Séjour linguistique et autres complications

Disclaimer : les personnages et relations conflictuelles entre certains sont entièrement la propriété de l'auteur J.K.Rowling. Par contre, c'est ma ville, et ma catharsis. Et je n'en tire aucun bénéfice, sinon des touches de clavier usées. Et un immense plaisir ! Alors, pitiiiiiiééééééé, lisez et reviewez ! Attention, y a du vécu…

1. Le voyage

« Mais pourquoi est-ce que la moquette s'agite comme ça », gémit Ron, les yeux vitreux.

- Ron, tu ferais mieux d'aller sur le pont, lui conseilla Hermione, qui mettait un point d'honneur à maintenir une distance de sécurité entre elle et l'adolescent verdâtre qui titubait dans le couloir.

- Elle a raison, renchérit Harry, lui aussi en retrait. On va t'y conduire, suis-nous !

Ron acquiesça faiblement et, avec difficulté, aligna un pas devant l'autre. Ils dépassèrent un groupe de jeunes Moldus excités comme des puces, parlant en flot continu de leur séjour linguistique en France. Harry, Ron et Hermione trouvèrent enfin la porte qui menait au pont et l'ouvrirent d'une poussée. Une rafale de vent chargée d'embruns les accueillit telle une gifle cinglante et leur coupa le souffle. Ron eut tout juste le temps d'atteindre la rambarde que son dîner se faisait la malle dans la Grande Bleue, allant rejoindre une faune écoeurée par tant de pollution.

La porte s'ouvrit une nouvelle fois, sur Malefoy et ses acolytes cette fois-ci.

- Tiens tiens tiens ! railla Drago, une moue dédaigneuse accrochée aux lèvres. Un rouquin malade, une crinière au vent et un binoclard…

- On dirait bien la bande de dégénérés la plus miteuse de Poudlard, lui fit écho Crabbe, envoyant ses coudes épais dans les côtes de Malefoy.

Ce dernier pivota légèrement sa tête pour lui lancer un regard significatif.

- Pard… Excuse, Drag'… balbutia-t-ilécarlate.

Nouveau regard de carnassier.

- Désol… retenta Crabbe avant de se prendre un cou de genou bien appliqué de son compère Goyle.

Le silence se fit de cette carcasse creuse. Drago Malefoy poursuivit, un brin contrarié d'avoir été interrompu dans ses effets narquois.

- Ne serait-ce pas Weasmoche, Granger et… Potter ? articula-t-il du bout des lèvres.

Ron, le rouge chassant le vert de son visage, dégaina sa baguette.

- Tt tt tt, fit Malefoy en secouant la tête, le règlement interdit formellement toute démonstration de ce genre en domaine moldu.

- Parce que c'est toi qui respecte les règles, maintenant ? ironisa Hermione, une pointe d'énervement dans la voix.

Une nouvelle rafale vint plaquer les deux bandes rivales contre les parois froides et humides du ferry. Malefoy claqua des doigts et dit :

- Venez, laissons ces abrutis donner à manger aux poissons.

Hermione perçut, tandis que les trois inséparables s'en retournaient, comme des rires étouffés. Elle eut un mauvais pressentiment et appela ses compagnons pour qu'ils la suivent à l'intérieur.

- Non, Hermione, je crois que… je crois que… se lamenta Ron, de nouveau penché par-dessus le bastingage.

- Il faut rentrer quand même ! le pressa son amie. Je suis sûre qu'ils mijotent quelque chose… !

Harry haussa les épaules :

- Je n'ai pas envie de gâcher ma traversée pour une poignée d'idiots, fit-il, indifférent.

Après avoir lorgné sur son ami, il revit sa décision.

- Euh… je rentre avec Hermione, tu nous rejoins plus tard, Ron ? fit-il maladroitement.

Ron lui lança un regard qui signifiait « lâcheur ingrat » mais ne répondit rien, et pour cause… Tandis qu'Hermione et lui regagnaient la chaleur du ferry, une onde glacée les frôla. Harry n'y prêta d'abord pas attention mais au cri de la jeune fille, il sut que quelque chose allait de travers. Le visage de la jeune fille pelait d'une étrange manière des lambeaux de peau verdâtre. En y regardant de plus près, Harry réalisa que son amie ne pelait pas, non, il lui poussait des écailles…

- Harry, je… me sens toute… bizarre, bafouilla Hermione en touchant son visage.

- Heu… je… ne… ne panique pas… tenta gauchement de la rassurer le jeune sorcier. Je… tu… tu dois faire une réaction allergique à quelque chose…

- Harry, dit-elle d'une voix blanche, je… je me dessèche !

Paniqué, il vit le visage de son amie se couvrir rapidement d'écailles vertes striées de noir. Des voix se rapprochaient d'un couloir transversal. Vite, il devait réagir, trouver quelque chose, n'importe quoi. Mais il ne fallait surtout pas que des Moldus surprennent la sorcière dans cet état. Il était hors de question qu'ils aillent rejoindre Ron, si quelqu'un venait ils ne pourraient plus se cacher !

- Harry ! Mes mains ! gémit-elle. Elles sont palmées ! Et quelle soif j'ai ! Mon corps ! Ces vêtements me grattent terriblement ! Aide-moi !

Harry tremblait de tous ses membres. Hermione était réellement mal, son teint que l'on devinait blafard sous ses écailles verdâtres traduisait sa terreur. La jeune fille, sèche comme une éponge dans le désert, poussa un hurlement de douleur qui se mua en un son étrange, animal, un…hennissement.

-… voir la Tour Eiffel ça faisait si longtemps que…

- Harry y y y y ! gémit la sorcière. Fais quelque chose !

Son compagnon la saisit par la taille et l'entraîna par la première porte qui se présenta à lui. Le logo « toilettes, femme » ne le frappa pas et il se retrouva dans les sanitaires. Des compartiments douches, des WC, des lavabos… un miroir. Hermione éclata en sanglot mais ses larmes s'évaporèrent aussitôt.

-… surtout pas rater Montmartre…

Les voix se rapprochaient. Harry poussa presque Hermione sous la douche et l'aspergea d'eau glacée. Au lieu de hurler, la jeune fille hennit de soulagement. Ses jambes lui manquèrent et elle dut se cramponner au cou de l'adolescent.

-… emplettes dans la capitales et…oooooooooh ! hurla une voix outrée.

Harry se redressa, Hermione toujours suspendue à son cou. D'où elles étaient, les arrivantes ne pouvaient voir que la chevelure blonde de la jeune fille, qui enlaçait passionnément le jeune garçon dégoulinant d'eau froide. Pétrifié, celui-ci n'osait plus faire aucun mouvement.

- Allez faire vos cochonneries ailleurs ! s'exclama une vieille Anglaise qui portait un chapeau vert pomme piqué de deux grosses cerises en plastique luisant.

- C'est odieux ! Ah, quelle jeunesse ! s'insurgea une autre, au visage lifté et au fond de teint outrageusement épais.

- Viens, Margaret, allons-nous en !

Sur des expressions étouffées de « scandaleux »« décadence » et « jeunesse dépravée », le duo reflua vers le couloir. Harry, malgré son affreuse gêne, soupira de soulagement. Il regarda Hermione, qui avait relâché son étreinte, et sursauta.

- On va avoir de sérieux ennuis, soupira Hermione en tendant une main palmée vers son ami.

Bouche bée, ce dernier la détailla du regard : un visage allongé de cheval, des mains palmées et griffues, une queue de poisson, des écailles puantes sur tout le corps, mais les mêmes cheveux. Le blond coupait énormément sur le vert de son enveloppe corporelle. Ses vêtements déchirés gisaient sur le sol.

- Hermione, tu… tu t'es changée… en.. en… bégaya son ami.

- En kelpie, je sais, gémit-elle, désemparée. Encore un coup de ce sale petit Serpentard ! Mais le plus important n'est pas là… j'ai besoin d'eau ! D'eau de mer !

- Tu restes ici, je vais chercher un professeur.

- Nooooon ! s'écria Hermione. Ne me laisse pas ici !

- Tu as besoin d'aide, tu ne peux pas rester comme ça !

L'adolescente plongea son regard chevalin dans celui de Harry et se mordit la lèvre.

- Ne me laisse pas trop longtemps ! Et jette un sort aux sanitaires. Au point où nous en sommes, peu importe si nous usons de magie !

Harry sortit des sanitaires et jeta un discret sortilège de verrouillage à la serrure. Ensuite, il se dirigea vers les salons où devaient se trouver la plupart des étudiants et professeurs de Poudlard. Il croisa un Ron moins verdoyant qu'à l'accoutumée ( depuis la traversée maritime, s'entend ).

- Hermione n'est pas avec toi ? s'enquit l'adolescent. Son horrible brosse enragée essaie encore d'attraper Coquecigrue ! Ils sont partis sur le pont avant.

Harry esquissa un sourire en pensant à Pattenrond chassant du hibou, mais recouvra sa gravité lorsqu'il se souvint de ce qui l'amenait.

- Ron, Hermione est dans les sanitaires pour femme. Elle… elle s'est transformée en kelpie…

Le garçon lui renvoya un regard qui tenait du néant cosmique, c'està-dire vide.

- Hermione ? En cheval de mer ? déglutit-il avec perplexité. Comment… ?

- Ben quoi, Weasmoche Ça te choque ? Cette Sang-de-Bourbe avait déjà la crinière, je l'ai simplement aidée ! railla une voix traînante et froide.

Ron foudroya Malefoy du regard mais ne releva pas. A la place, il agrippa très fort le bras de Harry, qui fulminait en silence, et l'entraîna à sa suite vers les salons.

Rogue arborait un air qui transcendait le dégoût et l'agacement, un sourire narquois avait même trouvé le moyen de se faufiler sur son visage blafard.

- Vous dites que Miss Granger se pavane actuellement en canasson écailleux sur le ferry ? gronda-t-il sourdement, de façon à ce que seul le duo d'amis l'entende et qu'il perçoive par la même occasion la colère froide de leur professeur.

- Hum… elle est cachée… avança Ron pour sa défense.

- Taisez-vous, Weasley ! aboya-t-il silencieusement comme seul lui savait le faire. Contentez-vous de me conduire à cette inconsciente !

- C'est Malefoy, monsieur…, tenta Harry.

Au regard de Rogue, le jeune homme serra la mâchoire et emboîta le pas au prévenant Ron. Ils remontèrent un couloir où de jeunes Moldues gloussaient ostensiblement sur le passage du professeur vêtu d'un tailleur noir et d'un col à jabot en soie blanche ( faute de sa cape réconfortante de sorcier ), et de ces deux grands adolescents étriqués dans leurs habits. Enfin, ils arrivèrent devant les sanitaires pour femmes où la porte béait. Harry se précipita à l'intérieur pour une fouille rapide des locaux, mais il ne récolta qu'une paire de gifles et une écaille sur le sol.

- Elle a disparu ! gémit-il en se tournant vers Ron, rongé d'angoisse.

Severus Rogue s'apprêtait à lancer une remarque acerbe lorsque par les haut-parleurs une voix scanda « Un homme à la mer »