Nos amis avaient pu passer une nuit tranquille à l'auberge. Mais le matin, ils se hâtèrent de quitter le Beëlgum. Jusque là, pas de nouvelles des homonculus. Chacun put respirer une fois dans le train. Après plusieurs moments d'hésitation, Roy demanda par signes à parler à Maes. Les deux hommes quittèrent donc le compartirment, et s'en éloignent un peu.

" Oui ?'" fit Maes.

" Je dois ... t'avouer un truc." commença Roy légèrement embarrassé.

" Je t'écoute."

Mais Maes croyait savoir de quoi Roy voulait lui parler.

" Euh ... par où commencer ? Tu te souviens de notre conversation en arrivant ? A propos de ... moi et ... ta soeur ?" reprit son ami.

Maes hocha la tête en signe d'assentiment, attendant patiemment la suite.

" Eh bien ... je ... je crois que ... tu n'avais pas tort."

Roy avait rougi, confirmant les soupçons du major.

" Tu veux dire que tu ressens quelque chose pour ma soeur ?" demanda Maes.

" Oui ... je ... je l'aime toujours."

" C'est bien gentil tout ça, mais ce n'est pas à moi qu'il faut le dire. Moi c'est Maes, pas Maya. Je sais que nous sommes jumeaux, mais on peut facilement nous différencier." plaisanta Maes.

Roy le regarda en fronçant les sourcils.

" Nan sans blague ça alors ! Heureusement que tu me préviens, j'aurais pu commettre une terrible erreur !" ironisa Roy.


Pendant ce temps, Gracia bavardait avec Maya.

" Je suis heureuse de vous avoir pour belle-soeur. Si nous sommes là moi et Elysia, c'est grâce à vous." dit Gracia.

" Vous me flattez madame, mais je n'étais pas toute seule." sourit Maya.

" Oh allons ! Appelez moi Gracia. Vous faites partie de la famille. Et j'insiste : nous vous devons la vie, car vous avez aussi sauvé Maes."

" D'accord pour vous appeler Gracia !"

" Dites, tout à fait entre nous : j'ai l'impression que vous plaisez à Roy." reprit Gracia en se penchant.

" Vous trouvez ?" s'étonna Maya.

" Hm hm ! Ca se voit rien qu'à la façon dont il vous regarde." sourit Gracia.


" Pourquoi est-ce que c'est à moi que avoue tes sentiments ?" demanda Maes.

" Eh bien ... parce que c'est ta soeur. Je n'étais pas sûr que tu sois d'accord, étant mon meilleur ami."

" Mais enfin Roy ! Ne sois pas stupide ! C'est justement parce que je suis ton meilleur ami que je suis d'accord. Je te connais et je te fais confiance. Mais si tu lui brise le coeur, là par contre je ne répondrais plus de moi." répondit Maes.

Roy parut soulagé. Maintenant, il devait le dire à celle qui était vraiment concernée. Les deux hommes revinrent dans le compartiment, au moment où Gracia et Maya riaient aux éclats.

" Eh bien ! On s'amuse bien par ici ! " fit Maes.

" Ben oui ! Comme quoi on peut s'amuser sans vous les hommes." répondit Maya.

Quelques heures plus tard, ils arrivèrent enfin à Amestris. Encore un peu de patience et ils seraient à Central. Maes se demandait bien ce que sa soeur avait en tête pour se débarrasser des homonculus. Elle n'avait encore rien dit de son plan. Une fois à Central, elle proposa à Gracia de loger chez elle, Maes serait chez Roy le temps d'agir. Maya conduisit la petite famille de son frère chez elle, puis rejoignit les garçon chez Roy. Ce dernier était un peu nerveux à l'idée de la faire entrer chez lui.

" Détends-toi ! Elle ne vient pas pour une inspection." fit Maes, les mains derrière la tête.

Il était confortablement installé sur le canapé de son ami. Roy faisait les cents pas, quand Maya sonna à la porte. Il lui ouvrit et la fit entrer.

" Re-coucou Roy !" dit-elle.

" Oui ... viens c'est par là."

Il l'amena au salon où Maes était déjà, et la fit asseoir. Il lui proposa à boire, mais elle refusa.

" C'est gentil, mais non merci. Passons directement aux choses sérieuses, d'autant plus qu'on a pas énormément de temps." répondit-elle.

" Ah oui. Ton fameux plan qui doit nous débarrasser des homonculus." fit Maes.

Maya hocha la tête.

" Et ça repose essentiellement sur toi mon frère."

Maes la regarda sans comprendre. Ah bon ?

" Petite question avant de continuer : vous savez où se trouve le bureau qui rédige le Central Times ?"

" Oui, moi je sais où il est." répondit Roy.

" Excellent. Maintenant je m'explique. Toi Maes, tu as tout découvert sur les homonculus, et ils ont voulu te réduire définitivement au silence. Moi ce que je te propose, c'est d'aller crier sur les toits tout ce que tu sais. Principalement sur celui du Central Times. Vous suivez ?"

" Si j'ai bien compris, tu veux que Maes révèle au journal le plus lu du pays ce qu'il sait des homonculus." résuma Roy.

" Tu as tout compris. La meilleure façon de leur mettre des bâtons dans les roues." répondit Maya.

" Mais ... ils ne s'acharneront que plus contre moi !" s'exclama Maes.

" Pas si nous les scellons. Je te l'ai dit, je sais comment faire. Les révélations, c'est pour que tout le monde sache enfin à quoi s'attendre en faisant une transmutation humaine, et faire en sorte qu'il n'y en ait plus." rectifia Maya.

" Tu sais, j'ai connu un jeune alchimiste qui a fait ce genre de transmutation. Et très peu de gens au sein de l'armée le savent, autrement jamais il n'aurait été accepté parmi nous. Si Maes parle, il pourrait lui causer beaucoup de tort sans le vouloir." raconta Roy.

" Je suppose qu'il y a beaucoup perdu ?" demanda Maya.

" Bien sûr."

" Et tu veux qu'il y en ait encore combien comme lui avant que les gens comprennent que ça ne marche pas ? Combien de personnes mutilées avant qu'on arrête ce genre d'expérience idiote ? Tout le monde sait que c'est interdit, mais personne ne sait pourquoi. Quand ils sauront, ils y réfléchiront peut-être à deux fois avant de tenter la chose." continua Maya.

Roy dut admettre qu'elle n'avait pas tort. Si Maes racontait quel était le véritable résultat d'une transmutation humaine, les gens cesseraient peut-être de vouloir ressusciter les morts. Ou tout du moins, ils seraient moins nombreux à vouloir le faire.

" Je crois que tu as raison. Les gens ont le droit de savoir. Bien sûr il y en a qui ne le croiront pas, mais d'autres si." dit Maes.

" En admettant bien sûr que le directeur du journal accepte de publier notre récit." ajouta Roy.

" S'il est intelligent il le fera. C'est l'histoire du siècle." dit Maya.

Maes hocha doucement la tête.

" On tente le coup ?" lui demanda sa soeur.

" On tente le coup." répondit Maes.

Ils se levèrent, et sortirent.


" Vous êtes sûr de ce que vous racontez ?" demanda le directeur.

" Tout à fait. Vous avez les preuves devant vous." répondit Maes.

" Bien sûr, l'anonymat est la condition sine qua non." ajouta Maya.

" Et ... pour ces créatures ? Ne vont-elles pas s'en prendre à moi si je publie votre histoire ?" reprit le directeur.

" Non. Car nous allons nous occuper d'elles dès que vous nous aurez donné votre accord pour publier tout ça." répondit Roy.

Le directeur regarda les documents fournis par le major. Il tenait là le sujet le plus brûlant de sa carrière. Ne pas le publier serait d'une bêtise incommensurable.

" Très bien. Ca paraîtra dans l'édition de demain." décida-t-il.

" Parfait. Et souvenez-vous : anonymat total." rappela Maya.

" Sinon ..." avertit Roy.

Il claqua des doigts et enflamma la corbeille à papiers. Ceci réglé, nos amis partirent en quête de qu'il leur fallait pour en finir avec les homonculus.


Le lendemain, la secrétaire du Généralissime entra sans frapper dans le bureau de son chef. Elle posa dessus un exemplaire du Central Times.

" Regarde ça !" s'écria-t-elle.

Pride prit le journal, et découvrit avec horreur les gros titres :

" Scandale au sein de l'armée ! Le Généralissime est un homonculus, un être artificiel créé par l'alchimie ! Sa secrétaire, une usurpatrice page 2. Tout sur les homonculus en page 3 et 4, la transmutation humaine, ce qu'il faut savoir page 5 et 6."

" Je rêve ! Il a osé en parler à la presse !" s'exclama Pride.

" Et désormais, tout le monde connaît notre existence !" ajouta Sloth.

" Cette fois, je vais m'occuper personnellement de son cas !" décida Pride en jetant le journal rageusement.

Mais dans les couloirs, tous les soldats les regardaient bizarrement, et murmuraient sur leur passage. Pride eut beau leur dire de retourner à leur poste, bien peu obéirent.

" Où est le major Hughes ?" tonna-t-il en entrant dans le bureau de Mustang.

" Dans la cour arrière, avec le colonel." répondit Riza.

Pride repartit aussitôt. Les surbordonnés de Mustang se ruèrent au dehors. Ce fut bientôt toute la caserne qui se bouscula aux fenêtres pour voir le spectacle.

Roy se tenait en bout de cour. Pride marcha droit sur lui tandis que Sloth se tenait en retrait. Sans plus attendre, Roy lança une attaque. L'homonculus flamba comme une torche. Et comme le Flame Alchemist s'y attendait, cela ne suffit pas à le tuer. Pour tous les soldats, ce fut la preuve absolue que leur supérieur suprême n'était pas humain, et que le journal avait dit la vérité.

Pride s'étonna du sourire de son subordonné.

" Seriez-vous ravi de mourir par hasard ?" lança-t-il.

" Non, mais vous venez de donner la preuve incontestable que vous étiez un homonculus. Et devant tout le Q.G." répondit Roy.

Pride se retourna, de même que Sloth, pour découvrir les soldats massés aux vitres.

" Votre orgueil vous perdu." fit une voix sur le côté.

C'était Maes, qui tenait un sac que Pride reconnut. Il se pétrifia tandis qu'il le sortait. Il donna un crâne humain à Roy, qui put ainsi détruire l'homonculus. Sloth voulut s'enfuir, quand elle s'aperçut qu'elle aussi ne pouvait plus bouger.

Elle découvrit Maya qui tenait un radius. L'alchimiste la transmuta, et la détruit elle aussi.

" Plus que trois." dit-elle.

Roy et Maes la rejoignirent, et rentrèrent. Leurs collègues les regardèrent passer en silence. Nos trois amis n'y firent pas attention.


Lust, Envy et Gluttony se présentèrent enfin chez Dante assez anxieux à l'idée de lui annoncer leur échec.

" On vous attendait." fit Maya.

Ils marquèrent un temps d'arrêt en découvrant les militaires et leur amie alchimiste chez leur maître.

" Que faites-vous ici ? Comment notre maîte vous a-t-elle laissé entrer ?" lança Lust.

" Votre maître n' a pas eu le choix. A vrai dire elle ne l'aura plus du tout." répondit Roy.

Quelque chose glissa à leur pieds. Lust vit un médaillon, Envy un fémur et Gluttony une vertèbre. Bien sûr, chacun fut figé.

" Au cas où vous ne le sauriez pas, désormais tout le monde est au courant pour vous. Nous en avons parlé à la presse qui a été ravie de tenir un tel scoop. Les journaux sont partis comme des petits pains." annonça Maya.

Maes sortit un de ses couteaux qu'il lança dans l'épaule de Lust.

" Ca c'est pour l'autre fois." dit-il.

" Et maintenant, il est temps d'en finir." reprit Roy.

Il claqua des doigts et les brûla tous les trois. Puis il fit diparaître les os. Maya alla ramasser le médaillon.

" J'ai eu du mal à l'obtenir celui-là. Heureusement que j'ai une alchimie qui me permet d'être très persuasive." dit-elle.

" En effet." fit Roy.

" Je vais aller le lui rendre." reprit-elle en le rangeant dans sa poche.

Ils sorirent de chez Dante, Maes donna un coup de coude à son ami assorti d'un signe de tête vers sa soeur. Puis il les laissa seuls.

" Euh Maya ?" dit Roy.

" Oui ?"

" Je voulais te dire ... je n'ai pas renoncé à toi tu sais. Je ... j'espère que ... on pourra ... se remettre ensemble."

Maya s'arrêta et le regarda.

" Tu es sérieux ?"

" Oui. Je t'aime toujours."

Elle le regarda sans rien dire. Roy attendait sa réponse avec anxiété. Maya détacha son regarde de lui et s' humecta les lèvres. Puis Roy la vit esquisser un sourire. Après quoi, elle se rapprocha de lui, passa les bras autour de son cou et l'embrassa.

" Faut croire que moi aussi, j'ai envie qu'on se remette ensemble." dit-elle.

Roy sourit à son tour et lui rendit son baiser.