Chapitre 3 : Beau, beau, beau!

En effet, Lily avait refait surface le jeudi suivant, en fin de journée. La première chose qu'elle fit fut d'aller voir l'élève qu'elle avait poussé contre la table. Comme le garçon en question savait que ce n'était pas la faute de Lily et, qui plus est, avait un grand cœur, il s'empressa de la rassurer et d'accepter ses excuses. Par contre, d'autres élèves, comme Malefoy et ses comparses, ne voyaient pas les choses de la même façon.

Le lendemain soir, alors que Ron retournait à sa salle commune pour terminer son devoir d'histoire pendant qu'Harry et Hermione finissaient de manger, il aperçu un rassemblement d'une demi-douzaine d'élèves, riant à s'en décrocher la mâchoire. Voyant qu'il s'agissait d'étudiants de Serpentard, il s'avança prudemment afin de voir de quoi ils se moquaient tant, ayant tout de même une petite idée en tête. Il ne fut donc pas surpris (mais néanmoins très choqué) d'apercevoir Lily debout devant eux, prise dans un coin du couloir, ses livres de classe éparpillés un peu partout au tour d'elle et des serpentards. Elle essayait vainement d'attraper ses livres, que Malefoy prenait un malin plaisir à repousser à chaque fois d'un léger coup de pied. Ron s'avança, et lorsque le livre en question heurta l'un de ses pieds après s'être fait encore une fois poussé, il toussota. Tout le monde tourna la tête vers lui.

- Encore une fameuse démonstration de la gentillesse et de l'amabilité donc toi seul en a le secret, hein, Drago, lui lança Ron avec ironie.
- Évite de te mêler de mes affaires, Weasley, et tout se passera bien, répliqua Malefoy avec un sourire doucereux.

- Je ne sais pas si tu l'as remarqué mais de un, tes menaces ne font d'effets sur personne, et de deux, tu te trouves juste à côté du bureau de McGonagall… je me doutais bien que tu manquais de jugement, mais à ce point-là, ça en devient désolant!

Malefoy allait sortir sa baguette lorsque McGonagall sortit de son bureau, l'air très affairée. Elle avisa cependant ce qui se passait dans le couloir et s'approcha d'eux.

- Qu'est-ce qui se passe ici?
- Eh bien voyez-vous, madame, Weasley ici présent n'arrêtait pas d'embêter cette pauvre Lily, et comme il ne voulait pas partir, je me suis dit que de sortir ma baguette pourrait le convaincre… je voulais simplement aider la nouvelle!

Ron et Lily le regardèrent, effarés, mais avant qu'ils n'aient pu prononcer un seul mot, le professeur McGonagall dit d'un ton sec :

- Écoutez, Malefoy, vous venez importuner les élèves juste à côté de mon bureau, et vous espérez passer inaperçu et mettre la faute sur le dos d'un autre élève? Vous auriez pu faire preuve de plus de jugement, j'ai absolument tout entendu. Une semaine de retenue pour avoir ennuyé une élève qui ne vous avait rien fait, et une autre pour m'avoir menti!
- Mais… mais ma… mais madame, bafouilla Malefoy.
- Si vous protestez, je retire 50 points à Serpentard! Maintenant, suivez-moi. Je crois qu'il serait bien d'aviser le professeur Rogue de votre mauvaise conduite.

En se retournant, Ron reçu un sourire très discret de la part de McGonagall, et un regard particulièrement furieux de celle de Drago. Lorsque les élèves s'en furent allés, Ron ramassa les livres de Lily qui traînaient toujours par terre et les lui tendit, un peu gêné.

- Merci beaucoup...
- Oh, ce n'est rien… Malefoy est un imbécile de première classe, lui répondit-il en souriant.
- Tu es le garçon qui est venu dans mon compartiment lorsque nous avons pris le train, n'est-ce pas?

Il fit semblant de chercher un peu, ne voulant pas lui montrer qu'il se rappelait parfaitement de chacun des détails de leur… « première rencontre ».

- Oh… oui c'était moi, je crois! Je m'appelle Ron!

- Tu es vraiment très beau, Ron.

Ce dernier la regarda, estomaqué, puis se mit à rougir des orteils jusqu'au bout du nez. Il baissa la tête et fixa le plancher, n'étant même pas capable d'imaginer une seule seconde lui dire qu'il la trouvait belle à son tour. Il avait aussi de la difficulté à croire qu'on pouvait être aussi directe sans en ressentir la moindre gêne. Peut-être que c'était certains effets de sa maladie...

- Humpf… jeuh… mmeuh…, commença-t-il, mais Lily l'interrompit.
- Excuse-moi, je dois y aller, j'ai un tas de devoirs à faire! Au plaisir de te reparler!

Il releva la tête et vit qu'elle avait un grand sourire au visage. Il se sentit un peu plus à l'aise et lui répondit :

- Aaahhh baah moui aoussieuh…

Bon, « un peu plus à l'aise » était peut-être exagéré… il la regarda partir de son petit pas léger, ses longs cheveux virevoltants, et se dirigea ensuite vers le portrait de la Grosse Dame, où il lui murmura le mot de passe.

- Mon dieu, est-ce que ça va? On dirait que tu as vu un fantôme, lui demanda la Grosse Dame, un peu inquiète.
- Merci, c'est flatteur, répondit d'un ton irrité Nick Quasi-Sans-Tête, qui passait par-là au même moment.
- Oh, ce n'est qu'une expression, voyons…, protesta la Grosse Dame. Alors, tu es sûr que ça va, dit-elle en reportant son attention sur Ron.
- Oui, oui, euh… tout va bien…, grommela-t-il vaguement.

Elle le regarda un instant avant de pivoter, et il entra, se cognant la tête contre le haut du cadre. La lumière chaleureuse de la salle commune l'accueillit, et il fut content de voir qu'il n'y avait presque personne susceptible de le déranger. Il s'installa et essaya de commencer ses devoirs, mais au bout de 10 minutes, il n'arrivait toujours pas à se concentrer, et il décida d'abandonner du moins pour le moment. Il se laissa aller la tête contre le dossier et regarda au dehors. Il commençait à pleuvoir, et il trouvait le bruit des gouttes contre la vitre particulièrement apaisant. Il allait s'endormir lorsque quelque chose alla frapper la fenêtre de plein fouet. Il se releva d'un bond et s'approcha prudemment. Une ombre flottait devant lui, et il dut essuyer la buée contre la vitre pour s'apercevoir qu'il s'agissait d'un hibou, une lettre accrochée à la patte. Il ouvrit la fenêtre et lorsque l'oiseau s'engouffra dans la pièce, arrosant au passage les livres éparpillés sur la table, Ron remarqua qu'il avait l'air très vieux et assez mal-en-point. Ron s'empressa de lui prendre la lettre, n'attendant pas qu'il se soit posé, tout en se demandant qui pouvait bien lui écrire. Il eut un instant le bref espoir que ce fut de la part de Lily, puis se dit que ça ne se pouvait pas. Pourquoi lui écrirait-elle, ils ne s'étaient parlé qu'une seule fois… il se sentit un peu déçu… elle était si jolie lorsqu'elle lui avait sourit… et elle le trouvait beau. Très beau. Perdu dans ses pensées, il n'avait pas remarqué que le hibou lui mordait les doigts et essayait de lui prendre la lettre. Le volatile poussa un hululement puissant et un élève, assis à une autre table, accourût.

- Qu'est-ce que tu fais là? C'est MON hibou, c'est MA lettre, je te prierais de me la donner, s'il te plait!

Ron sursauta et, réalisant l'erreur qu'il avait commise, la lui tendit en rougissant. Il se sentit stupide d'avoir pensé aussitôt que cela pouvait être pour lui et il décida de se rasseoir pour terminer son devoir, lorsque Harry et Hermione entrèrent dans la salle commune et vinrent le rejoindre.

- Tu n'as pas encore commencé, s'étonna Hermione, qui parut à la fois choquée mais prise d'une légère pitié. Bon, allez…, dit-elle dans un soupir exaspéré. Donne-moi tout ça, je vais le faire pour toi…
- Merci Hermione, tu me sauves la vie!... Encore une fois... !

Il lui sourit et reposa sa tête sur le dossier du fauteuil. Ils bavardèrent encore pendant un long moment et finirent par tous aller se coucher. Ron avait hâte de s'endormir, hâte au lendemain, hâte de croiser une certaine personne… il fit un rêve plutôt étrange, mais néanmoins très amusant, cette nuit là… il était assis sur un nuage avec une Lily qui avait les cheveux si longs qu'on en voyait à peine le bout, et tous 2 regardaient Malefoy, dans le couloir, ramasser des milliers de livres en hurlant et répétant à tue-tête « Ron est beau! Ron est très beau! Ron est beau, beau, beau! ».