Chapitre 20: Entre devoir, confiance et curiosité
Sai s'appuie sur le dossier du
canapé et ferme les yeux d'un air las: " Sakura, je
voudrai me reposer un peu. "
Sakura: " D'accord, je vais
partir."
Toujours les yeux clos, il me répond: "
Tu peux rester."
Je peux rester, ou il veut que je
restes? ça m'étonnes de sa part, qu'il accepte que je
sois si proche de lui quand il dort. Même moi, je suis assez
paranoïaque quand je dois dormir. Je tolère mal tout
élément extérieur dans ma chambre, par exemple.
Une envie me traverse. Je me décale au bout du canapé,
et je dit à Sai: " Viens, tu peux dormir sur mes genoux."
Il ouvre les yeux et me sourit avant de s'allonger et de poser
sa tête sur mes genoux. Il m'a l'air content.
Sakura: " C'est confortable,
comme ça?"
Sai: " Tes cuisses ne sont pas très
épaisses, mais c'est bien."
Il est tellement sincère
que je ne lui en veux même pas pour la remarque sur mes
cuisses. Il est trop craquant. Je pense qu'il s'est endormi,
maintenant, sa respiration est calme et régulière. Je
voudrais caresser son visage endormi, la courbe lisse de sa joue, ses
fins sourcils à la courbe paisible, ses lèvres
délicates... il est beau. Mais je suis sure qu'il se
réveillera en sursaut si je le touches. Ce n'est pas le
moment, il a besoin de repos. Je n'ai rien à faire, alors je
me dévisses le coup pour détailler à nouveau les
tableaux au mur, ou celui qui est en cours sur le chevalet. Ah!
Là-bas, j'en vois un qui n'y était pas avant... c'est
le dessin de notre équipe! Il l'a encadré! Trop
contente!
Je n'ai pas envie de dormir moi-même pour l'instant, et je cherches de l'occupation. Pas de livre à portée de main, ni de magazines, ou quoique ce soit qui pourrait apporter de la distraction à un si sérieux Ninja. Tiens, il n'a même pas la télé, d'ailleurs. Le seul objet digne d'intérêt qui est à portée de ma main, c'est le sac de Sai. Là, posé juste par terre à coté du canapé, je pense même que je peux l'attraper. Je peux voir à ce détail que Sai est vraiment, vraiment fatigué. Laisser trainer ses affaires de travail en pleine vue, surtout à la vue de ma curiosité... c'est dangereux. Très dangereux. Ce sac m'apparaît vraiment très tentant, je pourrais presque dire qu'il m'appelle. Ce serait terriblement indiscret...
D'un autre point de vue, Tsunade m'a chargé de surveiller Sai, alors c'est aussi mon travail. Il ne m'en voudra pas d'accomplir ma mission, hein? Je jettes juste un petit coup d'oeil... je tires vers moi le sac, sans faire de mouvement brusque pour ne pas le réveiller. La fermeture éclair est déjà ouverte, je peux voir par l'ouverture les reflets luisants de quelques kunais, un grand carnet à dessins, des petits rouleaux, des carnets divers, une enveloppe... ah, le livre de Sai est juste sur le dessus. Je le sors avec précaution. Est-ce que je regardes dedans...? Il y tient beaucoup et je ne suis pas sure qu'il apprécie que quelqu'un d'autre y touche. C'est un souvenir de son frère décédé. Il y a peut-être dedans quelque chose qui m'aiderais à le comprendre. Si j'étais une jeune fille ordinaire, je pourrais me permettre d'avoir des pensées romantiques du genre: "Je vais attendre qu'il me fasse confiance et qu'il me parles de lui-même." Mais je suis une Ninja, lui-aussi. Et même si nous sommes du même village, nous ne sommes pas complètement du même coté. Je suis du coté de l'Hokage, il est du coté de Danzo. Toutes les informations que je peux obtenir sont précieuses. J'ouvre le livre.
Je tombes tout de suite sur l'image centrale, qui me fait l'effet d'une douche froide. A gauche, une page blanche, vide, froide. A droite, le dessin d'un jeune Anbu aux cheveux noirs, mais sans visage. Il me fait tout de suite penser à Sai. Ne pas avoir de visage, c'est ne pas avoir de personnalité propre, de sentiments à soi, d'identité. C'est exactement ce que les Roots veulent faire de Sai. Ce dessin me fait peur. Moi, je lis des émotions sur le visage de Sai, je crois qu'il a des pensées et des sentiments. Et si je me trompais complètement? Je ressasses cette pensée angoissante tout en feuilletant le livre. Partant du coté gauche, l'enfant aux cheveux clair qui se bat à chaque fois contre un ennemi différent. Du coté droite, l'enfant aux cheveux noirs qui fait de même... et les deux qui se rejoignent au centre. Sauf que l'enfant aux cheveux clairs a disparu. Il me semble qu'il s'agit de l'histoire de Sai et de son frère. Elle a l'air triste. Que peux bien signifier cette page blanche? Comment il est mort? Pourquoi a-t-il dessiné cette histoire?
Je regarde le visage tranquille de Sai, posé sur mes genoux. Il est souvent comme ça, même quand il est éveillé. Il n'a pas l'air de connaitre la tristesse, les regrets, l'absence... mais il garde ce livre précieusement. Pour moi, c'est un signe. Il ne veut pas se débarrasser complètement de ses sentiments. Pensive, je ranges soigneusement le livre dans le sac, et je détailles le reste de son contenu. Le carnet de dessins est plein de croquis, dont plusieurs de Naruto et moi, ça me fait sourire d'un air bête.
Puis je sors une épaisse enveloppe cacheté du sac. Est-ce que je peux l'ouvrir sans que ça se voie? Hum, peut-être... Avec précaution, j'ouvre l'enveloppe, prenant garde de ne pas l'endommager. Ce que je trouves dedans me stupéfie: des fiches d'identité d'anbus, et pas n'importe lesquels, puisque Yamato est parmi eux! Je relève rapidement les noms sur mon carnet avant de refermer l'enveloppe et de remettre le sac de Sai exactement dans l'état où il était. Qu'est-ce que ça veut dire? Pourquoi a-t-il ces fiches? Il est un ancien Anbu lui-même, mais... ce n'est pas normal. Que dois-je faire? Rien, je suppose. Le signaler à Tsunade, et continuer à faire comme si de rien n'était, c'est tout. Mon regard se pose sur Sai, paisiblement endormi. S'il te plait, ne me trahi pas.
J'ai fini par m'endormir moi-aussi, en calant ma tête sur un coussin. Après une bonne sieste, je me suis réveillée pour découvrir que Sai n'était plus sur mes genoux, mais... dans sa douche. Rien que d'imaginer l'eau chaude ruisseler sur le torse de Sai... j'en ai des frissons. Concentrée sur mes justus, tout à l'heure, je n'avais pas enregistré, mais... il a une peau... attirante, je me souviens encore de la sensations sous ma main. Et je ne parles pas de son ventre ferme qui dépasses en permanence.. absolument irrésistible. Non mais je débloque complètement! Ces quoi ces pensées de vieilles perverses qui m'envahissent, là! Reprend-toi, Sakura!
Une voix intérieure me chuchote d'une manière tentatrice: tu as toujours la boite de préservatifs dans ton sac. Allez, vas-y, tente ta chance!
Non mais ça va pas? On se connait tout juste! On est ensemble que depuis quelques jours à peine! Et puis j'ai jamais... enfin bref! Je ne vais quand même pas faire ça! Et puis je suis une fille, quoi! ça fait bizarre de faire le premier pas, non? ça va pas, ça va pas du tout. Depuis que j'ai rencontré Sai, c'est de pire en pire, j'ai des idées de plus en plus... Oh, rien que d'y penser, je me sens rougir!
Avec énervement, je fouilles dans les placards de la cuisine. Je vais préparer à manger, ça me changeras les idées. Je vais pouvoir jouer à la petite amie ordinaire qui prépare un bon petit plat à son petit chéri. C'est quand même beaucoup plus raisonnable. J'entends Sai qui sort de la salle de bain, et qui me rejoint devant la cuisinière. Il est tout frais, tout propre... et moi je dois être une horreur à coté.
Sai: " Qu'est-ce que tu
fais?"
Sakura: " Le déjeuner... enfin, il est
déjà 2h de l'après-midi, je sais. Mais je meurs
de faim. "
Il regarde les casseroles et assène: "
j'ai déjà été empoisonné ce
matin."
je répliques: " Ne t'inquiètes
pas, je peux encore faire au moins trois extractions du poison."
Il n'a pas l'air convaincu et il
me prend la casserole des mains.
Sai: " Laisse-moi faire, je
sais cuisiner."
J'esquive pour l'empêcher de me prendre
la poêle.
Sakura: " Moi aussi, ma mère me tanne
pour que j'apprennes. Et tu es fatigué, alors laisse moi
cuisiner."
Il pose la casserole sur le feu et
remet le couvercle, puis il me saute dessus, me coinçant
contre la table. Prise en sandwich entre la tables et lui, ses
cuisses pressées contre les miennes, son visage penché
sur le mien, je me sens rougir violemment. Je lui mets la poêle
sous le nez pour le faire reculer et l'empêcher de me voir
aussi rouge.
Sakura: " ça va, tu as gagné."
Il
me prend la poêle des mains, apparemment il n'est absolument
pas perturbé par... notre proximité physique.
Sai:
" Tu es mon invités. Assieds-toi sagement à table
et attends que le repas arrive gentiment."
Les jambes tremblantes, je
m'effondre sur une chaise et je caches ma tête entre mes bras
sur la table. Mon coeur bat à toute vitesse, calme toi, calme
toi, Sakura. J'entends Sai qui me demande: " Tu te sens bien,
Sakura?"
Je mens: " J'ai faim, dépêche
toi."
Je gardes les yeux clos, écoutant le grésillement de la poêle, le bouillonnement de l'eau, les portes de placard qui s'ouvrent et se ferment... Je relève la tête pour le voir mettre le couvert juste devant moi. C'est vrai qu'il vit seul, il sait se débrouiller... à la différence de Naruto, qui a encore du mal à avoir un régime alimentaire équilibré. Le plat que Sai m'amène est simple, mais réussi. Une cuisine nourrissante et efficace, sans raffinement ni complication, que je dévore avec appétit. J'ai du mal à trouver un sujet de conversation, et on finit par parler boulot: risque d'invasion par le Sud, stratégie d'équipe, techniques Ninjas. ça va, on est tous les deux sur un terrain sans risque dans ce genre de conversation.
Vers la fin de l'après-midi,
je finis par partir de chez Sai pour rentrer chez moi. Ma mère
est surprise de me voir rentrer si tard. Je lui expliques: " Mes
deux coéquipiers sont blessés, et je suis resté
voir comment ils allaient."
Cette explication a l'air de
satisfaire la curiosité de ma mère, qui me fait
remarquer: " Tu aurais tort de t'en priver, tes deux coéquipiers
sont très mignons tout les deux."
Je lui fais un
grand faux sourire. Trop mignon, je sais. Puis je files me dissoudre
dans un grand bain chaud. Après m'être bien détendu,
je résistes à l'envie de me pelotonner sur mon lit bien
douillet et je prends un parchemin de technique. J'ai un justu en
cours d'étude, et je voudraisle maitriser assez vite. Si je me
laisses aller à la paresse, je vais vite être un boulet
pour l'énergique Naruto et l'experimenté Sai. Je ne
veux pas.
NdA: les vacances sont finies... bouh ouh ouh... Ce qui veut dire sans doute un ralentissement du rythme de sortie de mes chapitres. Surtout que je sens que mai et juin vont être assez chargés.
