Chapitre 1 : Solitude
Harmonie ! attend moi !
Elle se rendait à l'université, ses cheveux d'ambre retombant en de jolies boucles sur sa poitrine. Cela faisait 3 ans qu'elle étudiait la psychosociologie à Paris.
Cette matière la passionait. Pouvoir analyser un comportement, une gestuelle et des propos, tout cela à l'insu des individus, était pour elle une façon optimale de gérer sa vie, de contrôler son entourage, du moins celui qui ne faisait pas partie de sa vie étudiante.
Salut Gwen…Elle ôta les écouteurs de ses oreilles.
Houla ! ça ne va pas aujourd'hui…
Si, si… c'est cet examen qui m'angoisse. Pas assez révisé…
Oui…c'est vrai que bosser un mois entier sur ses cours, en y passant parfois des nuits entières… Tu déconnes ma belle, tu aurais dû travailler plus ! lança son amie avec sarcasme.
Te fous pas de moi Gwendoline ! Je sais ce que je dis !
Arrête un peu ton cinéma ! lui répliqua la petite brune, Cela fait une semaine que je révise et je pense être prête pour cet exam… Ne me dis pas que tu ne l'es pas ! S'il te plaît ! Oh et puis tu m'agaces à la fin ! C'est toujours la même chose avec toi ! Tu sais quoi, on se parlera en fin de journée, quand tout ça sera fini.
Elle stoppa sa marche illico. Bravo ! tu as réussi à m'angoisser aussi ! lanca t-elle l'air interdit . Merci ! Merci beaucoup ! Et elle reparti d'une allure plus vive, laissant derrière elle une Harmonie stupéfaite, consciente de devoir passer une journée angoissante, toute seule.
Après quelques secondes d'absence, Harmonie repri ses esprits et continua sa route en remettant ses écouteurs pour échapper au bruit infernal d'une ville en ébullition.
Depuis quelques jours, elle se sentait incroyablement seule. 3 ans qu'elle était arrivée à Paris. Cette ville anonyme aux multiples facettes, cette ville à la fois fascinante et déprimante, cette ville à la fois si extraordinaire mais sujette à entraîner les individus faibles à sombrer dans la folie.
Oui elle se sentait seule, oui elle sentait une douce folie s'emparer d'elle. Elle avait l'impression de ne pas avoir eu de vie auparavant, rien de ce qu'elle avait pu faire ou connaître avant ces trois années ne semblait vouloir lui revenir en mémoire. Comme si son cerveau refusait toute projection dans le passé. A chaque fois qu'elle tentait de se souvenir, une douleur insupportable lui ensserait le cœur. Alors elle abandonnait ses tentatives…
Elle avait pourtant tout essayé, lui semblait-elle. Des opérations les plus concrètes aux plus impensables. Des opérations qu'elle menait sans l'aide de personne. D'ailleurs, elle n'avait parlé à personne du mal qui la rongeait. Pas même à Gwen, sa plus proche amie. Même elle ne pourrait jamais comprendre son esprit torturé et frustré, pensait-elle.
Ce dernier mois, que Gwen pensait consacré aux révisions de leus examens, elle l'avait passé à étudier, bien sûr, mais pas seulement.
Son attirance pour les sciences occultes devait rester secrète. Les recherches qu'elle menait sur ce domaine l'avaient parfois comblée, parfois déçue.
Lorsqu'elle avait emménagé dans son petit appartement, elle avait d'abord tenté de retrouver ses parents. Elle ne savait même pas comment elle les avait perdus de vue, elle ne savait pas comment, non plus, elle avait perdu ses amis, elle ne se souvenait d'ailleurs même plus de leurs visages ou de leurs presonalités aux uns commes aux autres.
Enfin, elle ne savait pas comment une carte de crédit donnant accès à un compte à faire pâlir la reine d'Anglettere, lui était arrivée entre les mains.
Le lendemain, en se rendant à l'université pour la rentrée, elle avait croisé Gwen sur le chemin et elles avaient tout de suite sympatisé. En discutant, elles s'étaient rendu compte qu'elles habitaient des rues parrallèles et le soir même, elles s'étaient rerouvées pour boire un café à la petite brasserie du coin.
Harmonie avait abandonné ses recherches quelques mois durant, sortant dans les bars de nuit avec sa nouvelle amie, rencontrant des individus plus ou moins passionants, et consacrant le reste de son temps à ses études, pour lesquelles elle vouait une passion hors du commun.
Puis, le mal était revenu. Ce mal qui la plongeait dans une solitude indescriptible. Alors elle s'était réfugiée dans la lecture. Des tas de livres traitants de sujets aussi divers que passionnants. Mais au fur et à mesure de ses lectures, elle se rendait compte qu'elle connaîssait déjà tout ça. L'impression d'avoir déjà lu ces livres l'avait ammené à s'intêrresser à des sujets plus marginaux. L'ésotérisme en faisait partie. Le coté noir de son âme était comblé par ses nouvelles recherches et petit à petit elle s'était renfermée sur elle même. Gwen ne s'était rendu compte de rien, où si c'était le cas, elle avait fait comme si de rien n'était.
Quand son amie était venue se préparer chez elle pour une soirée étudiante, elle lui avait posé quelques questions au sujet de certains livres en évidence dans sa bibliothèque. En effet, des dizaines de livres traitant de l'astrologie karmique, des runes anciennes, d'alchimistes ou d'autres personnages occultes avaient attisé la curiosité de la brunette. Mais ce qui l'avait le plus inquiété, c'était les traités de magie noire et rouge aux reliures de cuir vielli et ornées d'or.
Harmonie avait menti en racontant qu'elle utilisait des individus persuadés d'être des sorciers pour son mémoire de dernière année, et qu'elle se documentait sur le sujet. « Tous des timbrés ces gens-la ! » avait-elle lancé pour appuyer son argumentaire.
Mais depuis, ses livres avaient rejoint ses ustensiles de magie, dans le coffre en bois fermé à clef qui reposait dans les combles que le propriétaire avait accepté de laisser à sa disposition pour quelques dizaines d'euros de plus. Mais l'argent n'était pas un problème pour elle.
Arrivée devant l'université, une voix familière la tira de ses rêveries.
Harmonie ?
Salut Claire…
Tu vas bien ? Tu as l'air préocupé… Prête pour l'exam ?
Oh oui je pense… Et toi ?
Bah oui, enfin comme d'habitude quoi ! On verra bien ! On va voir dans quel amphi on doit se rendre ? proposa la jeune fille avec gentillesse
Amphi 105. J'ai regardé hier.
Ca ne m'étonne pas de toi ça ! répliqua t-elle avec admiration.
Harmonie esquissa un sourire. Claire était une fille gentille, mais pas très futée. Comme la plupart des étudiants de sa promotion d'ailleurs. La plupart n'avaient choisi cette filière que pour donner satisfaction à leurs parents. Ainsi, ils profitaient des avantages de la fac tout en se donnant bonne conscience. Seuls trois étudiants se détachaient du lot. Gwen, son amie, Benjamin, un garçon plutôt extraverti mais brillant, et elle-même, introvertie, secrète et mystérieuse. Tous les professeurs étaient d'accord sur ce point, et le statut de major de promotion se jouait entre eux trois.
Malgré sa grande beauté qui aurait du la rendre prétentieuse et orgueilleuse, Harmonie se confiait peu ou pas du tout et personne ne pouvait prétendre la connaître. Pourtant, tout le monde l'aimait bien. Elle avait d'alleurs été élue déléguée de promotion sans même s'être présentée. Tout le monde lui faisait confiance à tel point que la directrice des études la prenait comme porte-parole pour ses propres revendications auprès du directeur général. Elles entrèrent dans l'amphithéâtre et elles s'installèrent près de Gwen, qui leur lança un regard assasin.
L'examen terminé, Harmonie se hâta de sortir du batiment pour aller déjeuner et après les cours de l'après midi, elle marcha tout droit vers son appartement. Gwen la rattrapa quelques secondes plus tard, l'air penaud.
Tu me pardonne ? dit-elle un sourire coupable aux lèvres
Evidemment… C'est ma faute, je sais que je peux me montrer agaçante. Oublions ça.
Tu viens prendre un café avec moi ? proposa la brunette comme pour officialiser leur réconcilitation
Heu… non, désolée, je dois rentrer chez moi…des trucs à faire…voudrais avancer mon mémoire…tu comprends ? hésita la jeune fille
Comme tu voudras… dit Gwen à voix basse, visiblement déçue.
Harmonie savait qu'elle avait vexé son amie, mais elle ne pouvait décemment pas lui dire ce qu'elle faisait chez elle. Elle l'aurait tout de suite faite interner.
Arrivée chez elle, elle jeta son sac sur un fauteuil et se rua dans l'escalier qui menait à la lourde porte de bois qui s'ouvrait sur les combles. Elle sortit de sous son chemisier, une longue et fine chaîne en argent à laquelle suspendait une petite clef plate et viellie, et ouvrit la porte.
Elle devait retrouver ses parents. Elle devait se souvenir. Elle devait se faire violence face à cette douleur qui la submergeait lorsque sa mémoire s'ouvrait enfin à de nouveaux souvenirs.
Elle glissa sa main le long de la poutre qui surplombait la petite fenêtre, seule source de lumière naturelle dans cette pièce hostile, pour y trouver la petite clef de métal rouillé qui ouvrait sa précieuse malle. Au long des années, elle s'était remplie d'herbes, de pierres et de toutes sortes d'objets tels que des athamés, chaudrons, fioles de verre et pentagrammes. Après quelques minutes d'hésitation, elle regarda autour d'elle. Elle était plutôt satisfaite de la pièce qu'elle avait aménagée. Après un long séjour dans la malle, ses livres avaient retrouvé une place attitrée dans les armoires de bois, elles aussi fermées à double tour, qui longeaient le mur.
Tous les samedis matin, quand ses amis épuisés d'une soirée étudiante dormaient profondément, elle se rendait dans les boutiques ésotériques, situées rue du temple et y faisait ses achats avec le même enthousiasme que Gwen lorsqu'elle faisait du shopping aux Galeries Lafayette.
Au fil du temps, ses acquisitions avaient rempli les armoires de son « antre » comme elle aimait l'appeler dans sa tête.
Elle sorti de la malle deux pots de verre remplis d'herbes, un calice d'argent, et un petit chaudron.
Elle prit la bourse de velours noir qui se trouvait dans le chaudron et en sortit trois clefs grossièrement taillées dans un métal ressemblant à du plomb.
Elle se leva et glissa l'une d'elles dans la serrure de la première armoire. Elle y prit un petit coffre de bois gravé d'un pentagramme sur le couvercle. Elle l'ouvrit et sorti l'athamé d'argent qui s'y trouvait et le pentacle en bois. Sur l'étagère du haut, un autre coffre dont elle tira trois bâtons d'encens qu'elle choisi avec précaution et sur l'étagère inférieure, une quantité impressionante de bougies. Elle en choisit trois couleur or, et une de couleur noire.
Dans la seconde armoire, elle trouva son grimoire de cuir au prentagramme de cuivre cabossé et aux pages parcheminées qu'elle déposa sur le pupitre, lui même posé sur l'autel au centre de la pièce.
Dans la troisième armoire où reposaient des fioles remplies de potions diverses en cours d'évolution, elle prit une petite bouteille ronde pleine d'un liquide nacré de couleurs bleue pâle, preque translucide, ainsi qu'un gros pot de verre contenant du cristal de roche réduit en poudre.
Elle s'approcha du pupitre et ouvrit son grimoire. Cet ouvrage était précieux pour elle. Elle l'avait déniché dans une minuscule boutique poussiéreuse lors d'une excursion individuelle, dans un petit village Irlandais. Le commerçant, un vieux monsieur replet au visage lunaire et aux allures de savant fou, lui avait affirmé qu'il ne connaîssait ni la provenance, ni le contenu de ce livre qui était mystérieusement apparu dans le grenier d'une vielle femme du village, qui le lui avait cédé pour une bouchée de pain. Le vieil homme, hônette et attendri par l'émerveillement de la jeune fille, lui avait vendu le volume à un prix très raisonnable.
Avant de rentrer à Paris, elle avait fait le tour du village et avait contemplé des heures entières, les vestiges d'un temps révolu, s'immaginant toutes sortes de scénaris, mettant en scène druides et magiciens aux pouvoirs extraordinaires.
Une fois rentrée chez elle, rongée par la curiosité, elle avait étudié le Gaélique avec acharnement afin de traduire au plus vite les textes de sa précieuse acquisition.
Quelques mois plus tard, elle se rendit compte au fur et à mesure des traductions, qu'il s'agissait d'un recueil de formules, rituels, invocations et autres incantations du domaine de la sorcellerie.
Ravie de cette découverte, elle avait passé plus de temps encore, enfermée dans les combles, au grand désespoir de Gwen et de ses autres amis, qui ne comprenaient pas ce besoin grandissant de solitude.
Elle dispersa en cercle, un mince filet de poudre de cristal de roche, et dessina au sol à l'aide d'une craie, un pentagramme autour de l'autel. Elle versa le contenu de la fiole dans le chaudron et y ajouta les deux sortes d'herbes en quantitées calculées. Elle mélangea le tout à l'aide d'un mortier et pendant que la mixture reposait, elle disposa les bougies aux quatre points cardinaux, la noire dirigée vers le nord, et les alluma. Quand la potion fut homogène, elle en versa une petite quantité dans le calice qu'elle déposa sur le pentacle. Enfin, elle fit bruler l'encens, et quand le parfum eût envahi la pièce, elle jeta un œil au grimoire et prononca une formule, tout en buvant le contenu du calice :
« Ô, déesse Ecath, je t'invoque,
Des profondeurs de mon âme, révèle moi,
De n'importe quelle façon que ce soit,
Les souvenirs enfouis et cachés
Même si pour cela je dois en passer
Par la révélation d'un nouveau moi
Qu'il en soit ainsi.
Une lumière vive apparu, semblant émaner du pentacle, soufflant les quatre bougies d'un même coup. Une volute de fumée légère sembla s'élever aux abords de la ligne de cristal de roche. Une silouhette se dessina de plus en plus nettement et Harmonie pu enfin voir les détails du visage apparu sous ses yeux.
Jamais elle n'avait vu une créature aussi sublime. Un visage fin et allongé, orné d'une chevelure flottant avec grâce tout autour. Elle était persuadée qu'il s'agissait d'un ange. Pourtant, un détail dénnotait étrangement avec ce tout si parfait. La créature ne semblait pas avoir de pupilles. Elle était aveugle. « C'est le prix à payer pour reçevoir le don de divination » pensa Harmonie avec raison.
La créature semblait se concentrer, ce qui inspira à la jeune fille de garder le silence.
Elle ouvrit alors la bouche et dit :
« Durant la nuit, tu verras. »
Puis elle disparu presque aussitôt.
Harmonie, déçue, referma son grimoire avec energie et sorti du cercle après avoir remercié les éléments.
Elle n'était pas tant surprise par l'apparition, elle avait réussi plusieurs fois ce genre d'invocations, elle était plutôt stupéfaite par la révélation. Si on pouvait appeler cela une révélation…
« Durant la nuit, tu verras » se répéta t-elle. « Vais- je faire un rêve ? » se demanda t-elle. Elle consulta sa montre. 21h02. Il fallait encore qu'elle dîne, et qu'elle révise pour préparer l'examen du lendemain.
Elle rangea nonchalement chaque chose à sa place et ouvrit une quatrième armoire. Les étagères de cette dernière étaient remplies de livres ésotériques. Elle en prit deux sous le bras, et descendi les escliers pour retrouver son petit salon. Elle observa son ordinateur portable, posé sur sa table basse, puis se rendit dans sa chambre et jeta les livres sur son lit, pensant les consulter plus tard, lorsqu'elle irait se coucher, espérant y trouver de plus amples renseignements sur cette révélation incomplète.
Après avoir dîné sur un coin de table, elle entreprit de réviser, l'esprit encombré de pensées n'ayant aucun lien avec l'hémisphère gauche du cerveau.
Après trois heures de bataille acharnée mains vaine, elle décida d'aller dormir, non sans faire queqlues nouvelles recherches dans ses livres.
Elle étégnit enfin sa lampe de chevet, et s'allongea sur le dos, pour plonger dans un demi-sommeil, ses pensées se mêlant aux éléments d'un nouveau rêve.
Elle se trouvait dans une immense pièce aux murs de pierre, ressemblant à un hall d'entrée. Derrière elle, se dressait une majestueuse porte de bois aussi grande que son immeuble. Elle regarda lentement autour d'elle. Elle avait si souvent espéré explorer ce genre de bâtisse, aux murs chargés d'histoire.
Le lieu était loin d'être désert. Une multitude d'enfants, plus ou moins âgés, traversaient les couloirs, entraient par groupes dans les salles qui s'ouvraient le long des murs, riaient aux éclats devant un jeune garçon suspendu par la cheville. Harmonie n'en croyait pas ses yeux.
Cet enfant ne semblait pas avoir plus d'une douzaine d'années et s'était apparemment projeté dans les airs, dans le but de faire rire ses amis qui semblaient trouver tout cela normal. Un homme aux cheveux noirs, retombants sur ses épaules, le visage cireux, était sorti de l'une des salles, rappellant à l'ordre les perturbateurs sans aucune douceur. Tout ce petit monde, une lueur de peur dans les yeux, suivit l'homme à l'interieur.
Harmonie dirigea son regard vers les grands escaliers de marbre qui menaient à l'étage supérieur. Tout en haut, un vieil homme, le visage cerné d'une longue barbe d'argent, le regard d'un bleu bienveillant, se tenait élégamment, un oiseau comme elle n'en avait jamais vu sur l'épaule. Il lui adressa un sourire aimable et tourna les talons en lui adressant un imperceptible clin d'œil.
Intriguée, elle entreprit de grimper les marches. C'est alors qu'elle tomba nez à nez avec un jeune homme grand, élancé, les cheveux d'un blonc presque blanc, retombant en mèches légères sur son front. Son regard d'un bleu acier croisa le sien sans le voir. Elle resta là, à le contempler, il était d'une beauté parfaite. Le visage impassible, il observa un moment la foule qui grouillait au bas des escaliers, puis, dans un soupir, il poursuivit son chemin.
Harmonie, tourna la tête vers le couloir qui s'étendait sur sa gauche et là, elle vit.
Une jeune fille, qui devait avoir à peine 18 ans. Un visage angélique au teint de nacre, des boucles ambrées tombant jusqu'au bas de ses reins, un regard noisette aussi perçant que celui d'un félin.
C'était elle. Un peu plus jeune, certes, mais bel et bien elle.
Une chose était différente pourtant. Sa bouche, si joliement déssinées affichait un sourire malveillant.
Elle se réveilla en sursaut. Elle émmergea un moment, puis elle se souvint. « Durant la nuit, tu verras ». « C'était un rêve étrange, mais je n'ai rien vu du tout. » se dit-elle.
Elle se prépara rapidement, puis partit pour l'université, des fiches de révision dans la main.
Ce rêve la perturba durant tout le chemin, si bien qu'elle en oublia d'attendre Gwen à l'angle de la rue, ce qui lui valu un regard lourd de reproches quand celle-ci arriva dans la salle d'axamen, 5 minutes plus tard.
Oh, excuse moi Gweny !
Tu aurais pu m'attendre quand même !
Je te repète que je suis désolée ! répéta t-elle exaspérée
Oui, bon ça va ! la pardonna t-elle un sourire malicieux aux lèvres. Mais qu'est ce qui t'as pris de m'oublier ! ça n'est jamais arrivé en trois ans !
J'ai fait un rêve étrange…
Et ?
Et, ça m'a un peu perturbé, c'est tout…
Tout ça pour un rêve ?
Oui, c'était vraiment bizzare, j'étais…
Tais-toi, la prof arrive ! l'interrompit précipitemment son amie
Le professeur Vouje entra dans la grande pièce, ce qui fit retomber un silence absolu parmi les élèves.
Tous étaient étonnés de voir leur professeur favori aujourd'hui, alors qu'ils s'attendaient à voir arriver un inconnu censé surveiller leur examen.
Bonjour à tous ! lança gaiement l'experte en psychosociologie
Quelques « bonjours » fusèrent avec entrain parmi les étudiants.
Bien ! reprit-elle, je viens vous annoncer que les examens de la matinée sont annulés pour aujourd'hui.
Un « Ahhh » de soulagement se fit entendre et les rumeurs des conversations reprirent aussitôt, à nouveau interrmopues par le professeur.
Nous allons donc reprendre les ateliers de la semaine dernière. Vous reformez les mêmes groupes, et je veux une mise en scène « Cortex droit, limbique gauche » pour la fin de l'heure. Les deux heures restantes, vous passerez à tour de rôle pour nous montrer vos œuvres ! leur lança t-elle avec amusement.
Le bruit des étudiants se déplaçant pour former les groupes envahit la pièce pendant quelques minutes. Cela fait, Harmonie et Gwen se retrouvaient au premier rang, en compagnie de Benjamin, et deux autres étudiants, Sandra, une petite blonde rondouilette, et Stanley, un étudiant américain, débarqué l'an passé, assez agréable à regarder mais plutôt prétentieux.
Ils se penchèrent, après quelques minutes de bavardage, sur leur projet.
Au bout d'une heure, Mme Vouje se leva de sa chaise et haussa la voix.
S'il vous plaît ! cria t-elle, l'heure des présentations à sonné ! Premier groupe s'il vous plaît.
Harmonie se leva, entraînant avec elle le reste de son groupe.
Ils se mirent en place, face à la classe, et commencèrent leur mise en scène.
Une fois leur présentation terminée, les applaudissements fusèrent, et le calme retomba quand le professeur se leva.
Le comble de l'ironie, c'est que notre chère Harmonie joue le rôle du limbique droit, censé représenter évasion, immagination et esprit rêveur !
Là, elle n'a pas tort, reprit Gwen en chuchotant. C'est vrai que toi, question imagination, c'est pas encore ça ! Plus concrète, tu meurs !
Harmonie, rouge comme une pivoine, sourit intérieurement. Si ils savaient, tous autant qu'ils sont, à quel point elle pouvait faire preuve d'évasion !
Quoi qu'il en soit, reprit le professeur, c'est une jolie performance. Je vous met A+. Bravo à tous les cinq. Conclue t-elle en applaudissant.
Oui ! Bravo ! Bravo ! surgit tout à coup une voix inconnue et non dénuée de sarcasme du fond de la salle.
Toutes les têtes se retournèrent vers le jeune homme qui venait d'entrer. Tout du moins, tout le monde pensait qu'il était entré. Le garçon aux cheveux argentés hocha la tête en guise de salut. Un sourire narquois déssiné sur les lèvres, une longue tige de bois sertie d'un serpent en or blanc à la main, il descendit les marches avec éléguance pour se retrouver à quelques mètres d'Harmonie.
- Bonjour ma douce Hermione. Dit-il.
