Les jours reprirent rapidement leur cours normal. Bien que Harry se retrouve souvent pris à jongler entre ses leçons et ses entraînements de Quidditch, il trouvait encore du temps pour se reposer.
Ce jour-là, il s'installa devant la Salle Commune de Serpentard. C'était un samedi. La plupart des élèves étaient à Pré au Lard mais il ne se sentait pas d'humeur à y aller. Il soupira, le regard fixé les flammes. Il refusait de l'admettre mais il se sentait seul et pas à sa place. Oui, il avait des amis, mais c'était…différent. Draco était fils de Mangemort. Il ne savait pas vraiment de quel côté le jeune blond était dans cette guerre et ne pouvait donc pas lui faire entièrement confiance. Ron manquait tellement de…tact qu'il était impossible de pouvoir lui parler de quelque chose d'important. Quant à Hermione et Eliza, c'étaient des filles… qui avaient donc leurs propres problèmes. Elles ne pourraient comprendre ce qu'il ressentait.
Il eut un nouveau soupir maussade. C'était dans ces moments-là que Sirius lui manquait le plus. Il s'était toujours senti réconforté après avoir parlé ou écrit à Sirius les années précédentes, mais maintenant, Sirius était mort…Il avait l'impression qu'il ne pouvait parler librement à personne. Sirius était parti, Remus ne le connaissait que sous le nom de Sebastien Frostpine. La seule personne à laquelle il pensait pouvoir avoir confiance se révélait être, à sa grande surprise, Severus. Mais Severus n'appréciait que Sebastien, pas Harry Potter. Dès que le Maître de Potions découvrirait sa véritable identité, il serait de nouveau traité comme un paria en Potions. Cette pensée lui amena les larmes aux yeux. Il n'était pas sûr de pouvoir supporter de nouveau un tel traitement maintenant qu'il avait acquis l'amitié de Severus.
Il se leva, secouant la tête pour s'éclaircir les idées. Il décida de s'exercer à sa musique comme Rowena le lui avait conseillé. Il n'avait pas vraiment eu le temps de le faire jusqu'alors.
Il ne se sentait pas d'humeur à jouer du violon par contre. Le seul autre instrument dont il savait jouer était le piano. Cela devrait pouvoir suffire.
Il se dirigea donc vers le septième étage, grimpant plusieurs volées d'escaliers. Il arriva à une tapisserie devant laquelle il tourna plusieurs fois en se concentrant sur ce qu'il voulait.
Soudain, une porte apparut sur le mur auparavant vierge. S'avançant, il tourna la poignée de celle-ci.
Il eut le souffle coupé. A l'intérieur, se trouvait une pièce magnifique meublée de chaises en acajou. Et sur un des côtés, se trouvait, un grand piano noir. Le siège de chêne était peint en noir. Il ferma la porte et s'assit sur celui-ci.
Il posa les doigts lentement sur le piano, effleurant les touches noires et blanches pour se familiariser avec l'instrument. Il respira lentement. Ses doigts touchèrent le G#. Lentement, il commença à jouer ;
Il choisit la Sonate au Clair de Lune de Beethoven. Il savait qu'elle avait été écrite par un compositeur moldu, mais c'était sa préférée entre toutes. Il sourit en jouant, la musique coulant sous ses doigts. Il se pencha en avant, absorbé, perdu dans sa musique mettant tout son cœur dans sa mélodie, ses joies, ses tristesses, son courage et ses faiblesses. Son esprit s'envola avec la musique, ses doigts n'avaient de cesse de courir sur le piano. Le son de l'instrument était d'un riche baryton qui emportait la musique de manière incroyable.
L'air s'emplit de mélancolie, tout comme il se sentait lui-même. Une larme s'échappa de ses yeux et coula sur sa joue. La mélodie revint au thème principal et résonna d'un son dramatique. Il soupira en arrêtant le morceau doucement sur un C#. Il était sur le point de se lever lorsqu'il entendit une voix.
« Sebastien ? »
qpqpqpqp
Severus déambulait le long des couloirs à la recherche d'élèves fauteurs de trouble lorsque ses oreilles perçurent le son d'un piano. La mélodie était âpre, élégante mais sinistre. Il lui semblait l'avoir déjà entendu plusieurs fois auparavant. Etrange. Qui pouvait bien jouer du piano un samedi où les élèves étaient censés être à Pré-Au-Lard ? Il décida d'en savoir plus.
Le son continu l'entraîna vers une petite porte située au sommet du septième étage. La musique devint plus forte à mesure qu'il s'approchait, résonnant d'un accord parfait. Il eut un soupir de contentement en s'appuyant sur la porte pour écouter. La balade était pleine d'émotions et il était évident que quelque soit la personne qui jouait de cet instrument, elle avait visiblement jeté son âme dans ce morceau. Son cœur se brisa pour la personne qui jouait de façon si belle et mélancolique à la fois.
Il se perdit dans la pièce en entendant les trois notes se répéter encore et encore d'une manière toujours légèrement différente à chaque fois.
Finalement, le bruit d'un élève criant deux étages plus bas le tira de sa rêverie. Pourtant, la musique, elle, ne s'arrêta pas. Il marcha doucement vers la porte et l'ouvrit précautionneusement.
Il eut un petit bruit de surprise quand il vit le musicien. Impossible de manque les longs cheveux noirs. Sebastien. De là où il était debout, l'homme pouvait clairement voir le profil de l'enfant.
Ce dernier ne sembla pas le remarquer. Une larme s'échappa de ces yeux si expressifs alors que la musique devenait de plus en plus sombre. Finalement la mélodie prit fin, laissant la dernière note résonner dans la pièce.
Sebastien resta là, sans bouger. Severus décida qu'il était temps de dire quelque chose. « Sebastien ? »
Le garçon se retourna immédiatement. Severus fut surpris lorsqu'il put voir les yeux bleus de glace distinctement. Au lieu de leur habituelle indifférence et apathie, il fut submergé par toute la gamme d'émotions qu'il vit. Surprise, peur, tristesse, colère… tout ça et même plus. Les émotions arrivaient si rapidement qu'il n'arrivait pas à les distinguer correctement.
« Severus. », dit Sebastien avec une voix légèrement cassée. « Qu'est-ce que tu fais ici ? »
« Je marchais le long des couloirs lorsque j'ai entendu ta musique. Est-ce que tout va bien ? »
Le garçon hocha la tête. Cela fut loin de satisfaire Severus.
« Sebastien, je sais que quelque chose te dérange. Qu'est-ce qui ne va pas ? », demanda le Maître de Potions en prenant garde de parler d'une voix douce mais ferme.
Ces mots semblèrent être de trop pour l'enfant. Sebastien éclata en sanglots, le corps tremblant, et le visage ruisselant de larmes.
Severus hésita un peu avant de s'avancer et de prendre l'enfant fermement dans ses bras. Il essaya de le consoler en caressant le dos de l'enfant
Après quelques minutes, Sebastien se détendit et se détacha des bras de son professeur. « Désolé », marmonna-t-il.
« Ce n'est rien, Sebastien », répondit Severus d'une voix tranquille. Il sourit. « Je ne savais pas que tu pouvais jouer du piano. »
« J'ai appris il y a quelques années. », répondit Sebastien.
« Tu veux bien me jouer quelque chose ? »
Sebastien acquiesça avec un sourire. Puis, il s'assit et commença à jouer.
Une seconde plus tard, une autre mélodie résonnait dans la pièce. Severus soupira en écoutant le morceau sombre et mélancolique. Le garçon devait être doué pour pouvoir jouer comme ça en seulement quelques années. Il fut submergé par la soudaine passion qu'il entendit dans la musique. Il y avait une force derrière le jeu de Sebastien que la plupart des pianistes ne possédaient pas. Le feu brûlant qu'il vit derrière ces orbes bleues s'imprima sur son âme même.
Le morceau s'arrêta rapidement. « Merci d'avoir joué, Sebastien », dit le Maître de Potions avec sincérité.
Le garçon s'autorisa un léger sourire à ces mots. « De rien, Severus. »
