de Maya se dessina sous leurs pieds. Puis les homonculus furent pris dans des halos violets et se mirent à hurler.
" Que leur as-tu fait ?" demanda Roy.
" Je leur fait ressentir toutes les émotions humaines en même temps, et à leur paroxysme. C'est mon attaque la plus puissante. Maes, va délivrer ta famille, j'ai encore une ou deux choses à faire." répondit Maya.
Son frère acquiesça, contourna prudement les homonculus et entra suivit de Roy.
" Maes !" s'exclama Gracia.
" Papa !" fit Elysia.
Roy fit sauter la serrure de la porte, et Maes serra sa femme et sa fille contre lui.
" Viens vite Maes ! Il ne faut pas traîner ici !" dit Roy.
Tous quatre sortirent. Maya les rejoignit. Envy était à genoux et se tapait la tête contre le mur en hurlant que cette torture s'arrête. Lust s'arrachait les cheveux et frappait des poings contre le sol, pendant que Gluttony se frappait lui-même.
" Venez on s'en va." dit Maya.
" Qu'est-ce qui va leur arriver ?" interrogea Maes.
" Une overdose émotionnelle. Ca va les tuer, mais temporairment comme d'habitude. Mais ça nous donnera le temps de filer. Allez !"
Ils se mirent à courir vers la sortie. Gracia était devant Maes qui portait sa fille. Roy et Maya fermaient la marche, ou plutôt la course.
" Ca a l'air terrible ton attaque." fit Roy.
" En effet, pour un humain c'est déjà très pénible, mais pour eux qui ne connaissent jamais un tel afflux de sensations ça doit être pire que tout." répondit Maya.
Ils remontèrent la pente avec difficulté, puis Maes actionna l'ouverture de la porte. Les touristes n'étaient plus là. Il voulut encore serrer sa femme et sa fille contre lui, mais sa soeur l'en dissuade. Mieux valait mettre le plus de distance possible entre eux et les homonculus. Le groupe arriva à l'auberge en fin d'après-midi.
" Tu crois qu'on pourra s'y reposer ?" demanda Maes à sa soeur.
" Je l'espère. Nous avons suffisamment d'avance sur eux. Quoi qu'il en soit, nottre mission n'est pas finie." dit-elle.
" Ah non ?"s'étonna Roy.
" Non. J'ai forcé les trois coquilles vides à me révéler qui étaient les autres homonculus, et comment les tuer. De plus, j'ai une idée bien embarrassante pour eux." sourit Maya.
" Tu nous en dira tant." fit Maes.
" Demain frangin, c'est promis."
