J'avance dans cette maison aux murs impeccables en me disant que la notre serait sans doute pareil si mes parents n'avaient pas eu la bonne idée de faire sept enfants dont des jumeaux à l'esprit… comment dire… particulier.
Je suis nerveusement Hermione dans ce qu'ils appelle une chambre d'ami et suis surpris de voir qu'en effet, chez eux, pas besoin de matelas à même le sol pour loger les invités. Et puis je me rends compte que finalement, ça non plus c'était pas prévu, que je n'ai aucun habit et que sa famille n'était visiblement pas prête à m'accueillir. J'évite donc soigneusement les regards de chacun avant que Hermione, une fois de plus ne me surpasse :
- Tante Dora… Euh…
Tiens, bien la première fois que j'entends Hermione prononcer cette lettre. Elle qui normalement se cantonne aux phrases à rallonge et sans interruption.
- Disons qu'on est un peu parti dans la précipitation… Et… Mon ami n'a pas eu le temps de prendre des affaires.
- Oh, ce n'est pas bien grave, je suis sûre que ton cousin Duncan ne verra pas d'inconvénient à lui prêter quelques habits.
Je vois la dame se tourner vers moi et me sourire de toutes ses dents… j'en aperçois une qui brille assez bizarrement et me rappelle ce qu'avait pu me dire Hermione sur le métier de ses parents. Des pentistes… Ils réparent les dents des gens et parfois les remplacent. J'espère que ceci n'est pas l'œuvre de son père… Se tromper de telle manière de couleur…
- Je vais installer ton ami dans la chambre de bonne.
Je rêve ou elle fait un signe de tête vers le haut. Non seulement je n'ai pas vu d'escaliers et à la vue du nombre de fenêtres, je ne pense pas qu'il y ait un autre étage. Et puis, une bonne, c'est quoi ? Je ne vais pas partager ma chambre avec quelqu'un que je ne connais pas en plus !
J'essaye de croiser le regard d'Hermione mais elle a déjà tourné sa tête vers la fenêtre et fixe le vide… ce n'est sans doute pas le moment de lui demander plus d'explications.
Je suis la tante Dora dans le couloir et la vois ouvrir une porte que je n'avais pas remarqué jusqu'alors. De là part un grand escalier qui m'emmène dans une pièce mansardée ou ma tête passe à peine. J'avais raison, pas de fenêtre… pas de torche et la dure réalité du monde moldu me ramène sur terre. La tante Dora me pose des couvertures sur le lit d'une personne qui prend toute la place de la pièce et s'éloigne un sourire gêné.
Quelques secondes plus tard, je me retrouve dans le noir total, me demandant comment il est possible d'allumer cette boule de verre qui se trouve au plafond. Je monte sur le lit et tente de la toucher, espérant que ce simple contact puis faire jaillir la lumière qui me serait tant utile. Et je me retrouve allongé sur le ventre, me demandant comment j'avais pu me retrouver là. Un choc que je n'avais jamais eu et je vois la lumière…
Merlin si on m'avait dit que ça faisait ça de mourir… Une lumière de plus en plus forte et une voix de plus en plus présente. Jusqu'à ce que…
- Ron ! RON ! Tu dors déjà ?
Je me retourne et vois Hermione, assise à côté de moi qui a visiblement trouvé le moyen de faire réagir cette boule de verre. Il fait jour et je ne suis pas mort. Si seulement je n'étais pas allongé sur un lit moisi avec un mal de tête carabiné, j'aurais pu me croire au paradis.
- Je me disais qu'il valait peut-être mieux envoyer un hibou au collège… Pour les prévenir que tu es là et que ce n'est pas la peine de poster des détraqueurs devant les grilles…
Je souris, elle à l'air d'aller mieux… et elle a retrouvé un peu de sa bonne mine. Je vois son regard se baisser vers ma main, qui subitement devient douloureuse. Et lorsque sa main me frôle, je ne peux m'empêcher de laisser échapper un grognement.
- Qu'est-ce que tu as fait ?
Je n'en ai aucune idée… c'est bien ça le pire. Et machinalement, refaisant le chemin à l'envers, mon regard se tourne vers cette fichu lumière qui s'est fait tant attendre.
- Oh… je vois… je suis désolée, j'aurais dû te prévenir. Ca, c'est une ampoule… Ca marche à l'électricité… Et il ne faut pas y toucher. Regarde, l'interrupteur est ici…
Elle me montre un carré blanc situé près de la porte et je me demande pourquoi elle fait ça. Un intrupeur… C'est donc ça qui m'a…
- C'est à cause de ça que je me suis brûlé ?
- Non, c'est ça qui aurait permis de ne pas te brûler. Ca sert à allumer l'ampoule et à l'éteindre. Donne moi ta main.
Légèrement hésitant, je lui tends mon bras de plus en plus élancé et la voit sortir sa baguette. Merlin que suis-je bête. On est majeur et l'occasion se présente pour qu'enfin j'use de cela, et je ne le fais pas. Ginny a vraiment raison, je ne sais pas prendre les occasions au vol.
- Qu'est-ce que tu ne ferais pas pour ne pas écrire…
Une bande sort de sa baguette et vient s'enrouler autour de ma main. J'ai de moins en moins mal, trop occupé à regarder ses yeux chocolatés si concentrés. Subitement, elle lève son regard et le pose sur moi, m'obligeant à baisser le mien.
- Ron…
Sa voix est bizarrement posée et devient une invitation à m'évader… Si seulement ses parents n'étaient pas décédés… Si seulement les miens n'étaient pas Merlin seul sait où… Si seulement, ce n'était pas Hermione Granger… Mon amie.
- Je… je voulais te dire… merci.
Indéniablement, je me fiche de ce qu'elle peut me dire… Ma tête se rapproche de la sienne et l'interdit me pousse au défi. Je n'ai plus qu'un désir… un désir que l'arrivée impromptue de son cousin vient faire fondre comme du sucre dans du jus de citrouille.
Je ne sais pas qui il est… mais je sens qu'on ne va pas être ami.
