X

Indiana et Lily attendirent que leur piège se referme sur eux. Comme ils l'avaient prévu, les allemands débarquèrent dans leur chambre quelques heures plus tard. Heidberg, fidèle à son habitude, les avait suivis. Ils enlevèrent Lily qui se débattit pour la forme, et le colonel eut la joie d'avoir enfin éliminé son pire ennemi, le docteur Jones. Il ne prit même pas la peine de vérifier s'il était bien mort, tout à son bonheur, et tous repartirent aussi vite qu'ils étaient venus vers le Palais de Cnossos. Indiana se releva indemne, enfila sa besace, remit son chapeau d'un geste sûr, et prit le même chemin qu'eux, quelques mètres plus en arrière. Deux gardes restèrent en faction devant l'entrée du labyrinthe. Il ne fut pas difficile à Indiana Jones de les éliminer dans la plus grande discrétion.

Il pénétra dans le Palais, dans le noir le plus complet. Il n'avait pas pris de torches pour ne pas se faire repérer, mais il connaissait maintenant les ruines comme s'il y avait vécu, à force de s'y être perdu. Au loin, des voix résonnaient. Indy avança encore, et observa la scène. Jelinek tenait en joue Elise qui avait les mains attachées derrière le dos. Elle était face à la Porte, et tout le monde attendait en retenant son souffle qu'il soit vingt deux heures et dix-sept minutes très précises. Indiana remarqua que les trois statuettes s'étaient abaissées de quelques centimètres. Certainement grâce à aux offrandes.

Le colonel Jelinek tenait dans sa main gantée une montre à gousset. Les sept Planètes s'alignèrent enfin parfaitement au dessus de la Porte. Un rayon de lumière venu d'on ne sait où toucha Lily, puis la Porte, qui s'ouvrit dans un grondement. Derrière la Porte, il y avait bien, comme l'avait présumé Indiana Jones, un taureau d'or gigantesque, entouré de sept statues géantes des dieux. Le rayon de lumière se refléta lors dans le taureau pour se diviser en sept, et éclairer les statues. Jelinek, qui n'avait plus besoin de Lily, la poussa en arrière et rentra dans la salle avec un sourire de ravissement. Les gardes le suivirent. Indiana en profita pour se faire voir de Lily, affalée sur le sol. Indy replaça autour de son cou le médaillon qui était tombé de la Porte, et lui délia les mains. Tous deux observèrent le déroulement des évènements.

Le colonel Jelinek s'approcha tout doucement de la statue, son revolver à la main. Indiana se déplaça instinctivement derrière Lily et lui tint le bras fermement. Le colonel s'approcha encore et tendit son autre main pour effleurer le taureau d'or avec un sourire de ravissement intense sur le visage. A l'instant même où son doigt sec toucha la statue gigantesque, un grondement intense s'en dégagea. Le colonel recula brusquement, mais le grondement s'amplifia. On aurait dit qu'il venait de l'intérieur de la terre et qu'il se rapprochait à une vitesse phénoménale. Soudain la statue d'or se trouva projetée violemment dans les airs par un jet de lave en fusion d'un diamètre incommensurable. Voyant cela, Indy tira Lily avec force :

Cours ! Lily cours !

La jeune fille eut juste le temps de voir le colonel Jelinek se faire engloutir par une masse visqueuse et d'un orange intense. Indiana la tira par la main et ils coururent aussi vite qu'ils le purent. Les soldats qui n'avaient pas été paralysés par la peur les suivaient de peu. La lave en fusion se déroulait dans les couloirs à une vitesse vertigineuse, engloutissant tout sur leur passage. L'un après l'autre, les soldats allemands disparurent sous les vagues rouges en poussant des hurlements. Indiana et Lily couraient toujours plus vite, mais la lave se rapprochait encore. La chaleur était étouffante, Lily suffoquait, Indy suait à grosses gouttes. La sortie du palais n'était plus qu'à quelques mètres. L'air frais leur arriva au visage. Mais la vague les touchait presque. Lily stoppa net.

Qu'est-ce qu'il te prend ? Cours, on y est presque ! Hurla Indy en la tirant de toutes ses forces. D'une voix étrangement très calme, la jeune fille lui répondit :

On ne craint rien. Et elle le prit dans ses bras. Au moment même où la vague les submergea, son médaillon émit un rayon de lumière aveuglant, qui les entoura tous deux comme d'un écran protecteur. Indy avait fermé les yeux de toutes ses forces. De longues secondes plus tard, il les rouvrit l'un après l'autre :

On est morts?

Non. Le disque nous a protégés. Indiana regarda autour de lui, et détacha ses bras de la taille de Lily. La lave s'était figée autour d'eux, c'était comme s'ils s'étaient trouvés dans un gouffre d'une parfaite sphéricité.

Efficace, ton truc.

Indiana tâta la pierre, et voyant qu'elle n'était pas chaude, grimpa d'un bond leste en haut du gouffre. Il se pencha pour prendre la main de Lily et l'attirer à lui. Le spectacle qui se déroulait autour d'eux était impressionnant : il n'y avait, à l'endroit où se trouvait le palais auparavant, plus qu'une montagne de pierre noire. Tout avait disparu, le paysage était lugubre, lunaire.

Je crois qu'il va falloir recommencer toutes les fouilles. Ça va durer encore longtemps, conclut Indy dans un rire. Il prit Lily par la taille, et la reconduisit vers la jeep.

II