Epilogue – Forget Him
Quelques mois plus tard
Noriko
referma le livre aux pages cornées et lissa la couverture
d'une main. Elle s'appuya contre le dossier de la chaise et
releva la tête en direction de la fenêtre. Les rideaux
étaient grands ouverts et les rayons du soleil coulaient
librement dans la chambre, jusqu'au lit où dormait toujours
son cousin.
Elle se
leva et vint poser une main sur le front de Tomoki, puis elle jeta un
regard aux appareils qui contrôlaient son rythme cardiaque et
d'autres choses qui lui étaient inconnues.
La porte
s'ouvrit sur une jeune infirmière. Lorsqu'elle vit Noriko,
elle prit un air gêné et s'inclina rapidement.
« -
Veuillez me pardonner. Je ne savais pas qu'il avait de la visite. »
Noriko se
tourna vers elle. C'était la première fois qu'elle
la voyait.
« -
Où est mademoiselle Sun ? C'est elle qui s'occupe
habituellement de mon cousin.
« -
Elle a du s'absenter car elle était malade. Je la remplace
durant quelques jours, » répondit la jeune fille.
Noriko
s'écarta du lit et la laissa passer. L'infirmière
observa l'électrocardiogramme et prit des notes sur une
plaquette.
« -
On m'a dit que vous veniez le voir plusieurs fois par semaine. Vous
devez être très courageuse. Je ne sais pas si je
supporterais ça, » déclara-t-elle en
continuant de vérifier l'état de Tomoki. « Vous
lui lisez un livre ? Vous pensez qu'il vous entend ? »
Noriko se
mit à sourire tristement.
« -
Je l'espère en tout cas. » Elle marqua une pause.
« Il y a de cela à mois, j'ai cru qu'il allait
se réveiller parce qu'il semblait réagir à ce
que je lui racontais mais… »
L'infirmière
cessa d'écrire et se tourna vers la jeune femme.
« -
Il faut leur laisser le temps, vous savez. Mais s'il a réagi
à un stimuli, c'est bon signe. »
Noriko
acquiesça mais avait du mal à s'en convaincre. Ses
espoirs avaient été quelque peu émoussés
au cours de ces derniers mois. Elle avait l'impression de ne pas
voir le bout de tout cela. Tomoki avait fêté ses 19 ans
dans un lit d'hôpital et sans pouvoir souffler ses bougies.
Et
pourtant, elle ne pouvait l'abandonner. Elle avait des enfants et
jamais elle n'aurait souhaité qu'ils aient à vivre
la même chose. Elle n'avait jamais compris pourquoi sa
famille avait tout fait pour gâcher la vie de son cousin. Elle
se sentait coupable de ne rien avoir pu faire…
Elle
décida de sortir de la chambre avant de fondre en larme. Une
fois dans le couloir, elle chercha un distributeur. Elle avait besoin
de boire quelque chose de sucré pour se remettre de son
brusque désespoir.
Dans la
chambre, l'infirmière vérifia l'une des perfusions,
car elle avait l'impression que celle-ci avait bougé.
Lorsqu'elle posa la main sur le poignet du garçon, elle vit
les doigts de celui-ci bouger. Il se plièrent, une fois, et
reprirent leur position initiale ensuite.
Surprise,
elle se redressa, puis tourna la tête pour apercevoir le visage
du « dormeur ».
A son
arrivée, Tomoki avait les cheveux décolorés mais
ils avaient repris une teinte presque noire depuis. Ils étaient
aussi plus long, même s'ils étaient coupés
régulièrement.
« -
Est-ce que vous m'entendez ? » fit-elle, à
tout hasard.
Il n'y
eut aucune réaction. Même pas un mouvement des yeux
derrière les paupières du patient.
L'infirmière
poussa un soupir attristé. Elle songeait à cette pauvre
femme qui attendait impatiemment le réveil de son cousin. Et
elle avait entendu dire qu'un homme venait parfois. Peut-être
était-ce le mari de Noriko.
Elle en
revint à cette maudite perfusion. Effectivement, elle s'était
en partie décrochée. Pourquoi donc ? Quelqu'un y
avait-il touché ? Elle commençait à la
remettre en place quand la main de Tomoki se referma brutalement sur
son poignet.
Noriko
terminait sa canette de coca lorsqu'elle entendit l'infirmière
l'appeler en criant presque. Surprise, elle pivota dans sa
direction :
« -
Que se passe-t-il ?
« -
Il est réveillé !
« -
Quoi ?
« -
Il est… »
L'infirmière
n'eut pas besoin de répéter une seconde fois. Noriko
s'était déjà précipité dans la
chambre. Sa joie était-elle qu'elle faillit se jeter sur son
cousin pour l'embrasser. Elle se rappela à temps qu'il
venait tout juste de se réveiller d'un très long
coma.
« -
Tomoki ! » s'exclama-t-elle en retrouvant un peu de
calme.
Le garçon
ne réagit pas en entendant son nom. Il fixait le plafond, les
yeux ouverts, et avait posé la main sur son front.
Noriko,
inquiète, s'approcha du lit et prononça à
nouveau le nom de son cousin. Celui-ci tourna enfin la tête
vers elle pour ne dire qu'une seule et unique chose :
« -
Qui êtes vous ? »
Commentaire : C'est le moment des remerciements. Alors je remercie Kaoru alias Lia pour toujours me lire aussi vite alors que je suis lente à en faire de même avec ses histoires et qu'elle n'aime pas les textes tristes. Je remercie ceux qui ont lu cette histoire ou qui la liront, et qui laisseront un avis, positif ou négatif. Et aussi Mimiyuy pour avoir pris la peine de répondre à mon mail bizarre et de comprendre mon délire sur le destin de mon personnage. Et Dieu pour m'avoir insufflé ce si grand génie qui me… (se fait assommer avant de pouvoir poursuivre)
