Note : Dernier POV. Vous avez bien deviné, c'est Sheppard. Comme il m'a énervé lors des deux derniers épisodes de la saison 2, il va s'en prendre plein la tête (et c'est pas rien de le dire). La chute du héros.

- Récit de John -

Otho s'effondre sur le sol, mort. Je suis heureux, j'ai a accompli ma tâche et je vais pouvoir rentrer en héros. Je suis vraiment le plus fort, je vois Mara, ma petite princesse, elle me regarde avec les yeux brillants. Ce soir, peut être encore une nuit d'amour avant de rentrer sur Atlantis.

Un jeune homme rentre en trombe dans la grande salle et s'écroule devant nous. Qui vient me déranger ? C'est mon heure de gloire. Carson se penche vers l'importun, il est recouvert de poussière et tousse.

- Baldric ? dit Carson.

Tiens ? Il le connaît ?

- Vous êtes ... le Docteur Beckett, c'est ça ?

- Oui, qu'est ce qui s'est passé ?

- Une partie ... du plafond est ... tombée ... sur nous. Le Docteur ... McKay ... m'a sauvé ... la vie ... en me ... poussant dehors.

Merde, McKay, je l'ai complètement oublié.

- Où est le Docteur McKay ? demande Carson.

- Je suis ... désolé.

Carson lève la tête et me regarde. Je sens un frisson courir le long de ma colonne vertébrale. Dans quel merdier s'est foutu cet idiot de scientifique. Je vais devoir encore le sauver. Je pars en courant vers les niveaux inférieurs de la cité. Carson me suit.

Quand nous sommes devant la salle de contrôle, la poussière nous empêche de distinguer la moindre forme. J'ai un mauvais pressentiment. J'allume mon détecteur de signes vitaux, mais je ne vois que deux points sur l'écran. Nous.

- Merde ! Rodney !

J'hurle, je l'appelle mais je sais que ca ne sert à rien, si Rodney n'apparaît pas sur l'écran, c'est que son coeur s'est arrêté. Il faut faire vite, Carson va pouvoir le réanimer.

- Il est là ! hurle Carson.

Nous soulevons les pierres ... Carson ferme les yeux et pousse un long soupir.

- Carson ! Faites quelque chose.

- Il n'y a plus rien à faire Colonel.

Mais qu'est ce qu'il raconte ? Il est médecin, c'est son rôle de nous ramener à la vie.

- Non, j'ai déjà vu des miracles, des gens sont revenu à eux après un massage cardiaque ...

- John ...

- Même si leur coeur s'est arrêté pendant plus de trente minutes ...

- John ...

- Ca fait à peine quinze minutes ...

- C'est foutu, il est mort.

Je déteste ce mot.

- Ne dites pas ça ! Il n'est pas mort. Faites lui un massage cardiaque !

Beckett m'attrape par la nuque et m'oblige à regarder Rodney.

- Ca ne sert à rien que je fasse repartir son coeur. Vous voyez ça sur le sol ? C'est ce qu'on appelle en médecine la matière grise. Dans un terme plus simple c'est sa cervelle. Cette dalle lui a fracassé le crâne. Il est cérébralement mort !

Le temps s'arrête. Je regarde cette «matière grise». Alors c'est ça la cervelle d'un génie ? Quelques morceaux sont éparpillés sur le sol, je clignote des yeux plusieurs fois, je n'arrive pas à y croire. Il ne peut pas être mort. Impossible, c'est le plus grand génie, il est immortel, Atlantis a besoin de lui, j'ai besoin de lui. Carson me relâche, je me retourne pour vomir. Je pousse ensuite un hurlement de rage.

- C'est de votre faute, murmure Carson.

Je me retourne vers lui.

- Quoi ?

- C'est de votre faute s'il est mort. Il vous avait prévenu que la structure était instable et qu'elle risquait de s'écrouler.

- Mais Otho avait envoyé des drônes sur le village ... il n'y avait pas d'autres moyens pour l'arrêter. Teyla et Ronon étaient en danger.

- Je suis sûr que si Rodney avait eu une minute de plus, il aurait trouvé une solution. Il marchait au stress. Mais non. Vous vous êtes toujours servi de lui, vous l'avez utilisé.

C'est à ce moment là que Teyla nous appelle. Carson appuie sur sa radio et répond à son appel.

- Teyla, içi Carson.

- Nous avons vu les drônes se déconnecter. Qu'est-ce qui c'est passé ?

- C'est une longue histoire. Teyla, je voudrai que vous retourniez au Jumper et que vous contactiez Atlantis. Dites à Elisabeth que j'ai besoin de personnel médical pour un code 10.32.

- 10.32 ? C'est quoi ce code ? Quelqu'un est blessé ? Est-ce que Sheppard va bien ?

Carson me fusille du regard, même Teyla oublie McKay.

- Sheppard va bien.

- Alors pourquoi demandez vous de l'aide ?

- Ce n'est pas de l'aide que je demande. Le code c'est pour désigner l'évacuation d'un corps, d'un mort.

- Mais qui est mort ?

Je ferme les yeux, j'ai honte, Carson a raison, nous avons tous utilisé McKay.

- Teyla ! Qui sont les membres de votre équipe ?

- Quoi ? Sheppard, Ronon, moi et ... oh non ! Le Docteur Mc...

- Oui. Silence à l'autre bout. Je veux que vous partiez immédiatement pour le Jumper.

- D'accord, dit une toute petite voix.

Il coupe sa radio, se relève, et se dirige au fond de la salle, et là il vomit. Ensuite, il revient vers Rodney.

- Vous me dégoûtez tous ! Ah ! La grande équipe SGA1 ! Tu parles !

Il saisit l'arme de Rodney, la fait tourner dans ses mains, enlève le chargeur et vérifie qu'il y a des balles à l'intérieur. Il remet le chargeur en place et me vise, le doigt sur la gâchette. J'ai peur.

- Carson ...

- Quoi ? Vous avez peur Colonel ? Vous le militaire sans peur, sans reproche et surtout sans coeur.

Est ce que j'ai l'air d'un monstre ? Je suis humain.

- Vous croyez que je ne souffre pas ? C'était mon ami ...

- Ne dites pas ça ! Vous n'étiez pas un ami pour Rodney. Teyla arrive à ce moment là. Que faites vous là ? Et les renforts ?

- Ronon s'en occupe. Je voulais voir ... je n'arrive pas à y croire ... Elle se retourne vers Carson. Carson, baissez cette arme.

- Ne vous inquiétez pas, je ne vais tuer personne. Même si j'en ai bien envie. Quand je pense à ce que Rodney m'a dit avant de partir pour cette planète ...

Il lâche l'arme et met sa tête dans ses mains.

- Finalement, il était dans votre équipe sans y être accepté. Vous vous rendez compte Teyla que vous n'avez pas pensé une seule seconde à Rodney ? Je la vois baisser la tête, aussi honteuse que moi. Quand je vous ai parlé d'un mort, vous avez pensé à John. Vous êtes comme le Colonel. J'aurai dû m'en douter. Quand vous vous êtes échappé du vaisseau Wraith avant qu'il n'explose, vous avez atterri sur une planète et vous êtes directement rentré à la base, sans penser à aller chercher Rodney. Il a mis sa vie en danger pour pouvoir nous prévenir, il a frôlé la mort. Et vous, pas un remerciement, rien. C'était normal !

S'il savait ... je savais que Rodney était rentré sur Atlantis. Comment le Daedalus aurait pu nous retrouver si Rodney ne leur avait pas dit l'endroit exact de la prochaine moisson ? J'ai quand même risqué ma vie pour le repêcher au fond de l'eau.

- Je suis allé le chercher au fond de l'océan !

- Ah ! La belle affaire ! Vous vouliez surtout avoir l'occasion de tester un Jumper en mode sous-marin. Finalement, c'est bien que Rodney soit mort. Il ne saura jamais qu'il se trompait totalement sur vous.

Il nous rapporte la dernière conversation qu'il avait eu avec lui. Après ça, j'ai envie de mourir. Même les derniers mots que je lui ai dit, j'ai l'ai engueulé.

oOo

Les minutes passent, le silence est pesant. Je sens de plus en plus l'odeur du sang, celui de McKay. C'est un cauchemar, je vais me réveiller. Des bruits de pas, c'est l'équipe médicale, dans un silence religieux, ils déposent un sac mortuaire à côté de son corps, replient les mains sur son torse, et le transfèrent dans le sac. Le Docteur Biro s'accroupit, lui caresse la joue, et remonte la fermeture Eclair. Le bruit que fait la fermeture Eclair remplit toute la pièce, toute ma tête. J'ai mal au crâne. Le Docteur Biro aide Beckett à se relever, Teyla est aidée par Ronon et moi je suis seul. J'aimerai rester là et m'éteindre. Lorne est devant moi, il me tend la main et m'aide à me relever. C'est tellement bizarre, personne ne parle. Le voyage vers le Jumper se fait aussi en silence, j'entends par moment Teyla renifler.

Je me retrouve dans le Jumper, je suis Lorne de près. Heureusement, qu'il est là, je ne sais pas si j'aurai retrouvé mon chemin, j'ai l'esprit tellement vide. Lorne passe la porte, dans une minute ce sera mon tour, il faudra que j'affronte le regard des autres. J'arrive sur Atlantis, je regarde droit devant moi, je sais qu'il y a Elisabeth. Je veux éviter son regard mais c'est plus fort que moi, je la vois, mais je baisse les yeux rapidement, c'est trop dur. Au moment où le Jumper s'élève, j'aperçois Radek en bas de l'escalier. Il a sûrement compris qu'il vient de devenir le chef scientifique de la cité, une lourde responsabilité pour lui. Mais le pire de tout, il vient de perdre un confrère, un ami. Tout ça par ma faute.

Je gare le Jumper et j'ouvre la porte arrière, je n'ose pas regarder le compartiment arrière, voir à nouveau ce sac noir, où est couché Rodney. J'entends les bruits des roues du brancard, le sac qu'on soulève et qu'on dépose, Teyla et Ronon, quittent ensemble le Jumper, ils suivent le brancard. Je reste à nouveau seul. Dehors, j'entends Carson et Elisabeth parler. Elle veut savoir ce qu'il s'est passé. Ce qui s'est passé ? Je l'ai tué. J'en suis certain maintenant.

Je me retourne, je vois l'arme de Rodney à terre. Je la ramasse, la culpabilité me ronge. Un seul coup et tout est fini, j'irai le rejoindre. Où est il ? Lui seul le sait. C'est le grand privilège des morts, ils connaissent la vérité sur l'au delà. Eux et les anciens. Bon sang, l'ascension. Pourquoi ne s'est il pas élevé ?

- Nous lui avons proposé l'ascension.

Je regarde l'ancienne assise côté co-pilote. C'est la même, celle de l'hologramme.

- Alors il va bien ? Il s'est élevé ?

- Il a refusé.

- Qu ... quoi ?

Je n'arrive pas à y croire. Le grand Rodney McKay laisse filer son génie ?

- Il n'avait pas envie de rester, il a été révolté par vos actes, toute sa vie il a été rejeté par les siens, il pensait avoir trouvé des amis sur Atlantis.

Les larmes coulent le long de mes joues.

- C'était un ami pour moi.

- Vous mentez. N'oubliez pas que l'ascension nous permet de ressentir les vraies émotions des gens. Vous pleurez, c'est sûr, mais c'est parce que vous vous sentez coupable. Ce n'est pas l'homme qui vous manquera, c'est son génie. Il y a un soupçon d'amitié, mais insuffisant pour vous déclarer être son ami. Le Docteur Beckett était son ami, le seul.

- Pourquoi me dire tout ça ?

- Le conseil des anciens a voulu vous remettre sur le droit chemin. Vous êtes l'un de nos descendant, vous devez être plus humain, et cessez de vous servir des autres.

- Donc la mort de Rodney est une punition ?

- Non, elle n'était pas prévue, vous avez pris une décision, assumez.

- Laissez moi lui parler une dernière fois.

- Il est parti, à tout jamais.

L'ancienne disparaît dans une lumière blanche. Je contemple l'arme dans ma main, c'est la seule solution pour ne plus souffrir. Je mets le canon sur ma tempe, j'inspire un grand coup et regarde droit devant moi. Il est là, assis sur le siège du co-pilote, il ne dit rien, son teint est pâle, il m'en veut, je le vois dans ses yeux. Ils me disent « Pourquoi ?».

- Vous n'êtes qu'un lâche Colonel, vous choisissez la facilité, j'ai honte d'avoir servi sous vos ordres.

- Vous n'êtes pas mort ?

Mais il ne parle plus, ses yeux s'assombrissent. Ils ne sont plus bleus, ils sont noirs.

- Rodney, pardonnez moi.

Il secoue la tête. C'est un non définitif. Mes larmes coulent à flot, je ferme les yeux et je remet le canon de l'arme sur ma tempe. Le coup part.

oOo

J'entends Carson et Elisabeth hurler en même temps. Je suis allongé par terre, en position foetale, mon corps secoué par les sanglots. Ils s'assoient près de moi.

- Je suis un lâche, je n'ai pas pu.

- Vous avez voulu mettre fin à vos jours ?

- Oui Elisabeth. J'ai détourné l'arme au dernier moment. Je n'ai pas eu le cran de me tuer.

Je sens une piqûre dans mon bras, Carson vient de m'injecter un calmant. (1) Avant de sombrer, j'entends à nouveau la voix de l'ancienne.

- Vous avez encore une longue vie devant vous, vous devrez vivre avec ce fardeau toute votre vie. N'oubliez pas, on apprend de ses erreurs, ne refaites pas les mêmes.

Il s'appelait Rodney McKay,

C'était le plus grand génie que je connaissais,

Ca fait maitenant trente ans qu'il est parti,

Je ne m'en suis toujours pas remis.

FIN.

Je me suis lâchée contre John. J'ai été horrible quand même. Vous en pensez quoi ? J'ai eu tort ?

(1) Où a t'il trouvé un calmant ? Facile, il a soigné le roi, et il a encore tout ses médicaments dans ses bagages.