Son regard restait fixé sur la coupe alors qu'elle passait de souvenir en souvenir, mais levant les yeux, rien n'était apparu, puis sans un bruit son reflet reprit une fois de plus son autonomie, toujours un sourire aux lèvres, et prit du boue de la baguette un long filet de lumière et le plaça à sa tempe, faisant comprendre ainsi comment trouver ce trésor. Dana se décida sans illusion sur le danger de sa décision, elle allait mettre en tête des pensées étrangères laisser ici par le plus maléfique mage qu'ait enfanté ce siècle. Regardant une dernière fois sa double irréelle et tenant sa baguette à un centimètre de sa tête, elle finit par le faire entrer en elle.
Comme dans un choc, un vieux souvenir lui remonta à l'esprit, aussi violent qu'un coup de point, mais tout ce confondait avec cet endroit, puis presque assimilé ou refoulé tout revint à son calme, Nicols aurait pu jurer voir dans son flash la présence du trophée Pouffsoufle. Son image en reprenait un, mais sans l'attendre elle avait déjà compris ce qu'elle avait à faire, elle le sentit entrer comme si un ver de terre se glissait dans son oreille puis… un nouveau choc lui prit la tête, tout se confondait dans son esprit, sa chambre d'enfance prenait les traits de cette pièce et cette pièce ceux de sa chambre d'enfance, faisant remonter un sentiment de malaise que Dana, sans pouvoir l'identifier, était sûr d'avoir déjà ressenti. A chacune de ces tortures, ces souvenirs se faisaient de plus en plus précis, intense et persistant, une ombre commençait également à apparaître dans ces chimères infernales, et se rapprochait d'elle autant qu'elle tentait de tendre son bras vers l'horcrux. Une fois où elle crut le songe assez stable, elle tenta d'aller à la coupe, mais une main forte la plaqua au sol… revenue presque à la normal, Dana restait médusée au sol se demandant à qu'elle point ces souvenirs étaient les siens…
En reprenant de nouveau un, elle chercha d'abord l'ombre qui, courant vers elle, avait enfin des traits familiers, et se jeta sur elle l'agressant sans qu'elle ne puisse réagir. Nicols dos au sol se sentait mal… même sale et souillée, des blessures dont elle ne se souvenait plus, c'était comme un très vieux cauchemar dont elle avait cicatrisé jusqu'ici avec l'oubli…
Debout devant la pensine, elle remit sa baguette à son front, et courut droit vers ce qui était sa table de chevet, où brillait ce… mais deux bras la mirent à terre, tentant de se débattre dans tous les sens du poids de cette silhouette aux traits confus de son père, ses cris étaient comme de vieux réflexes incontrôlables. Sans penser à rien elle se releva et reprit un souvenir dans la pensine, chacun d'eux de plus en plus longs se répétaient, elle courait, elle tombait bien avant la coupe et se débattait de plus en plus difficilement d'un homme de plus en plus grand…
Se relevant une nouvelle fois, Dana repensa à cette épouventard qu'elle avait sans crainte affronté dans la demeure des Rogue.
Je n'ai plus peur de lui je n'ai plus peur de lui…, se répétait elle avant de réabsorber une pensée.
Les ombres s'étaient démultipliées, et avaient encore grandi, attrapant Nicols de nouveau et la mettant au sol sous ses propres cries d'enfance… des cries si terribles, qui la marquèrent plus que leurs poignes fortes, tendant d'éviter le visage des agresseurs, elle ne put pas rater que les traits de son père se déformaient en ceux du mage sans nom, tout comme l'inverse.
Le souvenir ne semblait pas s'estomper, pour la première fois Dana faisait tout pour le maintenir en tête, tout pour faire face à ses démons intimes, ouvrant bien les yeux sur ce spectre paternel la maintenant violemment au sol… comme autrefois.
Se tirant de toutes ses forces, et petit à petit malgré les perversités de ce souvenir, elle se rapprochait lentement mais sûrement de sa table de chevet… et du trophée…
Ces ombres la griffaient, et lui pressaient l'abdomen jusqu'à ce qu'elle tende le bras, traversant les griffures et les brûlures, elle agrippa enfin la coupe…
A ce geste tout changea, comme tenant une massue, elle fit disparaître d'un coup chaque silhouette superflue, ne laissant que celle d'un père plus vieillissant , et de moins en moins fort à chaque coup que Dana donnait telle armée d'une hache. Comme prise de folie, elle continuait de frapper sauvagement cette ombre de père sur qui elle avait prit littéralement le dessus, frappant… frappant… et frappant encore jusqu'à comme un rêve disparaissant lentement au réveil, il laissa place à un parquet raillé.
Nicols resta accroupie serrée entre ses doigts un long moment, sans même remarquer que des larmes s'étaient mises à couler. Puis deux ou trente minutes après, la porte s'ouvrit lentement, Dana vit entrer hésitant un groupe d'enfants, cela même qui dormaient tremblant à cet étage, ils paraissaient tristes, mais au lieu de la réchauffer, elle se sentit comme plongée dans un bain d'eau glacé. Continuant de les regarder s'approcher comme hypnotisée, elle eut comme l'instinct de tourner ses yeux vers le miroir magique. Une vision d'horreur la réveilla de son traumatisme, son reflet essoufflé et entouré d'une bande de détraqueurs…
Expero Patronus ! hurla t-elle en voyant sous la lumière argentée de son patronus brumeux les jeunes enfants se changer en détraqueurs imposants.
Les créatures reculèrent de quelques mètres, mais le sort n'était sans surprise pas assez puissant pour tous les faire fuir. N'attendant pas de se faire encercler ou de perdre ses forces, coura droit hors de la chambre et prit l'option la plus judicieuse… la fuite.
Courant et brandissant son patronus du bout de son arme, telle une torche en feu à des animaux sauvage, elle descendit à toute vitesse les escaliers et explosa réellement la porte d'entrée pour courir dans l'allée vers… une rue vidée de ses passants, mais désormais remplie de détraqueurs. Tenant toujours de la main gauche ce Horcrux elle tournait sur elle même pour repousser de tous côtés les assauts des spectres, leur présence maintenait vif et brûlant le souvenir de son enfance et de son père, lui empêchant de se concentrer sur une pensée vraiment heureuse. Elle se sentait totalement prise au piège, dans ce tourbillon de détraqueurs… lui susurrant deux trois pulsions au passages. Se sentant de plus en plus faible, son patronus perdait de sa force et de sa brillance vacillant comme la flamme d'une allumette, elle mit un genou à terre… puis l'autre, et s'attendant au fond d'elle à devenir une de ces personnes piégées dans cette rue d'éternité… avant qu'un cheval tout de lumière ne la traverse en repoussant la plupart des démons.
Debout Miss Nicols ! cria une voix qu'elle avait bien souvent prise pour ordre.
Ro… Rogue ? se demanda t'elle en voyant arrivé avec fébrilité l'ancien ennemie.
Allez donc détruire cet Horcrux, reprit il, je ne les retiendrais pas longtemps… et trouvez donc un meilleur souvenir !
Mais vous… , tenta t-elle de dire en allant vers cette déchirure verte au beau milieu de la rue.
Détruisez l'horcrux, cria t'il encore plus épuisée qu'elle ne l'avait vu.
Bondissant hors de cette rue elle ne pensa qu'un quart de seconde à ce qui attendait Severus Rogue, puis plus… au peu de temps qu'il pourrait lui laisser pour fuir une horde d'une centaine de détraqueurs. Un simple accio avait fait venir son aspirateur volant sur lequel elle sauta vite appuyant sur l'accélérateur au maximum, elle vola au dessus des toits de Londres bien avant qu'elle ne puise dire Woooooooowwwwww !
Mais aussitôt à zigzaguer entre les cheminées victoriennes, elle vit une bande de détraqueurs lui courir au train, malgré sa vitesse, si grande que des flammes sortaient bien de sa monture, les créatures elles aussi paraissaient voler aussi vite que Dana avait peur d'elles à présent.
Fouillant dans sa tête tout en longeant la Tamise, elle cherchait l'évènement qui lui avait procuré le plus de joie… puis lui vint à l'esprit enfin…
Ahhh , lança t-elle en évitant de peu la base de Big Ben.
Sans le remarquer au début, elle tournait autour du monument, montant en tourbillon de plus en plus près de l'horloge. Dans l'impossibilité de changer sa course sous peine d'être rattrapée par les démons, elle traversa donc un des vitraux, sautant en vol et laissant son bolide s'écraser sur l'autre mur. Dana visa de sa baguette la fenêtre attendant d'un instant à l'autre l'entrée des monstres puis…
Expero Patronus ! Rugit elle en fixant dans sa tête le corps mort et poignardé de Pyrite.
Dans une lumière aveuglante sortit telle une flèche, un aigle traversa cette cage d'escalier repoussant dans le vide des charognards d'âmes.
N'attendant pas qu'ils reviennent, et sans savoir bien se qu'elle faisait, Dana prit la direction du sommet. Traversant étage par étage les engrenages et les poutres de pierre et de bois, repoussant à plusieurs reprises de nouveaux détraqueurs. Arrivant au bout d'un moment au dernier niveau, elle vit des rambardes un nuage noir de ces créatures recouvrant le ciel du petit matin. Se sentant à nouveau piégée, elle visualisait l'affreux baiser du détraqueur qui lui prendrait son…
Comme illuminée par un coup de génie ou ce folie, elle monta sur le rebord mettant la moitié de son corps dans le vide à plus de deux cent mètres de haut, sur le point de tomber, aucun d'eux n'aurait son âme s'il ne tentait pas le baiser tout de suite alors qu'elle basculait. Le plus grand des alentours plongea vers elle remontant sa cagoule et dévoilant son trou béant lui servant de bouche, mais au lieu d'y diriger sa baguette, elle leva la coupe et l'enfonça droit dans sa gueule alors même qu'elle tombait en arrière. La scène si rapide et pourtant si riche, passèrent pour minute au lieu de seconde dans l'esprit de Dana, le détraqueur semblait s'étouffait en aspirant la petite boule de lumière qui sortait de l'horcrux… et une fois avalée, comme un poison ou une bombe… il explosa repoussant au loin les autres par son onde de choc.
Malgré cette vision rien dans l'esprit de Dana ne pourrait venir l'empêcher de toucher le sol dans une seconde et d'en mourir, rien hormis…
Une main se referma sur le col de sa veste et la tira comme catapultée, la tête la première vers le tissu d'un vieux fauteuil rouge brûlé à de multiples reprises. Levant sa tête, Nicols aperçut le visage rayonnant d'Alby Star au volant de son astronef. Volant encore au dessus des toits, plus une cape, ou une silhouette de détraqueurs ne suivait ce drôle de véhicule volant.
Où est donc mon Aspistar ? c'est plus pratique pour voler !
Il est tombé en panne dans un mur de brique, répondit elle au bout d'un moment, mais comment… ?
Grâce à ça, dit il en montrant la montre de Maximus, vous aviez disparu puis réapparu sur la case danger.
Et c'est vous qu'on a envoyé ?
Les autres sont assez occupés, une histoire de combat final, d'ailleurs…, dit il en sortant un petit miroir de poche, notre petite affaire est elle bien réglée ?
Oui… oui… dites leur qu'il est de nouveau mortel…mortel…
