Note : Comme a dit Saschka, préparez les mouchoirs. Non quand même pas, j'exagère.

Disclaimer : Stargate Atlantis et les personnages sont la propriété des créateurs de la série.


- 4 -

Carson croisa Caldwell dans les couloirs. La réunion n'avait pas duré longtemps. Il réfréna une furieuse envie de le retenir par la manche et de montrer comment les écossais se vengent. Mais il avait plus important à faire. Il entra à l'infirmerie et se dirigea vers la petite pièce aménagée pour Rodney. Il lui fallait du calme et surtout ne pas le laisser seul car dans quelques heures le Daedalus s'envolera pour la Terre. Carson s'arrêta à l'entrée et vit Radek assis à un bureau et traduisant des textes anciens sur son portable. Rodney était allongé, immobile, les yeux fixant un point imaginaire. Cela faisait du mal au médecin de voir son ami comme ça. Carson avait toujours ressentit les douleurs des autres, leurs peines, leurs joies, c'est pour cela qu'il essayait de les rendre heureux. Sa mère lui avait dit que beaucoup de membres de sa famille avaient ce don, l'empathie.

Il entra et tapa sur l'épaule du tchèque.

- Vous pouvez nous laisser seul ?

- Bien sûr, appelez moi si vous avez besoin de moi.

Radek quitta la salle, Carson prit une chaise et s'assit devant Rodney.

- Rodney ? Je viens juste de voir John. A l'évocation du prénom, Carson crut voir un léger froncement de sourcil sur cette statue de cire. Il vous a écrit cette lettre.

Cette fois-ci la statue bougea. Rodney prit la lettre et s'assit sur le rebord du lit.

- Je vous laisse seul, je suis à côté si vous avez besoin de moi. Ca va aller ?

Rodney acquiesça. Une fois le médecin dehors, Rodney ouvra la lettre.

« Cher ami. Mon ami. Rodney. Mon Rodney.

Je commence très mal cette lettre, je ne sais pas comment t'appeler. J'ai toujours été nul pour écrire des lettres d'adieux. Rectification, ce ne sont pas des adieux, rien que des au-revoirs. Je te le promets. Je ne veux pas te donner de faux espoirs, car je ne reviendrai sûrement jamais sur Atlantis, mais je sais que tu reviendras sur Terre. Et sache que lorsque tu sonneras à ma porte, je te ferai le plus beau des sourires, et je te prendrai dans mes bras. Nous serons à nouveau réunis. Pas longtemps, car tu devras retourner à sur Atlantis. Tu es né pour faire revivre la belle citée perdue. C'est ta destinée. Alors, je t'en supplie, ne fais pas de bêtises, tu dois continuer même sans moi. Il vaut mieux me perdre de cette façon, je repars en vie et non dans un cercueil. Ce sera plus façile pour toi comme ça, tu auras toujours l'espoir de me revoir.

J'espère que tu ne seras pas importuné par des idiots (je pense surtout à certains militaires et autres scientifiques comme Kavanaugh). Je ne sais pas quelles ont été les réactions de nos amis, mais j'ai foi en leur tolérance. Si tu savais comme je m'en veux de te faire souffrir. Pardonnes moi. J'ai tant de choses à t'écrire, mais j'ai peur de tomber dans le mélo-dramatique.

Même si nous n'avons pas eu beaucoup d'intimités, nous avons passé presque une année entière ensembles. Bien sûr, il y a eu nos disputes, nos jalousies, nos fautes avec d'autres femmes, toi avec Katie Brown, moi avec Teer. Mais finalement, nous nous sommes toujours retrouvés. Je ne sais pas quelles preuves à Caldwell car nous avons fait attention. Tellement attention que dans cette lettre, c'est la toute première fois que je te tutoie. Je ne regrette pas que ma carrière prenne fin aujourd'hui. Le bonheur que nous avons connu en vaut la peine.

Je sais, non, j'espère qu'on se retrouvera, que tes sentiments pour moi ne changeront pas (c'est ma plus grande peur). En attendant, à chaque fois que tu fermeras les yeux tu pourras me voir. Une dernière chose, je voulais tout simplement te dire : n'oublie pas que je t'aime (1). Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime.

John. »

Rodney, la main tremblante et les yeux embués de larmes, déposa la lettre sur le lit. Il essaya de calmer sa respiration, l'air se faisait rare dans ses poumons. Il avait envie d'hurler, de taper sur quelqu'un ou quelque chose. La vie lui semblait tellement injuste. Pourquoi John ? Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Il descendit du lit et se déplaça dans la pièce, réfléchissant à ce qu'il pouvait faire, murmurant, ses mains toujours en mouvement. Soudain, il trouva le petit bureau trop gênant et il le renversa violemment. Puis ce fut ces murs gris, trop gris. Il donna des coups de poing sur les murs, et ils prirent une autre couleur, rouge. Il hurlait, pas des mots non, il criait comme un animal.

Beckett, alerté par les cris, entra en trombe dans la pièce, et ce qu'il vit le paralysa. Rodney, les mains en sang, continuait de frapper les murs. Carson l'entoura de ses bras et l'obligea à se coucher par terre.

- Que quelqu'un vienne m'aider ! Du calme Rodney, je suis là. Un infirmier resta dans l'embrasure de la porte sans bouger. Apportez moi un calmant, vite !

- Non, répondit l'infirmier.

Supris par la réponse, Carson releva la tête.

- Quoi ?

- Je ne bougerai pas pour cette ... pédale. Il n'a qu'a repartir avec son petit ami.

S'il n'était pas en train de retenir Rodney, Carson se serait levé et aurait massacré cet abruti.

- Quel est votre nom ? hurla Carson. Mais l'infirmier croisa ses bras sur son torse. Des infirmières arrivèrent avec un calmant. Quel est votre nom ?

- Mickaël Johanson.

- Attendez moi dans mon bureau. C'est un ordre.

Le jeune homme recula et manqua tomber quand une infirmière, qui avait assisté à toute la scène, lui fit un croche pied.

- Oups ! Désolée Johanson, je ne vous avais pas vu.

Après la piqûre, Rodney fut réinstallé sur le lit, et ses mains furent bandées. Elisabeth, prévenue par radio, arriva à ce moment là. Elle chercha Beckett des yeux, puis elle l'entendit hurler. Il était dans son bureau et incendiait quelqu'un. Note pour plus tard, se dit Elisabeth, ne jamais mettre en colère Beckett. Elle le vit sortir de son bureau, un jeune homme sur ses talons.

- Prenez vos affaires et quittez Atlantis immédiatement ! Vous êtes renvoyé !

- Avec plaisir, je ne resterai pas une minute de plus dans ce bordel pour pédés.

Elisabeth fut choquée par les propos du jeune homme. Elle allait dire quelque chose à Carson quand celui ci lui fit signe de se taire. Il se mit au milieu de la pièce.

- Votre attention s'il vous plaît. Ces mots homophobes que je viens d'entendre, je ne veux plus jamais, mais jamais les réentendre. Si quelqu'un est contre l'homosexualité, c'est son choix. Mais je vous rappelle que nous avons fait le serment de soigner les personnes sans aucune discrimination, relisez le « Serment d'Hippocrate ». Si ça vous répugne, je ne vous retient pas. Le Daedalus repart dans quelques heures. Des commentaires ? Aucune réaction. Bien, maintenant au travail. Carson tapa dans ses mains. Faites votre boulot, vous le faites bien.

Il se passa la main dans les cheveux et s'avança vers Elisabeth.

- Ca va Carson ? Vos mains tremblent.

- C'est les nerfs. J'étais à deux doigts de lui en mettre une.

- Venez, nous allons prendre l'air.

Elle lui attrapa les mains et l'emmena sur un balcon. Après cinq minutes de silence, Carson reprit la parole.

- Quelles sont les preuves contre eux ?

- Caldwell filmait la cité pour le SGC et il les a aperçu sur un balcon. Il les a filmé, et c'était ... plutôt chaud.

- Merde. Carson rougit. Pardon, je ne voulais pas jurer.

Elisabeth sourit, ce type était vraiment un ange, un homme bien élevé. Il devait être un amant formidable au lit. Ce fut au tour d'Elisabeth de rougir. Jamais elle n'avait vu le médecin autrement qu'en ami.

- Mmmm ... et comment va Rodney ?

- Je lui ai donné un léger sédatif. Mais ca ne va pas durer éternellement.

oOo

Rodney ouvrit les yeux. Teyla se trouvait à son chevet, elle lui caressait la joue. Il lui sourit.

- Merci d'être là.

- C'est normal, je suis votre amie.

- Le Daedalus est parti ?

- Il ne va pas tarder.

- Accompagnez moi jusqu'au balcon. Je veux le voir s'envoler.

- Je ne sais pas si c'est bien pour vous.

- Je veux que John me voit. Je sais qu'il sera à la fenêtre. Je veux qu'il comprenne que je ne ferai pas de bêtises. Je vais continuer mon travail içi et je vais trouver un nouveau E2PZ. Je pourrai passer la porte plus rapidement sans voyager pendant 18 jours sur un vaisseau spatial. Aidez moi Teyla.

La jeune femme réfléchit un moment puis accepta.

oOo

Elisabeth se retourna en entendant la porte s'ouvrir.

- Rodney ?

- Elisabeth, Radek, Ronon, Carson ... Je veux le voir partir.

Il s'avança jusqu'à la rambarde. Ses amis étaient tout autour de lui, le soutenant moralement. Puis les moteurs du Daedalus se mirent en route. Des mains se posèrent sur les épaules et les bras du scientifique. Ils ne faisaient plus qu'un. Six paires d'yeux suivirent le vaisseau jusqu'à ce qu'il disparaisse. Des larmes coulèrent pour certains, des gorges se serrèrent pour d'autres, mais pour Rodney ce fut le vide. Il n'était plus qu'une plante verte, incapable de penser ou de ressentir la moindre émotion. Ce qu'il avait dit à Teyla tout à l'heure était la vérité, mais maintenant, il ne se sentait pas la force de continuer. Plus facile à dire qu'à faire. Puis ce fut le déclic. La lettre de John lui revint en mémoire.

- Radek ?

- Oui Rodney ?

- Nous devons trouver une source d'énergie pour pouvoir passer la porte. Que ce soit un E2PZ ou autre chose. Même s'il faut que je l'invente moi même, nous trouverons une solution.

oOo

John se rapprocha de la fenêtre pour voir une dernière fois Atlantis. Il remarqua un petit groupe sur l'un des balcons. Il devina de suite qui étaient ces personnes. Puis Teyla et Rodney firent leur apparition. John posa sa main sur la vitre et sourit. Le vaisseau prit de l'altitude et John put voir que ses amis n'étaient pas les seuls. Presque tout les balcons étaient remplis, des militaires, des scientifiques, des athosiens. Ils étaient nombreux à lui dire adieu. Les militaires se mettaient au garde à vous et les civils remuaient les bras. Puis le vaisseau se retrouva en orbite autour de la planète. L'hyperpropulsion se mit en route.

oOo

Pendant ce temps, en salle de commandement du Daedalus.

- Colonel ? Vous avez vu le monde sur les balcons ?

Caldwell ne répondit pas. Il serra la machoire et planta ses ongles dans l'accoudoir de son fauteuil. Il allait tous les mater quand il prendra le contrôle d'Atlantis. Ce n'était qu'une question de temps.

TBC.

Ouf. Ce fut un véritable calvaire. Je vais essayer de l'updater ce soir mais mon modem déconne. ARGH ! Au juste ... Vous croyez que Rodney va laisser partir John comme ca ?

(1) Ce livre m'a marqué dans ma jeunesse. Il a été écrit par Barbara Conklin. Je crois qu'il est encore chez ma mère, je vais sûrement le récupérer pour le relire.