Je tapote mon oreiller en espérant qu'il prenne la forme que je veux lui donner. Puis, je m'écroule de fatigue et de paresse, espérant comme chaque soir que la nuit veillera sur mes chagrins.

Aujourd'hui 1er octobre, il pleut dans ma vie depuis un mois et demi déjà. Aujourd'hui premier octobre, je n'ai plus le courage d'entendre cette pluie battre les fenêtres de notre dortoir.

J'ai rejoint Poudlard comme ce n'était pas prévu, j'ai rejoint Poudlard comme ma mère croyait que j'allais le faire. Le fait est là, nous n'avons retrouvé ni corps qui pourrait nous confirmer que nous sommes orphelins, ni une seule trace qui pourrait nous dire qu'il reste de l'espoir. Personne ne les a revu, et personne ne sait ce qu'il s'est passé ce jour là. Quelques membres de l'ordre nous ont dit qu'à l'époque, il n'était pas possible de transplaner de l'endroit de la réunion, et que par conséquent, nos parents avaient dû marcher quelques minutes sans aucune protection.

Je déteste vous-savez-qui plus que n'importe quelle personne au monde, plus que lui-même déteste les moldus. J'aimerais pouvoir sortir de cette cage qu'est le collège pour pousser Harry dans ses recherches et l'aider à assainir notre terre. Je regrette d'être revenu, je regrette que lui m'ai suivi. Pourtant si sûr de lui lorsqu'il nous disait qu'il ne remettrait pas les pieds ici. Tellement certain de faire le bon choix et prêt à tout pour honorer la mémoire de Dumbledore. Aujourd'hui, je ne peux que le comprendre. Cette sensation d'être ici, sans pouvoir rien faire me rend malade. Je suis inutile, encore plus que d'habitude.

- Ron, il faut y aller…

J'ouvre un œil, puis deux. Regarde Harry mettre la main sur ses lunettes et m'aperçois que cette fois encore mon vœu n'a pas marché… Et dire que ça va faire deux mois que je dors avec une mèche de cheveux vélane, soit disant « porte-bonheur ». Peut-être que je n'aurais pas dû demander un retour en arrière… Peut-être que j'aurais simplement dû espérer le retour de mes parents… en vie.

Encore une journée qui s'annonce, où les peu d'élèves qui sont revenus à Poudlard vont me dévisager du regard. Mes parents sont disparus, je suis celui qu'on regarde avec pitié. D'ailleurs, c'est ce que je tente d'expliquer à Hermione entre deux bouchées de pain. Mais comme toujours, elle trouve une bonne explication à tout ça : je suis parano.

- Ron, tous les élèves qui sont ici ont perdu au mois un de leur parent…

- Tu dis ça parce que ça ne te touche pas !

Je m'efforce de garder une voix sereine en voyant Ginny me dévisager à l'autre bout de la table. Elle m'impressionne, je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi courageux que ma sœur. Et son comportement me pousse à en faire de même. Petit à petit, je reprend le dessus et me décide à créer la vie dont je rêve, deux petits morceaux de moi dans l'au-delà et six autres en gravitation.

- Cesses de croire que tu es le bouc émissaire ! Arrête de jouer ton Calimero !

- Je ne joue pas mon calicot ! Je viens de perdre mes parents Hermione !

- Tu ne les as pas perdu Ron !

- Tu appelles ça comment toi ? J'aimerais bien te voir à ma place !

Je le souhaitais. Réellement je le souhaitais mais je ne pensais pas que ce cheveu de fausse blonde me prendrait au pied de la lettre. Ses parents sont morts et je la regarde pleurer sans savoir rien faire d'autre que prendre mes jambes à mon cou.

C'est bizarre ça… on croit être l'être le plus à plaindre de la terre et quand quelqu'un nous vole ce titre, on lui en veut presque. Tant qu'à être triste, autant que les autres aient pitié de nous.

J'ai parcouru plusieurs couloirs sans réellement savoir ou j'allais… tant que c'était loin d'elle. Je suis sans doute distant et je sais qu'elle va me le faire remarquer un jour ou l'autre. Mais le fait est que je suis tellement maladroit qu'une simple de mes paroles pourrait la rendre encore plus triste. Quitte à me faire passer pour un égoïste, au moins qu'elle ne me prenne pas pour un crétin qui ne cherche qu'à la rendre plus malheureuse encore.

Aujourd'hui 14 octobre… je regarde par la fenêtre la silhouette d'Hermione fendre la pluie pour rejoindre la calèche qui l'attend. Elle va prendre le train jusqu'à Londres pour l'enterrement de ses parents. Je la voie se presser et s'éloigner un peu plus à chaque seconde. Elle a toujours cette même manière de marcher qui m'avait fait sourire en première année. Cette manière de serrer ses bras contre elle, les points fermer, toujours sûre d'elle. Cette manière de remettre d'un geste las ses cheveux derrière ses oreilles. Cette manière d'être ma 'Mione. Celle qui en quelques jours à dû endosser bien trop de responsabilités pour une jeune fille tout juste majeure.

J'ai toujours la tête collée le long de la vitre, ignorant le brouhaha de la salle commune, et la douleur que le froid fait ressentir à mon front. Je la vois s'arrêter, se retourner et regarder le château qu'elle s'apprête à quitter pour quelques heures. Merlin que j'ai envie de la prendre dans mes bras. Je ne peux pas la laisser comme ça… c'est inhumain.

La pluie qui perfore mon vieux pull vert me laisse totalement indiffèrent. Je la vois… pas elle. J'accélère le rythme de mes pas et en arrive même à courir. Et plus la distance qui me sépare d'elle diminue, moins je sais ce que je vais lui dire. Et finalement, le moment de la rencontre arrive plus vite que prévu et je vois ses yeux mes dévisager, sans qu'elle ait le courage de leur donner cette lueur qui les fait scintiller d'habitude.

Je me retrouve assis dans un train sans penser à la foudre qui va s'abattre sur moi lorsque la vieille McGonnagall va s'apercevoir de mon départ. Hermione est assise devant moi, les yeux rivés sur la fenêtre que la pluie ne laisse rien filtrer. Je reste là, à ne pas bouger, pour ne pas la gêner. Je me sens idiot et me demande une fois de plus ce que je fais là. Et ce que je vais bien pouvoir lui apporter.