Chapitre 29: Silence glacial

Comme d'habitude, on remet à Tsunade notre rapport de surveillance, et on se sauve avant qu'elle ait l'idée de nous donner une autre mission, ou de nous refiler les trois Genins toujours en rade. ( C'est Ino qui a du les traîner pendant ces trois jours, niark, niark, niark.) Quand on sort sur la place, Sai dit simplement: " J'y vais. à demain."

Et il disparaît. Naruto part tout droit vers l'échoppe Ichiraku, et moi, je repasses chez moi prendre une douche et poser mon sac. J'enfiles même une jolie petite robe avec un décolleté, et je pars chez Sai toute contente. Mais quand j'arrives devant sa porte, personne ne répond à mes coups de sonnettes répétés. Il n'est pas là? Je contournes le bâtiment et je regarde par la fenêtre, mais je ne vois personne. Pas de chance. Où est-ce qu'il a bien pu aller? Il ne m'a pas prévenu... mais aussi, c'est plutôt moi qui m'incruste chez lui sans prévenir. Il a peut-être eut envie de s'entrainer seul, ou il a des courses à faire, ou.. bref. Il n'est pas là. Je suis déçue, mais ce n'est pas si grave. Je le verrais demain. Je rentres donc chez moi pour m'entraîner toute seule.

Mais le lendemain matin, quand je passes chez Sai pour qu'on aille ensemble au QG, je ne trouve personne. Un peu inquiète, je cours vers la place. Sai est déjà là, à discuter avec Naruto. D'abord, je suis rassurée. Ouf, il n'a pas disparu, il n'est pas parti... Puis de nouveau inquiète. Il n'est pas passé me voir non plus ce matin... à moins qu'on se soit croisé sans le faire exprès. Je rejoins les deux garçons: " Bonjour, Naruto et Sai."
Naruto: " Salut, Sakura!"
Sai: " Bonjour Sakura."
Et là, le sourire de Sai me glace. Ce n'est pas son sourire, son vrai sourire... c'est redevenu son sourire artificiel qu'il avait au début. Là, je comprends que quelque chose ne va pas. Naruto semble ne s'apercevoir de rien, mais visiblement, Sai est toujours le même vis-à-vis de Naruto. C'est vis-à-vis de moi que tout a changé. Au fur et à mesure que la journée passe, je réalises avec angoisse. Il m'ignore. Complètement. Hors des relations de travail, c'est comme si j'étais redevenue une étrangère.

Alors qu'on est en train de saboter les fortifications du camp adverse, je ne peux pas empêcher l'angoisse de m'assaillir. Qu'est-ce qui se passe? Est-ce qu'il s'est lassé de moi? Est-ce qu'il a cédé face aux ordres des Roots? Est-ce qu'il m'en veut pour quelque chose? Je ne sais pas, je ne sais pas. Je ne peux que me noyer dans le doute. Plus la journée avance, et plus ma panique et ma douleur augmentent. Dès que Naruto a le dos tourné, j'essaye de lui parler, de l'approcher, au moins. Mais il me rejette à chaque fois. Il m'ignore, il se sauve, sans jamais rien me dire, sans jamais me regarder. Son visage complètement indifférent me perce le coeur. Comment peut-il rester de marbre comme ça? Ce n'est pas possible, il ne peut pas rien ressentir! Il ne peut pas avoir changé si vite...Sai... Sai... je t'en prie, regarde moi... Souris-moi... dis-moi au moins quelque chose...

Rien. c'est un mur. C'est un mur qui me tourne le dos.

A la fin de la journée, je me précipites après Sai quand il part, mais il ne met pas longtemps à me semer. Et je me retrouve toute seule plantée là dans la rue. J'essaye de passer chez lui, mais je tombes encore sur une porte close. Je me sens au bord du gouffre. Que dois-je faire? Pourquoi? Sai, je veux te voir, je veux comprendre, je veux te parler... pourquoi... Pourquoi...? Qu'est-ce que j'ai fait qui t'as déplu? Est-ce que c'est ma faute? Est-ce que je ne t'intéresses plus? Ou alors tu es en colère... Est-ce que c'est parce que je te fait trop attendre? Pourquoi tu ne me réponds pas? Je suis si inquiète... Si il me disait franchement qu'il ne veut plus me voir, ça serait la fin du monde... mais au moins les choses seraient claires. C'est trop horrible, c'est trop horrible ce silence. C'est trop insupportable de ne rien savoir...

J'ai attendu Sai longtemps, très longtemps devant sa porte, mais je ne l'ai pas entendu rentrer. La nuit est tombée, maintenant. Il faut bien que je me résignes, que je rentres, que je dînes, que je m'exerces... la vie quotidienne. La vie normale et banale. Demain, on aurait encore des missions à accomplir. ça passe avant mes petits problèmes personnels, n'est-ce pas? Et puis, je ne perds pas espoir. Demain, je verrais Sai. Demain, je pourrais essayer de tirer ça au clair.