Chapitre 5
Un nouveau couple
« Je suis vraiment content pour vous deux, dit Rocky alors qu'ils quittaient la fête de Thierry.
-Oui, il vous en a fallu du temps pour vous dévoiler, ajouta Tum Tum. C'était toutefois très évident qu'il allait se passer quelque chose entre vous deux.
-Il fallait simplement se décider à s'avouer mutuellement nos sentiments, dit Colt.
-C'est une bonne chose que Colt ait pris l'initiative, parce que sinon, je crois que ça aurait été encore beaucoup plus long, » dit Jo en riant.
L'atmosphère était à la bonne humeur dans la camionnette. Colt était euphorique. Il avait enfin une copine, après toute cette attente et ces longues années de célibat. Avec Jo, il savait que leur relation serait harmonieuse, car il l'aimait de tout son cœur et ferait tout en son pouvoir pour la rendre heureuse.
Pour le chemin du retour, Colt avait pris place à l'arrière sur la banquette à côté de Jo, laissant le siège du passager avant à Émilie. Tum Tum et Jennifer occupaient l'autre banquette arrière. De temps à autre, Col et Jo échangeaient un baiser passionné; le genre de baiser qu'échangent les couples nouvellement formés.
Quelques minutes plus tard, Rocky immobilisa la camionnette dans l'allée chez Jo. Colt la raccompagna jusqu'au porche où ils échangèrent un baiser plein de tendresse.
« Je t'appelle demain, d'accord, dit Jo.
-D'accord. J'ai déjà hâte d'être à demain.
-Je t'aime, Colt.
-Je t'aime aussi, Jo. Bonne nuit.
-À toi aussi, » dit la jeune fille avant de déverrouiller la porte d'entrée et de refermer la porte derrière elle.
Lorsqu'il revint vers la camionnette, Colt avait le cœur léger. Il reprit sa place sur la banquette arrière, dans une sorte d'état second. Il ne s'était jamais senti aussi bien, aussi en paix avec lui-même qu'avec ce qui l'entourait. Comme le disait parfait son grand-père Mori Tanaka, on aurait dit qu'il avait atteint l'harmonie parfaite du corps et de l'esprit; que ces deux composantes de son être vivaient à présent en symbiose totale.
« Eh bien, Colt, dit Rocky en redémarrant, on dirait que l'amour fait de toi quelqu'un de complètement différent.
-Que veux-tu dire par là? demanda Colt.
-Je veux dire que tu as l'air plus détendu et sûr de toi.
-En plus, c'est super de te voir aussi heureux et bien dans ta peau, ajouta Émilie.
-Au fait, Rocky, je voulais te remercier, dit Colt. Si tu n'avais pas été là, je n'aurais sans doute pas eu le courage d'appeler Jo hier et de l'inviter.
-Je n'ai fait que te donner l'encouragement qu'il te fallait.
-En tout cas, merci de ton aide, je ne l'oublierai jamais, dit Colt, reconnaissant.
-Ne te gêne pas si à l'avenir tu as besoin de d'autres conseils.
-D'accord, je m'en souviendrai. »
Ils déposèrent ensuite Jennifer chez elle. Comme Colt l'avait fait avec Jo, Tum Tum raccompagna Jennifer à sa porte et l'embrassa sur le porche. L'adolescent revint ensuite vers la camionnette que Rocky dirigea en direction de chez lui.
Quelques minutes plus tard, il immobilisait la camionnette dans l'allée des Douglas.
« Tu sais, Rocky, tu peux venir passer la nuit chez moi si tu veux, dit Émilie.
-Que vont dire tes parents?demanda Rocky tandis qu'ils descendaient du véhicule.
-Ils n'ont rien contre. Après tout, ils vous considèrent tous les trois comme si vous faisiez partie de la famille.
-Dans ce cas, pas de problème, dit Rocky. L'un de vous deux pourrait-il dire à maman que je passerai la nuit chez Émilie? demanda-t-il à ses frères.
-Pas de problème, je lui dirai, dit Colt.
-Merci, Colt. Passez une bonne nuit tous les deux.
-Toi aussi. »
Colt et Tum Tum se hâtèrent vers chez eux alors que Rocky suivait Émilie chez elle. Colt tourna la poignée et elle s'ouvrit aussitôt. Immédiatement, son cœur se mit à cogner dans sa poitrine. Il imagina tout de suite les pires situations possibles. L'image du corps de sa mère allongée par terre dans une mare de sang apparut dans sa tête. Cesse d'imaginer de telles horreurs. Maman n'est probablement pas encore couchée, se réprimanda-t-il intérieurement.
Colt et Tum Tum entrèrent dans la maison et firent quelques pas. Ils firent irruption dans le salon où ils virent leur mère, assise sur le canapé. Les deux adolescents poussèrent un soupir de soulagement. Leur mère était saine et sauve.
« Alors, les garçons, comment était cette fête chez Thierry? demanda Madame Douglas en les voyant.
-C'était très chouette, répondit Colt. J'ai déclaré mes sentiments à Jo.
-Ah, voilà une excellente nouvelle! s'exclama Madame Douglas.
-Oui, je suis heureux de lui avoir finalement dit ce que je ressens pour elle.
-Maman, nous avons eu drôlement peur en entrant, dit Tum Tum.
-Qu'est-ce qui vous a fait si peur? demanda leur mère, intriguée.
-Eh bien, la porte n'était pas verrouillée, dit Colt. Je t'ai donc imaginée morte, gisant dans une mare de sang sur le plancher de la cuisine, ajouta-t-il en frissonnant.
-Vous avez beaucoup trop d'imagination, dit Madame Douglas en roulant les yeux. Nous ne sommes pas dans un film d'horreur.
-Heureusement, dit Tum Tum. En tout cas, nous sommes heureux que tu sois en pleine forme, maman.
-Moi aussi. Bon, je vais me coucher, » dit-elle.
Elle se leva et éteignit la télévision. Ensuite, elle se dirigea vers l'escalier menant à l'étage, suivie par ses fils. Tout à coup, elle se tourna vers eux.
«Où est Rocky? demanda-t-elle.
-Il m'a demandé de te prévenir qu'il passait la nuit chez Émilie, dit Colt.
-Ah, très bien. Voilà qui règle la question, dans ce cas. »
Ils montèrent tous à l'étage et se dirigèrent vers leurs chambres respectives.
En ce mardi 15 juillet, c'est le bruit de la pluie qui tambourinait contre la vitre qui réveilla Colt. Le jeune homme se leva et se regarda l'heure. L'horloge murale n'indiquait que 6 h 10. Il décida de se rendre à la salle de bain pour soulager sa vessie. Colt se mit alors en marche vers la salle de bain. Une fois qu'il eut soulagé son besoin urgent, il retourna se coucher sans tarder et fit un rêve à propos de Jo.
Pendant ce temps, de son côté, couchée dans son propre lit, Jo faisait également un rêve, mais dans son cas, c'était au sujet de Colt. Elle les voyait plus tard, vivant ensemble, avec deux ou trois enfants. Dans la réalité, il était encore un peut tôt pour ça, mais dans un rêve, rien n'était jamais farfelu. Tout à coup, un coup de tonnerre vint troubler la quiétude de son sommeil. Jo sursauta dans son lit, surprise par la puissance du tonnerre. Peu de temps après, un éclair illumina la chambre. La jeune autochtone se leva aussitôt de son lit et marcha vers la fenêtre. Les orages l'avaient toujours fascinée; c'était plus fort qu'elle. Elle écarta le rideau pour mieux voir. Même s'il pleuvait, elle souriait. Un orage avait toujours su la mettre d'humeur joyeuse. Orage ou pas, je verrai tout de même Colt aujourd'hui, pensa-t-elle.
Colt aussi était en train de regarder l'orage par la fenêtre de sa chambre. À l'instar de Jo, il aimait les orages depuis qu'il était enfant. Il connaissait plusieurs personnes que les orages effrayaient, mais pas lui. Tant qu'il n'avait pas à s'aventurer dehors lors d'un orage comme celui-ci, il n'avait pas peur. Cependant, il savait qu'il était extrêmement rare d'être foudroyé, même si ce n'était pas du tout impossible.
Il jeta un rapide coup d'œil à l'horloge accrochée au mur de sa chambre, au-dessus de son bureau. Ce dernier indiquait 7 h 05. L'adolescent sortit des vêtements et s'habilla avant de descendre l'escalier menant au rez-de-chaussée à pas feutrés. Parvenu en bas de l'escalier, il prit la direction de la cuisine. En y entrant, il vit sa mère, assise à la table devant une tasse de café fumant et un exemplaire du Santa Rosa Today.
« Salut, maman, dit Colt.
-Salut, Colt. Tu es bien matinal aujourd'hui.
-Oui, je n'avais plus du tout envie de dormi. Alors, j'ai décidé de descendre déjeuner.
-D'accord. »
Colt ouvrit la porte du réfrigérateur et en sortit des tranches de pain qu'il inséra aussitôt dans le grille-pain. Ensuite, il se dirigea vers la cafetière et se versa un café. Il y ajouta du lait et de la crème et alla s'asseoir à la table, face à sa mère.
« Il est 7 h 20, je vais devoir partir pour le travail, dit Madame Douglas. Passez une bonne journée et surtout, ne laisse pas Tum Tum dormir trop tard.
-D'accord, bonne journée, maman.
-Bonne journée, mon chéri. Bon, je dois filer. »
Elle ramassa son sac à main sur le comptoir en Formica et se dirigea vers le vestibule où elle saisit ses clés de voiture qui se trouvaient sur la petite table. Colt entendit ensuite la porte d'entrée se refermer derrière lui.
Le bruit des rôties sautant hors des fentes du grille-pain le ramena à la réalité. Il prit les rôties et les déposa dans une assiette. Ensuite, il les tartina avec du beurre. En allant s'asseoir à table, il constata en regardant à l'extérieur que l'orage s'était calmé. Colt commença à manger ses rôties, mais un bruit attira bientôt son attention. Il leva la tête de son assiette et vit Tum Tum qui venait d'entrer dans la cuisine, l'air encore endormi.
« Tu es matinal, aujourd'hui s'exclama Colt. Il n'est que 7 h 30.
-Je sais, mais je n'avais plus envie de dormir, répondit Tum Tum.
-Très bien. Est-ce que ça te dirait de t'entraîner avec moi après avoir déjeuné et une fois que tu seras habillé?
-D'accord. »
Les deux frères terminèrent leur déjeuner puis Tum Tum alla ensuite se changer. Quand il redescendit, il suivit Colt au salon et ils commencèrent d'abord par des exercices d'échauffement. Une fois leurs muscles suffisamment préparés, ils se mirent à faire des pompes.
Pendant ce temps, Rocky et Émilie faisaient une autre sorte d'exercice. L'adolescent était couché sur le dos dans le lit de sa copine pendant que cette dernière le chevauchait avec fougue. Émilie semblait ne jamais en avoir assez; ils avaient fait l'amour le soir précédent et le faisaient à nouveau ce matin-là.
La jeune fille ondulait du bassin au rythme que soutenait Rocky. Elle laissait échapper des gémissements pour exprimer son plaisir, qui se mêlaient aux halètements de son partenaire. Ils continuèrent ainsi plusieurs minutes, puis tous deux atteignirent l'orgasme.
L'orage avait cessé et il ne tombait à présent plus qu'une pluie fine; c'est ce que Colt constata en regardant par la fenêtre du salon alors qu'il s'entraînait sans relâche avec Tum Tum. Tout à coup, le téléphone sonna. Colt se précipita à la cuisine et décrocha à la deuxième sonnerie.
« Allô?
-Salut, c'est Jo.
-Ah, Salut! Alors, ça va?
-Pas mal et toi?
-Super! Je m'entraînais avec Tum Tum en prévision du tournoi.
-Intéressant. Je peux venir chez toi? Tu me manques.
-Bien sûr, emmène-toi.
-Super, alors à tout de suite. Je t'aime, Colt, dit-elle.
-Je t'aime aussi. »
Il raccrocha le combiné puis alla rejoindre Tum Tum au salon et ils reprirent leurs redressements assis.
« Je suis là! » cria tout à coup une voix.
Colt et Tum Tum se dirigèrent vers le vestibule et virent Rocky qui venait de rentrer.
« Ah, salut, dit Colt.
Salut, répondit Rocky. Vous êtes en train de vous entraîner?
-Oui, tu veux te joindre à nous.
-Bien sûr, c'est pour ça que je suis revenu. »
Les frères Douglas se rendirent ensuite au salon et reprirent les redressements assis. Jo arriva peu de temps après et les regarda s'entraîner. Colt profita même de l'après-midi pour lui enseigner quelques mouvements de base.
Rocky remarqua que l'amour de Jo semblait transporter son frère cadet de bonheur et il en était très heureux. Car, à son avis, Colt méritait pleinement d'être heureux et cela avec quelqu'un qui l'aimait tel qu'il était, avec ses qualités et ses défauts. Après tout, n'était-ce pas ça le véritable amour?
