Chapitre 44: L'amour n'est pas raisonnable.
Toujours aucune piste, aucune nouvelle. On n'arrive pas à remettre la main sur Orochimaru et sa bande. Et l'absence de Sai est toujours aussi difficile à supporter pour moi. Je veux le revoir, je veux le revoir, plus rien ne compte pour moi à part ça.
Tsunade: " Sakura, soit raisonnable. Nous devons aussi traiter la menace de l'Akatsuki, actuellement. Ils ont recommencé à bouger, et nous ne pouvons pas mobiliser d'avantage de troupes sur Orochimaru. "
Je sais bien. Je dois être professionnelle et ne pas me laisser mener uniquement par mes émotions. Je suis la personne la plus raisonnable de l'équipe, normalement, celle qui a les pieds sur terre, celle qui est la plus disciplinée... Mais là, je n'en peux plus. Pourquoi je devrais la être la seule à devoir rester raisonnable?
Tsunade: " Sakura..."
Je prends ma décision.
Sakura: " Hokage, je voudrais prendre quelques jours de congés."
Tsunade a l'air surprise, elle s'attendait sans doute à ce que je conteste le redéploiement de notre équipe sur une autre mission importante.
Sakura: " Je suis... fatiguée. ça fait longtemps que j'enchaîne les missions sans quasiment prendre de repos. Je voudrais faire une petite pause. être un peu tranquille... avoir le temps de réfléchir un peu, de faire le point. "
Tsunade: " ... d'accord, je t'accordes trois jours. Mais pas de folie, Sakura. Je te gardes à l'oeil."
Je m'en doute bien, elle ne va pas me laisser faire n'importe quoi pendant mes trois jours. Mais il faut que j'arrives à me débarrasser de la surveillance des Anbus. Et pas seulement la surveillance des Anbus, celle des Roots aussi. Ils ne me lâchent pas, malgré notre séparation, à Sai et moi. D'ailleurs, j'ai l'impression qu'il se passe quelque chose chez les Roots, Tsunade a l'air tendue sur le sujet. Le vieux Danzo lui cause pas mal de difficultés lors des Conseils de Village. Mais actuellement, je suis incapable de m'intéresser à ces problèmes politiques. Je ne m'intéresse qu'à Sai. C'est fou, je sais. Mais si je veux faire des folies, je peux compter sur un allié: Naruto. Je passe chez lui pour le prévenir que je partais en congé, et pour lui parler discrètement de mes projets. Evidemment, il a accepté de m'aider, même si ce que je veux faire est complètement stupide, et parfaitement imprudent.
Je n'ai pas une seconde à perdre. Il faut que je réussisses du premier coup, dès ce soir. La journée est presque finie, ma tendance naturelle aurait été de rentrer chez moi préparer mes affaires soigneusement, me coucher tôt pour partir tôt demain. Du coup, je suis sure que les Anbus ne me lâcheront plus des yeux dès demain... mais ce soir, c'est juste la surveillance ordinaire des Roots et des Anbus de guet. C'est ma seule chance. Il faut que je partes maintenant pour leur échapper.
Naruto et moi, nous partons tous les deux vers le restaurant Ichiraku, tranquillement. Je ne portes que ma sacoche et mes armes de base, je ne suis clairement pas équipée pour faire un voyage. C'est un atout supplémentaire pour tromper Roots et Anbus. Personne ne s'attend à ce que j'agisse d'une manière aussi inconsciente.
Un Genjutsu, une bombe de fumée pour nous dissimuler,instantanément, Naruto se clone et se transforme, moi aussi. Puis Naruto fait mine de s'enfuir avec un de ses clones transformés vers la porte. D'autres versions de la paire Naruto/ Sakura partent dans d'autres directions, quelques clones de moi se cachent, d'autres partent de leur coté. Le vrai moi, transformé aussi, part non loin derrière le vrai Naruto et une fausse Sakura. Evidement, les Anbus interceptent Naruto et l'autre "moi", alors que les Roots suivent un de mes clones isolés. Profitant du fait que les Anbus croient m'avoir effectivement rattrapé, sans compter la résistance de Naruto qui les occupe bien, je peux me faufiler à l'extérieur du village et je m'enfonce rapidement dans la forêt. Si tout se passe bien, le clone de Naruto va jouer mon rôle le plus longtemps possible. S'il n'est pas détruit, Naruto va pouvoir le tenir toute la soirée, ça me laisse un peu d'avance mais pas suffisamment pour traîner. Heureusement, j'ai quelques pilules énergétiques pour tenir le rythme de ma course jusqu'à mon objectif.
Après une courses effrénée qui a durée toute la nuit, je vois se profiler le troisième sommet du massif Hiyama à la lumière naissante du jour. Ce massif fait affluer encore une vague de souvenir en moi. C'était notre mission rien que tous les deux, nous avions cartographié tout le réseau de gallerie souterraines qui s'étend sous ces montagnes. Je m'en souviens encore par coeur. Je sais que c'est stupide, je sais que des Ninjas passent régulièrement pour vérifier que personne n'est venu s'installer dedans, je sais que le rapport de la semaine dernière disait: rien à signaler. Je le sais. Je le vois bien moi-même, que pas un gramme de la terre qui dissimule l'entrée n'a bougé. Mais je ne peux pas m'en empêcher. Je veux entrer dedans, je veux voir à l'intérieur si par chance, par miracle... il n'y aurait pas Sai. C'est ma seule chance, ma seule piste. Le seul endroit qu'on connait qui pourrait peut-être, éventuellement, avec de la chance... être un des repères d'Orochimaru. Je sais que c'est complètement idiot, complètement irrationnel, que je vais sûrement être déçue, encore une fois... Mais je veux chercher Sai là-dedans.
Je passe les entrées principales et je contournes tout le massif montagneux à la recherche de la sortie de secours des galeries. Pareil, ici, tout est intact. La fatigue me contraint à faire une petite pause, et j'avales une autre pilule énergétique. C'est la limite que je ne peux pas dépasser sans me mettre en danger. Une fois remise en forme par la drogue, je peux m'approcher du rocher qui dissimule cet accès aux souterrains, avec prudence. A la différence des autres accès, celui-là n'est pas dissimulé sous une couche de terre, il a juste la forme d'un gros rocher tombé de la falaise, gardé par des sceaux et des pièges que je connais par coeur. Il me suffit de les désactiver pour entrer dans la galerie. Je refermes le passage derrière moi, plongeant le souterrains à nouveau dans l'obscurité. Plongé dans le noir le plus total, ce n'est pas la peine d'espérer voir quelque chose. Je ne peux me fier qu'à ma connaissance des galeries et mes autres sens. Lentement, à l'aveugle, je progresses dans le labyrinthe vers les salles les plus grandes. Si quelqu'un habite ici, ces salles seront sans doute utilisées. Mes oreilles aux aguets percoivent un tout petit bruit, à peine perceptible, et je me figes sur place pour écouter. On dirait un petit trottinement, qui se dirige vers moi. Me guidant sur le bruit, je réussis à attraper dans mes mains son origine, mais la... chose... se liquéfie dans mes mains. Je sens le liquide qui coule sur mes doigts, et j'ai l'impression que mon coeur explose en reconnaissant l'odeur. C'est l'odeur de l'encre. Je viens d'écraser un animal en encre... Sai, Sai... Sai est sûrement là!
Sous le coup de l'émotion, aggravée par la fatigue, je me mets à trembler et mes jambes me lâchent, mon coeur battant frénétiquement dans mes oreilles. Sai... j'ai retrouvé la trace de Sai. Il est là! J'avais raison d'espérer! Sai est...
Orochimaru. Comme une véritable douche froide, cette pensée inonde ma tête, comme un réflexe de survie. Je commences à réflechir à une vitesse folle. Orochimaru et sa bande sont dans ses souterrains actuellement. Tout près du village. Je suis au milieu des souterrains occupé par Orochimaru. Danger mortel. je dois prévenir l'hokage. D'un bond, je suis sur mes jambes et je rebrousses chemin en courant. Sai a du s'apercevoir que son animal avait été détruit. Je vais être repérée, je dois me sauver à tout prix. Je dois prévenir l'Hokage. Toute idée de revoir Sai a disparu face à la nécessité de retourner à Konoha au plus vite.
Mes yeux accoutumés à l'obscurité voient une très faible lueur commencer à miroiter sur les mur, j'entends un léger bruit de course derrière moi. Je suis poursuivie, je suis repérée. Sans me retourner, je continues à courir. Il faut que je sortes d'ici! La lueur dansante sur les mur s'est rapprochée et gagnes du terrain. Mes jambes sont lourdes, la pilule énergétique ne fait presque plus effet. Je n'ai pas le choix, je dois en prendre une autre. Tant pis pour les risques sur ma santé. Je n'ai pas d'autre choix. Au moment ou je veux avaler la pilule, un bruit de glissement déclenche un réflexe de saut dans mes jambes, et j'esquive de justesse l'étreinte d'un serpent d'encre noire, qui se dissous quand je l'écrases en retombant dessus. J'ai lâché la pilule sous le choc. Sai... c'est Sai qui est à ma poursuite... c'est ... c'est trop horrible! Il n'est pas loin derrière moi, il suffirait que je me retournes pour le voir. Mais je ne peux pas, je perdrais de précieuses secondes, nécessaires à ma survie. Alors que je voulais tant le revoir... je ne peux pas. Je ne voulais pas le revoir comme ça, j'espérais qu'on ne serait pas comme des ennemis...
J'esquive encore un autre serpent. à force de me faire avoir, j'ai commencé à savoir anticiper ces adorables petites bêtes d'encre noire. Encore un glissement, mais au moment ou je sautes, une douleur fulgurante dans ma jambe la fige et l'encre du serpent se resserre autour de mes jambes alors que je tombes à terre. J'arrache le kunai planté dans ma jambe et je m'en sert pour couper les liens, mais trop tard. Sai s'abat sur moi et me plaque au sol, son sabre appuyé contre ma gorge. La faible lueur de la lampe accrochée à sa ceinture danse dans ses yeux noirs et fait ressortir les reliefs de son visage inexpressif. Il ne dit rien, il ne bouge pas, son genoux appuyé sou mon ventre, sa main tenant le sabre fermement contre ma carotide. Mais il ne dit rien, il ne bouge pas. Je sens que mes forces me trahissent, la drogue a cessé d'agir. Mon souffle court me permet à peine d'articuler: " Sa..i..."
Il met son doigt devant sa bouche, m'intimant le silence, sans décrocher son regard du mien. Les reflets de lumière dans ses yeux sont vraiments magnifique. Je me sens de plus en plus lointaine. Le sang coule abondamment de ma blessure à la jambe. Il ne m'a pas loupée. Et son poids m'empêche de respirer convenablement. Mon corps finit par lâcher prise, et ma conscience s'enfonce brusquement dans l'obscurité.
