Une vieille rue de Londres plongée dans la pénombre de la nuit, ce n'était pas un quartier aisé ni un vraiment pauvre, plutôt une partie de la ville totalement vidée à l'allumage des lampadaires dont la moitié ne fonctionnait guère. Dans ce décor des plus tristes une jeune femme remontait cette même rue suivant les indications qu'un garçon lui avait donnés, mais impossible de retrouver une rue qu'elle savait ici même, comme gommée de la carte. Elle avait survolé les immeubles du coin, espérant la voir devenue une cour intérieure, mais rien ni fit, c'était comme si elle n'avait jamais existé… comme si… comme le 12 square Grimmaurd.
Incartable sans doute, mais depuis sa discussion avec Rogue, Dana était persuadée de ne pas avoir à faire un indestructible sort de Fidélitas, pour lequel Voldemort aurait du faire confiance à une autre personne que lui. Farfouillant un moment dans sa ceinture, elle en sortit une poudre qu'elle pensait faite pour cette situation, regardant l'autre bout de la rue elle y lança le bouchon ouvert répandant un petit nuage de fumée magique. Et en effet ses soupçons portèrent leur fruits, plus elle se rapprochait du milieu de la rue plus tout y était étiré, déformé comme un élastique tendu à son maximum, comme pour relier d'un trottoir trop court deux rues plus éloignées que ça. Au niveau d'une cabine téléphonique une ligne de lumière vert pâle coupait la rue en deux parties telle la cicatrice d'un membre recollé à un corps.
Dana resta un court moment à observer cette fissure et à se demander si elle était assez prête pour y entrer, sans réellement songer un instant à demander de l'aide à qui que se soit, puis enfin elle sortis deux trois sort qu'elle avait apprit en formation d'aurore, et s'engouffra dans la brèche qu'elle avait causé, à peine assez grande pour elle.
En une seconde elle avait fait un pas sur le vieux pavé londonien, relevant les yeux sur une rue animée et éclairée d'un soleil gris. Tout de l'allure des gens marchant paisiblement au voiture brillante, qu'aux affiches laissaient croire que nous nous trouvions au milieu du vingtième siècle., Dana se demanda même un moment si elle n'avait pas sous estimé le charme dans lequel elle venait d'entrer, puis remarqua que les passants et les flâneurs ne faisaient que tourner en rond dans cette longue rue, tout comme le marchant de lait qui la regardait étrangement comme un fantôme, ne faisait que poser à chaque porte toutes les deux minutes une bouteille qui apparaissait dans son camion et disparaissait du palier. Toute cette artère était comme figée dans le temps refaisant des milliers de fois par jour les mêmes gestes.
Little Hangleton
Malgré les apparences d'une journée d'été Dana ressentait une atmosphère très froide et parcourant cette vieille rue à la mode, jusqu'à une grande grille de fer sur laquelle était indiqué « Orphelinat de Little Hangleton », poussant le portail elle s'avança dans l'allée qui séparait l'établissement des tumultes de la ville, elle eut à plusieurs pas l'impression que des silhouettes sombres la suivaient, mais rien lorsqu'elle se retournait ne lui donnait raison, montant les deux marches vers la porte de bois elle se retint d'y cogner. Le bois comme vivant avait l'air d'onduler légèrement, préférant lui jeter un gravier qu'il absorba comme une flaque d'eau absorbe une goutte de pluie, avant que tel un papier peint se décrochant du mur, une ombre coula de la porte jusqu'au sol et glissa à l'intérieur. Nicols dit une formule qui ouvrit la porte sur un long couloir impersonnel et glacial, s'y engouffrant elle scruta chaque pièce qu'elle dépassait, le rez-de-chaussée était totalement vide, sans trace de l'ombre, mais la sensation des silhouettes derrière elle persistait. Montant les escaliers, elle s'attendait à présent à un piège à chaque pas et arriva à l'étage la main plus cramponnée que jamais sur sa baguette, elle avait bien sur en tête l'ancienne chambre de ce Tom Jedusor, mais gardait un oeil sur les autres, d'instinct elle n'attendait rien de bon de derrière elles. Arrivant là où devait se trouver cette pièce, le mur seul marquait une étrange asymétrie dans le corridor. Dana préférait continuer de fouiller avant de commencer à détruire les murs, ouvrant donc une autre chambre, elle y vie une pièce minuscule munie d'une petite armoire, d'une table et d'un lit contenant son occupant recroqueviller dans sa couverture et tremblant de froid… ou de peur. Semblant ne pas faire attention à elle, Dana ouvrit donc d'autres portes montrant toutes ce même spectacle d'enfants grelottants, décidant de s'approcher de l'un d'eux elle observa son visage terrorisé, percevant elle même ce sentiment de peur et de peine, et se pencha ensuite sur son bureau recouvert de quelques objets avant que…
Ah….. !
Attend !
Le jeune garçon avait couru hors de la chambre en hurlant de peur, tandis que Dana restait perplexe sans bouger. Puis ressentit de nouveau cette impression d'être suivie et tourna sur elle même pour en découvrire la raison… sur la table, elle vit furtivement son reflet suivi d'une ombre… non celle de la porte, mais ayant la forme d'un… d'un détraqueur !
Spero Patronus ! lança t-elle en se tournant.
Sous la lumière argentée des vapeurs de fumée qu'elle créa elle put apercevoir cette créature fuir dans le couloir, prenant désormais le miroir avec elle, Nicols traversait le couloir jetant la moitié du temps un regard dessus et ne fut presque pas surprise de voir le reflet de la porte de Jedusor invisible à l'œil nu. S'aidant de la glace, elle dirigea sa baguette sur la poigné et l'ouvrit, refaisant face au mur, une porte entre-ouverte avait reprit sa place.
Y entrant lentement, elle découvrit une pièce légèrement plus grande que les autres chambres dont les trois autres murs étaient cachés par d'énormes armoires ouvertes sur une vraie collection de jouets cassés et vieux, de bandes dessinées déchirées et de reste d'animaux mort, puis sans prévenir les armoires se refermèrent comme la porte sur son passage. Les panneaux de bois se réouvrirent un instant sur des étagères vides avant de se refermer de nouveau.
D'accord, c'est donc un jeu… , marmonna t-elle.
Dana commença pas celle de droite, mais dés qu'elle chuchota Alohomora… les portes s'ouvrirent sous l'assaut d'un mur de feu… elle résistait difficilement d'un sort bouclier à ce flot incessant de flammes, avant de retourner sa baguette contre elle avec une autre parade. La salle fut donc inondée de flammes plongeant chaque centimètre carré dans une chaleur infernale avant que d'un coup tout ne s'arrête et ne laisse au beau milieu de la pièce un grand bloque de glace.
Se fissurant lentement, il finit par exploser libérant une Dana frigorifiée.
Bien… c'est pas cette porte, dit elle récupérant du choc thermique.
Elle se tourna vers celle de gauche, avançant avec précaution et l'ouvrant à distance, dans un premier temps rien… un trou noir et béant… puis un vent commença à souffler aspirant de plus en plus fort tout vers ce gouffre. Nicols ne savait pas à quoi s'agripper avant d'incanter un sort lui collant les pieds au sol. Cette situation gênante dura un certain moment, tellement que Dana craignait de voir céder le plancher, puis finalement, les cheveux défaits, la veste retournée et le dos plié, le vent l'oublia ainsi en refermant l'accès au trou. Plus que fatiguée de ce jeu, elle ouvrit à pleine main la dernière armoire y découvrant… un grand et imposant… miroir.
Ses proportions n'étaient pas ses seules particularités, l'image de Dana n'était pas du tout frustrée, décoiffée par un vent violent et dans une pièce marquée par un incendie, son reflet en lui souriant se mit de côté pour lui laisser voir au milieu de sa belle pièce blanche une demi-colonne portant une magnifique pensine en marbre noir. Se retournant elle même, elle l'aperçut en vrai là où elle se tenait il y a un instant, se rapprochant donc du centre de la pièce elle jeta de sa baguette un œil dans les souvenirs qui la remplissaient, mais chacun d'eux n'était que des vues de cette même pièce mais avec un autre promontoire à mi-chemin du miroir orné d'une scintillante coupe d'or.
