- C'EST TOI QUI ME DIS CA HEIN !

Ohla, qu'est-ce que j'ai fait moi ? Je vois ses sourcils se froncer et ses lèvres se pincer. D'ici quelques secondes, je crois qu'elle aura réussi à légaliser l'Avada Kedavra et me l'aura lancé une bonne dizaine de fois. Pourtant, une sorte de folle fierté me pousse à continuer sur cette voie, trop amusé à repousser chaque fois un peu plus les limites de sa patience. Je reprends d'une voix plus calme cette fois :

- Tu veux que je te rappelle le contenu de ta première lettre ?

Je plonge la main dans la poche arrière de mon pantalon, attrapant avec deux doigts une lettre restée la depuis un bon moment et je l'entends me dire :

- Je crois que ce n'est pas la peine…

Pris sur le fait… Non seulement sa voix est sereine et en plus de ça, elle a trouvé le moyen de me répondre sans me hurler dessus. Je me sens idiot d'avoir si facilement céder à l'envie de crier. Je dois la faire réagir nom de Merlin !

- AH OUI HEIN ! J'avais oublié que madame savait tout !

Elle hausse les épaules et me détourne d'un air dégagé pour rejoindre la porte. Je suis paumé, si je la laisse s'en tirer comme ça, j'aurais perdu. Oui c'est ça, j'aurais perdu. Plus que jamais le jeu de « celui qui fera crier l'autre » était de son côté. Mauvais perdant, s'il faut tricher, je le ferais. J'attrape sa main et la ramène plus violemment que prévu… elle s'apprête à crier, je jubile.

- ESPECE DE SOMBRE CRETIN ! TU N'AURAIS MEME PAS TA PLACE DANS UN ZOO ! TU ES TROP BETE POUR TE RENDRE COMPTE QUE JE N'AI PLUS ENVIE DE TE PARLER ! TROP CRETIN POUR TE RENDRE OCMPTE QUE TES MOTS ME BLESSENT ! LAISSE-MOI TU VEUX !

J'ai gagné… ce fut difficile mais j'ai vaincu. Et pourtant, la victoire me laisse un goût amer et le chaud qui imprègne mes oreilles, réveille ma morale. Merlin qu'elle s'est énervée vite pour une chose si futile. J'ai vraiment été nul sur ce coup, je ne mérite pas la victoire, ça c'est sûr. Et en bon gentleman, je lui laisse une seconde chance.

- CA VA ! CRIES PAS COMME CA, JE NE SUIS PAS SOURD !

Je rêve où elle a prit sa baguette dans la main… Cette fille est folle, si je ne fais pas quelque chose, le dernier mot que j'aurais dit de ma vie sera « sourd »… Pathétique. Elle dû voir mon mal-être car elle abaisse aussitôt le bras… Ron, ressaisis-toi et place le mot « quidditch », ça sera déjà plus beau que « sourd ».

- Je peux savoir pourquoi tu n'énerves comme ça Hermione ? Pire que… que si tu jouais au quidditch.

Crétin Ron… tu es un crétin. Ta phrase ne veut rien dire, Hermione n'a jamais joué au quidditch.

- Pourquoi je m'énerve ? Tu me demandes pourquoi je m'énerve ? C'est très simple… PARCE QUE TU FAIS TOUT POUR QUE CE SOIT LE CAS !

J'ai toujours su qu'elle était intelligente cette fille. Belle et intelligente. Mais qu'est-ce que je raconte moi ? Fleur est belle, Hermione est… dans la moyenne.

- … t'en pris Ronald, commences !

Je crois que j'ai du rater un épisode là… Je n'ai aucune idée de ce qu'elle peut bien être entrain de dire.

- Ah oui, et pourquoi c'est toujours moi qui commence d'abord !

- Parce que tu le demandes toujours ! Je te préviens, je ne dirais rien jusqu'à ce que tu te sois décidé.

Décidé, c'est un bien grand mot. Mais j'ai mis ma dernière carte sur table et je n'ai pas réussi à la faire changer de bord. Elle est là, appuyée le long du mur, trop loin de moi. Mes yeux ne cessent de dévier de son regard et j'en perds toute ma crédibilité.

- Dire quoi ?

- Tu le fais exprès, rassures-moi ? Il est clair que tu veux parler de ce jour là donc, vas-y commences !

Non seulement, elle a bien parlé avant que je ne commence et en plus, c'était pour m'annoncer une chose comme ça. Je n'ai que de vagues souvenirs de ce qu'il s'est passé ce jour là comme elle dit…

- Tu as profité de mon état pour te moquer de moi en compagnie de mes frères. Et tu as pété un câble quand je me suis défendu.

- Tu as dit que j'étais une fille butée sur une seule chose : engloutir le plus de livres possible. Tu as ajouté que s'il le fallait je serais bien capable d'en épouser un. Tu as dis qu'il n'était même pas la peine de songer à m'aider et que même avec Victor, j'avais été incapable de faire quoique ce soit d'autre que l'épater avec mon savoir. Puis tu as achevé en disant qu'on me retrouverait sans doute seule dans un coin, enfoui sous un tas d'opuscules, parlant à mon reflet dans le miroir.

Merlin, j'avais de l'inspiration ce jour là… Je devrais peut-être songer à une carrière d'écrivain. « Les mille et unes idées de Ronald Weasley » ou « Ronald Weasley et l'art de parler aux femmes », dans la section comique, bien sûr.

- Tout ça parce que je te défendais devant tes frères qui étaient persuadés que tu n'avais jamais eu de petites amies.

C'est aussi une chose que j'ai du rater… Mais à vrai dire, je ne suis plus vraiment disposé à l'écouter. Je l'observe, idiotement. La trace qu'ont formé ses larmes sur sa joue me donne envie de la prendre dans mes bras, comme avec Ginny. Et puis, son regard est si intense que… Ron, ne te fais pas de mal à rêver de… Nom d'un lutin de Cornouaille, je rêve ou elle a bien dit qu'elle avait embrassé Krum ? Finalement, elle n'a peut-être rien dit… je ne sais plus.

- Tu l'as embrassé ?

Merlin, pourquoi me fais-tu dire ça ? Elle s'est retournée et la tristesse est remplacée par de la hargne… oui c'est bien ça, cette fille veut ma peau… mais cet état la rend si… désirable.

- C'est tout ce que tu trouves à me demander ?

- Euh…

- Je te prouve que tu m'as blessé injustement…

Tout de suite les grands mots, elle ne changera jamais… son regard si… et sa bouche… je… je dois mettre court à cette conversation ou je vais faire une grosse bêtise.

- … tout ce que tu veux savoir c'est si je l'ai embrassé c'est ça ?

- Non je veux savoir si oui ou non tu as déjà embrassé un garçon.

- Et bien tu n'as qu'à tester !

Je rêve ou c'est une invitation ? Non c'est pas possible… pas moi… Mais Ginny m'a encore dit hier que je ne savais pas prendre les occasions au vol. C'est peut-être ça le « t'arrives jamais à comprendre ce qu'on te dit ». Là j'ai bien compris hein ? Merlin, je n'ai pas le temps de réfléchir qu'elle a déjà prit la direction de la porte. J'attrape son bras et poussé par une pulsion, je plaque mes lèvres sur les siennes. Des papillons viennent envahir mon ventre et je me délecte avec délice de ces lèvres que je pensais inaccessibles. Je ne veux pour rien au monde quitter cet état de douce folie.

Merlin qu'elle embrasse bien.