Arc : Tales
Genre : pointless… ou peut-être pas… Kantarô powa ? YaoiPairing : HarukaXKantarô
Disclaimer : Pas namouah. Je suis trop frustré. Cette série ressemble presque à un gruyère. Y en trop de choses qu'on ne sait pas et qu'on aimerait bien savoir ! Ou peut-être juste moi ?

Un gros merci à DarkHina, Ladynarutochan, Kokoroyume et Profiterole

-

The children-eater Devil

Depuis qu'il connaissait Kantaro, jamais il ne l'avait perdu de vue. C'était une sensation étrange. Mais où qu'il soit, Haruka arrivait toujours à le retrouver facilement. Comme s'il était relié à lui ou que lorsqu'il le cherchait, il ne sentait que son odeur et sa présence parmi les autres. Sa corde ne laissait partir personne avait-il dit un jour. Haruka ne douta pas un seul instant que Kantarô ait pu tisser lui-même un fil conducteur entre eux deux avec ces pouvoirs.

Et cette fois ne fit pas exception à la règle. Il arrivait de temps en temps que Kantarô disparaisse. Quand il se levait le matin, Kantaro n'était plus dans la maison. Il descendait et croisait Youko qui lui disait qu'elle ne savait pas où le trouver mais qu'il y était en sécurité.

Parce que Kantarô s'en allait et revenait. Quand il voulait certes mais il revenait toujours. Mais ce jour-là, Haruka en eut assez de ce départ à l'improviste et de cette absence de nouvelles. Youko lui avait dit que c'était inutile de le chercher. Qu'elle avait déjà essayé et que même avec ses pouvoirs, elle ne l'avait pas trouvé, c'était lui qui l'avait rejoint.

Mais Haruka ne l'avait pas écouté.

- Même si c'est lui qui me rejoint, au moins il rentrera.

Youko avait secoué la tête. Parfois, Haruka faisait preuve de possessivité et de jalousie. C'était rare mais quand ça arrivait, personne ne pouvait le raisonner. Il s'en défendait toujours. Un vrai ours mal léché. Elle entendit un bruit de tissu froissé et se retourna en criant.

- Ne déploie pas tes ailes dans la maison !

Mais il était déjà trop tard, elle était tombée à genoux sur le parquet, abattue.

- Tu mets toujours des plumes partout.

Haruka l'avait ignoré. Il venait de dépasser la ville. Les gens ne pensaient jamais à lever la tête vers le ciel. Heureusement pour lui d'ailleurs. Son instinct le guida au dessus de la forêt à un endroit où les arbres étaient plus bas et leurs feuillages plus denses. Un petit coin bien étrange comparé au reste de la forêt. Il avait passé plusieurs heures en vol et la nuit tombait doucement à l'horizon. Il comprenait maintenant pourquoi Kantarô disparaissait toujours pendant plusieurs jours.

Il se posa un peu plus loin, incapable de passer par le feuillage touffu des arbres. Il sentait qu'il n'était pas loin. Il continua à marcher un moment, tournant en rond autour du lieu où se cachait son maître. Sa patience ayant tout de même ses limites, il fit apparaître son sceptre et découpa une brèche dans la barrière qui l'empêchait de rentrer. Il avait mis du temps avant de comprendre. Kantarô était très fort pour se cacher quand il ne voulait pas être trouvé.

A l'intérieur de la barrière, il faisait sombre. Une lumière bleutée se diffusait comme si la lune éclairait la nuit. Les bambous étaient grands et clairsemés. Il avança au milieu des arbres et des bambous lentement observant les lieux avec attention. Eparpillés, des flammes brûlaient dans l'air comme si elles surmontaient des torches invisibles.

Il entendit un bruit d'eau et s'en approcha, sentant la présence du jeune érudit de plus en plus forte. Il n'y eut bientôt plus de flammes volantes pour l'éclairer mais il pouvait toujours voir. Il savait maintenant que cet endroit était une brèche. Une brèche avec le monde astrale, là où les youkais se cachaient quand les humains s'approchaient trop près.

Il arriva à la rivière et s'arrêta sur son chemin. Kantarô était assis au bord de l'eau, sa tenue de cérémonie trempant dans le liquide. Il lui faisait presque dos. Haruka resta interdit devant pareille vision. Tout autour de Kantarô virevoltaient des papillons multicolores et luisants. A ses cotés, deux petits youkais lui tenaient compagnie.

Mais sa présence avait été démasquée. Déjà les petits monstres le fuyaient. Il fit un pas pour s'approcher encore quand les yeux de Kantarô se braquèrent sur lui. Il s'arrêta de nouveau. Le regard rougeâtre était fin et semblait pouvoir le transpercer. Puis il se fit plus doux et les yeux moins étirés. Le fin sourire de Kantarô se dessina sur ses lèvres et Haruka sentit un malaise le quitter.

- Tu m'as trouvé…

- Evidemment.

- Tu as endommagé ma barrière, soupira Kantarô en levant la main pour laisser un papillon violet s'y poser, si tu voulais entrer il te suffisait de demander.

- Je n'en avais aucune envie.

Kantarô laissa un sourire étirer de nouveau ses lèvres. Haruka avança jusqu'à être totalement à ses cotés. Les papillons s'écartèrent de lui et se rassemblèrent un peu plus de l'autre coté de Kantarô. Haruka leva la main et en poussa doucement un du front de son jeune maître.

- Tu vas finir par te faire dévorer.

- Ils ne mangent pas et quand bien même ils le feraient, les humains ne sont pas à leur goût.

- Mais toi tu leur plais.

- J'ai toujours attiré les choses surnaturelles.

Haruka écarta une mèche et posa doucement ses lèvres sur celles du jeune homme aux cheveux clairs. Ses mains descendirent bien vite vers la tunique qu'il écarta lentement, dévoilant la peau pâle de son amant.

Il fit descendre ses lèvres le long du cou de son amant et descendirent jusqu'à caresser la cicatrice. Haruka releva un peu la tête. Il n'était pas sûr d'avoir un jour toucher à cette marque depuis qu'ils se connaissaient, même lorsqu'ils faisaient l'amour.

Kantarô remarqua la pause d'Haruka et soupira. L'écartant calmement, il referma les pans de son vêtement d'une main. Le brun le regarda faire un peu dérouté.

- Tu ne m'as jamais dit comme c'était arrivé.

- Et tu n'as pas à le savoir.

Vexé de la froideur dans la voix de Kantarô, Haruka l'attrapa brutalement par une épaule et le rassit sur le sol.

- J'ai à le savoir. C'est important. Que ce soit pour te protéger ou pour autre chose. Je te signale que même si tu es laxiste, je n'ai pas toute ma liberté.

- Tu préférerais l'avoir ? Je peux te la rendre si tu le veux, siffla le jeune homme.

Etonné et blessé également, Haruka leva la main comme pour le frapper. Kantarô le regardait de ses yeux froids plantés dans les siens. Il respira et se calma.

- Tu connais plus de choses sur moi que je n'en connais moi-même. Laisse-moi au moins savoir ça.

Kantarô soupira, vaincu. Après tout, il devrait bien lui avouer tôt ou tard. Mais il aurait préféré que ce soit tard. Haruka n'était jamais insistant. Mais quand une idée lui venait en tête, c'était dur de la lui faire lâcher, tout comme pour lui d'ailleurs.

Il s'appuya contre le rocher et respira pour se donner du courage. Haruka s'assit à ses cotés. Kantarô le fit basculer et il se retrouva allongé, sa tête sur les cuisses du jeune homme.

- « Démon, démon, si tu es là montre-toi. Montre-toi mais ne me dévore pas », chantonna vaguement l'érudit.

Haruka regarda son visage comme s'il était devenu fou. Kantarô avait la tête levée vers le ciel, une main sur ses yeux. Il avait toujours essayé d'éviter le sujet. Haruka se demandait vraiment ce qu'il y avait de difficile dans le fait d'expliquer comment il s'était blessé. Le tengu n'était pas non plus totalement idiot. Les marques sur sa poitrine ne ressemblaient guère à celles laissées par une chute dans les escaliers.

- Les enfants chantent souvent cette vieille rengaine idiote, là où je suis né.

Il marqua un temps d'arrêt. Il ôta sa main de ses yeux et reporta son regard devant lui, perdu au loin, une main dans les quelques mèches sur le front d'Haruka. Il n'était pas très affectueux en général et s'il n'avait pas été un youkai apparenté aux oiseaux, il aurait aimé pouvoir ronronné.

- La légende court toujours dans la vallée là-bas. Quand j'étais enfant, je vivais avec ma grand-mère dans les montagnes.

Il arrêta de le caresser et Haruka fit une grimace en signe de mécontentement mais Kantarô ne le regardait même pas.

- Le démon en question a existé et se nourrissait d'humains de la vallée. Le dévoreur d'enfants.

D'un coup, Haruka comprit pourquoi cela semblait si dur à dire pour lui.

-Je devais avoir quatre ou cinq ans quand il m'a capturé. Ma grand-mère avait hérité des pouvoirs de la famille et elle nous retrouva. Les villageois s'occupèrent du démon pendant que d'autres libéraient les enfants prisonniers. Mais moi, j'étais déjà devant sa gueule. Ma grand-mère se chargea de le mettre hors d'état de nuire.

Kantarô soupira et prit un air faussement désinvolte qui ne trompa personne.

- Mais il m'avait blessé et son sang s'était mélangé à la griffure. Grand-mère a scellé les résidus démoniaques qu'il m'avait transmis dans la cicatrice. Depuis, je suis capable de sentir la présence des Oni. On dit que le Mal appelle le Mal, après tout.

Kantarô marqua une courte pause et Haruka resserra sa prise sur la main de Kantarô.

- Grand-mère est morte et je suis parti vivre près de chez Yumeyako. J'ai développé les pouvoirs des Ichinomiya et tout est dit.

- Tu mens.

- Laisse-moi tranquille, râla Kantarô.

Haruka savait qu'il n'en saurait pas plus. Du moins pas aujourd'hui. Mais quelque chose lui disait que le reste n'était pas important. Il se redressa lentement et vint poser ses lèvres sur la cicatrice, la caressant toute entière avec douceur. Il la suivit du bout de la langue et un gémissement étranglé échappa à Kantarô.

- Le seul « Oni » qui pourra te toucher désormais, c'est moi.

Kantarô rit de cette réplique possessive.

- Arrête de dire des bêtises. Tu n'es même pas capable de te défendre contre moi.

Haruka, vexé mais sachant très bien qu'il avait raison, arrêta de le câliner. Kantarô protesta d'un coup de coude qui ne le fit même pas sursauter.

- Rentrons et tu verras bien si je suis incapable de résister.

- Tu veux parier ? répondit Kantarô avec un sourire qui ne présageait rien de bon.

- Si tu veux.

Haruka prit le chemin de la sortie tandis que dans son dos, Kantarô sortait un des papiers d'incantation de sa poche.

OWARI

Le 27 avril 2005