Avertissement aux âmes sensibles : ce chapitre est larmoyant et se termine par un suspense quasi-insoutenable.
Chapitre deuxième
Five'o'clock : tea time
(Cinq heures : l'heure du thé)
En passant devant le numéro 4, elle tourna la tête comme à son habitude, mais sans rien apercevoir à travers les rideaux fermés du rez-de-chaussée. De toutes façons, c'était pour les Dursley une journée comme les autres, pensa-t-elle. Elle n'était d'ailleurs même pas certaine qu'ils sachent qu'aujourd'hui, leur unique neveu avait dix ans. Une fois de plus, elle faillit verser une larme en pensant au dramatique de toute cette histoire, et à combien elle aurait souhaité être comme une grand'mère pour Harry, faire de sa maison du numéro 15 un havre de paix pour cet enfant infortuné. Car les ordres d'en haut étaient formels; le mot d'ordre était : qu'il reste en vie.
La dernière fois qu'Harry était venu chez elle, il était toujours aussi sage et calme, avec l'air triste et mélancolique de ses yeux verts. Elle se sentait désolée de lui avoir exposé des photos de chatons plutôt que de lui apprendre la bataille explosive édition familiale, les bavboules version discrète et lui offrir quelques fondants du chaudron.
De retour à la chaleur de sa maison, elle prépara deux tasses de thé -à la mandarine, comme promis- et s'installa sur le canapé de son salon. L'intérieur était définitivement kitsch : napperons, coussinets, bibelots au goût douteux décoraient la pièce douillette. Les tableaux représentaient des paysages anglais romantiques, des enfants en costume marin du début du siècle, tous immobiles sauf certains tableaux à l'aspect plus ancien, et qui échappaient toujours au regard des visiteurs novices : tout ce qui avait trait à la magie ne pouvait être vu par des moldus.
Elle en était à la page « mode » de Sorcière-Hebdo (« Comment transformer ses vielles robes en ensembles ensorcelants : les secrets révélés des ailes de Doxy albinos ! Savourez le conseil coloré de Mme Trelawney : les milles atouts de l'odeur du xérès sur le lever du voile du futur ! » lorsque une mélodie douce résonna dans la pièce : de toute évidence, quelqu'un se tenait sur le pas de la porte et souhaitait entrer.
Hé bien moi, je pense que c'est Dudley qui veut venir manger des bons gâteaux.
